Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1860 01 juin 1860
Description : 1860/06/01 (A5,N95). 1860/06/01 (A5,N95).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529961j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
186 L'ISTHME DE SUEZ,
de l'isthme le triomphe d'un intérêt français sur un
intérêt anglais. Que l'isthme se perce ou ne se perce
point, l'influence française aura pris un pied plus so-
lide en Egypte. La question industrielle disparaît
pour eux devant l'avantage politique ; et enfin a un
écrivain d'une réputation grande et méritée » a révélé
tout le secret de ce plan ténébreux en publiant, il y a
quelques mois, dans une brochure, que le percement
de l'isthme de Suez « était l'équivalent de perforer la
Il cuirasse de l'Angleterre et de lui percer le cœur. »
C'est sur ces motifs que le Times fonde et explique
les restes d'inquiétudes politiques qu'encore il mani-
feste faiblement à l'égard du canal maritime. Il nous
semble que dans cette argumentation ou dans cette
justification lç Times dénature singulièrement la
réalité et la sincérité des faits.
La pensée du percement de l'isthme de Suez n'est
pas une pensée française : c'est le rêve des siècles,
c'est la pensée du monde. Elle a occupé les grands
esprits de tous les âges ; elle a pénétré plus d'une
fois jusqu'au sérail des sultans, et elle est en quel-
que sorte l'une des lois naturelles imposées à l'esprit
humain par la configuration du globe.
C'est ce qu'exprimait en ces termes le chancelier
actuel de l'Echiquier, l'illustre M. Gladstone, dans
un de ses remarquables discours auxquels le rapport
fait allusion. « Personne, disait-il, ne pourra regarder
» la carte du monde et nier qu'un canal à travers
» l'isthme de Suez, s'il était possible, ne fût un grand
» avantage pour l'intérêt de l'humanité. Il
Et M. Gladstone ajoutait immédiatement : « Ce
» projet a été approuvé et trouvé excellent par tous
» les gouvernements de l'Europe. »
Par cette approbation, ces gouvernements ne fai-
saient que marcher à la suite des vœux et de l'en-
thousiasme de leurs peuples.
Le percement de l'isthme de Suez a été l'une des
pensées les plus assidues du prince de Metternich; il
y a consacré les dernières années de son administra-
tion et de sa vie. Il agissait de l'autorité de son nom
et de son influence sur Méhémet-Ali pour le pousser
à réaliser cette conception, et jusqu'au bout il s'est
montré l'inébranlable partisan, et, en quelque sorte,
le patron de l'entreprise.
Lorsque pour la formation de la commission inter-
nationale, M. Ferdinand de Lesseps s'adressait aux
divers gouvernements européens, pour constituer
cette commission de toutes les capacités de la science,
il n'y en eut pas un seul qui ne répondît à cet appel
en déléguant pour cette mission l'un de ses ingé-
nieurs ou de ses fonctionnaires les plus compétents
et les plus distingués.
Si donc le projet du canal de Suez était une cons-
piration contre l'Angleterre, ce ne serait pas la cons-
piration de la France, ce serait la conjuration de
l'Europe, et, on peut le dire, eu monde entier contre
nos alliés d'outre-Manche. Le gouvernement des
Etats-Unis lui-même n'a pas manqué une occasion de
manifester à l'entreprise toutes ses sympathies, et de
lui donner par ses représentants à l'étranger, et spé-
cialement à Constantinople, l'assurance de son con-
cours. Nous répétons ces faits et nous les constatons,
parce que nous ne pouvons point souffrir que ce tra-
vail d'utilité universelle, acclamé par la conscience
universelle, soit diminué jusqu'à une intrigue de ri-
valité nationale ou de patriotisme exclusif, et nous
avons peine à croire que le Times s'obstine à fermer
les yeux à une vérité évidente pour le monde entier.
Cependant la France se passionnait pour cette
grande idée et lui a décerné l'appui de ses sympa-
thies, et dans une large mesure, le concours de ses
capitaux. Nous ne le nions point ; au contraire, nous
nous en glorifions. La France, en cette circonstance,
a servi la cause du genre humain; elle en a fait
sa cause, et ce n'est point notre faute si l'Angleterre
ne l'a point imitée. Nos instances et nos observations
n'ont point manqué à nos voisins d'outre-mer ; s'ils
n'ont pas pris la part qui leur appartenait naturel-
lement dans l'entreprise, et qui leur était réservée,
la faute en est aux erreurs systématiques que l'on a
répandues armi eux. De quoi se plaint-on ? Est-ce que
la pensée est venue un instant au promoteur de l'am-
vre d'exclure les Anglais? Est-ce que trois membres
éminents du génie civil d'Angleterre n'ont pas été
appelés dans le sein de la commission internationale?
Est-ce que la souscription n'a pas été ouverte dans les
principales villes de la Grande-Bretagne comme dans
toutes les cités du continent? Et si la France a cou-
vert la moitié du fonds social, n'a-t-il pas été loisible
à l'Angleterre de couvrir l'autre moitié? En un mot,
toutes les nations, sans distinction, n'ont-elles pas été
provoquées à s'associer à l'œuvre commune?
Nous ne contestons pas que la France n'ait envi-
sagé d'un autre œil que l'Angleterre le résultat finan-
cier promis à l'entreprise. Mais est-il donc raison-
nable d'en chercher le motif dans l'unique désir de
vexer et de contrecarrer la politique anglaise ? N'est-
ce point au contraire l'opposition anglaise qui a pris
cette attitude contre ce qu'elle appelait la politique
française? Dès les premiers jours où le projet a été
publié, la France n'a pas ignoré que toutes les na-
tions étaient appelées à y concourir, et cela a été
loin de l'empêcher de lui donner immédiatement son
adhésion cordiale. Dans ses premiers élans, elle
croyait même pouvoir compter sur toute la bonne vo-
lonté de l'Angleterre : elle ne supposait pas qu'au-
cun homme à'État pût, à Londres, considérer comme
un dommage et une menace pour son pays une abré-
viation de 3,000 lieues, sur l'espace qui sépare la
première nation maritime du globe de son grand
empire asiatique, et qui ouvrira à ses vaisseaux un
de l'isthme le triomphe d'un intérêt français sur un
intérêt anglais. Que l'isthme se perce ou ne se perce
point, l'influence française aura pris un pied plus so-
lide en Egypte. La question industrielle disparaît
pour eux devant l'avantage politique ; et enfin a un
écrivain d'une réputation grande et méritée » a révélé
tout le secret de ce plan ténébreux en publiant, il y a
quelques mois, dans une brochure, que le percement
de l'isthme de Suez « était l'équivalent de perforer la
Il cuirasse de l'Angleterre et de lui percer le cœur. »
C'est sur ces motifs que le Times fonde et explique
les restes d'inquiétudes politiques qu'encore il mani-
feste faiblement à l'égard du canal maritime. Il nous
semble que dans cette argumentation ou dans cette
justification lç Times dénature singulièrement la
réalité et la sincérité des faits.
La pensée du percement de l'isthme de Suez n'est
pas une pensée française : c'est le rêve des siècles,
c'est la pensée du monde. Elle a occupé les grands
esprits de tous les âges ; elle a pénétré plus d'une
fois jusqu'au sérail des sultans, et elle est en quel-
que sorte l'une des lois naturelles imposées à l'esprit
humain par la configuration du globe.
C'est ce qu'exprimait en ces termes le chancelier
actuel de l'Echiquier, l'illustre M. Gladstone, dans
un de ses remarquables discours auxquels le rapport
fait allusion. « Personne, disait-il, ne pourra regarder
» la carte du monde et nier qu'un canal à travers
» l'isthme de Suez, s'il était possible, ne fût un grand
» avantage pour l'intérêt de l'humanité. Il
Et M. Gladstone ajoutait immédiatement : « Ce
» projet a été approuvé et trouvé excellent par tous
» les gouvernements de l'Europe. »
Par cette approbation, ces gouvernements ne fai-
saient que marcher à la suite des vœux et de l'en-
thousiasme de leurs peuples.
Le percement de l'isthme de Suez a été l'une des
pensées les plus assidues du prince de Metternich; il
y a consacré les dernières années de son administra-
tion et de sa vie. Il agissait de l'autorité de son nom
et de son influence sur Méhémet-Ali pour le pousser
à réaliser cette conception, et jusqu'au bout il s'est
montré l'inébranlable partisan, et, en quelque sorte,
le patron de l'entreprise.
Lorsque pour la formation de la commission inter-
nationale, M. Ferdinand de Lesseps s'adressait aux
divers gouvernements européens, pour constituer
cette commission de toutes les capacités de la science,
il n'y en eut pas un seul qui ne répondît à cet appel
en déléguant pour cette mission l'un de ses ingé-
nieurs ou de ses fonctionnaires les plus compétents
et les plus distingués.
Si donc le projet du canal de Suez était une cons-
piration contre l'Angleterre, ce ne serait pas la cons-
piration de la France, ce serait la conjuration de
l'Europe, et, on peut le dire, eu monde entier contre
nos alliés d'outre-Manche. Le gouvernement des
Etats-Unis lui-même n'a pas manqué une occasion de
manifester à l'entreprise toutes ses sympathies, et de
lui donner par ses représentants à l'étranger, et spé-
cialement à Constantinople, l'assurance de son con-
cours. Nous répétons ces faits et nous les constatons,
parce que nous ne pouvons point souffrir que ce tra-
vail d'utilité universelle, acclamé par la conscience
universelle, soit diminué jusqu'à une intrigue de ri-
valité nationale ou de patriotisme exclusif, et nous
avons peine à croire que le Times s'obstine à fermer
les yeux à une vérité évidente pour le monde entier.
Cependant la France se passionnait pour cette
grande idée et lui a décerné l'appui de ses sympa-
thies, et dans une large mesure, le concours de ses
capitaux. Nous ne le nions point ; au contraire, nous
nous en glorifions. La France, en cette circonstance,
a servi la cause du genre humain; elle en a fait
sa cause, et ce n'est point notre faute si l'Angleterre
ne l'a point imitée. Nos instances et nos observations
n'ont point manqué à nos voisins d'outre-mer ; s'ils
n'ont pas pris la part qui leur appartenait naturel-
lement dans l'entreprise, et qui leur était réservée,
la faute en est aux erreurs systématiques que l'on a
répandues armi eux. De quoi se plaint-on ? Est-ce que
la pensée est venue un instant au promoteur de l'am-
vre d'exclure les Anglais? Est-ce que trois membres
éminents du génie civil d'Angleterre n'ont pas été
appelés dans le sein de la commission internationale?
Est-ce que la souscription n'a pas été ouverte dans les
principales villes de la Grande-Bretagne comme dans
toutes les cités du continent? Et si la France a cou-
vert la moitié du fonds social, n'a-t-il pas été loisible
à l'Angleterre de couvrir l'autre moitié? En un mot,
toutes les nations, sans distinction, n'ont-elles pas été
provoquées à s'associer à l'œuvre commune?
Nous ne contestons pas que la France n'ait envi-
sagé d'un autre œil que l'Angleterre le résultat finan-
cier promis à l'entreprise. Mais est-il donc raison-
nable d'en chercher le motif dans l'unique désir de
vexer et de contrecarrer la politique anglaise ? N'est-
ce point au contraire l'opposition anglaise qui a pris
cette attitude contre ce qu'elle appelait la politique
française? Dès les premiers jours où le projet a été
publié, la France n'a pas ignoré que toutes les na-
tions étaient appelées à y concourir, et cela a été
loin de l'empêcher de lui donner immédiatement son
adhésion cordiale. Dans ses premiers élans, elle
croyait même pouvoir compter sur toute la bonne vo-
lonté de l'Angleterre : elle ne supposait pas qu'au-
cun homme à'État pût, à Londres, considérer comme
un dommage et une menace pour son pays une abré-
viation de 3,000 lieues, sur l'espace qui sépare la
première nation maritime du globe de son grand
empire asiatique, et qui ouvrira à ses vaisseaux un
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