Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1860 15 octobre 1860
Description : 1860/10/15 (A5,N104). 1860/10/15 (A5,N104).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529970h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
322 L'ISTHME DE SUEZ,
la civilisation et aux progrès du commerce univer-
sel, le gouvernement néerlandais n'a cessé de donner
au projet du canal de Suez des marques de son haut
intérêt. Ses encouragements n'ont jamais manqué
au promoteur de l'entreprise, et lorsqu'il fut ques-
tion de former la commission internationale, il y
délégua lui-même, pour y représenter les Pays-Bas,
un de ses premiers ingénieurs, inspecteur du Wa-
terstaat. Le gouvernement de Sa Majesté néerlandaise
ne s'en tint pas à ces premiers témoignages de sa
sollicitude ; après la publication du rapport de la
commission internationale, et lorsque les problèmes
de l'exécution semblèrent théoriquement résolus, le
ministre de l'intérieur, M. Simons., par un rapport
en date du 8 juillet 1856, proposa au roi de nommer
une commission ayant pour objet :
1° Une enquête sur les conséquences probables
qu'aura pour le commerce et la navigation en géné-
ral, et pour les Pays-Bas en particulier, le perce'
ment de l'isthmede Suez;
20 L'indication des voies et moyens à prendre pour
conserver et augmenter autant que possible la
part de la H olande dans le commerce et la naviga-
tion ;
3° La proposition des mesures dont le gouverne-
ment aurait à prendre l'initiative pour soutenir et fa-
voriser les efforts de l'industrie néerlandaise.
Par un décret rendu deux jours après, S. M. le roi
des Pays-Bas, approuvant la proposition de son mi-
nistre, nommait, pour y donner suite, une commis-
sion dont tous les membres tenaient un haut rang
dans la science, dans le commerce et dans la marine
marchande du royaume.
La mission confiée à ces hommes considérables
était laborieuse; leurs travaux ne furent terminés et
leur rapport ne fut soumis au roi par le ministre de
l'intérieur que le 19 février 1859.
Par ordre du roi et sur la proposition du ministre,
cette étude importante fut livrée à la publicité.
Rédigée et imprimée dans sa langue nationale, peu
familière au reste de l'Europe, ce rapport ne put,
hors des limites des Pays-Bas, être connu et apprécié
dans son ensemble que par un très petit nombre
de personnes.
L'envie et la malveillance mirent à profit cette cir-
constance : on altéra, on dénatura la pensée de la
commission. Par quelques extraits tronqués, par
quelques chiffres isolés de l'esprit général du travail,
certaines personnes s'évertuèrent, d'abord en France,
à persuader au public que le rapport hollandais était
défavorable à l'entreprise; qu'il la considérait comme
impossible et calamiteuse pour les sociétaires, et que
le canal resterait désert, par suite de la préférence
que ne cesserait d'accorder 11 navigation à la route
du cap.
Cette clameur isolée ne manqua pas d'aller ré-
veiller tous les écho de l'opposition anglaise.
Sans recourir à l'original, on s'empressa de
s'armer des interprétations infidèles, et pendant un
instant il fut convenu en Angleterre que l'enquête
de la Hollande avait condamné le projet du canal de
Suez, au point de vue commercial, maritime et finan-
cier.
Mais grâce aux déclarations publiques de l'hono-
rable M. Conrad, un des membres de la commission
néerlandaise, grâce aussi aux explications de la
presse, la vérité ne tarda pas à se faire jour. Tout ce
bruit s'évanouit, et autant d'abord on avait voulu
entourer d'éclat le document néerlandais, autant tout
à coup on s'appliqua à l'enterrer dans l'ombre et le
silence.
Cependant l'administration de la Compagnie uni-
verselle attendait en la préparant l'heure de la vé-
rité; elle s'occupait de vulgariser le remarquable
travail de la commission hollandaise dans un idiome
plus répandu que celui du texte original.
Maintenant elle peut placer avec confiance les
pièces sous les yeux de l'Europe.
Bien loin d'être contraire au projet du canal, le
rapport hollandais en reconnaît et en proclame :
La possibilité pratique ;
Les avantages commerciaux ;
Les grandes perspectives financières.
Les opinions qu'il exprime ont nécessairement
une grande autorité ; elles ne possèdent point seu-
lement en leur faveur l'étude, l'observation, l'expé-
rience, les longues recherches, l'esprit d'affaires
et le sang-froid positif du caractère hollandais, elles
portent encore le cachet de la moins contestable
impartialité.
En effet, par des raisons qui ne nous ont point
convaincus et dont nous aurons à nous occuper en
leur lieu, la commission pense que l'ouverture de la
route nouvelle sera plutôt désavantageuse que favo-
rable aux intérêts spéciaux des Pays-Bas, parce
qu'elle les menace de la concurrence la plus redouta-
ble. Voici comment elle s'exprime sur ce sujet :
« Si nous examinons les suites probables du per-
cement de l'isthme de Suez pour les Pays-Bas, nous
ne pouvons en général considérer le canal comme
avantageux.
» Nous admirons la grandeur de l'œuvre et nous
avouons que son accomplissement peut avoir une in-
fluence bieufaisante très-importante sur le commerce
universel au point de vue moral comme au point de
vue matériel ; mais nous pensons que notre patrie ne
la civilisation et aux progrès du commerce univer-
sel, le gouvernement néerlandais n'a cessé de donner
au projet du canal de Suez des marques de son haut
intérêt. Ses encouragements n'ont jamais manqué
au promoteur de l'entreprise, et lorsqu'il fut ques-
tion de former la commission internationale, il y
délégua lui-même, pour y représenter les Pays-Bas,
un de ses premiers ingénieurs, inspecteur du Wa-
terstaat. Le gouvernement de Sa Majesté néerlandaise
ne s'en tint pas à ces premiers témoignages de sa
sollicitude ; après la publication du rapport de la
commission internationale, et lorsque les problèmes
de l'exécution semblèrent théoriquement résolus, le
ministre de l'intérieur, M. Simons., par un rapport
en date du 8 juillet 1856, proposa au roi de nommer
une commission ayant pour objet :
1° Une enquête sur les conséquences probables
qu'aura pour le commerce et la navigation en géné-
ral, et pour les Pays-Bas en particulier, le perce'
ment de l'isthmede Suez;
20 L'indication des voies et moyens à prendre pour
conserver et augmenter autant que possible la
part de la H olande dans le commerce et la naviga-
tion ;
3° La proposition des mesures dont le gouverne-
ment aurait à prendre l'initiative pour soutenir et fa-
voriser les efforts de l'industrie néerlandaise.
Par un décret rendu deux jours après, S. M. le roi
des Pays-Bas, approuvant la proposition de son mi-
nistre, nommait, pour y donner suite, une commis-
sion dont tous les membres tenaient un haut rang
dans la science, dans le commerce et dans la marine
marchande du royaume.
La mission confiée à ces hommes considérables
était laborieuse; leurs travaux ne furent terminés et
leur rapport ne fut soumis au roi par le ministre de
l'intérieur que le 19 février 1859.
Par ordre du roi et sur la proposition du ministre,
cette étude importante fut livrée à la publicité.
Rédigée et imprimée dans sa langue nationale, peu
familière au reste de l'Europe, ce rapport ne put,
hors des limites des Pays-Bas, être connu et apprécié
dans son ensemble que par un très petit nombre
de personnes.
L'envie et la malveillance mirent à profit cette cir-
constance : on altéra, on dénatura la pensée de la
commission. Par quelques extraits tronqués, par
quelques chiffres isolés de l'esprit général du travail,
certaines personnes s'évertuèrent, d'abord en France,
à persuader au public que le rapport hollandais était
défavorable à l'entreprise; qu'il la considérait comme
impossible et calamiteuse pour les sociétaires, et que
le canal resterait désert, par suite de la préférence
que ne cesserait d'accorder 11 navigation à la route
du cap.
Cette clameur isolée ne manqua pas d'aller ré-
veiller tous les écho de l'opposition anglaise.
Sans recourir à l'original, on s'empressa de
s'armer des interprétations infidèles, et pendant un
instant il fut convenu en Angleterre que l'enquête
de la Hollande avait condamné le projet du canal de
Suez, au point de vue commercial, maritime et finan-
cier.
Mais grâce aux déclarations publiques de l'hono-
rable M. Conrad, un des membres de la commission
néerlandaise, grâce aussi aux explications de la
presse, la vérité ne tarda pas à se faire jour. Tout ce
bruit s'évanouit, et autant d'abord on avait voulu
entourer d'éclat le document néerlandais, autant tout
à coup on s'appliqua à l'enterrer dans l'ombre et le
silence.
Cependant l'administration de la Compagnie uni-
verselle attendait en la préparant l'heure de la vé-
rité; elle s'occupait de vulgariser le remarquable
travail de la commission hollandaise dans un idiome
plus répandu que celui du texte original.
Maintenant elle peut placer avec confiance les
pièces sous les yeux de l'Europe.
Bien loin d'être contraire au projet du canal, le
rapport hollandais en reconnaît et en proclame :
La possibilité pratique ;
Les avantages commerciaux ;
Les grandes perspectives financières.
Les opinions qu'il exprime ont nécessairement
une grande autorité ; elles ne possèdent point seu-
lement en leur faveur l'étude, l'observation, l'expé-
rience, les longues recherches, l'esprit d'affaires
et le sang-froid positif du caractère hollandais, elles
portent encore le cachet de la moins contestable
impartialité.
En effet, par des raisons qui ne nous ont point
convaincus et dont nous aurons à nous occuper en
leur lieu, la commission pense que l'ouverture de la
route nouvelle sera plutôt désavantageuse que favo-
rable aux intérêts spéciaux des Pays-Bas, parce
qu'elle les menace de la concurrence la plus redouta-
ble. Voici comment elle s'exprime sur ce sujet :
« Si nous examinons les suites probables du per-
cement de l'isthme de Suez pour les Pays-Bas, nous
ne pouvons en général considérer le canal comme
avantageux.
» Nous admirons la grandeur de l'œuvre et nous
avouons que son accomplissement peut avoir une in-
fluence bieufaisante très-importante sur le commerce
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