Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 373
tection leurs sujets dans leurs espérances ! Ils font
à l'heure qu'il est, à Constantinople, de cette question
une grande affaire diplomatique ! Ils ne feraient
qu'enfler une bulle de savon, et dans cet ensemble
de concours et de volontés il n'y aurait rien de sé-
rieux, rien de réel, rien en un mot que la vanité
d'un rêve !
Qu'a cependant à opposer de son côté le Times à
l'imposante unanimité de ces témoignages ? Son
affirmation, épaulée par l'affirmation isolés et arbi-
traire de feu M. Stephenson. De notre côté on a
examiné, on a étud:é, on a délibéré, on a discuté, on
a effectué enfin tous les travaux commandés par une
œuvre aussi considérable. Depuis quatre ans on
fouille l'isthme dans tous les sens, on interroge le
terrain,et chaque progrès nouveau vient ajouter une
découverte et une facilité de plus aux facilités précé-
demment acquises. Du côté du Times, on s'est enfer-
mé dans la pure négation. Le canal est impossible, a
dit lord Palmerston. Le canal est impossible, a
répété le Times, et M. Stephenson s'est chargé de
corroborer ces deux allégations par la plus énorme
hérésie qui soit jamais sortie d'une bouche d'ingénieur.
Selon lui, le canal était impossible parce que les deux
mers étaient de niveau : c'est son seul argument ; et
M. Conrad lui a répondu par les grands canaux ma-
ritimesdela Hollande, qui sont presque tous de niveau.
Mais de la discussion sérieuse et digne de ce nom,
pas d'apparences : livré aux critiques du monde sa-
vant, le rapport de la commission internationale est
resté inattaqué et inattaquable. On veut n'y pas
croire en Angleterre, mais personne n'a prouvé qu'il
fallait n'y pas croire. Disons les choses comme elles
sont : la passion a pris la place du raisonnement ;
beaucoup de gens chez nos voisins se sont laissés im-
poser par la réputation de M. Stephenson, et le
Times lui-même, quand il est trop pressé, n'a plus
qu'un mot à dire : M. Stephenson.
Ainsi, sur l'un des plateaux, l'opinion générale du
monde, une souscription de 200 millions répartie entre
25,000 participants, la haute protection officiellement
accordée à la Compagnie par tant de personnages
illustres de l'Europe, le travail médité, délibéré, ap-
profondi des ingénieurs les plus considérables et les
plus respectés du continent, la sanction décernée à
ce travail par tous les corps savants et à leur tête par
notre Académie des sciences ; l'assentiment et l'aveu
des gouvernements à l'unanimité desquels il ne man-
que que le gouvernement anglais ; et sur l'autre pla-
teau la parole unique, nous ajoutons intéressée, de
M. Stephenson; voilà dans quelles circonstances le
Times prononce qu'il n'y a pas lieu même à douter que
l'opinion d'un seul homme efface, annule, supprime
toutes ces autorités, et que sur cet arrêt absolu et
arbitraire, il n'y a qu'à renoncer au bienfait que l'hu-
manité attend d'une œuvre dont personne ne conteste
l'immense utilité si elle est réalisée.
Nous disons que l'opinion de M. Stephenson était
une opinion intéressée. On sait en effet que cet entre-
preneur avait ses projets sur l'isthme de Suez : il
voulait y faire aboutir un chemin de fer dont il ambi-
tionnait le privilége, et qui, traversant l'Ouadée-
Toumilat, aurait abouti à la baie de Suez.
Au surplus que le canal soit possible, et sans la
résistance de l'Angleterre il serait déjà fait, c'est ce
que le Times ne conteste plus que faiblement, et l'im-
productivité prétendue de l'opération est le dernier
abri derrière lequel il se retranche.
A l'appui de son allégation, le Times prétend que
le projet ne pourrait être accepté dans le parlement
anglais, parce qu'il lui manquerait un exposé des
motifs justifiant sa raison d'être commerciale : cela
nous prouve que l'auteur de l'article n'a jamais lu ni
l'avant-projet, ni le rapport de la commission inter-
nationale. Là, tous les éléments de revenus de l'en-
treprise sont indiqués, discutés, chiffrés, avec tout
autant de précision et de probabilité que pouvaient
l'être les entreprises de chemins de fer lorsqu'elles
étaient encore dans leur nouveauté, et on sait qu'elles
ont dépassé tous les résultats attendus. Or, les éva-
luations de la Compagnie sont basées sur un passage
prévu de 3 millions de tonneaux. Le détroit des Dar-
danelles, qui ne conduit qu'à une impasse, voit ses
rives annuellement traversées par plus de 4 millions
de tonneaux. En 1857, le mouvement a été de
3,456,000 tonneaux dans le seul port de Marseille!!
L'isthme étant coupé met en communication plus ra-
pide les deux moitiés du monde : il est la route la plus
courte, si on ne veut pas qu'elle soit l'unique, pour les
produits allant de l'occident à l'orient et réciproque-
ment. Le Times lui-même avoue que l'existence du ca-
nal activerait ces relations « outre mesure. » Or, quand
on pense à l'étendue des côtes, à la somme des popu-
lations, à l'immensité des intérêts pour lesquels le
canal serait comme le trait d'union, est-il sérieuse-
ment possible de discuter que le canal de Suez verra
passer dans ses eaux autant de vaisseaux qu'il en
passe devant le château des Dardanelles, autant de
tonneaux qu'il en entre dans le seul port de Mar-
seille?
Là-dessus, d'ailleurs, nous pouvons invoquer le
sentiment du Times lui-même. Il oublie trop facile-
ment qu'il a des thèses diverses selon les besoins.
En 1857, il s'agissait pour lui de justifier la
prise de possession de Périm ; il ne disait pas alors
que la mer Rouge était et serait une mer insigni-
fiante ; il ne soutenait pas que le transit par l'Egypte
ne pouvait donner que des bénéfices peu importants.
Voici, au contraire, comment il s'exprimait le 17
juin de l'année précitée :
« Toute la province d'Egypte a été revivifiée et
tection leurs sujets dans leurs espérances ! Ils font
à l'heure qu'il est, à Constantinople, de cette question
une grande affaire diplomatique ! Ils ne feraient
qu'enfler une bulle de savon, et dans cet ensemble
de concours et de volontés il n'y aurait rien de sé-
rieux, rien de réel, rien en un mot que la vanité
d'un rêve !
Qu'a cependant à opposer de son côté le Times à
l'imposante unanimité de ces témoignages ? Son
affirmation, épaulée par l'affirmation isolés et arbi-
traire de feu M. Stephenson. De notre côté on a
examiné, on a étud:é, on a délibéré, on a discuté, on
a effectué enfin tous les travaux commandés par une
œuvre aussi considérable. Depuis quatre ans on
fouille l'isthme dans tous les sens, on interroge le
terrain,et chaque progrès nouveau vient ajouter une
découverte et une facilité de plus aux facilités précé-
demment acquises. Du côté du Times, on s'est enfer-
mé dans la pure négation. Le canal est impossible, a
dit lord Palmerston. Le canal est impossible, a
répété le Times, et M. Stephenson s'est chargé de
corroborer ces deux allégations par la plus énorme
hérésie qui soit jamais sortie d'une bouche d'ingénieur.
Selon lui, le canal était impossible parce que les deux
mers étaient de niveau : c'est son seul argument ; et
M. Conrad lui a répondu par les grands canaux ma-
ritimesdela Hollande, qui sont presque tous de niveau.
Mais de la discussion sérieuse et digne de ce nom,
pas d'apparences : livré aux critiques du monde sa-
vant, le rapport de la commission internationale est
resté inattaqué et inattaquable. On veut n'y pas
croire en Angleterre, mais personne n'a prouvé qu'il
fallait n'y pas croire. Disons les choses comme elles
sont : la passion a pris la place du raisonnement ;
beaucoup de gens chez nos voisins se sont laissés im-
poser par la réputation de M. Stephenson, et le
Times lui-même, quand il est trop pressé, n'a plus
qu'un mot à dire : M. Stephenson.
Ainsi, sur l'un des plateaux, l'opinion générale du
monde, une souscription de 200 millions répartie entre
25,000 participants, la haute protection officiellement
accordée à la Compagnie par tant de personnages
illustres de l'Europe, le travail médité, délibéré, ap-
profondi des ingénieurs les plus considérables et les
plus respectés du continent, la sanction décernée à
ce travail par tous les corps savants et à leur tête par
notre Académie des sciences ; l'assentiment et l'aveu
des gouvernements à l'unanimité desquels il ne man-
que que le gouvernement anglais ; et sur l'autre pla-
teau la parole unique, nous ajoutons intéressée, de
M. Stephenson; voilà dans quelles circonstances le
Times prononce qu'il n'y a pas lieu même à douter que
l'opinion d'un seul homme efface, annule, supprime
toutes ces autorités, et que sur cet arrêt absolu et
arbitraire, il n'y a qu'à renoncer au bienfait que l'hu-
manité attend d'une œuvre dont personne ne conteste
l'immense utilité si elle est réalisée.
Nous disons que l'opinion de M. Stephenson était
une opinion intéressée. On sait en effet que cet entre-
preneur avait ses projets sur l'isthme de Suez : il
voulait y faire aboutir un chemin de fer dont il ambi-
tionnait le privilége, et qui, traversant l'Ouadée-
Toumilat, aurait abouti à la baie de Suez.
Au surplus que le canal soit possible, et sans la
résistance de l'Angleterre il serait déjà fait, c'est ce
que le Times ne conteste plus que faiblement, et l'im-
productivité prétendue de l'opération est le dernier
abri derrière lequel il se retranche.
A l'appui de son allégation, le Times prétend que
le projet ne pourrait être accepté dans le parlement
anglais, parce qu'il lui manquerait un exposé des
motifs justifiant sa raison d'être commerciale : cela
nous prouve que l'auteur de l'article n'a jamais lu ni
l'avant-projet, ni le rapport de la commission inter-
nationale. Là, tous les éléments de revenus de l'en-
treprise sont indiqués, discutés, chiffrés, avec tout
autant de précision et de probabilité que pouvaient
l'être les entreprises de chemins de fer lorsqu'elles
étaient encore dans leur nouveauté, et on sait qu'elles
ont dépassé tous les résultats attendus. Or, les éva-
luations de la Compagnie sont basées sur un passage
prévu de 3 millions de tonneaux. Le détroit des Dar-
danelles, qui ne conduit qu'à une impasse, voit ses
rives annuellement traversées par plus de 4 millions
de tonneaux. En 1857, le mouvement a été de
3,456,000 tonneaux dans le seul port de Marseille!!
L'isthme étant coupé met en communication plus ra-
pide les deux moitiés du monde : il est la route la plus
courte, si on ne veut pas qu'elle soit l'unique, pour les
produits allant de l'occident à l'orient et réciproque-
ment. Le Times lui-même avoue que l'existence du ca-
nal activerait ces relations « outre mesure. » Or, quand
on pense à l'étendue des côtes, à la somme des popu-
lations, à l'immensité des intérêts pour lesquels le
canal serait comme le trait d'union, est-il sérieuse-
ment possible de discuter que le canal de Suez verra
passer dans ses eaux autant de vaisseaux qu'il en
passe devant le château des Dardanelles, autant de
tonneaux qu'il en entre dans le seul port de Mar-
seille?
Là-dessus, d'ailleurs, nous pouvons invoquer le
sentiment du Times lui-même. Il oublie trop facile-
ment qu'il a des thèses diverses selon les besoins.
En 1857, il s'agissait pour lui de justifier la
prise de possession de Périm ; il ne disait pas alors
que la mer Rouge était et serait une mer insigni-
fiante ; il ne soutenait pas que le transit par l'Egypte
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Voici, au contraire, comment il s'exprimait le 17
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