Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1860 01 juillet 1860
Description : 1860/07/01 (A5,N97). 1860/07/01 (A5,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529963c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.. 217
Suez que par la raison qn'ils y voient à la fois une
entreprise avantageuse à leurs capitaux, et en même
temps un moyen d'ouvrir un admirable passage à la
navigation du monde. Voilà ce que nous pouvons ga-
rantir à Y Examiner et au Morning Advertiser.
Toutefois ces journaux, à leur tour, se rangent à
l'opinion de la presque totalité de la presse anglaise;
ils cessent de supposer que l'ouverture du canal
puisse donner lieu à des dangers politiques pour
l'Angleterre; dès lors le gouvernement anglais n'a
évidemment aucun motif de persévérer dans son op-
position, et nécessairement cette opposition aurait
dans Y Examiner et dans le Morning Advertiser deux
adversaires de plus.
Nous avons d'autant plus lieu d'y compter que,
ne croyant pas à la possibilité du percement, ils se
livrent à ce propos à un argument logiquement
irréprochable. Dans leur incurable défiance, ils se
persuadent que la France veut absolument faire
la guerre à l'Angleterre, et comme la moitié du ca-
pital de la Compagnie universelle est français, ils en
concluent qu'ils sont bien innocents de vouloir nous
forcer à économiser notre argent, et que 100 mil-
lions enterrés dans les sables d'Egypte seront 100 mil-
lions de moins chez nous pour construire des vais-
seaux et pour payer une armée d'invasion ; en con-
séquence M. de Lesseps serait bien plutôt un allié
qu'un ennemi de l'Angleterre, et il n'y aurait qu'à
le livrer lui et ses actionnaires à leur sort. C'est jus-
tement ce qu'ils demandent, et ce que nous deman-
dons avec eux. Nous demandons que les Anglais ne
soient pas plus économes de notre argent que nous
ne le sommes nous-mêmes. Nous ne songeons pas à
attaquer l'Angleterre, mais nous voulons percer
l'isthme, nous avons la ferme conviction d'y réus -
sir , et nous ajoutons qu'en nous abandonnant à
notre destin, YExaminer, le Morning Advertisr et tout
ce qui s'oppose au canal de l'au're côté du détroit,
auront beaucoup plus fait pour maintenir les bons
rapports entre les deux nations, qu'en se livrant à ces
soupçons et à cet antagonisme perpétuels qui, semant
l'irritation et la haine, ne peuvent moissonner la
bonne intelligence et la paix.
Remarquons cependant que tous les jours les jour-
naux anglais reviennent, sur cette question, aux vrais
principes de la justice et du droit, et quels que soient
les motifs qui les guident ou qu'ils expriment, nous
n'en devons pas moins prendre acte des déclarations
par lesquelles ils invitent leur gouvernement à laisser
la Compagnie universelle libre dans ses opérations.
On lit dans Y Examiner, reproduit par le Morning
Advertiser :
J. MONGIN,
« L'Angleterre a assez affaire à prendre soin de
ses propres ressources, et n'a aucune raison au monde
pour être économe des ressources de la France. Au
contraire, quand nous voyons tant d'argent français
dilapidé dans des armements qui nous menacent de
guerre, ce qui rend la paix presque aussi onéreuse,
nous sommes naturellement disposés à regarder les
projets de nos voisins avec une satisfaction qui est en
rapport direct avec leur extravagance, et nous considé-
rons M. de Lesseps plutôt comme un allié que comme
un ennemi. Persuadés que les dupes du canal de Suez
seront aussi nombreuses que ses actionnaires, nous
avons tout lieu de nous réjouir de ce qu'une moitié au
moins du capital doit sortir des poches françaises. Il y
aura d'autant moins d'argent en France pour exécuter
d'autres spéculations pas tout à fait aussi chimériques,
mais infiniment plus dangereuses. Laissez donc M. de
Lesseps continuer à enterrer le plus promptement pos-
sible ses 200 millions de francs dans les sables du dé-
sert. Pas un liard, nous en sommes convaincus, n'en
reviendra jamais pour être employé dans des entre-
prises que nous ne saurions envisager avec la même
indifférence.
« Si nous considérons cette affaire d'une manière sé-
rieuse, c'est uniquement parce que la faveur qu'elle
rencontre en France est due à son apparence aut:-an-
glaise. Arriérés que sont les Français dans les principes
de commerce et d'économie politique, un projet aussi évi-
demment illusoire ne les aurait jamais embrouillés s'il
avait été soumis à leur jugement sur des considérations
purement commerciales. M. de Lesseps aurait aussi bien
pu inviter ses compatriotes à souscrire pour l'érection
d'une demi-douzaine de pyramides ou la reconstruction
de Thèbes, que pour le canal de Suez, s'il n'avait su se
servir des rivalités et préventions politiques. La farce,
quelque vide et pauvre qu'elle soit, n'est donc pas sans
importance pour nous ; car c'est un symptôme de plus de
l'esprit et des sentiments de la France sous le second em-
pire Si la chose avait été appelée par son propre nom, elle
aurait été annoncée au monde comme une Compagnie
par actions destinée à ruiner les intérêts anglais en
Egypte. En effet, le projet étant dénué comme le désert
de toutes fascinations mercantiles, ses avocats trouvent
nécessaire en toute occasion d'insister sur ses qualités
politiques. « Il percerait la cuirasse même de l'Angle-
terre, » dit l'un d'eux, avec ce goût admirable de mé-
taphore propre à l'éloquence française. Comme œuvre
industrielle, on se souciait fort peu qu'elle fût possible
ou non ; l'Angleterre serait percée jusqu'au cœur, que
le canal fût jamais percé ou non. Les travaux, sans uti-
lité pour tout autre objet, fermeraient notre grand pas-
sage, et nous expulseraient éventuellement de l'Egypte,
que les Israélites n'aspiraient jamais autant à quitter
que les Français n'aspirent à la posséder, toujours,
cela va sans dire, « dans l'intérêt de la civilisalion et
de l'humanité. » Telle est la manière de voir qui rem-
plissait dernièrement la salle Herz d'enthousiastes Fran-
çais des deux sexes. Nous croyons les calculs politiques
aussi peu fondés que les calculs commerciaux, mais
les premiers valent tout au plus une paille, pour nous
servir d'une locution proverbiale. »
Suez que par la raison qn'ils y voient à la fois une
entreprise avantageuse à leurs capitaux, et en même
temps un moyen d'ouvrir un admirable passage à la
navigation du monde. Voilà ce que nous pouvons ga-
rantir à Y Examiner et au Morning Advertiser.
Toutefois ces journaux, à leur tour, se rangent à
l'opinion de la presque totalité de la presse anglaise;
ils cessent de supposer que l'ouverture du canal
puisse donner lieu à des dangers politiques pour
l'Angleterre; dès lors le gouvernement anglais n'a
évidemment aucun motif de persévérer dans son op-
position, et nécessairement cette opposition aurait
dans Y Examiner et dans le Morning Advertiser deux
adversaires de plus.
Nous avons d'autant plus lieu d'y compter que,
ne croyant pas à la possibilité du percement, ils se
livrent à ce propos à un argument logiquement
irréprochable. Dans leur incurable défiance, ils se
persuadent que la France veut absolument faire
la guerre à l'Angleterre, et comme la moitié du ca-
pital de la Compagnie universelle est français, ils en
concluent qu'ils sont bien innocents de vouloir nous
forcer à économiser notre argent, et que 100 mil-
lions enterrés dans les sables d'Egypte seront 100 mil-
lions de moins chez nous pour construire des vais-
seaux et pour payer une armée d'invasion ; en con-
séquence M. de Lesseps serait bien plutôt un allié
qu'un ennemi de l'Angleterre, et il n'y aurait qu'à
le livrer lui et ses actionnaires à leur sort. C'est jus-
tement ce qu'ils demandent, et ce que nous deman-
dons avec eux. Nous demandons que les Anglais ne
soient pas plus économes de notre argent que nous
ne le sommes nous-mêmes. Nous ne songeons pas à
attaquer l'Angleterre, mais nous voulons percer
l'isthme, nous avons la ferme conviction d'y réus -
sir , et nous ajoutons qu'en nous abandonnant à
notre destin, YExaminer, le Morning Advertisr et tout
ce qui s'oppose au canal de l'au're côté du détroit,
auront beaucoup plus fait pour maintenir les bons
rapports entre les deux nations, qu'en se livrant à ces
soupçons et à cet antagonisme perpétuels qui, semant
l'irritation et la haine, ne peuvent moissonner la
bonne intelligence et la paix.
Remarquons cependant que tous les jours les jour-
naux anglais reviennent, sur cette question, aux vrais
principes de la justice et du droit, et quels que soient
les motifs qui les guident ou qu'ils expriment, nous
n'en devons pas moins prendre acte des déclarations
par lesquelles ils invitent leur gouvernement à laisser
la Compagnie universelle libre dans ses opérations.
On lit dans Y Examiner, reproduit par le Morning
Advertiser :
J. MONGIN,
« L'Angleterre a assez affaire à prendre soin de
ses propres ressources, et n'a aucune raison au monde
pour être économe des ressources de la France. Au
contraire, quand nous voyons tant d'argent français
dilapidé dans des armements qui nous menacent de
guerre, ce qui rend la paix presque aussi onéreuse,
nous sommes naturellement disposés à regarder les
projets de nos voisins avec une satisfaction qui est en
rapport direct avec leur extravagance, et nous considé-
rons M. de Lesseps plutôt comme un allié que comme
un ennemi. Persuadés que les dupes du canal de Suez
seront aussi nombreuses que ses actionnaires, nous
avons tout lieu de nous réjouir de ce qu'une moitié au
moins du capital doit sortir des poches françaises. Il y
aura d'autant moins d'argent en France pour exécuter
d'autres spéculations pas tout à fait aussi chimériques,
mais infiniment plus dangereuses. Laissez donc M. de
Lesseps continuer à enterrer le plus promptement pos-
sible ses 200 millions de francs dans les sables du dé-
sert. Pas un liard, nous en sommes convaincus, n'en
reviendra jamais pour être employé dans des entre-
prises que nous ne saurions envisager avec la même
indifférence.
« Si nous considérons cette affaire d'une manière sé-
rieuse, c'est uniquement parce que la faveur qu'elle
rencontre en France est due à son apparence aut:-an-
glaise. Arriérés que sont les Français dans les principes
de commerce et d'économie politique, un projet aussi évi-
demment illusoire ne les aurait jamais embrouillés s'il
avait été soumis à leur jugement sur des considérations
purement commerciales. M. de Lesseps aurait aussi bien
pu inviter ses compatriotes à souscrire pour l'érection
d'une demi-douzaine de pyramides ou la reconstruction
de Thèbes, que pour le canal de Suez, s'il n'avait su se
servir des rivalités et préventions politiques. La farce,
quelque vide et pauvre qu'elle soit, n'est donc pas sans
importance pour nous ; car c'est un symptôme de plus de
l'esprit et des sentiments de la France sous le second em-
pire Si la chose avait été appelée par son propre nom, elle
aurait été annoncée au monde comme une Compagnie
par actions destinée à ruiner les intérêts anglais en
Egypte. En effet, le projet étant dénué comme le désert
de toutes fascinations mercantiles, ses avocats trouvent
nécessaire en toute occasion d'insister sur ses qualités
politiques. « Il percerait la cuirasse même de l'Angle-
terre, » dit l'un d'eux, avec ce goût admirable de mé-
taphore propre à l'éloquence française. Comme œuvre
industrielle, on se souciait fort peu qu'elle fût possible
ou non ; l'Angleterre serait percée jusqu'au cœur, que
le canal fût jamais percé ou non. Les travaux, sans uti-
lité pour tout autre objet, fermeraient notre grand pas-
sage, et nous expulseraient éventuellement de l'Egypte,
que les Israélites n'aspiraient jamais autant à quitter
que les Français n'aspirent à la posséder, toujours,
cela va sans dire, « dans l'intérêt de la civilisalion et
de l'humanité. » Telle est la manière de voir qui rem-
plissait dernièrement la salle Herz d'enthousiastes Fran-
çais des deux sexes. Nous croyons les calculs politiques
aussi peu fondés que les calculs commerciaux, mais
les premiers valent tout au plus une paille, pour nous
servir d'une locution proverbiale. »
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