Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N81). 1859/10/01 (A4,N81).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529516b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 331
leur a fait tant d'ennemis, et à laquelle un pays comme
le nôtre ne saurait faire, même dans l'intérêt de la paix,
des sacrifices indéfinis. »
AD. GUÉROULT.
LE PROGRÉS D'UNE IDÉE.
(Traduit du DIARIO de Barcelone.)
Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a juste
un an que Barcelone, le cœur plein d'affection recon-
naissante et l'esprit inspiré d'heureuses espérances, ac-
cueillait avec-des hommages inusités et des démons-
trations spontanées l'illustre promoteur de l'ouverture
du canal de Suez. Alors nous disions dans cette même
feuille :
« C'est une loi de l'humaine nature qu'aucune grande
» conquête ne se réalise sans les difficultés et les dou-
» leurs qui la rendent précieuse; par cette raison les
» esprits vulgaires cèdent à la résistance suscitée par
» les premières tentatives, et les seuls hommes prédesti-
» nés viennent à l'heure signalée par la Providence, con-
» vertie en fait palpable ce qui fut tenu jusqu'alors pour
Il une chimère irréalisable.
» L'idée de traverser par un canal l'isthme de
» Suez n'est ni neuve ni de date récente; mais
» au premier qui conçoit une idée, il est rare-
» ment réservé de la réaliser. Lorsqu'un projet est de
» nature à influer notablement par son exécution sur
» la vie morale et matérielle des peuples, il ne suffit
» pas de la foi d'un homme seul, de cette foi qui remue
» les montagnes pour le mener à fin; il est nécessaire
» que la foi de plusieurs générations s'accumule pour
D vaincre tous les obstacles, et le moment venu, l'hom.
» me apparaît qui, concentrant en lui tout ce trésor de
» foi, lepousse comme un bélier irrésistible contre toutes
» les préoccupations et tous les mesquins intérêts qUi
» s'opposent au passage de l'idée triomphante.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est arrivée ; les
» symptômes sont infaillibles: la Turquie se dissout.
» l'Inde se soulève contre la domination trop exclusive
» d'une puissance; la civilisation chrétienne frappe aux
» portes du Japon et de la Chine ; une route plus courte
» pour mettre en communication plus fréquente et plus
» immédiate les peuples de l'Orient et de l'Occident est
» dès à présent nécessaire, et l'histoire nous dit que tou-
» jours, à côté de ces grandes et légitimes nécessités,
» Dieu a mis les moyens de les satisfaire.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est arrivée, parce
» que l'homme a paru qui résume en lui la foi,la volonté,
» la persévérance de tous ceux qui, à des époques anté-
Il rieures, imaginèrent la réalisation de ce projet gran-
Il diose. »
L'histoire du projet, dans la période écoulée depuis
que nous écrivions les lignes ci-dessus, nous confirme
dans la croyance qu'elles expriment. L'idée de l'ouver-
ture du canal a suivi sa marche toujours progressive et
toujours mêlée de luttes et de contrariétés.
M. de Lesseps, constant dans son principe de faire du
projet de l'union des deux mers non une idée purement
de spéculation, non le patrimoine d'un individu ou
d'une nation, mais une idée humanitaire et civilisatrice
et par conséquent universelle, comme il l'avait livrée à
l'examen et à la discussion de tous les peuples, en appela
ensuite au concours de tous les peuples pour la con-
vertir en fait matériel ; tous les peuples répondirent gé-
néreusement malgré la crise très-pénible qui affectait
les entreprises de cette espèce, au généreux appel de
celui qui a su, avec tant de dignité et de noblesse,
personnifier cette grandiose pensée.
Aux yeux des hommes pratiques, c'était là le pas le
plus difficile et le plus périlleux du projet; c'était la
pierre de touche qui devait vérifier les sympathies de
l'Europe en faveur de l'idée, et prouver ce qu'avaient de
solide et de sincère ces adhésions et ces espérances
des peuples. C'était traverser la grande vallée qui
sépare toujours la proposition de la réalité, vallée con-
tre laquelle se brisent si souvent les projets les mieux
conçus et offrant les meilleures garanties d'une issue
favorable. Personne n'a oublié de quelle manière le pro-
jet est sorti de cette épreuve, dépassant les prévisions
des personnes les plus versées en ce genre d'affaires.
La Société constituée, le conseil d'administration
nommé, dans lequel tous les principaux peuples de l'Eu-
rope ont leur représentant, l'intérêt de l'avenir se forti-
fiait des intérêts du présent, et l'entreprise du canal de
Suez se couvrait des pavillons de toutes les nations qui
lui prêtaient le concours de leurs capitaux.
Le moment était venu de confronter sur le terrain des
faits les calculs et les appréciations de la science. Le
devis des dépenses était-il chimérique? Une maison des
plus réputées d'Europe par son intelligence, par sa pro-
bité et par les moyens puissants dont elle dispose, se
charge de la construction du canal, offrant, après avoir
présenté de suffisantes garanties, d'exécuter les travaux
à un prix inférieur aux devis.
Voici un troisième pas dans le progrès, et l'idée triom-
phante avance toujours. Les études postérieures et défi-
nitives confirment complétement les antérieures et dé-
couvrent de nouvelles facilités pour l'exécution de l'œu-
vre. Les obstacles matériels disparaissent sans résis-
tance ; tout cède au pouvoir d'une idée mûrement con-
çue et fortement conduite. Un homme seul se montre
rebelle à l'achèvement de cet ouvrage, qui porte en lui
le sceau providentiel des progrès humains. Ce sont tou-
jours les mêmes moyens mis au service de la même
fin : l'égoïsme, l'envie et la fausseté, luttant à bras
raccourci pour sacrifier les grands intérêts de l'humanité
aux mesquins intérêts d'un seul peuple ou même à l'a-
mour-propre d'un seul individu.
Uue poignée d'hommes, personnification du vieil es-
prit anglais, rétrograde, chicaneur et égoïste, crée des
embarras à la réalisation du canal, au nom des intérêts
permanents de V Angleterre. Daniel-Adolphe Lange, per-
sonne très-distinguée et considérée du Royaume-Uni,
rappelait, il y a peu de jours, à ces hommes représentés
par lord Palmerston, qu'au nom de ces mêmes intérêts
permanents on avait déclaré fou William Hedley, in-
venteur de la locomotive, et que sous le même prétexte
on avait opposé une résistance acharnée à l'établisse-
leur a fait tant d'ennemis, et à laquelle un pays comme
le nôtre ne saurait faire, même dans l'intérêt de la paix,
des sacrifices indéfinis. »
AD. GUÉROULT.
LE PROGRÉS D'UNE IDÉE.
(Traduit du DIARIO de Barcelone.)
Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a juste
un an que Barcelone, le cœur plein d'affection recon-
naissante et l'esprit inspiré d'heureuses espérances, ac-
cueillait avec-des hommages inusités et des démons-
trations spontanées l'illustre promoteur de l'ouverture
du canal de Suez. Alors nous disions dans cette même
feuille :
« C'est une loi de l'humaine nature qu'aucune grande
» conquête ne se réalise sans les difficultés et les dou-
» leurs qui la rendent précieuse; par cette raison les
» esprits vulgaires cèdent à la résistance suscitée par
» les premières tentatives, et les seuls hommes prédesti-
» nés viennent à l'heure signalée par la Providence, con-
» vertie en fait palpable ce qui fut tenu jusqu'alors pour
Il une chimère irréalisable.
» L'idée de traverser par un canal l'isthme de
» Suez n'est ni neuve ni de date récente; mais
» au premier qui conçoit une idée, il est rare-
» ment réservé de la réaliser. Lorsqu'un projet est de
» nature à influer notablement par son exécution sur
» la vie morale et matérielle des peuples, il ne suffit
» pas de la foi d'un homme seul, de cette foi qui remue
» les montagnes pour le mener à fin; il est nécessaire
» que la foi de plusieurs générations s'accumule pour
D vaincre tous les obstacles, et le moment venu, l'hom.
» me apparaît qui, concentrant en lui tout ce trésor de
» foi, lepousse comme un bélier irrésistible contre toutes
» les préoccupations et tous les mesquins intérêts qUi
» s'opposent au passage de l'idée triomphante.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est arrivée ; les
» symptômes sont infaillibles: la Turquie se dissout.
» l'Inde se soulève contre la domination trop exclusive
» d'une puissance; la civilisation chrétienne frappe aux
» portes du Japon et de la Chine ; une route plus courte
» pour mettre en communication plus fréquente et plus
» immédiate les peuples de l'Orient et de l'Occident est
» dès à présent nécessaire, et l'histoire nous dit que tou-
» jours, à côté de ces grandes et légitimes nécessités,
» Dieu a mis les moyens de les satisfaire.
» L'heure d'ouvrir le canal de Suez est arrivée, parce
» que l'homme a paru qui résume en lui la foi,la volonté,
» la persévérance de tous ceux qui, à des époques anté-
Il rieures, imaginèrent la réalisation de ce projet gran-
Il diose. »
L'histoire du projet, dans la période écoulée depuis
que nous écrivions les lignes ci-dessus, nous confirme
dans la croyance qu'elles expriment. L'idée de l'ouver-
ture du canal a suivi sa marche toujours progressive et
toujours mêlée de luttes et de contrariétés.
M. de Lesseps, constant dans son principe de faire du
projet de l'union des deux mers non une idée purement
de spéculation, non le patrimoine d'un individu ou
d'une nation, mais une idée humanitaire et civilisatrice
et par conséquent universelle, comme il l'avait livrée à
l'examen et à la discussion de tous les peuples, en appela
ensuite au concours de tous les peuples pour la con-
vertir en fait matériel ; tous les peuples répondirent gé-
néreusement malgré la crise très-pénible qui affectait
les entreprises de cette espèce, au généreux appel de
celui qui a su, avec tant de dignité et de noblesse,
personnifier cette grandiose pensée.
Aux yeux des hommes pratiques, c'était là le pas le
plus difficile et le plus périlleux du projet; c'était la
pierre de touche qui devait vérifier les sympathies de
l'Europe en faveur de l'idée, et prouver ce qu'avaient de
solide et de sincère ces adhésions et ces espérances
des peuples. C'était traverser la grande vallée qui
sépare toujours la proposition de la réalité, vallée con-
tre laquelle se brisent si souvent les projets les mieux
conçus et offrant les meilleures garanties d'une issue
favorable. Personne n'a oublié de quelle manière le pro-
jet est sorti de cette épreuve, dépassant les prévisions
des personnes les plus versées en ce genre d'affaires.
La Société constituée, le conseil d'administration
nommé, dans lequel tous les principaux peuples de l'Eu-
rope ont leur représentant, l'intérêt de l'avenir se forti-
fiait des intérêts du présent, et l'entreprise du canal de
Suez se couvrait des pavillons de toutes les nations qui
lui prêtaient le concours de leurs capitaux.
Le moment était venu de confronter sur le terrain des
faits les calculs et les appréciations de la science. Le
devis des dépenses était-il chimérique? Une maison des
plus réputées d'Europe par son intelligence, par sa pro-
bité et par les moyens puissants dont elle dispose, se
charge de la construction du canal, offrant, après avoir
présenté de suffisantes garanties, d'exécuter les travaux
à un prix inférieur aux devis.
Voici un troisième pas dans le progrès, et l'idée triom-
phante avance toujours. Les études postérieures et défi-
nitives confirment complétement les antérieures et dé-
couvrent de nouvelles facilités pour l'exécution de l'œu-
vre. Les obstacles matériels disparaissent sans résis-
tance ; tout cède au pouvoir d'une idée mûrement con-
çue et fortement conduite. Un homme seul se montre
rebelle à l'achèvement de cet ouvrage, qui porte en lui
le sceau providentiel des progrès humains. Ce sont tou-
jours les mêmes moyens mis au service de la même
fin : l'égoïsme, l'envie et la fausseté, luttant à bras
raccourci pour sacrifier les grands intérêts de l'humanité
aux mesquins intérêts d'un seul peuple ou même à l'a-
mour-propre d'un seul individu.
Uue poignée d'hommes, personnification du vieil es-
prit anglais, rétrograde, chicaneur et égoïste, crée des
embarras à la réalisation du canal, au nom des intérêts
permanents de V Angleterre. Daniel-Adolphe Lange, per-
sonne très-distinguée et considérée du Royaume-Uni,
rappelait, il y a peu de jours, à ces hommes représentés
par lord Palmerston, qu'au nom de ces mêmes intérêts
permanents on avait déclaré fou William Hedley, in-
venteur de la locomotive, et que sous le même prétexte
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