Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
377
est un sujet de dispute, mais dont personne n'a cher-
ché à nier que, en supposant sa réalisation, il donne-
rait des facilités au commerce et conséquemment un
stimulant à la production, un encouragement à
l'intercourse , c'est-à-dire à la civilisation , ce qui
l'attriterait à un haut rang- parmi les grandes
améliorations industrielles des temps modernes. La
découverte de nouveaux moyens pour abréger le
travail et économiser la dépense dans les opérations
de l'industrie est l'objet à la poursuite duquel la plus
grande moitié de l'esprit inventif du genre] humain
est actuellement livrée, et co projet, s'il se réalise,
épargnera sur une des plus grandes routes du com-
merce du monde la circumnavigation d'un continent.
L'accès aisé du commerce dans les réglons les plus
éloignées du monde est la principale source de cette
civilisation matérielle, condition nécessaire, instru-
ment indispensable de la civilisation morale, et ce
projet réduit pratiquement de moitié, commerciale-
ment parlant, la distance séparant les nations pro-
gressives du globe des plus importantes et des
plus considérables de celles qui n'avancent pas. Le
télégraphe atlantique est estimé une entreprise d'un
intérêt universel parce qu'il abrège simplement le
transit des nouvelles commerciales ; ce que le canal
de Suez raccourcirait, c'est le transport des marchan-
dises elles-mêmes, et cela probablement de façon à
multiplier plusieurs fois la somme de ce transport.
» Supposons maintenant, car aujourd'hui l'hy-
pothèse est trop antianglaise pour l'admettre autre-
ment que comme une supposition, supposons que
la nation anglaise vît dans ce grand bénéfice pour le
monde civilisé et non civilisé un danger ou un dom-
mage pour quelque intérêt spécial à l'Angleterre ;
supposons, par exemple, qu'elle craignît en abrégeant
la route de faciliter l'accès de ses possessions orien-
tales aux marines étrangères ; la supposition impli-
que envers l'esprit national l'imputation d'un degré
non ordinaire de lâcheté et d'imbécillité; autrement,
on ne pourrait s'empêcher de réfléchir que la voie
qui faciliterait l'arrivée d'un ennemi, faciliterait aussi
l'arrivée des secours; qu'avant aujourd'hui nous
avons vu des flottes françaises dans l'Orient; que
nous y avons, il y a près d'un siècle, livré contre
elles des batailles navales ; que si jamais nous de-
venons incapables de défendre l'Inde contre ces flottes,
nous les y reverrons certainement sans l'aide d'aucun
canal ; et que notre puissance de résister à un enne-
mi ne dépend pas du plus ou moins d'obstacles que
nous pourrions mettre sur sa route:, mais de la
somme de forces que nous pourrons lui opposer quand
il sera venu.
» Acceptons cependant que le succès du projet fe-
rait plus de tort à l'Angleterre sous certains rapports
que ne lui ferait de bien, comme première nation
commerciale, celui qu'elle retirerait du grand accrois-
sement de l'intercourse : accordons cela, et, nous le
demandons, qu'en faudrait-il conclure? Est-il aucune
moralité chrétienne ou profane qui puisse permettre
à une nation d'interdire au reste de l'humanité la
jouissance d'un grand avantage, parce que la consé-
quence de cette conquête pourrait être, en quelque
éventualité imaginable, pour cette nation elle-même
une cause d'inconvénient? Une nation est elle libre
d'adopter comme une maxime pratique que ce qui
est bon pour la race humaine est mauvais pour elle-
même et de le refuser conséquemment? Qu'est-ce que
cela, sinon déclarer que les intérêts de cette nation
et ceux de l'humanité sont incompatibles ; qu'en cela
au moins elle est l'ennemie de la race humaine, et
quels motifs aurait-elle de se plaindre si à son tour
le genre humain se déterminait à se proclamer son
ennemi? Un principe si criminel, avoué et pratiqué
par une nation, autoriserait le reste du monde à for-
mer une ligue contre elle, et à ne jamais lui accorder
de paix jusqu'à ce que, si elle n'était pas réduite à
rien, sa puissance fllt au moins suffisamment abattue
pour l'empêcher de placer jamais sou propre intérêt
personnel au-dessus de la prospérité générale de l'hu-
manité.
» Non, il n'existe pas dans le peuple anglais d'aussi
bas sentiments ; il est accoutumé à voir son profit
dans le progrès et non dans le recul de la richesse et
de la civilisation du monde. L'opposition au canal de
Suez n'a jamais été une opposition nationale ; avec
son indifférence usuelle pour les affaires étrangères,
le public en général n'y a pas fait attention et a laissé
comme il laisse , à moins d'être particulièrement
excité, toute la direction de la politique extérieure à
ceux qui par des causes et des raisons se rattachant
uniquement à la politique intérieure, se trouvent pour
le moment à la tête du pouvoir. Quoi qu'il ait été fait
an nom de l'Angleterre dans l'affaire de Suez, c'est
l'acte de quelques individus, et principalement, il est
probable, d'un seul individu, en désaccord, selon
toutes les apparences, en ce point avec ceux de ses
concitoyens qui marchent avec lui et avec presque
tous ceux, malheureusement trop peu nombreux, qui
ont accordé quelque attention au sujet.
» Mais le projet, dit-on, ne peut être exécuté. S'il
en est ainsi, pourquoi nous en inquiéter? Si le projet
ne peut pas aboutir, pourquoi professer une immora-
lité gratuite et encourir une haine gratuite pour
l'empêcher d'être tenté ? Qu'il réussisse ou qu'il tombe,
c'est une considération qui ne nous regarde pas, si ce
n'est que s'il doit sûrement tomber, il y a dans notre
résistance la même immoralité avec un surcroît de fo-
lie; car si nous avons cette dernière croyance, nous
montrons au monde que nous regardons nos intérêts
comme incompatibles avec son bien, en même temps
que, le projet échouant, nous obtiendrions le bénéfice
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est un sujet de dispute, mais dont personne n'a cher-
ché à nier que, en supposant sa réalisation, il donne-
rait des facilités au commerce et conséquemment un
stimulant à la production, un encouragement à
l'intercourse , c'est-à-dire à la civilisation , ce qui
l'attriterait à un haut rang- parmi les grandes
améliorations industrielles des temps modernes. La
découverte de nouveaux moyens pour abréger le
travail et économiser la dépense dans les opérations
de l'industrie est l'objet à la poursuite duquel la plus
grande moitié de l'esprit inventif du genre] humain
est actuellement livrée, et co projet, s'il se réalise,
épargnera sur une des plus grandes routes du com-
merce du monde la circumnavigation d'un continent.
L'accès aisé du commerce dans les réglons les plus
éloignées du monde est la principale source de cette
civilisation matérielle, condition nécessaire, instru-
ment indispensable de la civilisation morale, et ce
projet réduit pratiquement de moitié, commerciale-
ment parlant, la distance séparant les nations pro-
gressives du globe des plus importantes et des
plus considérables de celles qui n'avancent pas. Le
télégraphe atlantique est estimé une entreprise d'un
intérêt universel parce qu'il abrège simplement le
transit des nouvelles commerciales ; ce que le canal
de Suez raccourcirait, c'est le transport des marchan-
dises elles-mêmes, et cela probablement de façon à
multiplier plusieurs fois la somme de ce transport.
» Supposons maintenant, car aujourd'hui l'hy-
pothèse est trop antianglaise pour l'admettre autre-
ment que comme une supposition, supposons que
la nation anglaise vît dans ce grand bénéfice pour le
monde civilisé et non civilisé un danger ou un dom-
mage pour quelque intérêt spécial à l'Angleterre ;
supposons, par exemple, qu'elle craignît en abrégeant
la route de faciliter l'accès de ses possessions orien-
tales aux marines étrangères ; la supposition impli-
que envers l'esprit national l'imputation d'un degré
non ordinaire de lâcheté et d'imbécillité; autrement,
on ne pourrait s'empêcher de réfléchir que la voie
qui faciliterait l'arrivée d'un ennemi, faciliterait aussi
l'arrivée des secours; qu'avant aujourd'hui nous
avons vu des flottes françaises dans l'Orient; que
nous y avons, il y a près d'un siècle, livré contre
elles des batailles navales ; que si jamais nous de-
venons incapables de défendre l'Inde contre ces flottes,
nous les y reverrons certainement sans l'aide d'aucun
canal ; et que notre puissance de résister à un enne-
mi ne dépend pas du plus ou moins d'obstacles que
nous pourrions mettre sur sa route:, mais de la
somme de forces que nous pourrons lui opposer quand
il sera venu.
» Acceptons cependant que le succès du projet fe-
rait plus de tort à l'Angleterre sous certains rapports
que ne lui ferait de bien, comme première nation
commerciale, celui qu'elle retirerait du grand accrois-
sement de l'intercourse : accordons cela, et, nous le
demandons, qu'en faudrait-il conclure? Est-il aucune
moralité chrétienne ou profane qui puisse permettre
à une nation d'interdire au reste de l'humanité la
jouissance d'un grand avantage, parce que la consé-
quence de cette conquête pourrait être, en quelque
éventualité imaginable, pour cette nation elle-même
une cause d'inconvénient? Une nation est elle libre
d'adopter comme une maxime pratique que ce qui
est bon pour la race humaine est mauvais pour elle-
même et de le refuser conséquemment? Qu'est-ce que
cela, sinon déclarer que les intérêts de cette nation
et ceux de l'humanité sont incompatibles ; qu'en cela
au moins elle est l'ennemie de la race humaine, et
quels motifs aurait-elle de se plaindre si à son tour
le genre humain se déterminait à se proclamer son
ennemi? Un principe si criminel, avoué et pratiqué
par une nation, autoriserait le reste du monde à for-
mer une ligue contre elle, et à ne jamais lui accorder
de paix jusqu'à ce que, si elle n'était pas réduite à
rien, sa puissance fllt au moins suffisamment abattue
pour l'empêcher de placer jamais sou propre intérêt
personnel au-dessus de la prospérité générale de l'hu-
manité.
» Non, il n'existe pas dans le peuple anglais d'aussi
bas sentiments ; il est accoutumé à voir son profit
dans le progrès et non dans le recul de la richesse et
de la civilisation du monde. L'opposition au canal de
Suez n'a jamais été une opposition nationale ; avec
son indifférence usuelle pour les affaires étrangères,
le public en général n'y a pas fait attention et a laissé
comme il laisse , à moins d'être particulièrement
excité, toute la direction de la politique extérieure à
ceux qui par des causes et des raisons se rattachant
uniquement à la politique intérieure, se trouvent pour
le moment à la tête du pouvoir. Quoi qu'il ait été fait
an nom de l'Angleterre dans l'affaire de Suez, c'est
l'acte de quelques individus, et principalement, il est
probable, d'un seul individu, en désaccord, selon
toutes les apparences, en ce point avec ceux de ses
concitoyens qui marchent avec lui et avec presque
tous ceux, malheureusement trop peu nombreux, qui
ont accordé quelque attention au sujet.
» Mais le projet, dit-on, ne peut être exécuté. S'il
en est ainsi, pourquoi nous en inquiéter? Si le projet
ne peut pas aboutir, pourquoi professer une immora-
lité gratuite et encourir une haine gratuite pour
l'empêcher d'être tenté ? Qu'il réussisse ou qu'il tombe,
c'est une considération qui ne nous regarde pas, si ce
n'est que s'il doit sûrement tomber, il y a dans notre
résistance la même immoralité avec un surcroît de fo-
lie; car si nous avons cette dernière croyance, nous
montrons au monde que nous regardons nos intérêts
comme incompatibles avec son bien, en même temps
que, le projet échouant, nous obtiendrions le bénéfice
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