Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 avril 1860 15 avril 1860
Description : 1860/04/15 (A5,N92). 1860/04/15 (A5,N92).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65299582
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
126 L'ISTHME DE SUEZ,
sulmans de la côte orientale d'Afrique et de la côte
d'Arabie.
Héléna, fille d'un prince maure, fit tous ses efforts
pour maintenir la paix entre les Abyssiniens chrétiens
et leurs voisins mahométans, en cherchant à les lier
par les relations commerciales ; elle y avait déjà
réussi lorsqu'une troisième puissance vint déranger
l'équilibre. Les Turcs, qui n'avaient jamais paru dans
le midi de l'Afrique et de l'Asie, s'y montrèrent.
Julien, empereur de Constantinople, qui venait de
vaincre le soudan d'Egypte, conquit bientôt la pé-
ninsule d'Arabie jusqu'aux bords de l'océan Indien.
Les villes commerçantes de la côte d'Arabie, Djedda,
Moka, Souaken etMassouah, placées sur la côte d'Afri-
que, aux portes de l'A.byssinie, reçurent des garni-
sons turques de janissaires, qui pressurèrent le com-
merce au lieu de le protéger. Les marchands arabes
s'enfuirent et portèrent leurs richesses sur les côtes
du royaume d'Adel, aux limites sud-est de l'Abyssi-
nie. Le commerce de l'Inde, échappant aux mêmes
entraves, vint également se réfugier à Adel.
Les Turcs s'emparèrent alors de Zeyla, petite île
située sur la côte d'Adel, à l'entrée de l'océan Indien.
Ils y établirent une douane et soumirent le com-
merce que le royaume d'Adel faisait avec l'Inde à
de dures contributions.
Ce nouvel établissement menaçait à la fois le
royaume d'Adel et l'empire d'Abyssinie.
La reine régente Héléna, instruite du passage des
Portugais par le cap de Bonne-Espérance et des progrès
de leur puissance dans l'Inde, sentit que le secours de
cette nation pouvait seul sauver Adel et l'Abyssinie.
Le Portugais Pedro Covillan était toujours à la
cour. La reine l'avait comblé de richesses et d'hon-
neurs ; elle s'entendit avec lui pour faire des propo-
sitions d'alliance au roi de Portugal. Il y avait alors
à la cour d'Abyssinie un marchand arménien nommé
Matteo, homme intelligent, honnête et accoutumé de-
puis longtemps à parcourir les États de l'Orient pour
les besoins du roi et des grands. Il fut choisi par la
reine Héléna pour être son ambassadeur auprès du
roi de Portugal. Il paraît certain que les dépêches
dont il était porteur furent rédigées par Pedro Co-
villan. Il y est dit que ce que la reine demande sera
expliqué par Matteo, son ambassadeur, qualifié du
titre de son confident et d'homme instruit de ses plus
secrets desseins.
Les ambassadeurs extraordinaires voyageaient plus
lentement au xvie siècle qu'aujourd'hui. Matteo se
rendit d'abord aux Indes portugaises ; ce ne fut que
trois ans après, en 1513, qu'il continua sa route pour
le Portugal, où il arriva avec une flotte chargée d'é-
pices, expédiée par le gouverneur général portugais,
Albuquerque.
Pendant ce temps, Héléna conclut d'abord un traité
de paix avec le roi d'Adel ; mais les secours atten-
dus du Portugal n'arrivant pas, ce prince, incapable
de résister aux Turcs, se joignit à eux contre l'Abys-
sinie. Les armées combinées des Maures d'Adel et
des Turcs envahirent les frontières de l'empire, et en
moins d'un an réduisirent en captivité ou égorgèrent
vingt mille chrétiens. La terreur se répandit dans
tout le pays.
Le roi David III n'avait pas encore seize ans. Indi-
gné des incursions de l'ennemi, il prit le parti de ras-
sembler une armée et de la commander en personne.
La reine régente, les femmes de la noblesse prodi-
guèrent leurs trésors, et, pour exciter les guerriers,
n'épargnèrent ni les promesses ni les présents.
Le roi pénétra rapidement dans la province de Fa-
tigar et marcha droit à Aussa, capitale du royaume
d'Adel.
Là, il rangea son armée en bataille, en face des
confédérés d'Adel. Il était déjà neuf heures, la cha-
leur commençait à se faire sentir. (Il faut observer
que les Abyssiniens n'ont pas l'habitude de combattre
de meilleure heure.) Un des chefs confédérés, Maffudi,
envoya au camp de David un trompette porter un défi,
par lequel il proposait un combat singulier au premier
noble abyssinien qui voudrait se mesurer avec lui, à
condition que le vainqueur obtiendrait la victoire pour
son parti, et qu'alors les deux armées se retireraient
chacune de son côté, sans qu'il y eût d'autre sang ré
pandu. Le cartel fut accepté.
Un jeune moine abyssinien, nommé Gabriel Andréas,
qui, sous le règne précédent, avait eu le bout de la
langue coupé pour avoir parlé avec trop de liberté
d'une proclamation du roi, s'offrit le premier et pria
David de lui confier l'honneur du trône et la fortune
de l'armée. Le roi y consentit. Tous les Abyssiniens
applaudirent à Andréas. Il était d'une haute nais-
sance, savant, riche, libéral, affable et connu par la
finesse de son esprit. Il était, en outre, bon soldat,
d'une valeur et d'une adresse éprouvées et ne le cé-
dait, ni pour la vigueur, ni pour l'agilité, à aucun
des guerriers de l'armée.
Les deux champions combattirent avec acharne-
ment. Gabriel Andréas porta à Maffudi un coup de
sabre si terrible entre le cou et l'épaule, qu'il le fendit
presque en deux et l'étendit roide mort ; ensuite, il
lui coupa la tête et vint la jeter aux pieds du roi
David.
En même temps, les deux armées, qui n'avaient
point ratifié la condition du combat singulier, s'é-
branlèrent l'une contre l'autre. La fougue des Abys-
siniens mit le désordre dans les rangs des Maures,
qui se dispersèrent après avoir laissé dix ou douze
mille des leurs sur le champ de bataille. Leur éten-
dard vert fut pris, ainsi que la tente de velours coir
brodé d'or de leur général en chef.
Le lendemain, David se rendit avec son armée dans
une ville où se trouvait un palais appartenant au roi
sulmans de la côte orientale d'Afrique et de la côte
d'Arabie.
Héléna, fille d'un prince maure, fit tous ses efforts
pour maintenir la paix entre les Abyssiniens chrétiens
et leurs voisins mahométans, en cherchant à les lier
par les relations commerciales ; elle y avait déjà
réussi lorsqu'une troisième puissance vint déranger
l'équilibre. Les Turcs, qui n'avaient jamais paru dans
le midi de l'Afrique et de l'Asie, s'y montrèrent.
Julien, empereur de Constantinople, qui venait de
vaincre le soudan d'Egypte, conquit bientôt la pé-
ninsule d'Arabie jusqu'aux bords de l'océan Indien.
Les villes commerçantes de la côte d'Arabie, Djedda,
Moka, Souaken etMassouah, placées sur la côte d'Afri-
que, aux portes de l'A.byssinie, reçurent des garni-
sons turques de janissaires, qui pressurèrent le com-
merce au lieu de le protéger. Les marchands arabes
s'enfuirent et portèrent leurs richesses sur les côtes
du royaume d'Adel, aux limites sud-est de l'Abyssi-
nie. Le commerce de l'Inde, échappant aux mêmes
entraves, vint également se réfugier à Adel.
Les Turcs s'emparèrent alors de Zeyla, petite île
située sur la côte d'Adel, à l'entrée de l'océan Indien.
Ils y établirent une douane et soumirent le com-
merce que le royaume d'Adel faisait avec l'Inde à
de dures contributions.
Ce nouvel établissement menaçait à la fois le
royaume d'Adel et l'empire d'Abyssinie.
La reine régente Héléna, instruite du passage des
Portugais par le cap de Bonne-Espérance et des progrès
de leur puissance dans l'Inde, sentit que le secours de
cette nation pouvait seul sauver Adel et l'Abyssinie.
Le Portugais Pedro Covillan était toujours à la
cour. La reine l'avait comblé de richesses et d'hon-
neurs ; elle s'entendit avec lui pour faire des propo-
sitions d'alliance au roi de Portugal. Il y avait alors
à la cour d'Abyssinie un marchand arménien nommé
Matteo, homme intelligent, honnête et accoutumé de-
puis longtemps à parcourir les États de l'Orient pour
les besoins du roi et des grands. Il fut choisi par la
reine Héléna pour être son ambassadeur auprès du
roi de Portugal. Il paraît certain que les dépêches
dont il était porteur furent rédigées par Pedro Co-
villan. Il y est dit que ce que la reine demande sera
expliqué par Matteo, son ambassadeur, qualifié du
titre de son confident et d'homme instruit de ses plus
secrets desseins.
Les ambassadeurs extraordinaires voyageaient plus
lentement au xvie siècle qu'aujourd'hui. Matteo se
rendit d'abord aux Indes portugaises ; ce ne fut que
trois ans après, en 1513, qu'il continua sa route pour
le Portugal, où il arriva avec une flotte chargée d'é-
pices, expédiée par le gouverneur général portugais,
Albuquerque.
Pendant ce temps, Héléna conclut d'abord un traité
de paix avec le roi d'Adel ; mais les secours atten-
dus du Portugal n'arrivant pas, ce prince, incapable
de résister aux Turcs, se joignit à eux contre l'Abys-
sinie. Les armées combinées des Maures d'Adel et
des Turcs envahirent les frontières de l'empire, et en
moins d'un an réduisirent en captivité ou égorgèrent
vingt mille chrétiens. La terreur se répandit dans
tout le pays.
Le roi David III n'avait pas encore seize ans. Indi-
gné des incursions de l'ennemi, il prit le parti de ras-
sembler une armée et de la commander en personne.
La reine régente, les femmes de la noblesse prodi-
guèrent leurs trésors, et, pour exciter les guerriers,
n'épargnèrent ni les promesses ni les présents.
Le roi pénétra rapidement dans la province de Fa-
tigar et marcha droit à Aussa, capitale du royaume
d'Adel.
Là, il rangea son armée en bataille, en face des
confédérés d'Adel. Il était déjà neuf heures, la cha-
leur commençait à se faire sentir. (Il faut observer
que les Abyssiniens n'ont pas l'habitude de combattre
de meilleure heure.) Un des chefs confédérés, Maffudi,
envoya au camp de David un trompette porter un défi,
par lequel il proposait un combat singulier au premier
noble abyssinien qui voudrait se mesurer avec lui, à
condition que le vainqueur obtiendrait la victoire pour
son parti, et qu'alors les deux armées se retireraient
chacune de son côté, sans qu'il y eût d'autre sang ré
pandu. Le cartel fut accepté.
Un jeune moine abyssinien, nommé Gabriel Andréas,
qui, sous le règne précédent, avait eu le bout de la
langue coupé pour avoir parlé avec trop de liberté
d'une proclamation du roi, s'offrit le premier et pria
David de lui confier l'honneur du trône et la fortune
de l'armée. Le roi y consentit. Tous les Abyssiniens
applaudirent à Andréas. Il était d'une haute nais-
sance, savant, riche, libéral, affable et connu par la
finesse de son esprit. Il était, en outre, bon soldat,
d'une valeur et d'une adresse éprouvées et ne le cé-
dait, ni pour la vigueur, ni pour l'agilité, à aucun
des guerriers de l'armée.
Les deux champions combattirent avec acharne-
ment. Gabriel Andréas porta à Maffudi un coup de
sabre si terrible entre le cou et l'épaule, qu'il le fendit
presque en deux et l'étendit roide mort ; ensuite, il
lui coupa la tête et vint la jeter aux pieds du roi
David.
En même temps, les deux armées, qui n'avaient
point ratifié la condition du combat singulier, s'é-
branlèrent l'une contre l'autre. La fougue des Abys-
siniens mit le désordre dans les rangs des Maures,
qui se dispersèrent après avoir laissé dix ou douze
mille des leurs sur le champ de bataille. Leur éten-
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