Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1860 15 mai 1860
Description : 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18. 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299604
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
150 L'ISTHME DE SUEZ,
faculté d'administrer et de gouverner l'Egypte dans
les conditions d'indépendance déterminées par le
hatti-chérif, la puissance suzeraine a conservé le droit
diplomatique qui la rend apte à diriger et à régler
avec les nations étrangères des négociations et des
conventions internationales provoquées par les inté-
rêts de toutes les fractions de l'empire.
D'après ce principe, le vice-roi d'Egypte auprès de
qui sont pourtant accrédités des agents ayant le ca-
ractère diplomatique, nommément ceux de France et
d'Angleterre, à cause de la situation exceptionnelle-
ment indépendante de son gouvernement intérieur,
n'entretient pas lui-même de corps diplomatique
auprès des souverains étrangers.
Nos négociations commencèrent à Constantinople
en février 1855.
Une réponse favorable pour le vice-roi nous fut im-
médiatement promise. Il faut bien se persuader, j'in-
siste à dessein sur ces mots, il faut bien se persuader
que jamais il n'a été question d'un firman de conces-
sion du sultan. La concession était régulièrement et
légalement octroyée par Mohammed-Saïd, qui s'était
engagé à s'entendre directement avec le sultan pour
obtenir, suivant l'usage, une simple autorisation dont
la forme n'était point déterminée, ou une déclara-
tion de non-opposition.
Alors commencèrent à poindre les premiers symptô-
mes de l'opposition politique de l'Angleterre. Nous
eûmes l'occasion de constater, dans une dépêche
adressée le 1er mars 1855 à l'internonce d'Autriche à
Constantinople, que nous ne rencontrions pas d'autre
difficulté. L'ambassadeur d'Angleterre était intervenu
particulièrement auprès du grand vizir pour obtenir
du conseil une réponse négative à la lettre du vice-
roi ; cette tentative n'ayant pas réussi, il fit proposer
de laisser provisoirement de côté la question de l'au-
torisation, et de nommer une commission à l'effet
d'entrer dans une discussion détaillée de chacun des
articles de la concession. Or l'acte de concession dicté
par le vice-roi lui-même, communiqué à tous les ca-
binets européens, déjà discuté et reconnu conforme
aux lois comme aux usages du pays par le grand
conseil du Caire, n'était pas en discussion. Nous ne
pouvions pas suivre notre adversaire sur un pareil
terrain, qu'il nous était d'ailleurs spécialement re-
commandé de ne pas aborder. Le vice-roi - était
dans son droit de ne pas laisser établir, à propos
d'un acte légal de son administration intérieure, un
précédent qui pouvait plus tard apporter de fâcheuses
entraves à la marche régulière et libérale de son
gouvernement. Ce principe sauvegardé, il nous avait
spécialement chargé de faire connaître à la Porte que,
désirant profiter de cette occasion pour resserrer
encore, s'il était possible, les liens qui l'attachaient à
l'empire, il ne voulait avoir, en ce qui concernait le
règlement à intervenir pour toutes les questions po-
i
litiques qui naîtraient de l'exécution du canal, d'autre
loi que les décisions du sultan.
Nous annonçàmes que nous allions retourner en
Egypte, où le vice-roi nous attendait pour préparer
l'organisation de son projet ; qu'assuré comme nous
l'étions par les promesses qui nous avaient été faites
de l'autorisation souveraine, nous nous félicitions
d'avoir contribué, pendant notre séjour à Constanti-
nople, à définir la question, et que nous partions sa-
tisfait des bonnes dispositions du sultan et de ses
conseillers en faveur d'une entreprise dont la réalisa-
tion ne pouvait être pour nous un objet de doute.
Le grand vizir Réchid-Pacha nous remit pour le
vice-roi d'Egypte, conformément à sa promesse, une
lettre d'acquiescement qui a été imprimée dans le
premier volume de nos publications officielles.
Certain désormais qu'en ce qui concernait les inté-
rêts de l'empire, il n'y avait pas à redouter le veto
du suzerain, qui considérait lui-même le canal de
Suez comme un projet des plus utiles et des plus inté-
ressants, le vice-roi s'occupa immédiatement, d'accord
avec nous, de mener sûrement a fin sa glorieuse en-
treprise. U nous disait : « Si vous rencontrez des
» difficultés pour l'organisation financière de la Com-
» pagnie, sachez que je suis résolu à exécuter mon
» œuvre avec mes ressources personnelles et celles
» de mon pays ajoutées à celles des particuliers qui
» répondront à votre appel. » (Bravo 1 bravo!) Ces
belles paroles méritent d'être conservées dans votre
souvenir, comme dans les archives de notre Société.
Le prince fondateur nous donna d'ailleurs des
instructions spéciales le 30 avril 1855, à Maréa (Ma-
riout), dans ce même campement du désert libyque
qui six mois auparavant avait été témoin de la con-
ception du projet et de nos premières études d'orga-
nisation.
Ces instructions sont un frappant témoignage de
la participation personnelle que prenait le vice-roi à
la conduite de l'ensemble et même des détails de son
projet, et du soin que nous mettions nous-même à
l'informer de toutes les circonstances relatives à l'exé-
cution de l'honorable mandat qu'il nous avait confié.
Son approbation, datée du 19 mai 1855, est exprimée
en ces termes : « J'ai pris connaissance du rapport
» que vous m'avez adressé le 30 avril, et j'ai approuvé
» ce document qui devra vous tenir lieu d'instructions.
» J'ai apprécié le zèle que vous avez déployé dans
» cette affaire, l'intérêt amical que vous y avez pris,
» et j'en ai éprouvé une véritable satisfaction. »
En même temps que le prince remettait entre nos
mains ce document officiel revêtu de son cachet,
il nous fit délivrer une expédition authentique de
son firman de concession, que jusque-là nous n'a-.
vions pas réclamée, mais qui nous devenait néces-
saire au moment de notre départ pour l'Europe.
Nos correspondances de Constantinople nous in-
faculté d'administrer et de gouverner l'Egypte dans
les conditions d'indépendance déterminées par le
hatti-chérif, la puissance suzeraine a conservé le droit
diplomatique qui la rend apte à diriger et à régler
avec les nations étrangères des négociations et des
conventions internationales provoquées par les inté-
rêts de toutes les fractions de l'empire.
D'après ce principe, le vice-roi d'Egypte auprès de
qui sont pourtant accrédités des agents ayant le ca-
ractère diplomatique, nommément ceux de France et
d'Angleterre, à cause de la situation exceptionnelle-
ment indépendante de son gouvernement intérieur,
n'entretient pas lui-même de corps diplomatique
auprès des souverains étrangers.
Nos négociations commencèrent à Constantinople
en février 1855.
Une réponse favorable pour le vice-roi nous fut im-
médiatement promise. Il faut bien se persuader, j'in-
siste à dessein sur ces mots, il faut bien se persuader
que jamais il n'a été question d'un firman de conces-
sion du sultan. La concession était régulièrement et
légalement octroyée par Mohammed-Saïd, qui s'était
engagé à s'entendre directement avec le sultan pour
obtenir, suivant l'usage, une simple autorisation dont
la forme n'était point déterminée, ou une déclara-
tion de non-opposition.
Alors commencèrent à poindre les premiers symptô-
mes de l'opposition politique de l'Angleterre. Nous
eûmes l'occasion de constater, dans une dépêche
adressée le 1er mars 1855 à l'internonce d'Autriche à
Constantinople, que nous ne rencontrions pas d'autre
difficulté. L'ambassadeur d'Angleterre était intervenu
particulièrement auprès du grand vizir pour obtenir
du conseil une réponse négative à la lettre du vice-
roi ; cette tentative n'ayant pas réussi, il fit proposer
de laisser provisoirement de côté la question de l'au-
torisation, et de nommer une commission à l'effet
d'entrer dans une discussion détaillée de chacun des
articles de la concession. Or l'acte de concession dicté
par le vice-roi lui-même, communiqué à tous les ca-
binets européens, déjà discuté et reconnu conforme
aux lois comme aux usages du pays par le grand
conseil du Caire, n'était pas en discussion. Nous ne
pouvions pas suivre notre adversaire sur un pareil
terrain, qu'il nous était d'ailleurs spécialement re-
commandé de ne pas aborder. Le vice-roi - était
dans son droit de ne pas laisser établir, à propos
d'un acte légal de son administration intérieure, un
précédent qui pouvait plus tard apporter de fâcheuses
entraves à la marche régulière et libérale de son
gouvernement. Ce principe sauvegardé, il nous avait
spécialement chargé de faire connaître à la Porte que,
désirant profiter de cette occasion pour resserrer
encore, s'il était possible, les liens qui l'attachaient à
l'empire, il ne voulait avoir, en ce qui concernait le
règlement à intervenir pour toutes les questions po-
i
litiques qui naîtraient de l'exécution du canal, d'autre
loi que les décisions du sultan.
Nous annonçàmes que nous allions retourner en
Egypte, où le vice-roi nous attendait pour préparer
l'organisation de son projet ; qu'assuré comme nous
l'étions par les promesses qui nous avaient été faites
de l'autorisation souveraine, nous nous félicitions
d'avoir contribué, pendant notre séjour à Constanti-
nople, à définir la question, et que nous partions sa-
tisfait des bonnes dispositions du sultan et de ses
conseillers en faveur d'une entreprise dont la réalisa-
tion ne pouvait être pour nous un objet de doute.
Le grand vizir Réchid-Pacha nous remit pour le
vice-roi d'Egypte, conformément à sa promesse, une
lettre d'acquiescement qui a été imprimée dans le
premier volume de nos publications officielles.
Certain désormais qu'en ce qui concernait les inté-
rêts de l'empire, il n'y avait pas à redouter le veto
du suzerain, qui considérait lui-même le canal de
Suez comme un projet des plus utiles et des plus inté-
ressants, le vice-roi s'occupa immédiatement, d'accord
avec nous, de mener sûrement a fin sa glorieuse en-
treprise. U nous disait : « Si vous rencontrez des
» difficultés pour l'organisation financière de la Com-
» pagnie, sachez que je suis résolu à exécuter mon
» œuvre avec mes ressources personnelles et celles
» de mon pays ajoutées à celles des particuliers qui
» répondront à votre appel. » (Bravo 1 bravo!) Ces
belles paroles méritent d'être conservées dans votre
souvenir, comme dans les archives de notre Société.
Le prince fondateur nous donna d'ailleurs des
instructions spéciales le 30 avril 1855, à Maréa (Ma-
riout), dans ce même campement du désert libyque
qui six mois auparavant avait été témoin de la con-
ception du projet et de nos premières études d'orga-
nisation.
Ces instructions sont un frappant témoignage de
la participation personnelle que prenait le vice-roi à
la conduite de l'ensemble et même des détails de son
projet, et du soin que nous mettions nous-même à
l'informer de toutes les circonstances relatives à l'exé-
cution de l'honorable mandat qu'il nous avait confié.
Son approbation, datée du 19 mai 1855, est exprimée
en ces termes : « J'ai pris connaissance du rapport
» que vous m'avez adressé le 30 avril, et j'ai approuvé
» ce document qui devra vous tenir lieu d'instructions.
» J'ai apprécié le zèle que vous avez déployé dans
» cette affaire, l'intérêt amical que vous y avez pris,
» et j'en ai éprouvé une véritable satisfaction. »
En même temps que le prince remettait entre nos
mains ce document officiel revêtu de son cachet,
il nous fit délivrer une expédition authentique de
son firman de concession, que jusque-là nous n'a-.
vions pas réclamée, mais qui nous devenait néces-
saire au moment de notre départ pour l'Europe.
Nos correspondances de Constantinople nous in-
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