Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1860 15 décembre 1860
Description : 1860/12/15 (A5,N108). 1860/12/15 (A5,N108).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299745
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
386 L'ISTHME DE SUEZ,
risant la pénétration de nos idées, de nos mœurs, de
nos produits, de nos connaissances dans les couches
épaisses de 6 ou 700 millions d'Asiatiques ; elle est en-
visagée également par les hommes d'instinct et par
les hommes d'étude, comme l'élément d'un magnifi-
que progrès à la fois moral et matériel. Il est donc
naturel que le projet marche appuyé sur l'un de ces
concours presque unanimes qui dans l'histoire du
genre humain marquent la maturité des convictions
et les nécessités des temps.
Toutefois le bien serait trop facile et trop doux à
faire si pour le réaliser il n'y avait pas à combattre ;
la lutte est aussi un de ses ressorts. Le canal de Suez,
comme toutes les idées de progrès, a rencontré des
adversaires, heurté des préoccupations ou blessé des
préjugés. Encore devons-nous reconnaître que jamais
œuvre aussi considérable n'en a suscité un aussi pe-
tit nombre. Mais nous croyons que la réflexion, la
discussion, l'influence de l'opinion publique, les ont
dès à présent très sensiblement atténués, s'ils ne sont
totalement résignés; et nous pouvons affirmer de
nouveau qu'à l'heure qu'il est, et sauf les futurs con-
tingents inconnus , cette opposition a cessé de se
manifester dans les actes.
Cependant nous avons eu dernièrement à rassurer
quelque inquiétude exprimée sur ce point par un des
organes de la presse française ; nous avons dit l'état
des choses tel que nous le savions. Or, selon nous,
c'est dans ces circonstances calmes et où le juge-
ment peut garder sans effort toute sa sérénité, qu'il
peut être bon de reprendre et d'examiner plus pro-
fondément la question.
L'opposition au canal :de Suez a usé de diverses
armes qu'elle a modifiées ou changées selon les évé-
nements ou les résultats du débat engagé. Elle a
successivement prétendu que l'exécution du travail
était impossible ; que les dépenses seraient excessives ;
que les capitaux refuseraient de s'y associer ; que les
revenus seraient insuffisants et ne pourraient présen-
ter aucune chance rémunératoire; que le projet n'était
qu'un moyen combiné pour séparer la Turquie et
l'Egypte ; que c'était une pensée française et non
une pensée universelle, et qu'enfin le percement de
l'isthme était dangereux à la stabilité autant que
contraire aux intérêts de l'empire ottoman.
La question de la possibilité du canal nous paraît
épuisée, et nos anciens contradicteurs semblent l'a-
voir abandonnée. En effet, jamais plus de lumières et
d'études n'ont pu être accumulées autour d'un pro-
blème controversé. Il a provoqué avant tout l'attention
du vice-roi, et ce prince a voulu que la solution en
fût complète : il a d'abord envoyé sur les lieux ses
propres ingénieurs pour vérifier l'état du terrain et
des rivages adjacents, et ses ingénieurs ont répondu
par l'affirmation la plus explicite. Ensuite la Com-
mission internationale a été formée pour examiner
et redresser, s'il y avait motif, ce premier jugement.
Elle a envoyé en Egypte une délégation de ses mein-
bies, cette délégation, après une visite minutieuse
des localités, une vérification attentive du sol et une
délibération unanime, a confirmé l'opinion des agents
du gouvernement égyptien. Ce double travail a été
soumis à la critique de la Commission internationale
elle-même ; elle a dressé les plans et les devis pri-
mitifs, et son rapport conclut, non-seulement à la
possibilité, mais encore à la facilité de l'exécution.
Or, composée des membres les plus éminents de la
science du génie civil en Europe, la Commission a
désiré de plus que sa décision fût soumise à l'appro-
bation des corps savants ; tous ces corps, et à leur
tête l'Académie des sciences de Paris, ont sanctionné
publiquement et sans réserve dans toutes ses parties
le travail de la Commission internationale : pas une
voix dissidente ne s'est élevée dans leur sein, et les
dénégations se sont bornées à la dissidence isolée de
M. Stephenson, contestant sans discuter, et si faible
en elle-même qu'aujourd'hui personne n'en parle
plus.
En outre, les explorations subséquentes ont démon-
tré la bonne tenue de la rade de Péluse ; des amélio-
rations considérables ont été apportées dans la cons-
truction de Port-Saïd ; des études nouvelles ont dé-
montré les facilités déjà reconnues de l'établissement
de l'entrée du canal par Suez, et les recherches nom-
breuses pratiquées sur le terrain de l'isthme ont fait
découvrir pour la bonne exécution des travaux, des
ressources inespérées.
La question, théoriquement résolue, le sera bientôt
physiquement. Il est impossible de nier qu'un canal
n'ait déjà été établi entre le lac Timsah etla mer Rouge;
la difficulté, s'il en existe, ne peut donc se trouver
qu'entre le lac Timsah et la Méditerranée. La science
nie ces difficultés, et le fait est sur le point de fournir
sa confirmation à la science.
Quant à l'énormité supposée des dépenses, comme
pour la possibilit dée son exécution, l'entreprise répond
par les devis de la commission internationale, par
l'avis des corps savants, par l'absence de toute objec-
tion sérieuse, par l'économie que produiront les ma-
tériaux de toute espèce découverts dans l'isthme, et
que les devis antérieurs avaient évalués comme de-
vant être transportés à grands frais de parages plus
ou moins lointains, par les perfectionnements réalisés
sur les tracés de la ligne, et enfin, par dessus tout, par
un traité avec un entrepreneur général garantissant
ses obligations d'un cautionnement de 1,200,000
francs, soumissionnant les travaux à 2 0/0 au-des.
sous des devis, et ne fondant son bénéfice que
sur une part de 40 0/0 dans les économies qu'il
croit pouvoir effectuer au-dessous de sa soumission.
Pour l'impossibilité de réunir le fonds social, le pro-
jet a répondu par la souscription elle-même.
risant la pénétration de nos idées, de nos mœurs, de
nos produits, de nos connaissances dans les couches
épaisses de 6 ou 700 millions d'Asiatiques ; elle est en-
visagée également par les hommes d'instinct et par
les hommes d'étude, comme l'élément d'un magnifi-
que progrès à la fois moral et matériel. Il est donc
naturel que le projet marche appuyé sur l'un de ces
concours presque unanimes qui dans l'histoire du
genre humain marquent la maturité des convictions
et les nécessités des temps.
Toutefois le bien serait trop facile et trop doux à
faire si pour le réaliser il n'y avait pas à combattre ;
la lutte est aussi un de ses ressorts. Le canal de Suez,
comme toutes les idées de progrès, a rencontré des
adversaires, heurté des préoccupations ou blessé des
préjugés. Encore devons-nous reconnaître que jamais
œuvre aussi considérable n'en a suscité un aussi pe-
tit nombre. Mais nous croyons que la réflexion, la
discussion, l'influence de l'opinion publique, les ont
dès à présent très sensiblement atténués, s'ils ne sont
totalement résignés; et nous pouvons affirmer de
nouveau qu'à l'heure qu'il est, et sauf les futurs con-
tingents inconnus , cette opposition a cessé de se
manifester dans les actes.
Cependant nous avons eu dernièrement à rassurer
quelque inquiétude exprimée sur ce point par un des
organes de la presse française ; nous avons dit l'état
des choses tel que nous le savions. Or, selon nous,
c'est dans ces circonstances calmes et où le juge-
ment peut garder sans effort toute sa sérénité, qu'il
peut être bon de reprendre et d'examiner plus pro-
fondément la question.
L'opposition au canal :de Suez a usé de diverses
armes qu'elle a modifiées ou changées selon les évé-
nements ou les résultats du débat engagé. Elle a
successivement prétendu que l'exécution du travail
était impossible ; que les dépenses seraient excessives ;
que les capitaux refuseraient de s'y associer ; que les
revenus seraient insuffisants et ne pourraient présen-
ter aucune chance rémunératoire; que le projet n'était
qu'un moyen combiné pour séparer la Turquie et
l'Egypte ; que c'était une pensée française et non
une pensée universelle, et qu'enfin le percement de
l'isthme était dangereux à la stabilité autant que
contraire aux intérêts de l'empire ottoman.
La question de la possibilité du canal nous paraît
épuisée, et nos anciens contradicteurs semblent l'a-
voir abandonnée. En effet, jamais plus de lumières et
d'études n'ont pu être accumulées autour d'un pro-
blème controversé. Il a provoqué avant tout l'attention
du vice-roi, et ce prince a voulu que la solution en
fût complète : il a d'abord envoyé sur les lieux ses
propres ingénieurs pour vérifier l'état du terrain et
des rivages adjacents, et ses ingénieurs ont répondu
par l'affirmation la plus explicite. Ensuite la Com-
mission internationale a été formée pour examiner
et redresser, s'il y avait motif, ce premier jugement.
Elle a envoyé en Egypte une délégation de ses mein-
bies, cette délégation, après une visite minutieuse
des localités, une vérification attentive du sol et une
délibération unanime, a confirmé l'opinion des agents
du gouvernement égyptien. Ce double travail a été
soumis à la critique de la Commission internationale
elle-même ; elle a dressé les plans et les devis pri-
mitifs, et son rapport conclut, non-seulement à la
possibilité, mais encore à la facilité de l'exécution.
Or, composée des membres les plus éminents de la
science du génie civil en Europe, la Commission a
désiré de plus que sa décision fût soumise à l'appro-
bation des corps savants ; tous ces corps, et à leur
tête l'Académie des sciences de Paris, ont sanctionné
publiquement et sans réserve dans toutes ses parties
le travail de la Commission internationale : pas une
voix dissidente ne s'est élevée dans leur sein, et les
dénégations se sont bornées à la dissidence isolée de
M. Stephenson, contestant sans discuter, et si faible
en elle-même qu'aujourd'hui personne n'en parle
plus.
En outre, les explorations subséquentes ont démon-
tré la bonne tenue de la rade de Péluse ; des amélio-
rations considérables ont été apportées dans la cons-
truction de Port-Saïd ; des études nouvelles ont dé-
montré les facilités déjà reconnues de l'établissement
de l'entrée du canal par Suez, et les recherches nom-
breuses pratiquées sur le terrain de l'isthme ont fait
découvrir pour la bonne exécution des travaux, des
ressources inespérées.
La question, théoriquement résolue, le sera bientôt
physiquement. Il est impossible de nier qu'un canal
n'ait déjà été établi entre le lac Timsah etla mer Rouge;
la difficulté, s'il en existe, ne peut donc se trouver
qu'entre le lac Timsah et la Méditerranée. La science
nie ces difficultés, et le fait est sur le point de fournir
sa confirmation à la science.
Quant à l'énormité supposée des dépenses, comme
pour la possibilit dée son exécution, l'entreprise répond
par les devis de la commission internationale, par
l'avis des corps savants, par l'absence de toute objec-
tion sérieuse, par l'économie que produiront les ma-
tériaux de toute espèce découverts dans l'isthme, et
que les devis antérieurs avaient évalués comme de-
vant être transportés à grands frais de parages plus
ou moins lointains, par les perfectionnements réalisés
sur les tracés de la ligne, et enfin, par dessus tout, par
un traité avec un entrepreneur général garantissant
ses obligations d'un cautionnement de 1,200,000
francs, soumissionnant les travaux à 2 0/0 au-des.
sous des devis, et ne fondant son bénéfice que
sur une part de 40 0/0 dans les économies qu'il
croit pouvoir effectuer au-dessous de sa soumission.
Pour l'impossibilité de réunir le fonds social, le pro-
jet a répondu par la souscription elle-même.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k65299745/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k65299745/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k65299745/f2.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k65299745
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k65299745
Facebook
Twitter