Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1860 01 juin 1860
Description : 1860/06/01 (A5,N95). 1860/06/01 (A5,N95).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529961j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 185
Le Times en outre termine par une profession de
foi encore plus importante et dont nous devons pren-
dre acte, car elle est la négation radicale de cette
prétendue politique permanente sur laquelle plus ou
moins ouvertement se basait jusqu'ici l'opposition du
principal adversaire du canal en Angleterre. Voici
donc ses paroles :
« Nous avons cassé de considérer avec jalousie la
» construction de nouvelles grandes routes dans l'Orient;
» et même nos vues sur l'Orient ont également subi une
» modification considérable. »
Nous n'avons jamais douté que les lumières et le
sens pratique du Times ne le fissent aboutir à ces
conclusions, et si nous devons être vrai, nous devons
avouer notre étonnement qu'il n'y soit pas depuis
longtemps arrivé. Franchise pour franchise et sincé-
rité pour sincérité : nous pouvons comprendre que
des hommes superficiels, peu versés dans l'étude des
questions politiques, ou peu habitués à l'observation
de l'état du monde, s'encroûtent encore dans les pré-
jugés de 1780 et de 1812; mais nous ne le compre-
nons point dans les directeurs éminents du Times.
Faut-il donc avoir une vue bien perçante pour aper-
cevoir les profondes révolutions que les vingt der-
nières années ont opérées dans le mouvement des
esprits et des peuples en Europe? La vapeur, les che-
mins de fer, l'électricité ont rapproché les espaces et
les races ; chaque peuple, poussé par ces puissances de
l'expansion, a besoin de chercher en dehors de son
territoire une nouvelle carrière d'activité pour son
intelligence et ses bras. Toutes les portes de l'Orient
sont forcées ou plus qu'entrouvertes ; l'Angleterre, qui
croyait garder la mer des Indes par la possession de
la ligne du Cap, se voit tournée en Californie par les
Américains ; dans les mers de la Chine par les Rus-
ses : c'est contre le monde entier, c'est au sud, au
nord, à l'ouest et à l'est que l'Angleterre devrait dé-
fendre pour le conserver, et contre le courant de
tous les peuples, son ancien monopole oriental ; elle
est désormais, comme nous l'avons dit, devancée dans
.ces mers par l'Amérique et la Russie, et si elle veut
persister à fermer à l'Occident les routes les plus
commodes et les plus courtes vers ces contrées, c'est
contre elle-même qu'elle travaillera au profit de ses
antagonistes naturels et directs, déjà installés sur les
bords de l'océan Pacifique et sur le golfe de Tartarie.
C'est certainement la pensée qui frappe tous ces
esprits ayant étudié le fond de la question dont le
Times nous parle, et qui désirent le succès de la Com-
pagnie universelle.
Non ! l'Angleterre dans cette entreprise ne doit pas
être jalouse de la France, comme nous affirmons que
la France ne la soutient par aucune espèce de senti-
ment hostile à l'Angleterre ! Les intérêts des deux
pays sont ici parfaitement analogues, et c'est du fond
de la conscience que nous protestons, que dans quel-
ques années on ne comprendra pas plus la résistance
faite par quelques Anglais à l'ouverture du canal de
Suez, qu'on ne comprend aujourd hui la répugnance
aveugle avec laquelle fut accueilli en 1834 par ces
mêmes préjugés le projet du lieutenant Waghorn. Ce
projet a considérablement augmenté les relations du
peuple britannique et sa force en Orient ; le canal de
Suez est destiné à l'augmenter dans des proportions
bien plus vastes. Nous regrettons que la pénétration
du Times ait été si longue à s'en apercevoir.
Quoi qu'il en soit, nous venons d'établir par des ex-
traits nombreux et décisifs qu'au nom de l'Angleterre
le Times désavouait désormais toute opposition de
principe et de politique à l'établissement d'une route
par Suez ; il atténue tout ce que la résistance passée
a pu avoir d'intensité; il proteste, que si par ses opi-
nions purement financières, l'Angleterre ne veut pas
se mêler aux chances de l'entreprise, elle n'a aucune
espèce d'objections à la voir essayer ou accomplir
par d'autres ; il repousse loin d'elle tout sentiment de
jalousie envers la France ou le continent ; il reconnaît
même que le moment est venu de renoncer à une
politique arriérée et de cesser de fermer aux autres
nations la route orientale. Dès ce moment donc tout
devient limpide et facile dans la situation : il ne s'a-
git plus que de savoir si des capitaux ont assez de
confiance dans l'œuvre pour s'y dévouer ; cette dé-
monstration est faite ; elle a été rendue complète par
la résolution unanime de l'assemblée générale du
15 mai; si l'entreprise échoue, ces capitaux n'auront
qu'à s'en prendre à eux-mêmes, et le Times, certes,
aura le droit de s'en laver les mains. Si elle réussit
au contraire, et elle réussira, ces capitaux auront
bien mérité du progrès et du monde, de l'Angleterre
elle-même, et spécialement des écrivains du Times,
qui, sans croire l'entreprise possible, n'en regardent
pas moins son succès comme une des conquêtes les
plus désirables et pour l'humanité et pour leur propre
pays.
Cependant le Times exprime sur la question politique
quelques scrupules de réserve, et sa conscience n'est
pas encore pleinement allégée. Examinons donc ces
scrupules et voyons ce qu'ils peuvent avoir de sérieux
et de solide.
III
Les récriminations.
Tout en proclamant la convenance et la nécessité
d'abandonner l'exécution du canal à sa propre des-
tinée, le Times a pourtant certaines réèriminations
ou certaines préventions à exprimer contre elle.
Pourquoi l'entreprise, au point de vue financier, a-t-
elle été si différemment jugée en France et en Angle-
terre? Les Français, en apportant plus de 100 millions
à la souscription, ser^ieitriapjpiés d'un esprit hostile à
la puissance britai^îquô^ ils v&ient dans le percement
- 1
71 1 -:
Le Times en outre termine par une profession de
foi encore plus importante et dont nous devons pren-
dre acte, car elle est la négation radicale de cette
prétendue politique permanente sur laquelle plus ou
moins ouvertement se basait jusqu'ici l'opposition du
principal adversaire du canal en Angleterre. Voici
donc ses paroles :
« Nous avons cassé de considérer avec jalousie la
» construction de nouvelles grandes routes dans l'Orient;
» et même nos vues sur l'Orient ont également subi une
» modification considérable. »
Nous n'avons jamais douté que les lumières et le
sens pratique du Times ne le fissent aboutir à ces
conclusions, et si nous devons être vrai, nous devons
avouer notre étonnement qu'il n'y soit pas depuis
longtemps arrivé. Franchise pour franchise et sincé-
rité pour sincérité : nous pouvons comprendre que
des hommes superficiels, peu versés dans l'étude des
questions politiques, ou peu habitués à l'observation
de l'état du monde, s'encroûtent encore dans les pré-
jugés de 1780 et de 1812; mais nous ne le compre-
nons point dans les directeurs éminents du Times.
Faut-il donc avoir une vue bien perçante pour aper-
cevoir les profondes révolutions que les vingt der-
nières années ont opérées dans le mouvement des
esprits et des peuples en Europe? La vapeur, les che-
mins de fer, l'électricité ont rapproché les espaces et
les races ; chaque peuple, poussé par ces puissances de
l'expansion, a besoin de chercher en dehors de son
territoire une nouvelle carrière d'activité pour son
intelligence et ses bras. Toutes les portes de l'Orient
sont forcées ou plus qu'entrouvertes ; l'Angleterre, qui
croyait garder la mer des Indes par la possession de
la ligne du Cap, se voit tournée en Californie par les
Américains ; dans les mers de la Chine par les Rus-
ses : c'est contre le monde entier, c'est au sud, au
nord, à l'ouest et à l'est que l'Angleterre devrait dé-
fendre pour le conserver, et contre le courant de
tous les peuples, son ancien monopole oriental ; elle
est désormais, comme nous l'avons dit, devancée dans
.ces mers par l'Amérique et la Russie, et si elle veut
persister à fermer à l'Occident les routes les plus
commodes et les plus courtes vers ces contrées, c'est
contre elle-même qu'elle travaillera au profit de ses
antagonistes naturels et directs, déjà installés sur les
bords de l'océan Pacifique et sur le golfe de Tartarie.
C'est certainement la pensée qui frappe tous ces
esprits ayant étudié le fond de la question dont le
Times nous parle, et qui désirent le succès de la Com-
pagnie universelle.
Non ! l'Angleterre dans cette entreprise ne doit pas
être jalouse de la France, comme nous affirmons que
la France ne la soutient par aucune espèce de senti-
ment hostile à l'Angleterre ! Les intérêts des deux
pays sont ici parfaitement analogues, et c'est du fond
de la conscience que nous protestons, que dans quel-
ques années on ne comprendra pas plus la résistance
faite par quelques Anglais à l'ouverture du canal de
Suez, qu'on ne comprend aujourd hui la répugnance
aveugle avec laquelle fut accueilli en 1834 par ces
mêmes préjugés le projet du lieutenant Waghorn. Ce
projet a considérablement augmenté les relations du
peuple britannique et sa force en Orient ; le canal de
Suez est destiné à l'augmenter dans des proportions
bien plus vastes. Nous regrettons que la pénétration
du Times ait été si longue à s'en apercevoir.
Quoi qu'il en soit, nous venons d'établir par des ex-
traits nombreux et décisifs qu'au nom de l'Angleterre
le Times désavouait désormais toute opposition de
principe et de politique à l'établissement d'une route
par Suez ; il atténue tout ce que la résistance passée
a pu avoir d'intensité; il proteste, que si par ses opi-
nions purement financières, l'Angleterre ne veut pas
se mêler aux chances de l'entreprise, elle n'a aucune
espèce d'objections à la voir essayer ou accomplir
par d'autres ; il repousse loin d'elle tout sentiment de
jalousie envers la France ou le continent ; il reconnaît
même que le moment est venu de renoncer à une
politique arriérée et de cesser de fermer aux autres
nations la route orientale. Dès ce moment donc tout
devient limpide et facile dans la situation : il ne s'a-
git plus que de savoir si des capitaux ont assez de
confiance dans l'œuvre pour s'y dévouer ; cette dé-
monstration est faite ; elle a été rendue complète par
la résolution unanime de l'assemblée générale du
15 mai; si l'entreprise échoue, ces capitaux n'auront
qu'à s'en prendre à eux-mêmes, et le Times, certes,
aura le droit de s'en laver les mains. Si elle réussit
au contraire, et elle réussira, ces capitaux auront
bien mérité du progrès et du monde, de l'Angleterre
elle-même, et spécialement des écrivains du Times,
qui, sans croire l'entreprise possible, n'en regardent
pas moins son succès comme une des conquêtes les
plus désirables et pour l'humanité et pour leur propre
pays.
Cependant le Times exprime sur la question politique
quelques scrupules de réserve, et sa conscience n'est
pas encore pleinement allégée. Examinons donc ces
scrupules et voyons ce qu'ils peuvent avoir de sérieux
et de solide.
III
Les récriminations.
Tout en proclamant la convenance et la nécessité
d'abandonner l'exécution du canal à sa propre des-
tinée, le Times a pourtant certaines réèriminations
ou certaines préventions à exprimer contre elle.
Pourquoi l'entreprise, au point de vue financier, a-t-
elle été si différemment jugée en France et en Angle-
terre? Les Français, en apportant plus de 100 millions
à la souscription, ser^ieitriapjpiés d'un esprit hostile à
la puissance britai^îquô^ ils v&ient dans le percement
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