Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1859 15 novembre 1859
Description : 1859/11/15 (A4,N82). 1859/11/15 (A4,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529517r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
352 L'ISTHME DE SUEZ.
« Le triomphe de l'Angleterre sur l'isthme de Suez
n'est pas aussi complet qu'on l'avait pu croire un mo-
ment La France et la Russie, réagissant contre les vio-
lences morales de l'ambassadeur britannique, ont donné
à leurs représentants auprès de la Sublime Porte l'or-
dre d'insister pour la continuation des travaux du canal
maritime.
M Une dépêche de Marseille complète et confirme, à
ce sujet, nos informations particulières. Elle nous ap-
prend qu'on a reçu le 21, à Alexandrie, des instructions
du gouvernement français, interdisant à notre consul
tout acte contraire aux droits de la Compagnie du canal
de Suez. La dépêche ajoute que les travaux continuent,
et que M. de Lesseps a dû partir hier de Marseille pour
Constantinople.
» ALEXANDRE BONNEAU. »
Nous croyons pouvoir sans hésitation faire connaî-
tre à l'OPINION NATIONALE qu'aux deux puissances
qu'elle nomme comme agissant à Constantinople en
faveur du canal de Suez, elle pouvait en nommer une
troisième, l'Autriche. N'est-il pas curieux de voir
l'Angleterre provoquer dans cette question, contre
elle, une sorte de coalition diplomatique du continent?
J. MONO IN.
OEDIPE EN ÉGYPTE.
1
Or, ce jour-là OEdipe s'en revenait d'Alexandrie en
Egypte et cheminait afin de regagner Colone ; il allait
entrer dans le désert lorsqu'il fut happé au passage par
le sphinx qui en garde l'entrée :
Pourquoi m'arrêtes-tu? lui demanda OEdipe.
- Je t'arrête, répondit le sphinx, parce que nul ne
peut passer près de moi sans deviner mon énigme.
Quelle énigme?
Celle que je vais te proposer. Tu n'as donc point
pris connaissance du nouveau décret que je viens de
promulguer ?
En aucune façon ; sachant que dans un temps donné
je dois devenir aveugle, je m'habitue à me priver des
douceurs de la lecture.
Alors, je vais te donner l'abrégé de mon décret.
Ecoute :
J'écoute avec religion.
« Quiconque chemine en ce quartier, quiconque
pousse l'audace jusqu'à me frôler est tenu de deviner
la charade que je lui soumets. Si dans les cinq minutes
il ne l'a pas fait, je le dévore. »
Diable ! vous faites le rébus à main armée, vous ?
Je fais ce qu'il me plaît et n'ai à donner à personne
l'explication de ma conduite. Tu passes près de moi, de-
vine ma charade où je te croque.
Dites votre charade, alors.
Défie-toi! Bien des voyageurs ont tenté vainement
d'en trouver le mot ; tu devrais te laisser dévorer tout
de suite et ne pas te casser la tête inutilement.
- Dites.
Tu es entêté.
Dites.
Et OEdipe se croisa les bras en attendant silencieu-
sement la charade.
Le sphinx commença :
Mon premier est un royaume qui occupe en Europe
une des premières places; ses nombreux vaisseaux sil-
lonnent les mers, sa puissance maritime effraie ses voi-
sins; sa richesse, son commerce, sa constitution sont
enviés par le reste du monde, mais son ambition égale
sa prospérité ; il veut tellement qu'il ne sait pas ce qu'il
veut; il est à ce point personnel que les croisades qu'il
entreprend sont toutes en faveur de son intérêt,–de son
intérêt seulement; - il est tour à tour barbare et civili-
sateur en tant que la chose sert son égoïsme. C'est un
ennemi acharné de mon tout. Comprends-tu?
Continuez.
Mon second est une puissance mixte, sans initia-
tive , qui subit tantôt l'influence de l'un, tantôt l'in-
fluence de l'autre, qui craint de déplaire à celui-ci en
contentant celui-là ; mon premier l'a secouru avec l'aide
de mon troisième, on a combattu pour lui ; le cri de
guerre qui faisait tressaillir ses alliés était : civilisation 1
aujourd'hui il n'ose plus agir ; il serait pourtant, s'il le
voulait, un excellent auxiliaire pour mon tout, mais il
craint. Que craint-il? L'inimitié de mon premier. Il ne
laisse pas que de savoir que mon tout lui serait utile
et lui rendrait d'immenses services, et pourtant il ne
se décide pas; il dit oui, il dit non, il n'ose se pronon-
cer. Comprends-tu?
Allez encore.
Mon troisième est un beau pays qui égale en puis-
sance mon premier ; il est le seul au monde qui s'arme
pour secourir le faible et combattre pour un progrès ;
mon tout l'a pour allié sincère. Fort habile en géométrie
politique, il sait que la ligne droite est le plus court
chemin d'un point à un autre.
Comprends-tu? Voici ma charade. Quel est mon tout?
Devine; tu as cinq minutes. Je te le répète : si ces
trois cents secondes écoulées tu n'en as point dit le mot,
il te faudra écrire ton testament et adresser aux dieux
ta dernière prière. J'attends.
Œdipe prit sa tête dans ses mains, réfléchit trois se-
condes, puis il se redressa ; son visage souriait, son œil
brillait.
J'ai trouvé, dit-il.
Déjà! dit le sphinx égyptien, déjà 1
Voici le mot : Ton premier est l'Angleterre.
- Oui.
Ton second, la Turquie.
C'est vrai.
Ton troisième, la France.
Tu as compris.
Et ton tout, l'isthme de Suez.
ERNssT MASSY.
(Charivari.)
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
PARIS. IMPRIMERIE CENTRALE DE NAPOLÉON CHAH El C', BLE BERGÈRE, iO.
« Le triomphe de l'Angleterre sur l'isthme de Suez
n'est pas aussi complet qu'on l'avait pu croire un mo-
ment La France et la Russie, réagissant contre les vio-
lences morales de l'ambassadeur britannique, ont donné
à leurs représentants auprès de la Sublime Porte l'or-
dre d'insister pour la continuation des travaux du canal
maritime.
M Une dépêche de Marseille complète et confirme, à
ce sujet, nos informations particulières. Elle nous ap-
prend qu'on a reçu le 21, à Alexandrie, des instructions
du gouvernement français, interdisant à notre consul
tout acte contraire aux droits de la Compagnie du canal
de Suez. La dépêche ajoute que les travaux continuent,
et que M. de Lesseps a dû partir hier de Marseille pour
Constantinople.
» ALEXANDRE BONNEAU. »
Nous croyons pouvoir sans hésitation faire connaî-
tre à l'OPINION NATIONALE qu'aux deux puissances
qu'elle nomme comme agissant à Constantinople en
faveur du canal de Suez, elle pouvait en nommer une
troisième, l'Autriche. N'est-il pas curieux de voir
l'Angleterre provoquer dans cette question, contre
elle, une sorte de coalition diplomatique du continent?
J. MONO IN.
OEDIPE EN ÉGYPTE.
1
Or, ce jour-là OEdipe s'en revenait d'Alexandrie en
Egypte et cheminait afin de regagner Colone ; il allait
entrer dans le désert lorsqu'il fut happé au passage par
le sphinx qui en garde l'entrée :
Pourquoi m'arrêtes-tu? lui demanda OEdipe.
- Je t'arrête, répondit le sphinx, parce que nul ne
peut passer près de moi sans deviner mon énigme.
Quelle énigme?
Celle que je vais te proposer. Tu n'as donc point
pris connaissance du nouveau décret que je viens de
promulguer ?
En aucune façon ; sachant que dans un temps donné
je dois devenir aveugle, je m'habitue à me priver des
douceurs de la lecture.
Alors, je vais te donner l'abrégé de mon décret.
Ecoute :
J'écoute avec religion.
« Quiconque chemine en ce quartier, quiconque
pousse l'audace jusqu'à me frôler est tenu de deviner
la charade que je lui soumets. Si dans les cinq minutes
il ne l'a pas fait, je le dévore. »
Diable ! vous faites le rébus à main armée, vous ?
Je fais ce qu'il me plaît et n'ai à donner à personne
l'explication de ma conduite. Tu passes près de moi, de-
vine ma charade où je te croque.
Dites votre charade, alors.
Défie-toi! Bien des voyageurs ont tenté vainement
d'en trouver le mot ; tu devrais te laisser dévorer tout
de suite et ne pas te casser la tête inutilement.
- Dites.
Tu es entêté.
Dites.
Et OEdipe se croisa les bras en attendant silencieu-
sement la charade.
Le sphinx commença :
Mon premier est un royaume qui occupe en Europe
une des premières places; ses nombreux vaisseaux sil-
lonnent les mers, sa puissance maritime effraie ses voi-
sins; sa richesse, son commerce, sa constitution sont
enviés par le reste du monde, mais son ambition égale
sa prospérité ; il veut tellement qu'il ne sait pas ce qu'il
veut; il est à ce point personnel que les croisades qu'il
entreprend sont toutes en faveur de son intérêt,–de son
intérêt seulement; - il est tour à tour barbare et civili-
sateur en tant que la chose sert son égoïsme. C'est un
ennemi acharné de mon tout. Comprends-tu?
Continuez.
Mon second est une puissance mixte, sans initia-
tive , qui subit tantôt l'influence de l'un, tantôt l'in-
fluence de l'autre, qui craint de déplaire à celui-ci en
contentant celui-là ; mon premier l'a secouru avec l'aide
de mon troisième, on a combattu pour lui ; le cri de
guerre qui faisait tressaillir ses alliés était : civilisation 1
aujourd'hui il n'ose plus agir ; il serait pourtant, s'il le
voulait, un excellent auxiliaire pour mon tout, mais il
craint. Que craint-il? L'inimitié de mon premier. Il ne
laisse pas que de savoir que mon tout lui serait utile
et lui rendrait d'immenses services, et pourtant il ne
se décide pas; il dit oui, il dit non, il n'ose se pronon-
cer. Comprends-tu?
Allez encore.
Mon troisième est un beau pays qui égale en puis-
sance mon premier ; il est le seul au monde qui s'arme
pour secourir le faible et combattre pour un progrès ;
mon tout l'a pour allié sincère. Fort habile en géométrie
politique, il sait que la ligne droite est le plus court
chemin d'un point à un autre.
Comprends-tu? Voici ma charade. Quel est mon tout?
Devine; tu as cinq minutes. Je te le répète : si ces
trois cents secondes écoulées tu n'en as point dit le mot,
il te faudra écrire ton testament et adresser aux dieux
ta dernière prière. J'attends.
Œdipe prit sa tête dans ses mains, réfléchit trois se-
condes, puis il se redressa ; son visage souriait, son œil
brillait.
J'ai trouvé, dit-il.
Déjà! dit le sphinx égyptien, déjà 1
Voici le mot : Ton premier est l'Angleterre.
- Oui.
Ton second, la Turquie.
C'est vrai.
Ton troisième, la France.
Tu as compris.
Et ton tout, l'isthme de Suez.
ERNssT MASSY.
(Charivari.)
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