Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1860 01 septembre 1860
Description : 1860/09/01 (A5,N101). 1860/09/01 (A5,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299671
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
288 L'ISTHME DE SUEZ.
revient alors par suite du même mouvement de bascule
au point d'où elle est partie, et où on la remplit de
nouveau pour la renvoyer par le même procédé au
point où doit être déversé son contenu.
» L'emploi de ce mécanisme permettra de porter avec
autant de promptitude que d'économie les terres à 150
mètres des bords du canal. Ces appareils, au nombre
de 125, vont être très-prochainement mis en activité.
» Les 5 mètres suivants seront creusés au moyen
d'un appareil qui semble tout primitif, et qui n'en a
pas moins été utilisé avec avantage dans les travaux
de Paris, la ville des perfectionnements par excellence.
Il consiste dans une poutre fichée droite en terre et
surmontée d'une poulie. Autour de cette poulie tourne
une corde. A chacun des deux bouts sont amarrés un
homme et une brouette. Une de ces brouettes s'emplit
au fond de la tranchée, pendant que l'autre est vidée
au sommet. Le mouvement de la brouette pleine qui
monte est facilité par la traction de la brouette vide
qui descend : traction d'autant moins pénible, qu'elle
s'opère naturellement par l'entraînement de la des-
cente.
» Les six mètres qui suivront, et qui feront en tout
quinze mètres de profondeur de tranchée ouverte dans
toute l'étendue du seuil qu'il s'agit de couper, s'exécu-
teront au moyen d'un mécanisme composé de plusieurs
toiles sans fin, superposées de manière à conduire les
terres jusqu'à la hauteur du bord de la tranchée. Ces
toiles sans fin sont une série de plaques métalliques sur
lesquelles on jette les terres et qui, tournant sur elles-
mêmes par le mouvement qui leur est imprimé, à peu
près comme des courroies de machines à vapeur, en-
trainent les matières là où l'on veut les porter. Les
ouvriers, placés au fond de la tranchée, n'auront donc
qu'à jeter le produit de la fouille sur la toile sans fin,
pour que ce produit soit porté et versé à l'extrémité
supérieur du talus, où des wagons seront disposés
pour le recevoir et le transporter plus loin.
Il La coupure du seuil se trouvera ainsi conduite à
une assez grande profondeur pour que les dragues, ar-
rivant à leur tour, puissent en achever le percement et
ouvrir le canal jusqu'au lac Timsah. Ce lac est situé,
comme chacun sait, au milieu de l'isthme, au delà du
seuil d'El-Guirs.
» Ce n'était pas tout. Dans un pays tel que l'isthme
de Suez, dont l'ancienne fertilité a disparu par suite de
révolutions, de guerres qui remontent à l'antiquité et
qui ont privé le pays de ses moyens naturels ou arti-
ficiels d'arrosage , il était indispensable de pourvoir
d'avance à l'alimentation des nombreux ouvriers qui
vont être appliqués aux travaux que nous venons de
décrire. A cet effet, l'entreprise a dû préparer des fours,
des machines à biscuits , des meuneries et bluteries
complètes; elle a dû réunir des approvisionnements
considérables de blé, de son, etc.
» 11 lui faut aussi établir des appareils élévateurs
pour monter l'eau douce sur le seuil. Cette eau enfin,
il fallait se la procurer; dans ce but, on a profité d'un
étang que le Nil alimente et qui est situé à la hauteur
du lac Timsah, vers le milieu de l'isthme. On l'appelle
le lac Maxamah. Une prise d'eau y a été pratiquée, et
elle est amenée jusqu'au pied du seuil au moyen de
tuyaux placés dans une tranchée à ciel ouvert ou diri-
gée sous terre.
» Ces préparatifs terminés, l'ouverture du canal de la
Méditerranée au lac Timsah n'est plus qu'une affaire
de quelques mois, et l'entrepreneur se fait fort d'avoir
accompli cette partie de sa tâche en mai de l'année
prochaine.
à Les ouvriers qu'il emploira seront pris dans la po-
pulation du pays. On peut juger dès à présent du tra-
vail qu'on obtiendra d'eux par celui des Arabes, qui sont
engagés au nombre de trois cents dans les carrières de
Mex et sur les chantiers de Port-Saïd. Non-seulement
on les a trouvés propres à remuer les terres, mais en-
core ils ont été employés avec succès à des travaux
d'un ordre supérieur, tels que le montage des dra-
gues.
» L'émulation s'entretient parmi eux par la distribu-
tion de cartes de diverses couleurs qui marquent le de-
gré de leur aptitude et de leur zèle, et qui leur don-
nent droit à un salaire plus ou moins élevé. Chacun
s'efforce de mériter la meilleure carte, et l'humiliation
qu'ils éprouvent lorsqu'on les fait descendre à une carte
inférieure les encourage aux efforts les plus énergiques
et les plus soutenus. Il est inutile de dire que, sur des
chantiers dirigés par des Européens, des Français pour
la plupart, les ouvriers ne sont exposés à aucuns mau-
vais traitements. C'est tout le contraire. Les travaux
du canal amélioreront beaucoup la condition de ceux
qui y prendront part. Aussi, dès à présent, les engage-
ments au service de la Compagnie sont très-populaires
en Egypte.
» Telle est la situation des travaux du canal de Suez.
La constante protection du vice-roi, les sympathies des
gouvernements continentaux et le caractère inviolable
de la propriété que les capitaux européens se sont cons-
tituée dans l'isthme, assurent plus que jamais à cette
grande entreprise une marche régulière et un succès
définif.
» Pour extrait: T.-E. BAIGNIÈRES. »
AVIS
Mil. les Abonnés dont l'abonnement expire
a la fin de ce mois, sont priés de le renou-
veler pour éviter toute Interruption dans
l'envol de leur journal.
Le Gérant : ERNEST DEsmçes.
4
PARIS. IMPRIMERIE CENTRALE 8Jt NAPOLÉON CUAIX E! C., RUE BERGir.:, 20.
revient alors par suite du même mouvement de bascule
au point d'où elle est partie, et où on la remplit de
nouveau pour la renvoyer par le même procédé au
point où doit être déversé son contenu.
» L'emploi de ce mécanisme permettra de porter avec
autant de promptitude que d'économie les terres à 150
mètres des bords du canal. Ces appareils, au nombre
de 125, vont être très-prochainement mis en activité.
» Les 5 mètres suivants seront creusés au moyen
d'un appareil qui semble tout primitif, et qui n'en a
pas moins été utilisé avec avantage dans les travaux
de Paris, la ville des perfectionnements par excellence.
Il consiste dans une poutre fichée droite en terre et
surmontée d'une poulie. Autour de cette poulie tourne
une corde. A chacun des deux bouts sont amarrés un
homme et une brouette. Une de ces brouettes s'emplit
au fond de la tranchée, pendant que l'autre est vidée
au sommet. Le mouvement de la brouette pleine qui
monte est facilité par la traction de la brouette vide
qui descend : traction d'autant moins pénible, qu'elle
s'opère naturellement par l'entraînement de la des-
cente.
» Les six mètres qui suivront, et qui feront en tout
quinze mètres de profondeur de tranchée ouverte dans
toute l'étendue du seuil qu'il s'agit de couper, s'exécu-
teront au moyen d'un mécanisme composé de plusieurs
toiles sans fin, superposées de manière à conduire les
terres jusqu'à la hauteur du bord de la tranchée. Ces
toiles sans fin sont une série de plaques métalliques sur
lesquelles on jette les terres et qui, tournant sur elles-
mêmes par le mouvement qui leur est imprimé, à peu
près comme des courroies de machines à vapeur, en-
trainent les matières là où l'on veut les porter. Les
ouvriers, placés au fond de la tranchée, n'auront donc
qu'à jeter le produit de la fouille sur la toile sans fin,
pour que ce produit soit porté et versé à l'extrémité
supérieur du talus, où des wagons seront disposés
pour le recevoir et le transporter plus loin.
Il La coupure du seuil se trouvera ainsi conduite à
une assez grande profondeur pour que les dragues, ar-
rivant à leur tour, puissent en achever le percement et
ouvrir le canal jusqu'au lac Timsah. Ce lac est situé,
comme chacun sait, au milieu de l'isthme, au delà du
seuil d'El-Guirs.
» Ce n'était pas tout. Dans un pays tel que l'isthme
de Suez, dont l'ancienne fertilité a disparu par suite de
révolutions, de guerres qui remontent à l'antiquité et
qui ont privé le pays de ses moyens naturels ou arti-
ficiels d'arrosage , il était indispensable de pourvoir
d'avance à l'alimentation des nombreux ouvriers qui
vont être appliqués aux travaux que nous venons de
décrire. A cet effet, l'entreprise a dû préparer des fours,
des machines à biscuits , des meuneries et bluteries
complètes; elle a dû réunir des approvisionnements
considérables de blé, de son, etc.
» 11 lui faut aussi établir des appareils élévateurs
pour monter l'eau douce sur le seuil. Cette eau enfin,
il fallait se la procurer; dans ce but, on a profité d'un
étang que le Nil alimente et qui est situé à la hauteur
du lac Timsah, vers le milieu de l'isthme. On l'appelle
le lac Maxamah. Une prise d'eau y a été pratiquée, et
elle est amenée jusqu'au pied du seuil au moyen de
tuyaux placés dans une tranchée à ciel ouvert ou diri-
gée sous terre.
» Ces préparatifs terminés, l'ouverture du canal de la
Méditerranée au lac Timsah n'est plus qu'une affaire
de quelques mois, et l'entrepreneur se fait fort d'avoir
accompli cette partie de sa tâche en mai de l'année
prochaine.
à Les ouvriers qu'il emploira seront pris dans la po-
pulation du pays. On peut juger dès à présent du tra-
vail qu'on obtiendra d'eux par celui des Arabes, qui sont
engagés au nombre de trois cents dans les carrières de
Mex et sur les chantiers de Port-Saïd. Non-seulement
on les a trouvés propres à remuer les terres, mais en-
core ils ont été employés avec succès à des travaux
d'un ordre supérieur, tels que le montage des dra-
gues.
» L'émulation s'entretient parmi eux par la distribu-
tion de cartes de diverses couleurs qui marquent le de-
gré de leur aptitude et de leur zèle, et qui leur don-
nent droit à un salaire plus ou moins élevé. Chacun
s'efforce de mériter la meilleure carte, et l'humiliation
qu'ils éprouvent lorsqu'on les fait descendre à une carte
inférieure les encourage aux efforts les plus énergiques
et les plus soutenus. Il est inutile de dire que, sur des
chantiers dirigés par des Européens, des Français pour
la plupart, les ouvriers ne sont exposés à aucuns mau-
vais traitements. C'est tout le contraire. Les travaux
du canal amélioreront beaucoup la condition de ceux
qui y prendront part. Aussi, dès à présent, les engage-
ments au service de la Compagnie sont très-populaires
en Egypte.
» Telle est la situation des travaux du canal de Suez.
La constante protection du vice-roi, les sympathies des
gouvernements continentaux et le caractère inviolable
de la propriété que les capitaux européens se sont cons-
tituée dans l'isthme, assurent plus que jamais à cette
grande entreprise une marche régulière et un succès
définif.
» Pour extrait: T.-E. BAIGNIÈRES. »
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a la fin de ce mois, sont priés de le renou-
veler pour éviter toute Interruption dans
l'envol de leur journal.
Le Gérant : ERNEST DEsmçes.
4
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