Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
374 L'ISTHME DE SUEZ,
» enrichie par le transit, et sa future prospérité
dépend de la question de savoir si elle restera la
» station entre l'Angleterre et l'extrême Orient ; car,
» quel que puisse avoir été le commerce du passé,
» quel qu'il soit à présent, il ne peut être douteux
» que l'avenir effacera le passé aussi bien que le présent.
» L'Inde va avoir seulement ses routes, canaux et
» chemins de fer, la Chine est à peine ouverte,
» l'Australie n'est colonisée que d'hier. Ce que ces
» pays seront, nous pouvons en juger par l'expé-
» rien ce du passé ; la plus rapide communication en-
» tre ces régions et la métropole sera probablement par
« la mer Rouge, et il est probable que les relations
» entre l'Angleterre et l'Egypte pour les contrées
» avoisinantes deviendront tous les jours plus étroi-
» tes et plus importantes. »
Voilà ce que le Times du 17 juin 1857 répond au
Times du 5 décembre 1859 ; alors il voulait démon-
trer tous les motifs qui déterminaient l'Angleterre à
occuper et garder Périm , et il mesurait en consé-
quence, et cette fois avec vérité, les avantages et la
fréquentation de la route par la mer Rouge. Il ne
prétendait pas alors que la navigation dans cette mer
serait rare par suite de son trouble et de ses dangers ;
il disait au contraire qu'elle était destinée à devenir
le lien le plus actif et le plus direct des relations entre
l'Europe et les régions nouvelles auxquelles un si
grand avenir est réservé. Mais si cela était vrai avec
une barrière interdisant toute communication directe
entre la mer Rouge et la Méditerranée, obligeant \in
double chargement et un double déchargement, né-
cessitant toutes les lenteurs et tous les inconvénients
pour les marchandises d'un double séjour dans les
magasins, d'un voyage en chemins de fer, de dou-
bles frais de réception et d'expédition, combien son
tableau sera-t-il plus vrai si, gràce au canal, on peut
communiquer directement par la route égyptienne
de tous les ports de l'Océan et de la Méditerranée
jusqu'aux points les plus reculés des mers indienne,
chinoise et australienne ; et comment ce qui dans des
conditions très-inférieures devait faire la prospérité
d'un pays tel que l'Egypte pourrait-il, dans des
conditions beaucoup plus belles, ne point offrir seu-
lement une rémunération suffisante aux capitaux
d'une simple Compagnie ?
Et encore nous ne parlons ici que de la grande na-
vigation, sans tenir compte de ces promesses de l'a-
venir que le Times nous retrace avec tant de chaleur;
sans faire la part de l'accroissement que les commu-
nications reçoivent du raccourcissement des distances
et sans avoir mentionné un autre élément inconnu,
mais certain, qui ne peut faire défaut au canal de Suez.
Rappelons au Times la carrière que le percement de
l'isthme ouvrira infailliblement aux caboteurs de la
Méditerranée, aux Grecs, aux Dalmates, aux Italiens,
aux Provençaux, à tous ces rudes navigateurs élevés
au bercement des vagues et endurcis à toutes les fa-
tigues de la mer. Présentons au Times l'avis des hom-
mes les plus compétents pour estimer cette source de
revenus. Une réunion des principaux négociants de
Marseille a déclaré que ce mouvement seul suffirait
à rémunérer largement le capital employé à la cons-
truction du canal.
Enfin rappelons au Times qu'un traité garanti par
un cautionnement de 1,200,000 francs assure à la
Compagnie l'exécution des travaux du canal au-des-
sous des devis d'estimation ; rappelons-lui encore que
le comité supérieur des travaux pense devoir réduire
de 200 à 120 millions les devis primitifs.
On conçoit donc que l'Europe ne partage point les
sinistres appréhensions du Times, et qu'elle veuille
poursuivre jusqu'au bout la vaste et féconde entre-
prise qu'elle s'est proposée. Toutefois l'article insiste
et appuie d'une assez étrange logique sa confiance
absolue et arbitraire dans son opinion isolée. « Le
canal de Suez, dit-il, est une mauvaise affaire
puisque nous l'affirmons. Nous nous connaissons en
mauvaises affaires, car nous en avons assez fait. Nous
avons creusé un tunnel sous la Tamise et il ne nous
sert à rien ; nous avons exécuté des chemins de fer en
Amérique et dans les Indes, et ils ne nous rapportent
guère ; nous avons prêté aux Espagnols, aux Turcs
et aux Grecs, et nous avons perdu notre argent ; nous
enfouissons nos épargnes dans toutes les mines du
monde. »
Nous pourrions compléter cette nomenclature : le
câble atlantique a dévoré tout le capital de ses action-
naires; le chemin de fer de l'Euphrate est tombé en
déconfiture ; le Great-Eastern, d'après ce que nous ap-
prend le Times ces jours derniers, a déjà englouti dans
ses flancs le capital d'une première Compagnie ;et la
seconde est réduite à ces termes qu'elle a 45,000 liv.
sterling de dettes, et pour les couvrir 1,100 liv. st. en
caisse. Tout cela, en effet, prouve un esprit plus aventu-
reux que prévoyant. Mais comment le Times peut-il
nous présenter toutes ces défaillances de son jugement
comme autant de titres pour son infaillibilité ? Si le rai-
sonnement n'estpas très-solide, il est du moins très-ori-
ginal. Le monde n'a-t-il pas bien quelque droit de
suspecter une autorité aussi sujette à caution? Si le
Times a jugé que tant d'affaires mauvaises étaient
bonnes, a-t-il le plus léger droit moral de nous im.
poser comme article de foi qu'une affaire n'est pas
bonne parce qu'il la juge mauvaise?
Nous n'entendons point en ceci faire le procès à
l'esprit anglais ; nous admirons volontiers cette intré-
pidité, cette tenacité dans les entreprises qui carac-
térise nos voisins et sait ne point reculer devant les
sacrifices. Mais s'il en était ainsi pour le canal de
Suez, pourquoi le Times, dans son effusion paternelle,
voudrait-il nous interdire l'imitation des exemples que
son pays nous a donnés si souvent? Pourquoi ne
» enrichie par le transit, et sa future prospérité
dépend de la question de savoir si elle restera la
» station entre l'Angleterre et l'extrême Orient ; car,
» quel que puisse avoir été le commerce du passé,
» quel qu'il soit à présent, il ne peut être douteux
» que l'avenir effacera le passé aussi bien que le présent.
» L'Inde va avoir seulement ses routes, canaux et
» chemins de fer, la Chine est à peine ouverte,
» l'Australie n'est colonisée que d'hier. Ce que ces
» pays seront, nous pouvons en juger par l'expé-
» rien ce du passé ; la plus rapide communication en-
» tre ces régions et la métropole sera probablement par
« la mer Rouge, et il est probable que les relations
» entre l'Angleterre et l'Egypte pour les contrées
» avoisinantes deviendront tous les jours plus étroi-
» tes et plus importantes. »
Voilà ce que le Times du 17 juin 1857 répond au
Times du 5 décembre 1859 ; alors il voulait démon-
trer tous les motifs qui déterminaient l'Angleterre à
occuper et garder Périm , et il mesurait en consé-
quence, et cette fois avec vérité, les avantages et la
fréquentation de la route par la mer Rouge. Il ne
prétendait pas alors que la navigation dans cette mer
serait rare par suite de son trouble et de ses dangers ;
il disait au contraire qu'elle était destinée à devenir
le lien le plus actif et le plus direct des relations entre
l'Europe et les régions nouvelles auxquelles un si
grand avenir est réservé. Mais si cela était vrai avec
une barrière interdisant toute communication directe
entre la mer Rouge et la Méditerranée, obligeant \in
double chargement et un double déchargement, né-
cessitant toutes les lenteurs et tous les inconvénients
pour les marchandises d'un double séjour dans les
magasins, d'un voyage en chemins de fer, de dou-
bles frais de réception et d'expédition, combien son
tableau sera-t-il plus vrai si, gràce au canal, on peut
communiquer directement par la route égyptienne
de tous les ports de l'Océan et de la Méditerranée
jusqu'aux points les plus reculés des mers indienne,
chinoise et australienne ; et comment ce qui dans des
conditions très-inférieures devait faire la prospérité
d'un pays tel que l'Egypte pourrait-il, dans des
conditions beaucoup plus belles, ne point offrir seu-
lement une rémunération suffisante aux capitaux
d'une simple Compagnie ?
Et encore nous ne parlons ici que de la grande na-
vigation, sans tenir compte de ces promesses de l'a-
venir que le Times nous retrace avec tant de chaleur;
sans faire la part de l'accroissement que les commu-
nications reçoivent du raccourcissement des distances
et sans avoir mentionné un autre élément inconnu,
mais certain, qui ne peut faire défaut au canal de Suez.
Rappelons au Times la carrière que le percement de
l'isthme ouvrira infailliblement aux caboteurs de la
Méditerranée, aux Grecs, aux Dalmates, aux Italiens,
aux Provençaux, à tous ces rudes navigateurs élevés
au bercement des vagues et endurcis à toutes les fa-
tigues de la mer. Présentons au Times l'avis des hom-
mes les plus compétents pour estimer cette source de
revenus. Une réunion des principaux négociants de
Marseille a déclaré que ce mouvement seul suffirait
à rémunérer largement le capital employé à la cons-
truction du canal.
Enfin rappelons au Times qu'un traité garanti par
un cautionnement de 1,200,000 francs assure à la
Compagnie l'exécution des travaux du canal au-des-
sous des devis d'estimation ; rappelons-lui encore que
le comité supérieur des travaux pense devoir réduire
de 200 à 120 millions les devis primitifs.
On conçoit donc que l'Europe ne partage point les
sinistres appréhensions du Times, et qu'elle veuille
poursuivre jusqu'au bout la vaste et féconde entre-
prise qu'elle s'est proposée. Toutefois l'article insiste
et appuie d'une assez étrange logique sa confiance
absolue et arbitraire dans son opinion isolée. « Le
canal de Suez, dit-il, est une mauvaise affaire
puisque nous l'affirmons. Nous nous connaissons en
mauvaises affaires, car nous en avons assez fait. Nous
avons creusé un tunnel sous la Tamise et il ne nous
sert à rien ; nous avons exécuté des chemins de fer en
Amérique et dans les Indes, et ils ne nous rapportent
guère ; nous avons prêté aux Espagnols, aux Turcs
et aux Grecs, et nous avons perdu notre argent ; nous
enfouissons nos épargnes dans toutes les mines du
monde. »
Nous pourrions compléter cette nomenclature : le
câble atlantique a dévoré tout le capital de ses action-
naires; le chemin de fer de l'Euphrate est tombé en
déconfiture ; le Great-Eastern, d'après ce que nous ap-
prend le Times ces jours derniers, a déjà englouti dans
ses flancs le capital d'une première Compagnie ;et la
seconde est réduite à ces termes qu'elle a 45,000 liv.
sterling de dettes, et pour les couvrir 1,100 liv. st. en
caisse. Tout cela, en effet, prouve un esprit plus aventu-
reux que prévoyant. Mais comment le Times peut-il
nous présenter toutes ces défaillances de son jugement
comme autant de titres pour son infaillibilité ? Si le rai-
sonnement n'estpas très-solide, il est du moins très-ori-
ginal. Le monde n'a-t-il pas bien quelque droit de
suspecter une autorité aussi sujette à caution? Si le
Times a jugé que tant d'affaires mauvaises étaient
bonnes, a-t-il le plus léger droit moral de nous im.
poser comme article de foi qu'une affaire n'est pas
bonne parce qu'il la juge mauvaise?
Nous n'entendons point en ceci faire le procès à
l'esprit anglais ; nous admirons volontiers cette intré-
pidité, cette tenacité dans les entreprises qui carac-
térise nos voisins et sait ne point reculer devant les
sacrifices. Mais s'il en était ainsi pour le canal de
Suez, pourquoi le Times, dans son effusion paternelle,
voudrait-il nous interdire l'imitation des exemples que
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