Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juin 1860 01 juin 1860
Description : 1860/06/01 (A5,N95). 1860/06/01 (A5,N95).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529961j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
180 L'ISTHME DE SUEZ,
si des brochures avaient été publiées, montrant com-
ment l'entreprise devrait porter un coup mortel au com-
merce et à la puissance de la France, et si des mee-
tings à Londres avaient été tenus dans un esprit non
d'enquête commerciale, mais de rivalité nationale ?
Pourtant c'estce qu'on fait maintenant en France, et sous
les yeux de nos grands pacificateurs; tout Français qui
connaît quelque chose du sujet, sait parfaitement bien
que le succès du projet de M. Lesseps, s'il est jamais
achevé, est attendu comme un succès de la France con-
tre l'Angleterre, et comme devant donner au premier
de ces pays quelque avantage formidable sur le second.
Ou la route de l'Inde par l'Egypte devrait être fermée,
ou la mer Rouge serait commandée, ou quelque autre
conséquence terrible pour l'Angleterre et glorieuse pour
la France, devrait s'ensuivre à coup sûr. Nous le répé-
tons, nous ne croyons pas à ces conséquences, pas plus
que nous ne croyons à la possibilité du canal; mais telles
sont les idées qu'on a inculquées dans l'esprit des Fran-
çais, et le fait est certes suffisant pour justifier encore
plus d'opposition à ce projet que jamais nous ne l'en
avons jugé digne. »
Correspondance du TIMES sur l'état des travaux.
« Alexandrie, 11 mai.
» Le résultat de la réunion des souscripteurs de la
Compagnie de Suez, sur le point de se tenir à Paris, est
attendu avec quelque sentiment de curiosité. On entre-
tient toujours une apparence destinée à montrer que les
travaux marchent dans le désert de l'isthme, mais tout
le monde est d'accord que ce n'est qu'une feinte et
qu'on n'a pas fait le plus léger progrès réel. Les amis
même de M. de Lesseps montrent la plus grande ré-
serve lorsqu'on les questionne à ce sujet; les informa-
tions que nous tirons d'eux se bornent à peu près à ce
qu'une jetée temporaire et un phare ont été construits
à l'extrémité du canal, du côté de Péluse, et qu'on a
élevé un grand nombre de huttes pour les ouvriers. On
s'étend beaucoup sur la pierre à chaux trouvée en divers
points, sur des broussailles et des buissons dispersés
sur le terrain, et dont on doit faire usage pour convertir
cette pierre en chaux.
» D'un autre côté nous entendons dire que des obs-
tacles s'élèvent et interviennent même à l'égard des
plus simples opérations préparatoires des ouvriers dans
un degré beaucoup plus sérieux que n'avaient osé le
prédire les opposants les plus déterminés du projet.
Ainsi l'on parle de fours à chaux ayant été abandonnés
aussitôt que construits, parce qu'il a été trouvé impos-
sible de les défendre contre le sable qui montre une
tendance obstinée ou à s'accumuler autour des obstacles
qu'il rencontre dans le cours de son vol, ou à laisser
doucement effondrer sous lui les fondements qu'on y
veut établir. On parle aussi de fossés qui ont été creu-
sés pour porter l'eau sur quelques points particuliers
des travaux, et qui ne peuvent servir, parce que avant
que l'eau ait coulé de quelques pieds, chaque goutte en
est absorbée.
» Malheureusement le gouvernement égyptien ne s'est
pas tenu si complétement en dehors de l'entreprise qu'il
puisse péremptoirement rejeter toute responsabilité et
se maintenir innocent d'avoir prêté son concours et
ses encouragements au gaspillage d'argent qui a été
accompli. Malgré ses déclarations formelles qu'au-
cune tentative d'entreprendre les travaux ne serait
permise sans la sanction de la Porte, il a fait plus que
fermer simplement les yeux sur ce qui s'exécutait : ainsi
entre autres choses, il a accordé aux matériaux pour le
canal l'entrée libre de droits, et il laisse extraire gra-
tuitement la pierre des carrières du gouvernement. Il
est donc plus que probable que Saïd-Pacha aura quel-
ques jours à résister à une réclamation destinée à lui
faire payer le compte qui devra se régler entre M. de
Lesseps et ses souscripteurs malavisés. »
Le TIMES sur l'impraticabilité du canal.
u Tandis que M. de Lesseps discourait la semaine
dernière sur les progrès du projet du canal de Suez et
entretenait un auditoire parisien de cette merveilleuse
entreprise, grande était la curiosité sur un autre point
du globe, pour connaître ce qu'il pouvait dire. C'était
à Alexandrie, où la chose est passablement comprise,
l'état des travaux connus et les perspectives de l'affaire
exactement appréciées. Jugeant par le rapport de notre
correspondant, nous devons certainement admirer la
dextérité de l'orateur, parlant du passé plus que de l'a
venir, insistant sur les intrigues de notre ambassadeur
à Constantinople, plutôt que sur le progrès des excavations
dans le désert. Quant à nous, nous sommes profondé-
ment convaincus par les informations qui nous sont par-
venues, que tout le projet est très-véritablement aussi
impraticable que nous l'avons déjà déclaré, et nous en-
tretenons un vif soupçon que quelques-uns des amis eux-
mêmes de M. de Lesseps se rapprochent de notre opinion.
» Naturellement chacun comprend qu'aujourd'hui les
questions d'ingénieurs sont simplement des questions
d'argent. Le projet du canal de Suez est une ques-
tion d'argent, mais malheureusement c'est une question
qui ne sera jamais complétement résolue. On peut trou-
ver une fin, quoique très éloignée, à l'argent que son
exécution coûtera, mais il n'y aura pas de fin à l'ar-
gent qu'il faudra dépenser pour le conserver. En fait,
'c'est véritablement la vieille histoire de remplir le crible,
c'est creuser des trous dans le sable, et cet ouvrage en
lui-même, outre son inutilité naturelle, doit être exécuté
sous les plus pénibles conditions imaginables. En ac-
cordant que les grands travaux des anciens Romains et
de nos modernes entrepreneurs soient sur une plus large
échelle, et que le capital d'une ligne centrale de chemin
de fer excède grandement celui demandé par M. de Les-
seps pour son canal, pourtant il n'y a pas d'analogie
entre les deux cas. Le canal de Suez doit être creusé à
travers un pays où la terre elle-même n'a pas de soli-
dité, et où l'aspect de la nature est changé par une
tempête de vent. La pierre est impérativement néces-
saire, mais elle ne peut-être obtenue que de carrières
très-désavantageusement éloignées de plusieurs parties de
la ligne. Le prix du mètre cube de pierre délivré à l'ex-
trémité méditerranéenne du canal proposé, est calculé
à 14 francs ; un entrepreneur qui avait pensé pouvoir
si des brochures avaient été publiées, montrant com-
ment l'entreprise devrait porter un coup mortel au com-
merce et à la puissance de la France, et si des mee-
tings à Londres avaient été tenus dans un esprit non
d'enquête commerciale, mais de rivalité nationale ?
Pourtant c'estce qu'on fait maintenant en France, et sous
les yeux de nos grands pacificateurs; tout Français qui
connaît quelque chose du sujet, sait parfaitement bien
que le succès du projet de M. Lesseps, s'il est jamais
achevé, est attendu comme un succès de la France con-
tre l'Angleterre, et comme devant donner au premier
de ces pays quelque avantage formidable sur le second.
Ou la route de l'Inde par l'Egypte devrait être fermée,
ou la mer Rouge serait commandée, ou quelque autre
conséquence terrible pour l'Angleterre et glorieuse pour
la France, devrait s'ensuivre à coup sûr. Nous le répé-
tons, nous ne croyons pas à ces conséquences, pas plus
que nous ne croyons à la possibilité du canal; mais telles
sont les idées qu'on a inculquées dans l'esprit des Fran-
çais, et le fait est certes suffisant pour justifier encore
plus d'opposition à ce projet que jamais nous ne l'en
avons jugé digne. »
Correspondance du TIMES sur l'état des travaux.
« Alexandrie, 11 mai.
» Le résultat de la réunion des souscripteurs de la
Compagnie de Suez, sur le point de se tenir à Paris, est
attendu avec quelque sentiment de curiosité. On entre-
tient toujours une apparence destinée à montrer que les
travaux marchent dans le désert de l'isthme, mais tout
le monde est d'accord que ce n'est qu'une feinte et
qu'on n'a pas fait le plus léger progrès réel. Les amis
même de M. de Lesseps montrent la plus grande ré-
serve lorsqu'on les questionne à ce sujet; les informa-
tions que nous tirons d'eux se bornent à peu près à ce
qu'une jetée temporaire et un phare ont été construits
à l'extrémité du canal, du côté de Péluse, et qu'on a
élevé un grand nombre de huttes pour les ouvriers. On
s'étend beaucoup sur la pierre à chaux trouvée en divers
points, sur des broussailles et des buissons dispersés
sur le terrain, et dont on doit faire usage pour convertir
cette pierre en chaux.
» D'un autre côté nous entendons dire que des obs-
tacles s'élèvent et interviennent même à l'égard des
plus simples opérations préparatoires des ouvriers dans
un degré beaucoup plus sérieux que n'avaient osé le
prédire les opposants les plus déterminés du projet.
Ainsi l'on parle de fours à chaux ayant été abandonnés
aussitôt que construits, parce qu'il a été trouvé impos-
sible de les défendre contre le sable qui montre une
tendance obstinée ou à s'accumuler autour des obstacles
qu'il rencontre dans le cours de son vol, ou à laisser
doucement effondrer sous lui les fondements qu'on y
veut établir. On parle aussi de fossés qui ont été creu-
sés pour porter l'eau sur quelques points particuliers
des travaux, et qui ne peuvent servir, parce que avant
que l'eau ait coulé de quelques pieds, chaque goutte en
est absorbée.
» Malheureusement le gouvernement égyptien ne s'est
pas tenu si complétement en dehors de l'entreprise qu'il
puisse péremptoirement rejeter toute responsabilité et
se maintenir innocent d'avoir prêté son concours et
ses encouragements au gaspillage d'argent qui a été
accompli. Malgré ses déclarations formelles qu'au-
cune tentative d'entreprendre les travaux ne serait
permise sans la sanction de la Porte, il a fait plus que
fermer simplement les yeux sur ce qui s'exécutait : ainsi
entre autres choses, il a accordé aux matériaux pour le
canal l'entrée libre de droits, et il laisse extraire gra-
tuitement la pierre des carrières du gouvernement. Il
est donc plus que probable que Saïd-Pacha aura quel-
ques jours à résister à une réclamation destinée à lui
faire payer le compte qui devra se régler entre M. de
Lesseps et ses souscripteurs malavisés. »
Le TIMES sur l'impraticabilité du canal.
u Tandis que M. de Lesseps discourait la semaine
dernière sur les progrès du projet du canal de Suez et
entretenait un auditoire parisien de cette merveilleuse
entreprise, grande était la curiosité sur un autre point
du globe, pour connaître ce qu'il pouvait dire. C'était
à Alexandrie, où la chose est passablement comprise,
l'état des travaux connus et les perspectives de l'affaire
exactement appréciées. Jugeant par le rapport de notre
correspondant, nous devons certainement admirer la
dextérité de l'orateur, parlant du passé plus que de l'a
venir, insistant sur les intrigues de notre ambassadeur
à Constantinople, plutôt que sur le progrès des excavations
dans le désert. Quant à nous, nous sommes profondé-
ment convaincus par les informations qui nous sont par-
venues, que tout le projet est très-véritablement aussi
impraticable que nous l'avons déjà déclaré, et nous en-
tretenons un vif soupçon que quelques-uns des amis eux-
mêmes de M. de Lesseps se rapprochent de notre opinion.
» Naturellement chacun comprend qu'aujourd'hui les
questions d'ingénieurs sont simplement des questions
d'argent. Le projet du canal de Suez est une ques-
tion d'argent, mais malheureusement c'est une question
qui ne sera jamais complétement résolue. On peut trou-
ver une fin, quoique très éloignée, à l'argent que son
exécution coûtera, mais il n'y aura pas de fin à l'ar-
gent qu'il faudra dépenser pour le conserver. En fait,
'c'est véritablement la vieille histoire de remplir le crible,
c'est creuser des trous dans le sable, et cet ouvrage en
lui-même, outre son inutilité naturelle, doit être exécuté
sous les plus pénibles conditions imaginables. En ac-
cordant que les grands travaux des anciens Romains et
de nos modernes entrepreneurs soient sur une plus large
échelle, et que le capital d'une ligne centrale de chemin
de fer excède grandement celui demandé par M. de Les-
seps pour son canal, pourtant il n'y a pas d'analogie
entre les deux cas. Le canal de Suez doit être creusé à
travers un pays où la terre elle-même n'a pas de soli-
dité, et où l'aspect de la nature est changé par une
tempête de vent. La pierre est impérativement néces-
saire, mais elle ne peut-être obtenue que de carrières
très-désavantageusement éloignées de plusieurs parties de
la ligne. Le prix du mètre cube de pierre délivré à l'ex-
trémité méditerranéenne du canal proposé, est calculé
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