Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1860 15 mai 1860
Description : 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18. 1860/05/15 (A5,N94)-1860/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299604
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L UNION DES DEUX MERS. 157
» gère d'apporter le moindre obstacle à une entre-
» treprise formée librement par des capitaux parti-
» culiers de tous les pays, qui fonctionne légalement
» et régulièrement, et n'a réclamé ni l'intervention
» ni la protection politiques des gouvernements de
» l'Europe.
» Votre Altesse a déjà considéré, en ce qui con-
» cerne ses droits et ceux de la Sublime Porte à
» l'égard des intérêts étrangers, que le chemin de
» fer du Caire à Suez, entreprise égyptienne comme
» celle du canal, réalise également une communi-
» cation universelle entre la Méditerranée et la mer
» Rouge, et que, malgré l'absence de toute autori-
» sation supérieure, elle s'est exécutée sans aucune
» réclamation de qui que ce soit.
» En conséquence, la Compagnie universelle, à
» la tête de laquelle vous avez daigné me placer,
» sollicite de Votre Altesse; par l'organe de son
» conseil d'administration, l'autorisation d'exécuter
» les travaux dont elle est chargée pour le perce-
» ment de l'isthme de Suez »
Dès que le vice-roi eut répondu à cette commu-
nication par une dépêche de son secrétaire des com-
mandements, le conseil d'administration nomma
une commission choisie dans son sein, afin de nous
accompagner en Egypte et de prendre, sur les lieux,
possession de notre concession.
Le ltrmars, nous adressâmes au grand vizir, Aali-
Pacha, à Constantinople, une copie de notre lettre
au vice-roi du 5 janvier, et nous lui fîmes part avec
détails circonstanciés, non-seulement de la situation
de l'entreprise, mais de la marche qu'elle se propo-
sait de suivre ; nous ajoutions :
« Vous reconnaîtrez, mon cher grand-vizir, que
» j'ai agi avec toute la prudence et toute la déférence
» que vous pouviez désirer, en maintenant la Com-
» pagnie dans une période provisoire de préparation
» et de transition qui, sans faire perdre à l'entre-
» prise sa force et ses droits, vous mettra à l'abri de
» certaines obsessions et vous laissera libre de choisir
» le moment favorable pour vous entendre définiti-
» vement et directement avec S. A. Mohammed-Saïd-
» Pacha, la politique étrangère n'ayant pas à s'im-
» miscer dans une question de travaux intérieurs
» favorables au développement et à la prospérité des
» populations de l'empire. »
A leur arrivée en Egypte, les membres de la com-
mission déléguée par le conseil firent connaître au
vice-roi, par un message officiel en date du 9 mars,
l'objet de leur mission.
Toutes les facilités leur furent accordées pour
Vexploration de l'isthme, en compagnie de M. Mou-
gel-Bey, directeur général, et de M. Hardon, entre-
preneur général des travaux. a
Le lundi de Pâques, 25 avril, chacun de nous
donna son premier coup de pioche pour fouilfer la
tranchée, sur un rivage morne et désert, qui est déjà
aujourd'hui un établissement considérable, et tra-
vailla de ses mains au débarquement des premiers
matériaux destinés à commencer cette double jetée
qui représentera les deux bras de l'Afrique et de l'Asie
ouverts à l'Europe et à l'Amérique.
Le premier coup de pioche, tout modeste qu'il
était, eut, comme nous l'avions prévu, un grand re-
tentissement.
Nos adversaires commencèrent à se convaincre
que notre entreprise n'était point une chimère ; ils
nous suscitèrent alors les graves difficultés que vous
connaissez, mais au milieu desquelles votre conseil
d'administration a suivi avec une sage et ferme
résolution la marche que lui commandaient la dé-
fense de vos intérêts et sa confiance dans le succès
de l'œuvre que nous avions tous commencée, pour ne
jamais l'abandonner. (Bravo ! bravo ! — Triple salve
d'applaudissements. )
Un actionnaire. Poursuivez votre œuvre, monsieur
de Lesseps, nous vous soutiendrons jusqu'au bout. —
(Oui! oui! —Nouveaux applaudissements.)
Après avoir vainement essayé d'intimider le vice-
roi, que l'on voulait pousser à agir lui-même direc-
tement contre son œuvre, on profita du moment où
la France était engagée dans la guerre d'Italie pour
faire coïncider un projet de visite du sultan en
Egypte avec l'arrivée d'une escadre anglaise dans les
eaux d'Alexandrie. Mais la paix de Villafranca étant
venue déjouer les plans qui avaient été conçus, la
diplomatie britannique renouvela ses tentatives à
Constantinople, et finit par obtenir l'envoi à Alexan-
drie d'un membre du divan, porteur d'une lettre
vizirielle qui intimait au vice-roi l'ordre de faire
suspendre les travaux entrepris par la Compagnie.
Les intérêts français engagés dans l'entreprise étaient
sérieusement menacés; votre conseil se présenta à
l'empereur Napoléon et réclama la haute et toute-
puissante protection de Sa Majesté. Nos opérations
dans l'isthme furent maintenues. (Très-bien! Très-
bien ! — Applaudissements prolonges.)
Je dois dire que la Porte était placée dans une
situation très-difficile, et que les membres du divan
ont, dans plusieurs circonstances, fait tout ce qui
dépendait d'eux pour nous laisser marcher.
En même temps, l'ambassadeur de France à Cons-
tantinople reçut l'ordre d'ouvrir des négociations
qui, malgré l'intervention journalière de l'ambassa-
deur anglais, se terminèrent heureusement par la
reconnaissance formelle du principe de l'adhésion de
la Porte à l'entreprise du vice-roi d'Egypte, et par
la proposition officielle d'un recours aux grandes
puissances maritimes, pour examiner et décider les
questions politiques ou internationales concernant
l'exécution du canal.
Le grand vizir Kuprisli-Méhémet-Pacha, dont on
» gère d'apporter le moindre obstacle à une entre-
» treprise formée librement par des capitaux parti-
» culiers de tous les pays, qui fonctionne légalement
» et régulièrement, et n'a réclamé ni l'intervention
» ni la protection politiques des gouvernements de
» l'Europe.
» Votre Altesse a déjà considéré, en ce qui con-
» cerne ses droits et ceux de la Sublime Porte à
» l'égard des intérêts étrangers, que le chemin de
» fer du Caire à Suez, entreprise égyptienne comme
» celle du canal, réalise également une communi-
» cation universelle entre la Méditerranée et la mer
» Rouge, et que, malgré l'absence de toute autori-
» sation supérieure, elle s'est exécutée sans aucune
» réclamation de qui que ce soit.
» En conséquence, la Compagnie universelle, à
» la tête de laquelle vous avez daigné me placer,
» sollicite de Votre Altesse; par l'organe de son
» conseil d'administration, l'autorisation d'exécuter
» les travaux dont elle est chargée pour le perce-
» ment de l'isthme de Suez »
Dès que le vice-roi eut répondu à cette commu-
nication par une dépêche de son secrétaire des com-
mandements, le conseil d'administration nomma
une commission choisie dans son sein, afin de nous
accompagner en Egypte et de prendre, sur les lieux,
possession de notre concession.
Le ltrmars, nous adressâmes au grand vizir, Aali-
Pacha, à Constantinople, une copie de notre lettre
au vice-roi du 5 janvier, et nous lui fîmes part avec
détails circonstanciés, non-seulement de la situation
de l'entreprise, mais de la marche qu'elle se propo-
sait de suivre ; nous ajoutions :
« Vous reconnaîtrez, mon cher grand-vizir, que
» j'ai agi avec toute la prudence et toute la déférence
» que vous pouviez désirer, en maintenant la Com-
» pagnie dans une période provisoire de préparation
» et de transition qui, sans faire perdre à l'entre-
» prise sa force et ses droits, vous mettra à l'abri de
» certaines obsessions et vous laissera libre de choisir
» le moment favorable pour vous entendre définiti-
» vement et directement avec S. A. Mohammed-Saïd-
» Pacha, la politique étrangère n'ayant pas à s'im-
» miscer dans une question de travaux intérieurs
» favorables au développement et à la prospérité des
» populations de l'empire. »
A leur arrivée en Egypte, les membres de la com-
mission déléguée par le conseil firent connaître au
vice-roi, par un message officiel en date du 9 mars,
l'objet de leur mission.
Toutes les facilités leur furent accordées pour
Vexploration de l'isthme, en compagnie de M. Mou-
gel-Bey, directeur général, et de M. Hardon, entre-
preneur général des travaux. a
Le lundi de Pâques, 25 avril, chacun de nous
donna son premier coup de pioche pour fouilfer la
tranchée, sur un rivage morne et désert, qui est déjà
aujourd'hui un établissement considérable, et tra-
vailla de ses mains au débarquement des premiers
matériaux destinés à commencer cette double jetée
qui représentera les deux bras de l'Afrique et de l'Asie
ouverts à l'Europe et à l'Amérique.
Le premier coup de pioche, tout modeste qu'il
était, eut, comme nous l'avions prévu, un grand re-
tentissement.
Nos adversaires commencèrent à se convaincre
que notre entreprise n'était point une chimère ; ils
nous suscitèrent alors les graves difficultés que vous
connaissez, mais au milieu desquelles votre conseil
d'administration a suivi avec une sage et ferme
résolution la marche que lui commandaient la dé-
fense de vos intérêts et sa confiance dans le succès
de l'œuvre que nous avions tous commencée, pour ne
jamais l'abandonner. (Bravo ! bravo ! — Triple salve
d'applaudissements. )
Un actionnaire. Poursuivez votre œuvre, monsieur
de Lesseps, nous vous soutiendrons jusqu'au bout. —
(Oui! oui! —Nouveaux applaudissements.)
Après avoir vainement essayé d'intimider le vice-
roi, que l'on voulait pousser à agir lui-même direc-
tement contre son œuvre, on profita du moment où
la France était engagée dans la guerre d'Italie pour
faire coïncider un projet de visite du sultan en
Egypte avec l'arrivée d'une escadre anglaise dans les
eaux d'Alexandrie. Mais la paix de Villafranca étant
venue déjouer les plans qui avaient été conçus, la
diplomatie britannique renouvela ses tentatives à
Constantinople, et finit par obtenir l'envoi à Alexan-
drie d'un membre du divan, porteur d'une lettre
vizirielle qui intimait au vice-roi l'ordre de faire
suspendre les travaux entrepris par la Compagnie.
Les intérêts français engagés dans l'entreprise étaient
sérieusement menacés; votre conseil se présenta à
l'empereur Napoléon et réclama la haute et toute-
puissante protection de Sa Majesté. Nos opérations
dans l'isthme furent maintenues. (Très-bien! Très-
bien ! — Applaudissements prolonges.)
Je dois dire que la Porte était placée dans une
situation très-difficile, et que les membres du divan
ont, dans plusieurs circonstances, fait tout ce qui
dépendait d'eux pour nous laisser marcher.
En même temps, l'ambassadeur de France à Cons-
tantinople reçut l'ordre d'ouvrir des négociations
qui, malgré l'intervention journalière de l'ambassa-
deur anglais, se terminèrent heureusement par la
reconnaissance formelle du principe de l'adhésion de
la Porte à l'entreprise du vice-roi d'Egypte, et par
la proposition officielle d'un recours aux grandes
puissances maritimes, pour examiner et décider les
questions politiques ou internationales concernant
l'exécution du canal.
Le grand vizir Kuprisli-Méhémet-Pacha, dont on
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