Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1860 01 décembre 1860
Description : 1860/12/01 (A5,N107). 1860/12/01 (A5,N107).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529973r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 383
et à la même distance des ports de la Chine que
Singapour.
La distance de l'île Sainte-Barbe au détroit de la
Sonde est de 157 lieues ; elle sera parcourue par les
bâtiments à voiles en 5 j. 5 pour les voyages d'aller
et en 6 j. pour le retour. Les bâtiments mixtes met-
tront 3 j. 5 en marchant 2j. à la vapeur pour aller;
ils emploieront 4 j., dont 1 j. 2 à la vapeur, pour le
retour.
Les voyages de Ceylan s'effectueront par bateaux
à voiles en 106 j. 2 pour aller et en 116 j. pour re-
venir. Les bâtiments mixtes emploieront 77 j. pour
aller et 75 j. pour revenir. La quantité de charbon
dépensée varierà de douze à quinze jours, suivant
la saison.
E. LAROUSSE,
ingénieur de la marine.
(La suite au prochain numéro.)
MŒURS CHINOISES.
Nous empruntons à une correspondance parti-
culière de la Sentinelle du Jura le récit pittoresque et
émouvant qu'on va lire d'un supplice chinois :
« Tc'ie-Fou, 21 juillet.
» Il s'agissait de deux individus accusés d'avoir favo-
risé l'insurrection, et condamnés pour ce fait à l'aveu-
glement.
» Mon barbier me vanta beaucoup la clémence du
mandarin, qui aurait pu leur prendre la tète et qui ne
leur prenait que les yeux.
» Au bout d'un quart d'heure d'attente, nous vîmes
arriver les patients au milieu d'un piquet de soldats
chinois ; l'exécuteur de l'arrêt avec sa robe rouge, insi-
gne de sa dignité, marchait derrière eux. Mais ce qui
m'étonna comme une apparition, ce fut de voir, à côté
du plus jeune des condamnés, une femme, une vraie
Chinoise! Elle me parut faire partie de ce que nous
appelons en France la classe bourgeoise. Ses pieds n'é-
taient point déformés, elle était de petite taille et toute
mignonne; ses magnifiques cheveux noirs, ses cils et ses
sourcils de même couleur tranchaient sur sa peau d'un
jaune mat, où ne se montrait aucune trace de colora-
tion; ses yeux, longs comme mon petit doigt, avaient
une expression que je n'oublierai de ma vie. Ils pei-
gnaient le désespoir et l'égarement.
» Je la montrai d'un air interrogatif à Ho-Kin. C'est
le nom de mon barbier.
» C'est la pauvre Kora, me répondit-il d'un ton
assez indifférent. Elle était mariée depuis quinze jours
à Chang, quand il a fait la sottise de se laisser prendre.
» - Mais est-il réellement coupable de ce dont on
l'accuse ?
» Lui? pas le moins du monde; c'est un garçon
très-doux et très-pacifique, un peintre sur ivoire ; mais
il a un frère parmi les insurgés et a conservé des rela-
tions avec lui. Avant-hier il a reçu des nouvelles, et,
dans sa joie de le savoir vivant, il l'a dit à qui l'a voulu
entendre. Cela est venu aux oreilles du mandarin, et le
pauvre Chang a eu son compte. Sa femme, m'a-t-on dit,
a tout tenté pour fléchir le juge. Ayant échoué, elle a
demandé en grâce d'accompagner son mari, ce qui lui
a été accordé. Mais, tenez, voici l'opération qui com-
mence.
» Je regardai, je cherchai les apprêts du supplice ;
mais j'eus beau ouvrir les yeux, je n'aperçus ni feu, ni
fer, ni instrument meurtrier quelconque.
» Je ne vis qu'un Chinois maniant une matière blan-
che et en formant quatre petites boules.
» Je recourus encore à Ho-Kin, qui, cette fois, me re-
garda d'un air qui signifiait : Tu es donc un imbécile?
Mais il me répondit poliment : C'est -de la chaux vive.
» Quand les quatre boulettes furent prêtes, elles fu-
rent enveloppées chacune dans un linge fin, qu'on
mouilla, et qui fut replié trois fois sur lui-même. Après
cela, on mit par dessus un linge sec; puis on plaça le
tout sur les yeux des deux condamnés, en assujettissant
l'appareil au moyen d'un bandeau.
» Le jaune des joues de Kora tournait au blanc, tant
elle devint pâle; sans se soucier de la foule, que proba-
blement elle ne voyait pas, elle tomba à genoux devant
son mari en joignant les mains.
» De sorte que, lorsque au bout de trois minutes les
bandeaux furent ôtés, le regard encore vivant de Chang
tomba sur sa femme.
» Alors il y eut sans doute entre eux un moment
d'extase et de divine tendresse, car le visage de Kora f
s'illumina, ses yeux brillèrent d'une vive flamme, ses
joues se teignirent de pourpre et une beauté surnatu-
relle se manifesta en elle. Mais ce fut la durée de l'é-
clair. Presque aussitôt le regard de Chang se ternit, dé-
crut et s'éteignit : la chaux avait fait son office, elle
avait brûlé les yeux. On eût dit que Kora subissait la
même phase douloureuse, car, en même temps, son
brillant regard se voila, ses yeux se fermèrent, et elle
tomba inanimée sur le sol.
D Au même moment je crus sentir une large goutte
de pluie sur ma joue. Ne riez pas, mon ami, c'était une
grosse larme.
» Oh! pauvre Kora! si jeune, si belle et si malheu-
reuse! Longtemps son souvenir me poursuivra; long-
temps je la verrai lorsque, revenue à elle et se relevant
vivement, elle se plaça à côté de son mari, mit son bras
sous le sien, et, belle et fière comme une autre Anti-
gone d'un jeune Œdipe, dirigea les pas de l'aveugle
vers le quartier qu'ils habitaient ensemble.
Il J'avais besoin de marcher pour me distraire, et sur-
tout de ne pas être seul. Je renvoyai donc mes porteurs
ainsi que ma promenade à la pagode, et je revins à
pied, côte à côte avec Ho-Kin. »
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
et à la même distance des ports de la Chine que
Singapour.
La distance de l'île Sainte-Barbe au détroit de la
Sonde est de 157 lieues ; elle sera parcourue par les
bâtiments à voiles en 5 j. 5 pour les voyages d'aller
et en 6 j. pour le retour. Les bâtiments mixtes met-
tront 3 j. 5 en marchant 2j. à la vapeur pour aller;
ils emploieront 4 j., dont 1 j. 2 à la vapeur, pour le
retour.
Les voyages de Ceylan s'effectueront par bateaux
à voiles en 106 j. 2 pour aller et en 116 j. pour re-
venir. Les bâtiments mixtes emploieront 77 j. pour
aller et 75 j. pour revenir. La quantité de charbon
dépensée varierà de douze à quinze jours, suivant
la saison.
E. LAROUSSE,
ingénieur de la marine.
(La suite au prochain numéro.)
MŒURS CHINOISES.
Nous empruntons à une correspondance parti-
culière de la Sentinelle du Jura le récit pittoresque et
émouvant qu'on va lire d'un supplice chinois :
« Tc'ie-Fou, 21 juillet.
» Il s'agissait de deux individus accusés d'avoir favo-
risé l'insurrection, et condamnés pour ce fait à l'aveu-
glement.
» Mon barbier me vanta beaucoup la clémence du
mandarin, qui aurait pu leur prendre la tète et qui ne
leur prenait que les yeux.
» Au bout d'un quart d'heure d'attente, nous vîmes
arriver les patients au milieu d'un piquet de soldats
chinois ; l'exécuteur de l'arrêt avec sa robe rouge, insi-
gne de sa dignité, marchait derrière eux. Mais ce qui
m'étonna comme une apparition, ce fut de voir, à côté
du plus jeune des condamnés, une femme, une vraie
Chinoise! Elle me parut faire partie de ce que nous
appelons en France la classe bourgeoise. Ses pieds n'é-
taient point déformés, elle était de petite taille et toute
mignonne; ses magnifiques cheveux noirs, ses cils et ses
sourcils de même couleur tranchaient sur sa peau d'un
jaune mat, où ne se montrait aucune trace de colora-
tion; ses yeux, longs comme mon petit doigt, avaient
une expression que je n'oublierai de ma vie. Ils pei-
gnaient le désespoir et l'égarement.
» Je la montrai d'un air interrogatif à Ho-Kin. C'est
le nom de mon barbier.
» C'est la pauvre Kora, me répondit-il d'un ton
assez indifférent. Elle était mariée depuis quinze jours
à Chang, quand il a fait la sottise de se laisser prendre.
» - Mais est-il réellement coupable de ce dont on
l'accuse ?
» Lui? pas le moins du monde; c'est un garçon
très-doux et très-pacifique, un peintre sur ivoire ; mais
il a un frère parmi les insurgés et a conservé des rela-
tions avec lui. Avant-hier il a reçu des nouvelles, et,
dans sa joie de le savoir vivant, il l'a dit à qui l'a voulu
entendre. Cela est venu aux oreilles du mandarin, et le
pauvre Chang a eu son compte. Sa femme, m'a-t-on dit,
a tout tenté pour fléchir le juge. Ayant échoué, elle a
demandé en grâce d'accompagner son mari, ce qui lui
a été accordé. Mais, tenez, voici l'opération qui com-
mence.
» Je regardai, je cherchai les apprêts du supplice ;
mais j'eus beau ouvrir les yeux, je n'aperçus ni feu, ni
fer, ni instrument meurtrier quelconque.
» Je ne vis qu'un Chinois maniant une matière blan-
che et en formant quatre petites boules.
» Je recourus encore à Ho-Kin, qui, cette fois, me re-
garda d'un air qui signifiait : Tu es donc un imbécile?
Mais il me répondit poliment : C'est -de la chaux vive.
» Quand les quatre boulettes furent prêtes, elles fu-
rent enveloppées chacune dans un linge fin, qu'on
mouilla, et qui fut replié trois fois sur lui-même. Après
cela, on mit par dessus un linge sec; puis on plaça le
tout sur les yeux des deux condamnés, en assujettissant
l'appareil au moyen d'un bandeau.
» Le jaune des joues de Kora tournait au blanc, tant
elle devint pâle; sans se soucier de la foule, que proba-
blement elle ne voyait pas, elle tomba à genoux devant
son mari en joignant les mains.
» De sorte que, lorsque au bout de trois minutes les
bandeaux furent ôtés, le regard encore vivant de Chang
tomba sur sa femme.
» Alors il y eut sans doute entre eux un moment
d'extase et de divine tendresse, car le visage de Kora f
s'illumina, ses yeux brillèrent d'une vive flamme, ses
joues se teignirent de pourpre et une beauté surnatu-
relle se manifesta en elle. Mais ce fut la durée de l'é-
clair. Presque aussitôt le regard de Chang se ternit, dé-
crut et s'éteignit : la chaux avait fait son office, elle
avait brûlé les yeux. On eût dit que Kora subissait la
même phase douloureuse, car, en même temps, son
brillant regard se voila, ses yeux se fermèrent, et elle
tomba inanimée sur le sol.
D Au même moment je crus sentir une large goutte
de pluie sur ma joue. Ne riez pas, mon ami, c'était une
grosse larme.
» Oh! pauvre Kora! si jeune, si belle et si malheu-
reuse! Longtemps son souvenir me poursuivra; long-
temps je la verrai lorsque, revenue à elle et se relevant
vivement, elle se plaça à côté de son mari, mit son bras
sous le sien, et, belle et fière comme une autre Anti-
gone d'un jeune Œdipe, dirigea les pas de l'aveugle
vers le quartier qu'ils habitaient ensemble.
Il J'avais besoin de marcher pour me distraire, et sur-
tout de ne pas être seul. Je renvoyai donc mes porteurs
ainsi que ma promenade à la pagode, et je revins à
pied, côte à côte avec Ho-Kin. »
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
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