Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1859 15 décembre 1859
Description : 1859/12/15 (A4,N84). 1859/12/15 (A4,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529519k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
379
que dont ce journal a publié tous les éléments. Une com-
mission internationale composée des ingénieurs et des
savants les plus compétents de l'Europe, a décidé que le
percement était possible. Une société financière s'est
constituée au capital de 200 millions de francs. Nous ne
voulons tenir compte que de ces deux faits. Si l'exécu-
tion de l'œuvre est impossible, comme le prétendent cer-
taines feuilles anglaises, l'expérience en décidera. Si
l'œuvre est ruineuse, les actionnaires en subiront les
conséquences. Au point où en sont les choses, l'hésita-
tion n'est plus permise, et si, ce qu'à Dieu ne plaise,
l'Angleterre faisait encore obstacle au percement de
l'isthme de Suez, elle devrait avoir le courage d'énoncer
le vrai motif de son opposition au lieu de se réfugier
derrière des prétextes sans valeur.
» Dans le cas même où la science n'aurait pas porté,
sur la possibilité d'exécuter cette grande entreprise, un
jugement que l'expérience seule peut désormais infir-
mer, notre seul instinct suffirait à la faire considérer
comme possible.
» En principe, tout ce qui rapproche les hommes et les
peuples est bon ; tout ce qui les divise est mauvais. Il
est dans la destinée de l'humanité de perfectionner, d'a-
méliorer, de cultiver et d'embellir le globe qui lui a été
donné pour demeure, de se frayer les routes les plus
directes pour relier entre eux les points extrêmes de
son domaine. Le percement des isthmes est donc une
œuvre sociale au premier chef, œuvre d'utilité générale
que la science et les efforts de l'homme doivent accom-
plir.
» De quel droit une nation pourrait-elle s'opposer à un
pareil accomplissement, une nation comme l'Angle-
terre surtout qui, plus qu'aucune autre, a intérêt à se
frayer une voie directe et rapide vers ses immenses pos-
sessions indiennes? Des préoccupations égoïstes, d'é-
troites et misérables jalousies ont bien pu obscurcir le
sens politique des hommes d'Etat anglais, mais de telles
défaillances ne peuvent se prolonger ; elles entraînent
avec elles des responsabilités trop lourdes. Il est pro-
bable que devant l'unanimité des vœux de l'Europe le
cabinet anglais est revenu ou reviendra à de meilleurs
sentiments. Mais, dans tous les cas, la France a, en
cette affaire, des devoirs à remplir, devoirs sacrés que
nulle considération ne peut lui faire méconnaître. C'est
de son sein qu'est partie l'initiative de l'œuvre qu'il
s'agit aujourd'hui de mener à bonne fin. La Compagnie
de l'isthme de buez a fait appel aux capitaux sous les
yeux du gouvernement français, et le gouvernement
doit aux promoteurs de cette entreprise, aussi bien
qu'aux souscripteurs, sa protection.
»Ce n'est là, toutefois, que le petit côté de la question.
Le gouvernement de la France doit puiser plus haut
son inspiration. S'il est vrai, comme Napoléon III l'a
dit et comme nous le croyons fermement, que l'intérêt
de la France soit partout où il y a une cause juste à
faire prévaloir, quelle cause plus juste pourrait éveiller
sa sollicitude? Le percement de l'isthme de Suez est la
cause de la civilisation, c'est la plus importante des
conquêtes pacifiques dont notre siècle pourra s'énor-
gueillir. Qui donc, si ce n'est la France, attachera son
nom à cette précieuse conquête ? Il y va de l'intérêt de
tous les peuples, de leur prospérité, de leur union. La
question de l'extrême Orient, question qui se pose au-
jourd'hui avec tant d'autorité devant les conseils de
l'Europe, cette grande et mystérieuse question qui né-
cessite aujourd'hui une expédition anglo-française en
Chine, serait insoluble sans le percement de l'isthme
de Suez, sans ce trait d'union entre l'Orient et l'Occi-
dent.
» La politique française, cette politique humaine et
généreuse qui ne se laisse égarer ni aveugler par les
préoccupations de l'intérêt personnel, est donc directe-
ment intéressée à la solution du problème que M. F. de
Lesseps a soulevé. Nul plus que nous, assurément, ne
souhaite le plus parfait accord de la France et de l'An.
gleterre sur ce point. Ainsi que nous l'avons dit sou-
vent, tout sera possible et facile aux deux grandes na-
tions de l'Occident. tant qu'elles seront unies; la cause
de la civilisation et celle du progrès seraient compro-
mises le jour où de funestes malentendus viendraient à
diviser les deux peuples ou seulement les deux cabi-
nets. Mais, il faut le redire souvent aussi, cet accord
ne peut être fécond que s'il repose sur des bases hono-
rables pour les deux nations. La France ne peut aban-
donner la question de l'isthme de Suez, devenue désor-
mais une question politique de premier ordre. Avec ou
sans le concours de l'Angleterre, cette question doit être
résolue ; elle le sera. Les nouvelles qui nous parvien-
nent de Constantinople donnent lieu d'espérer que le
cabinet anglais, revenu à de meilleurs sentiments, ces-
sera une opposition sourde et égoïste. Mais alors même
que ces nouvelles n'auraient pas de sérieux fondements,
alors même que le gouvernement de la Grande-Breta-
gne persisterait dans une si déplorable erreur, le devoir
de la France serait tout tracé. Il consisterait à. faire
l'Europe juge de la question, à exercer sur la Porte
Ottomane sa légitime influence et à faire peser le droit
et l'intérêt de tous contre le mauvais vouloir ou l'é-
goïsme de quelques-uns. Mais la France ne sera pas
obligée d'en venir là, nous l'espérons. L'Angleterre,
plus intéressée qu'aucune autre nation au percement
de l'isthme de Suez, consentira à l'accomplissement
d'une œuvre destinée à lui procurer de si grands avan-
tages. C'est notre espoir, et si cet espoir venait mal-
heureusement à être déçu, nous persisterions à croire
qu'il est de l'intérêt de l'Europe que l'œuvre s'accom-
plisse.
D Louis JOURDAN. »
AUTRE AVIS D'UN AMI AU GOUVERNEMENT ANGLAIS.
Il est remarquable de voir les partisans les plus
sincères de l'alliance de l'Angleterre et de la France
s'accorder dans leurs appréciations sur la politique
suivie de l'autre côté du détroit à l'égard du per-
cement de l'isthme de Suez. Nous avons déjà cité
pour l'Angleterre, quatre membres du cabinet ac-
tuel, les personnages les plus influents dans la ma-
jorité de la Chambre des communes. En France, nous
avons cité les journaux et les hommes les plus dé.
379
que dont ce journal a publié tous les éléments. Une com-
mission internationale composée des ingénieurs et des
savants les plus compétents de l'Europe, a décidé que le
percement était possible. Une société financière s'est
constituée au capital de 200 millions de francs. Nous ne
voulons tenir compte que de ces deux faits. Si l'exécu-
tion de l'œuvre est impossible, comme le prétendent cer-
taines feuilles anglaises, l'expérience en décidera. Si
l'œuvre est ruineuse, les actionnaires en subiront les
conséquences. Au point où en sont les choses, l'hésita-
tion n'est plus permise, et si, ce qu'à Dieu ne plaise,
l'Angleterre faisait encore obstacle au percement de
l'isthme de Suez, elle devrait avoir le courage d'énoncer
le vrai motif de son opposition au lieu de se réfugier
derrière des prétextes sans valeur.
» Dans le cas même où la science n'aurait pas porté,
sur la possibilité d'exécuter cette grande entreprise, un
jugement que l'expérience seule peut désormais infir-
mer, notre seul instinct suffirait à la faire considérer
comme possible.
» En principe, tout ce qui rapproche les hommes et les
peuples est bon ; tout ce qui les divise est mauvais. Il
est dans la destinée de l'humanité de perfectionner, d'a-
méliorer, de cultiver et d'embellir le globe qui lui a été
donné pour demeure, de se frayer les routes les plus
directes pour relier entre eux les points extrêmes de
son domaine. Le percement des isthmes est donc une
œuvre sociale au premier chef, œuvre d'utilité générale
que la science et les efforts de l'homme doivent accom-
plir.
» De quel droit une nation pourrait-elle s'opposer à un
pareil accomplissement, une nation comme l'Angle-
terre surtout qui, plus qu'aucune autre, a intérêt à se
frayer une voie directe et rapide vers ses immenses pos-
sessions indiennes? Des préoccupations égoïstes, d'é-
troites et misérables jalousies ont bien pu obscurcir le
sens politique des hommes d'Etat anglais, mais de telles
défaillances ne peuvent se prolonger ; elles entraînent
avec elles des responsabilités trop lourdes. Il est pro-
bable que devant l'unanimité des vœux de l'Europe le
cabinet anglais est revenu ou reviendra à de meilleurs
sentiments. Mais, dans tous les cas, la France a, en
cette affaire, des devoirs à remplir, devoirs sacrés que
nulle considération ne peut lui faire méconnaître. C'est
de son sein qu'est partie l'initiative de l'œuvre qu'il
s'agit aujourd'hui de mener à bonne fin. La Compagnie
de l'isthme de buez a fait appel aux capitaux sous les
yeux du gouvernement français, et le gouvernement
doit aux promoteurs de cette entreprise, aussi bien
qu'aux souscripteurs, sa protection.
»Ce n'est là, toutefois, que le petit côté de la question.
Le gouvernement de la France doit puiser plus haut
son inspiration. S'il est vrai, comme Napoléon III l'a
dit et comme nous le croyons fermement, que l'intérêt
de la France soit partout où il y a une cause juste à
faire prévaloir, quelle cause plus juste pourrait éveiller
sa sollicitude? Le percement de l'isthme de Suez est la
cause de la civilisation, c'est la plus importante des
conquêtes pacifiques dont notre siècle pourra s'énor-
gueillir. Qui donc, si ce n'est la France, attachera son
nom à cette précieuse conquête ? Il y va de l'intérêt de
tous les peuples, de leur prospérité, de leur union. La
question de l'extrême Orient, question qui se pose au-
jourd'hui avec tant d'autorité devant les conseils de
l'Europe, cette grande et mystérieuse question qui né-
cessite aujourd'hui une expédition anglo-française en
Chine, serait insoluble sans le percement de l'isthme
de Suez, sans ce trait d'union entre l'Orient et l'Occi-
dent.
» La politique française, cette politique humaine et
généreuse qui ne se laisse égarer ni aveugler par les
préoccupations de l'intérêt personnel, est donc directe-
ment intéressée à la solution du problème que M. F. de
Lesseps a soulevé. Nul plus que nous, assurément, ne
souhaite le plus parfait accord de la France et de l'An.
gleterre sur ce point. Ainsi que nous l'avons dit sou-
vent, tout sera possible et facile aux deux grandes na-
tions de l'Occident. tant qu'elles seront unies; la cause
de la civilisation et celle du progrès seraient compro-
mises le jour où de funestes malentendus viendraient à
diviser les deux peuples ou seulement les deux cabi-
nets. Mais, il faut le redire souvent aussi, cet accord
ne peut être fécond que s'il repose sur des bases hono-
rables pour les deux nations. La France ne peut aban-
donner la question de l'isthme de Suez, devenue désor-
mais une question politique de premier ordre. Avec ou
sans le concours de l'Angleterre, cette question doit être
résolue ; elle le sera. Les nouvelles qui nous parvien-
nent de Constantinople donnent lieu d'espérer que le
cabinet anglais, revenu à de meilleurs sentiments, ces-
sera une opposition sourde et égoïste. Mais alors même
que ces nouvelles n'auraient pas de sérieux fondements,
alors même que le gouvernement de la Grande-Breta-
gne persisterait dans une si déplorable erreur, le devoir
de la France serait tout tracé. Il consisterait à. faire
l'Europe juge de la question, à exercer sur la Porte
Ottomane sa légitime influence et à faire peser le droit
et l'intérêt de tous contre le mauvais vouloir ou l'é-
goïsme de quelques-uns. Mais la France ne sera pas
obligée d'en venir là, nous l'espérons. L'Angleterre,
plus intéressée qu'aucune autre nation au percement
de l'isthme de Suez, consentira à l'accomplissement
d'une œuvre destinée à lui procurer de si grands avan-
tages. C'est notre espoir, et si cet espoir venait mal-
heureusement à être déçu, nous persisterions à croire
qu'il est de l'intérêt de l'Europe que l'œuvre s'accom-
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D Louis JOURDAN. »
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Il est remarquable de voir les partisans les plus
sincères de l'alliance de l'Angleterre et de la France
s'accorder dans leurs appréciations sur la politique
suivie de l'autre côté du détroit à l'égard du per-
cement de l'isthme de Suez. Nous avons déjà cité
pour l'Angleterre, quatre membres du cabinet ac-
tuel, les personnages les plus influents dans la ma-
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