Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1860 01 août 1860
Description : 1860/08/01 (A5,N99). 1860/08/01 (A5,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299656
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 251
A Monsieur le rédacteur en chef de l'IsTHME DE SUEZ.
Monsieur,
Vous avez si bien réfuté l'argumentation de M. le
capitaine Spratt et ses objections contre la possibilité
de l'exécution du canal de Suez qu'il semblerait inu-
tile d'ajouter quelque chose à votre démonstration.
Cependant l'importance qu'on a donnée en Angle-
terre aux mémoires de M. Spratt et la publication
qui même en a été faite cette année par ordre du
parlement britannique, enfin le savoir dont fait preuve
l'auteur de ces documents semblent demander que
l'on insiste de nouveau pour réduire à néant les diffi-
cultés qu'opposent encore des esprits prévenus à
l'entreprise de M. Ferdinand de Lesseps, bien qu'ac-
ceptée aujourd'hui par presque toute l'Europe.
C'est principalement sur la position de Péluse que
je désire, Monsieur, vous soumettre quelques ré-
flexions, parce qu'on a argumenté de cette position
pour et contre la possibilité de l'exécution du canal.
Et d'abord M. Spratt s'explique en commençant
à peu près de la manière suivante : « Les partisans
du canal fondent leur opinion sur ce que Farama
ou Tynéh, où ils mettent Péluse, est resté invariable-
ment à la place que ce lieu occupe maintenant ; »
autrement, « la possibilité du canal de Suez ne re-
pose que sur une supposition, c'est que les ruines de
Farama ou celles de Tynéh sont à la même place
qu'occupait Péluse dans l'antiquité, d'où ils concluent
que le canal n'a point à craindre les alluvions ni l'en-
sablement. »
Ne pourrait-on pas rétorquer cette réflexion en
disant que l'objection opposée au projet de canal re-
pose sur cette base unique, savoir : que la mer a dû
nécessairement être envahie par les alluvions et les
sables, et cela de tout temps? C'est pourquoi l'on doit,
dit-on, chercher Péluse dans l'intérieur des terres
et non sur les bords actuels de la mer. N'est-ce pas
là prouver le fait par ce qui est en question? N'est-
ce pas un cercle vicieux, une pétition de principe?
Les adversaires du canal ont besoin pour leur cause
(c'est-à-dire pour montrer que le canal n'aura pas de
durée) que la terre d'Egypte ait empiété sur la Mé-
diterranée de neuf à dix lieues depuis Strabon, c'est-
à-dire en dix-neuf siècles ; on ne peut donc, disent-
ils, chercher les restes de Péluse que très avant dans
l'intérieur : autant de paralogismes.
Commençons par établir la position de l'ancienne
Péluse d'après des autorités irréfragables : Hérodote,
Strabon, l'Itinéraire d'Antonin, la Table théodo-
sienne, etc. La plupart des passages de ces au-
teurs sont formels, puisqu'ils expriment des dis-
tances en chiffres déterminés. Deux ou trois inter-
valles suffiraient pour fixer l'emplacement du lieu,
mais on en compte jusqu'à neuf ou dix et plus. Il est
vrai que pour les appliquer il faut une carte géomé-
trique. On n'avait pas autrefois de carte exacte de
l'Egypte inférieure ; aujourd'hui l'on en possède une
qui est établie sur des observations astronomiques et
sur laquelle on peut avec sûreté porter le compas.
On a de plus des points de départ qui sont fixes et
dont la position ne saurait être contestée. Je ne rap-
porterai ici qu'une partie de ces distances ; on pourra
les vérifier sur la grande carte topographique de
l'expédition d'Egypte (1).
Le lieu appelé Pentaschœnon, où commence le dé-
sert, tirait son nom de ce que cette station était éga-
lement à cinq schœnes (ou cent cinquante stades), et
de Péluse, et de Cassio, position à l'est sur le bord de
la mer. D'après Itinéraire d'Antonin, l'intervalle était
de xx milles. On sait que la valeur du mille romain
est aujourd'hui bien connue. Qatyéh est le nom ac-
tuel de Pentaschœnon. Or on trouve sur la carte ces
vingt milles et ces cent cinquante stades entre Tynéh et
Qatyéh à très-peu de chose près, comme entre Qatyéh
et le lieu de Cassio. Ce dernier est lié avec la pointe
Straki et El-A'rych (ou Ostracineet Rhinocorura), par
deux distances de xxvi milles, et cela d'une ma-
nière absolue. Tous ces points, El-A'rych, Straki,
Qatyéh, Tynéh, qui ont succédé à Rhinocorura, Os-
tracine, Pentaschœnon, Pelusium, sont en effet liés et
comme enchaînés ensemble. Il en est de même de
l'ancienne Gerrha, aujourd'hui Anb-Dyâb, qui était
et est encore à huit milles romains de Péluse ou Ty-
néh, juste à l'est.
Mais toutes ces lignes, qui sont prises à l'orient,
ont besoin d'être recoupées par d'autres lignes par-
tant du midi ; voici d'abord trois distances que je
trouve marquées dans VItinéraire d'Antonin : de Selse
à Pelusium, xxiv milles romains ; de Daphnœ à Pe-
lusium, XVI milles; de Sethrum ou Heracleum à Pé-
luse, xxn milles. Ces points correspondent aujour-
d'hui à Salahyeh, Defeyneh et Tell-Charyg ; or les
distances de Tyneh à ces trois points, mesurées sur
la carte, sont respectivement xxiv milles romain?,
xxvi milles (parce qu'on a écrit sans doute un x de
moins dans les chiffres de Y Itinéraire) ; enfin xxm mil-
les (au lieu de XXII seulement).
D'autres intervalles, exprimés en stades, con-
firment encore ces concordances : de Thaubasto sur
le bord du lac à Péluse, on comptait trois cents sta-
des ; d'Héliopolis à Péluse Hérodote comptait quinze
cents stades ; de la tête de la branche pélusiaque à
Péluse, suivant le même historien, il y avait vingt-
cinq schœnes ou sept cent cinquante stades; d'Arsi-
noë à la bouche pélusiaque, on comptait huit cent
dix-sept stades.
Les points de départ sont respectivement le
bord du lac Timsah situé à l'extrémité de la val-
(1) Voyez aussi la carte ancienne et comparée de la basse
Egypte dans la Description de l'Egypte, la pl. 10, Etat moderne,
et la carte de Linant bey.
A Monsieur le rédacteur en chef de l'IsTHME DE SUEZ.
Monsieur,
Vous avez si bien réfuté l'argumentation de M. le
capitaine Spratt et ses objections contre la possibilité
de l'exécution du canal de Suez qu'il semblerait inu-
tile d'ajouter quelque chose à votre démonstration.
Cependant l'importance qu'on a donnée en Angle-
terre aux mémoires de M. Spratt et la publication
qui même en a été faite cette année par ordre du
parlement britannique, enfin le savoir dont fait preuve
l'auteur de ces documents semblent demander que
l'on insiste de nouveau pour réduire à néant les diffi-
cultés qu'opposent encore des esprits prévenus à
l'entreprise de M. Ferdinand de Lesseps, bien qu'ac-
ceptée aujourd'hui par presque toute l'Europe.
C'est principalement sur la position de Péluse que
je désire, Monsieur, vous soumettre quelques ré-
flexions, parce qu'on a argumenté de cette position
pour et contre la possibilité de l'exécution du canal.
Et d'abord M. Spratt s'explique en commençant
à peu près de la manière suivante : « Les partisans
du canal fondent leur opinion sur ce que Farama
ou Tynéh, où ils mettent Péluse, est resté invariable-
ment à la place que ce lieu occupe maintenant ; »
autrement, « la possibilité du canal de Suez ne re-
pose que sur une supposition, c'est que les ruines de
Farama ou celles de Tynéh sont à la même place
qu'occupait Péluse dans l'antiquité, d'où ils concluent
que le canal n'a point à craindre les alluvions ni l'en-
sablement. »
Ne pourrait-on pas rétorquer cette réflexion en
disant que l'objection opposée au projet de canal re-
pose sur cette base unique, savoir : que la mer a dû
nécessairement être envahie par les alluvions et les
sables, et cela de tout temps? C'est pourquoi l'on doit,
dit-on, chercher Péluse dans l'intérieur des terres
et non sur les bords actuels de la mer. N'est-ce pas
là prouver le fait par ce qui est en question? N'est-
ce pas un cercle vicieux, une pétition de principe?
Les adversaires du canal ont besoin pour leur cause
(c'est-à-dire pour montrer que le canal n'aura pas de
durée) que la terre d'Egypte ait empiété sur la Mé-
diterranée de neuf à dix lieues depuis Strabon, c'est-
à-dire en dix-neuf siècles ; on ne peut donc, disent-
ils, chercher les restes de Péluse que très avant dans
l'intérieur : autant de paralogismes.
Commençons par établir la position de l'ancienne
Péluse d'après des autorités irréfragables : Hérodote,
Strabon, l'Itinéraire d'Antonin, la Table théodo-
sienne, etc. La plupart des passages de ces au-
teurs sont formels, puisqu'ils expriment des dis-
tances en chiffres déterminés. Deux ou trois inter-
valles suffiraient pour fixer l'emplacement du lieu,
mais on en compte jusqu'à neuf ou dix et plus. Il est
vrai que pour les appliquer il faut une carte géomé-
trique. On n'avait pas autrefois de carte exacte de
l'Egypte inférieure ; aujourd'hui l'on en possède une
qui est établie sur des observations astronomiques et
sur laquelle on peut avec sûreté porter le compas.
On a de plus des points de départ qui sont fixes et
dont la position ne saurait être contestée. Je ne rap-
porterai ici qu'une partie de ces distances ; on pourra
les vérifier sur la grande carte topographique de
l'expédition d'Egypte (1).
Le lieu appelé Pentaschœnon, où commence le dé-
sert, tirait son nom de ce que cette station était éga-
lement à cinq schœnes (ou cent cinquante stades), et
de Péluse, et de Cassio, position à l'est sur le bord de
la mer. D'après Itinéraire d'Antonin, l'intervalle était
de xx milles. On sait que la valeur du mille romain
est aujourd'hui bien connue. Qatyéh est le nom ac-
tuel de Pentaschœnon. Or on trouve sur la carte ces
vingt milles et ces cent cinquante stades entre Tynéh et
Qatyéh à très-peu de chose près, comme entre Qatyéh
et le lieu de Cassio. Ce dernier est lié avec la pointe
Straki et El-A'rych (ou Ostracineet Rhinocorura), par
deux distances de xxvi milles, et cela d'une ma-
nière absolue. Tous ces points, El-A'rych, Straki,
Qatyéh, Tynéh, qui ont succédé à Rhinocorura, Os-
tracine, Pentaschœnon, Pelusium, sont en effet liés et
comme enchaînés ensemble. Il en est de même de
l'ancienne Gerrha, aujourd'hui Anb-Dyâb, qui était
et est encore à huit milles romains de Péluse ou Ty-
néh, juste à l'est.
Mais toutes ces lignes, qui sont prises à l'orient,
ont besoin d'être recoupées par d'autres lignes par-
tant du midi ; voici d'abord trois distances que je
trouve marquées dans VItinéraire d'Antonin : de Selse
à Pelusium, xxiv milles romains ; de Daphnœ à Pe-
lusium, XVI milles; de Sethrum ou Heracleum à Pé-
luse, xxn milles. Ces points correspondent aujour-
d'hui à Salahyeh, Defeyneh et Tell-Charyg ; or les
distances de Tyneh à ces trois points, mesurées sur
la carte, sont respectivement xxiv milles romain?,
xxvi milles (parce qu'on a écrit sans doute un x de
moins dans les chiffres de Y Itinéraire) ; enfin xxm mil-
les (au lieu de XXII seulement).
D'autres intervalles, exprimés en stades, con-
firment encore ces concordances : de Thaubasto sur
le bord du lac à Péluse, on comptait trois cents sta-
des ; d'Héliopolis à Péluse Hérodote comptait quinze
cents stades ; de la tête de la branche pélusiaque à
Péluse, suivant le même historien, il y avait vingt-
cinq schœnes ou sept cent cinquante stades; d'Arsi-
noë à la bouche pélusiaque, on comptait huit cent
dix-sept stades.
Les points de départ sont respectivement le
bord du lac Timsah situé à l'extrémité de la val-
(1) Voyez aussi la carte ancienne et comparée de la basse
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