Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 375
voudrait-il pas nous laisser ruiner à notre aise s'il ne
lui en coûte rien et si c'est notre bon plaisir? Entend-
t-il donc être plus royaliste que le roi, et plus ména-
ger de notre bourse que nous-mêmes? Toutefois nous
pouvons le rassurer là-dessus : si les Anglais jettent
leurs fonds à tous les hasards, les capitaux de la
France et du continent sont plus timides et plus cir-
conspects ; ils n'ont pas à se draper fièrement sous une
série de leurs catastrophes et ils n'engagent leur argent
qu'à bon escient. Nous comprendrions donc les inquié-
tudes du Times si le capital de la Compagnie universelle
était fourni par l'Angleterre, mais nous les compre-
nons beaucoup moins quand il est fait par des capi-
taux aussi méticuleux que les nôtres. L'Europe n'a
pas 200 millions à perdre, et si elle les a consacrés à
creuser l'isthme de Suez, c'est la preuve qu'elle a
d'assez suffisantes garanties qu'elle ne les perdra
point.
Cependant, consterné de son isolement sur cette
question dans le monde, le Times a longtemps
cherché un second en Europe, et pense enfin l'avoir
trouvé : il n'est plus seul, dit-il, et il a pour lui les
Hollandais.
Notre confrère fait évidemment allusion au récent
rapport de la commission nommée par le roi de
Hollande pour examiner les effets du percement de
l'isthme sur le commerce néerlandais et dont il a été
publié une analyse plus qu'incomplète. L'attitude du
Times nous prouve qu'il n'a pas lu ce document. C'est
un mémoire considérable qu'il a fallu traduire du
hollandais en français et duquel, pour notre part,
nous n'avons voulu parler qu'en complète connais-
sance de cause. Mais dès à présent nous pouvons
apprendre au Times que les Hollandais ne disent rien
de ce qu'il suppose. Bien loin de croire le canal im-
possible, ils avertissent leur gouvernement de se
préparer comme s'il était déjà fait ; ils ne doutent point
de sa prochaine exécution. Bien loin de regarder le
canal comme inutile, ils pensent qu'il changera la
face du commerce du monde, et ils affirment qu'au
total il sera pour l'humanité d'un incontestable avan-
tage. Ils vont plus loin encore : ils sont d'accord avec
le Times sur ce point, qu'ils le considèrent comme
devant être d'un grand profit pour le commerce an-
glais ; mais ils craignert que la Hollande n'ait à en
subir quelques secousses dans sa position commer-
ciale actuelle ; ils pensent que certains points de
leurs colonies perdront certains avantages dans leur
concurrence avec les Anglais eux-mêmes. Toutefois
ils ne se font point de ces appréhensions un motif de
conseiller à leur gouvernement une déplorable oppo-
sition contre le projet ; ils lui recommandent seule-
ment de recueillir toutes les forces de son administra-
tion, de veiller à l'avenir qui se rapproche et de dis-
poser son peuple à lutter vaillamment dans les grands
changements que va créer la jonction de la mer
Rouge et de la Méditerranée.
On voit qu'il n'y a rien là qui ressemble à l'incré-
dulité dans l'exécution du canal ni à la conviction
qu'il ne fera point ses frais. Il faut donc que le Times
rentre dans son isolement ou plutôt qu'il renonce à
son opposition ; car il l'a rendue lui-même ridicule et
insoutenable du moment qu'il ne s'agit plus pour lui
que de protéger des actionnaires qui non-seulement
repoussent sa protection, mais encore qui la regar-
dent comme la pire des hypocrisies et la plus cho-
quante des tyrannies.
ERNEST DESPLACES.
L'OPPOSITION AU CANAL DE SUEZ
Jugée en Angleterre.
L'opposition du gouvernement anglais, ou, pour
parler plus exactement, l'opposition de son premier
ministre au canal de Suez, commence à porter de
l'autre côté du détroit les fruits que nous en avons
prévus. L'opinion publique se réveille et paraît vou-
loir mesurer la tristesse du rôle qu'on fait jouer dans
cette affaire à la politique du pays. Un recueil fort
répandu chez nos voisins et d'une couleur très-libé-
rale, le Fraser's Magazine se fait l'écho de ces senti-
ments. Dans un article intitulé : Vue sur la non-in-
tervention , M. John Stuard Mill exprime avec une
grande élévation de pensées et une haute fermeté de
principes les alarmes que lui inspirent les dangers que
contiennent l'aveuglement et l'injustice de cette résis-
tance aux vœux et aux intérêts du monde. M. Mill,
par son talent et sa position , est un des hommes
considérables de la presse anglaise ; on lui doit plu-
sieurs ouvrages remarquables, très-estimés dans son
pays, où il y passe pour un des économistes qui ont
fortement fait progresser la science ; il possède en
Angleterre une autorité incontestée, et son opinion
motivée, développée avec une vigueur dont on va
juger, est certainement de nature à produire un grand
effet sur ses concitoyens. Déjà l'un des principaux
journaux d'une des métropoles commerciales de la
Grande-Bretagne, le Manchester Examiner and Times,
s'est approprié l'article de M. Mill et en a publié
l'extrait qui concerne la question sous ce titre : le
Canal de l' lsihme de Suez.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir la pro-
fonde justesse et la vigueur invincible de cette ar-
gumentation ; faisons remarquer seulement que
M. Mill repousse au nom du peuple anglais, comme
désavouée par ce peuple et antinationale, l'opposition
qui a jusqu'ici entravé les opérations et la liberté de
l'entreprise.
D'un autre côté, tandis que les écrivains les plus
influents du parti libéral protestent contre les actes
voudrait-il pas nous laisser ruiner à notre aise s'il ne
lui en coûte rien et si c'est notre bon plaisir? Entend-
t-il donc être plus royaliste que le roi, et plus ména-
ger de notre bourse que nous-mêmes? Toutefois nous
pouvons le rassurer là-dessus : si les Anglais jettent
leurs fonds à tous les hasards, les capitaux de la
France et du continent sont plus timides et plus cir-
conspects ; ils n'ont pas à se draper fièrement sous une
série de leurs catastrophes et ils n'engagent leur argent
qu'à bon escient. Nous comprendrions donc les inquié-
tudes du Times si le capital de la Compagnie universelle
était fourni par l'Angleterre, mais nous les compre-
nons beaucoup moins quand il est fait par des capi-
taux aussi méticuleux que les nôtres. L'Europe n'a
pas 200 millions à perdre, et si elle les a consacrés à
creuser l'isthme de Suez, c'est la preuve qu'elle a
d'assez suffisantes garanties qu'elle ne les perdra
point.
Cependant, consterné de son isolement sur cette
question dans le monde, le Times a longtemps
cherché un second en Europe, et pense enfin l'avoir
trouvé : il n'est plus seul, dit-il, et il a pour lui les
Hollandais.
Notre confrère fait évidemment allusion au récent
rapport de la commission nommée par le roi de
Hollande pour examiner les effets du percement de
l'isthme sur le commerce néerlandais et dont il a été
publié une analyse plus qu'incomplète. L'attitude du
Times nous prouve qu'il n'a pas lu ce document. C'est
un mémoire considérable qu'il a fallu traduire du
hollandais en français et duquel, pour notre part,
nous n'avons voulu parler qu'en complète connais-
sance de cause. Mais dès à présent nous pouvons
apprendre au Times que les Hollandais ne disent rien
de ce qu'il suppose. Bien loin de croire le canal im-
possible, ils avertissent leur gouvernement de se
préparer comme s'il était déjà fait ; ils ne doutent point
de sa prochaine exécution. Bien loin de regarder le
canal comme inutile, ils pensent qu'il changera la
face du commerce du monde, et ils affirment qu'au
total il sera pour l'humanité d'un incontestable avan-
tage. Ils vont plus loin encore : ils sont d'accord avec
le Times sur ce point, qu'ils le considèrent comme
devant être d'un grand profit pour le commerce an-
glais ; mais ils craignert que la Hollande n'ait à en
subir quelques secousses dans sa position commer-
ciale actuelle ; ils pensent que certains points de
leurs colonies perdront certains avantages dans leur
concurrence avec les Anglais eux-mêmes. Toutefois
ils ne se font point de ces appréhensions un motif de
conseiller à leur gouvernement une déplorable oppo-
sition contre le projet ; ils lui recommandent seule-
ment de recueillir toutes les forces de son administra-
tion, de veiller à l'avenir qui se rapproche et de dis-
poser son peuple à lutter vaillamment dans les grands
changements que va créer la jonction de la mer
Rouge et de la Méditerranée.
On voit qu'il n'y a rien là qui ressemble à l'incré-
dulité dans l'exécution du canal ni à la conviction
qu'il ne fera point ses frais. Il faut donc que le Times
rentre dans son isolement ou plutôt qu'il renonce à
son opposition ; car il l'a rendue lui-même ridicule et
insoutenable du moment qu'il ne s'agit plus pour lui
que de protéger des actionnaires qui non-seulement
repoussent sa protection, mais encore qui la regar-
dent comme la pire des hypocrisies et la plus cho-
quante des tyrannies.
ERNEST DESPLACES.
L'OPPOSITION AU CANAL DE SUEZ
Jugée en Angleterre.
L'opposition du gouvernement anglais, ou, pour
parler plus exactement, l'opposition de son premier
ministre au canal de Suez, commence à porter de
l'autre côté du détroit les fruits que nous en avons
prévus. L'opinion publique se réveille et paraît vou-
loir mesurer la tristesse du rôle qu'on fait jouer dans
cette affaire à la politique du pays. Un recueil fort
répandu chez nos voisins et d'une couleur très-libé-
rale, le Fraser's Magazine se fait l'écho de ces senti-
ments. Dans un article intitulé : Vue sur la non-in-
tervention , M. John Stuard Mill exprime avec une
grande élévation de pensées et une haute fermeté de
principes les alarmes que lui inspirent les dangers que
contiennent l'aveuglement et l'injustice de cette résis-
tance aux vœux et aux intérêts du monde. M. Mill,
par son talent et sa position , est un des hommes
considérables de la presse anglaise ; on lui doit plu-
sieurs ouvrages remarquables, très-estimés dans son
pays, où il y passe pour un des économistes qui ont
fortement fait progresser la science ; il possède en
Angleterre une autorité incontestée, et son opinion
motivée, développée avec une vigueur dont on va
juger, est certainement de nature à produire un grand
effet sur ses concitoyens. Déjà l'un des principaux
journaux d'une des métropoles commerciales de la
Grande-Bretagne, le Manchester Examiner and Times,
s'est approprié l'article de M. Mill et en a publié
l'extrait qui concerne la question sous ce titre : le
Canal de l' lsihme de Suez.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir la pro-
fonde justesse et la vigueur invincible de cette ar-
gumentation ; faisons remarquer seulement que
M. Mill repousse au nom du peuple anglais, comme
désavouée par ce peuple et antinationale, l'opposition
qui a jusqu'ici entravé les opérations et la liberté de
l'entreprise.
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