Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1860 01 mai 1860
Description : 1860/05/01 (A5,N93). 1860/05/01 (A5,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529959g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
144 L'ISTHME DE SUEZ.
avait traversées dans tous les sens et y avait porté
la ruine et la désolation. Gragné avait brûlé la ville
d'Axoum, détruit toutes les églises et les couvents
du Tigré. Claudius occupa la fin de son règne à
réparer tant de désastres.
Cependant Del-Vumboréa, veuve de Gragné,
cherchait à rallumer la guerre. Elle était fort belle.
Nur, gouverneur de Zeyla, en était éperdument
amoureux. Cette héroïne déclara qu'elle ne donnerait
jamais sa main qu'à celui qui lui apporterait la tête
du vainqueur de Gragné, de Claudius, roi d'Abyssinie.
Nur accepta avec ardeur une condition qui lui
laissait peu de rivaux. Il envoya un message à
Claudius lui annonçant que quoique Gragné fût mort,
il restait encore un gouverneur de Zeyla dont la
famille avait juré de répandre le sang des princes
abyssiniens, et l'avertit de se tenir prêt, parce qu'il
allait promptement le combattre. Claudius venait
de faire différents voyages dans ses États pour faire
relever les églises que Gragné avait brûlées, et
rebâtissait celle de Debra-Verk (Montagne d'Or),
quand il reçut le défi de Nur. Ce prince était d'un
caractère à ne jamais refuser l'offre d'un combat.
Ayant rassemblé son armée à la hâte, il prit la
route d'Adel, au grand regret de la reine et de ses
amis, qui lui conseillaient d'attendre le chef maure.
Les deux armées étaient déjà rangées en bataille
et l'action allait s'engager , quand un moine de
Debra-Libanos vint trouver le roi pour lui faire part
d'une vision qui l'avertissait de ne point combattre.
Mais les Maures s'avançaient, et le roi déjà à cheval,
au lieu de répondre au prêtre, marcha résolûment à
l'ennemi. Au premier feu, Claudius se trouva engagé
au milieu de l'armée maure avec vingt cavaliers et
dix-huit fusiliers portugais, qui furent tués à côté
de lui. Il tomba lui- même après avoir combattu en
héros et reçu vingt blessures. Sa tête fut coupée et
portée par Nur à Del-Vumboréa, qui la fit attacher
par les cheveux aux branches d'un arbre placé
devant sa porte, afin de pouvoir sans cesse repaître
ses yeux d'un spectacle cher à sa vengeance.
Claudius avait régné dix-neuf ans. La bataille où il
perdit la vie se donna le 22 mars 1559. Les principaux
officiers abyssiniens y périrent ; une grande partie de
l'armée resta prisonnière, le reste fut dispersé et le
camp entièrement mis au pillage. Nur, satisfait de
la récompense qu'il avait ambitionnée, ne recom-
mença pas la lutte; il retourna à Adel, revêtu d'un
habillement de simple soldat, défendit les démonstra-
tions avec lesquelles on avait coutume d'accueillir les
généraux victorieux, déclara qu'il n'avait aucune
part au succès de la journée, et que la gloire en
était due à Dieu seul, dont la main toute-puissante
avait frappé l'armée abyssinienne.
Depuis cette époque, les Maures d'Adel cessèrent
d'inquiéter sérieusement l'empire abyssinien.
Les règnes des souverains de la race de Salomon
qui succédèrent à Claudius, de 1559 à 1770, n'offrent
qu'une suite de révoltes, de luttes intestines et de
guerres souvent malheureuses avec les tribus gallas
voisines de l'Abyssinie.
CHAPITRE V.
Epoque moderne et contemporaine.
A la fin du XVIIIe siècle, les gouverneurs des prin-
cipales provinces refusèrent obéissance au monarque
de la descendance de Salomon. Les princes de cette
famille avaient perdu leur prestige et leur autorité ,
et jusqu'à présent l'Abyssinie s'est trouvée gou-
vernée par les ras ou rois des deux grandes divi-
sions qui forment l'empire d'Abyssinie, le Tigré et
l'Amhara.
Le Tigré avec ses dépendances comprend tout ce
qui se trouve entre la mer Rouge et le Tacazzé.
L'Amhara avec ses provinces dépendantes, est formée
par les territoires qui se trouvent entre le Tacazzé
et le Nil.
En 1855, un chef abyssinien, simple gouverneur
de province, n'appartenant pas à la descendance de
Salomon, se révolta contre son beau-père le Ras-Ali,
qui régnait depuis longtemps à Gondar. Il le ren-
versa, et, après avoir successivement vaincu Oubié,
roi de Tigré, ainsi que le roi de Choa, il se proclama
empereur sous le nom de Théodore.
Mais, comme nous l'avons vu si souvent dans les
siècles qui ont précédé l'époque moderne, l'Abyssinie,
pays de montagnes, favorable à la défense aussi bien
qu'aux retours offensifs, offre toujours de brusques
changements de fortune militaire.
En 1858 et 1859, Théodore fut vaincu à son tour par
Négoucié-Nilkas, neveu d'Oubié, qui reconquit qua-
rante-quatre provinces faisant partie du royaume de
son oncle, et fit en outre prendre possession de Gon-
dar, seconde capitale de l'ancien empire, par son
frère, Dedj ammadjé-Tassamma.
Un parent du Ras-Ali, nommé Amadiu-Bechir,
battit dans plusieurs rencontres l'armée de Théodore
et resta maître des provinces de Wollo, de Warro-
Cassou et de Warro-Imanat. Le roi de Choa recon-
quit son indépendance en s'alliant avec Amadiu-
Bechir et avec un autre chef, nommé Tédéla-Gualu,
qui gouverne les provinces de Godjam, de Damot et
d'Agos-Meder jusqu'aux sources du Nil-Bleu. Enfin les
tribus gallas se sont constituées en royaume et sont
hostiles à Théodore.
Le roi Nilkas paraît donc être dans ce moment, par
le nombre et par l'importance des provinces qu'il a
reconquises, le prince le plus puissant de l'Abyssinie.
Nous faisons des vœux pour que ce malheureux
pays, livré dans ce moment à toutes les horreurs de
la guerre civile, obtienne le rétablissement du prin-
cipe d'unité de l'empire qui autrefois l'avait sauvé de
la conquête étrangère. Nous espérons que le roi Nil-
kas, par son courage, par son intelligence et par ses
tendances à ouvrir des relations avec l'Europe, sera
à la hauteur de cette tâche difficile et glorieuse.
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
PARIS. IMPRIMERIE CENTRALE DE NAPOLÉON CHAIX ET C', RUE BERtiÈJUL, 20
avait traversées dans tous les sens et y avait porté
la ruine et la désolation. Gragné avait brûlé la ville
d'Axoum, détruit toutes les églises et les couvents
du Tigré. Claudius occupa la fin de son règne à
réparer tant de désastres.
Cependant Del-Vumboréa, veuve de Gragné,
cherchait à rallumer la guerre. Elle était fort belle.
Nur, gouverneur de Zeyla, en était éperdument
amoureux. Cette héroïne déclara qu'elle ne donnerait
jamais sa main qu'à celui qui lui apporterait la tête
du vainqueur de Gragné, de Claudius, roi d'Abyssinie.
Nur accepta avec ardeur une condition qui lui
laissait peu de rivaux. Il envoya un message à
Claudius lui annonçant que quoique Gragné fût mort,
il restait encore un gouverneur de Zeyla dont la
famille avait juré de répandre le sang des princes
abyssiniens, et l'avertit de se tenir prêt, parce qu'il
allait promptement le combattre. Claudius venait
de faire différents voyages dans ses États pour faire
relever les églises que Gragné avait brûlées, et
rebâtissait celle de Debra-Verk (Montagne d'Or),
quand il reçut le défi de Nur. Ce prince était d'un
caractère à ne jamais refuser l'offre d'un combat.
Ayant rassemblé son armée à la hâte, il prit la
route d'Adel, au grand regret de la reine et de ses
amis, qui lui conseillaient d'attendre le chef maure.
Les deux armées étaient déjà rangées en bataille
et l'action allait s'engager , quand un moine de
Debra-Libanos vint trouver le roi pour lui faire part
d'une vision qui l'avertissait de ne point combattre.
Mais les Maures s'avançaient, et le roi déjà à cheval,
au lieu de répondre au prêtre, marcha résolûment à
l'ennemi. Au premier feu, Claudius se trouva engagé
au milieu de l'armée maure avec vingt cavaliers et
dix-huit fusiliers portugais, qui furent tués à côté
de lui. Il tomba lui- même après avoir combattu en
héros et reçu vingt blessures. Sa tête fut coupée et
portée par Nur à Del-Vumboréa, qui la fit attacher
par les cheveux aux branches d'un arbre placé
devant sa porte, afin de pouvoir sans cesse repaître
ses yeux d'un spectacle cher à sa vengeance.
Claudius avait régné dix-neuf ans. La bataille où il
perdit la vie se donna le 22 mars 1559. Les principaux
officiers abyssiniens y périrent ; une grande partie de
l'armée resta prisonnière, le reste fut dispersé et le
camp entièrement mis au pillage. Nur, satisfait de
la récompense qu'il avait ambitionnée, ne recom-
mença pas la lutte; il retourna à Adel, revêtu d'un
habillement de simple soldat, défendit les démonstra-
tions avec lesquelles on avait coutume d'accueillir les
généraux victorieux, déclara qu'il n'avait aucune
part au succès de la journée, et que la gloire en
était due à Dieu seul, dont la main toute-puissante
avait frappé l'armée abyssinienne.
Depuis cette époque, les Maures d'Adel cessèrent
d'inquiéter sérieusement l'empire abyssinien.
Les règnes des souverains de la race de Salomon
qui succédèrent à Claudius, de 1559 à 1770, n'offrent
qu'une suite de révoltes, de luttes intestines et de
guerres souvent malheureuses avec les tribus gallas
voisines de l'Abyssinie.
CHAPITRE V.
Epoque moderne et contemporaine.
A la fin du XVIIIe siècle, les gouverneurs des prin-
cipales provinces refusèrent obéissance au monarque
de la descendance de Salomon. Les princes de cette
famille avaient perdu leur prestige et leur autorité ,
et jusqu'à présent l'Abyssinie s'est trouvée gou-
vernée par les ras ou rois des deux grandes divi-
sions qui forment l'empire d'Abyssinie, le Tigré et
l'Amhara.
Le Tigré avec ses dépendances comprend tout ce
qui se trouve entre la mer Rouge et le Tacazzé.
L'Amhara avec ses provinces dépendantes, est formée
par les territoires qui se trouvent entre le Tacazzé
et le Nil.
En 1855, un chef abyssinien, simple gouverneur
de province, n'appartenant pas à la descendance de
Salomon, se révolta contre son beau-père le Ras-Ali,
qui régnait depuis longtemps à Gondar. Il le ren-
versa, et, après avoir successivement vaincu Oubié,
roi de Tigré, ainsi que le roi de Choa, il se proclama
empereur sous le nom de Théodore.
Mais, comme nous l'avons vu si souvent dans les
siècles qui ont précédé l'époque moderne, l'Abyssinie,
pays de montagnes, favorable à la défense aussi bien
qu'aux retours offensifs, offre toujours de brusques
changements de fortune militaire.
En 1858 et 1859, Théodore fut vaincu à son tour par
Négoucié-Nilkas, neveu d'Oubié, qui reconquit qua-
rante-quatre provinces faisant partie du royaume de
son oncle, et fit en outre prendre possession de Gon-
dar, seconde capitale de l'ancien empire, par son
frère, Dedj ammadjé-Tassamma.
Un parent du Ras-Ali, nommé Amadiu-Bechir,
battit dans plusieurs rencontres l'armée de Théodore
et resta maître des provinces de Wollo, de Warro-
Cassou et de Warro-Imanat. Le roi de Choa recon-
quit son indépendance en s'alliant avec Amadiu-
Bechir et avec un autre chef, nommé Tédéla-Gualu,
qui gouverne les provinces de Godjam, de Damot et
d'Agos-Meder jusqu'aux sources du Nil-Bleu. Enfin les
tribus gallas se sont constituées en royaume et sont
hostiles à Théodore.
Le roi Nilkas paraît donc être dans ce moment, par
le nombre et par l'importance des provinces qu'il a
reconquises, le prince le plus puissant de l'Abyssinie.
Nous faisons des vœux pour que ce malheureux
pays, livré dans ce moment à toutes les horreurs de
la guerre civile, obtienne le rétablissement du prin-
cipe d'unité de l'empire qui autrefois l'avait sauvé de
la conquête étrangère. Nous espérons que le roi Nil-
kas, par son courage, par son intelligence et par ses
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Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
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