Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
226 L'ISTËME DE SUEZ,
moment de 12 à 13 régiments ; mais ils n'ont pas une
moyenne de 400 hommes, et je doute qu'au total ils
forment plus de 4,000 hommes.
» Comment cependant a-t-on conduit l'instruction de
ces hommes? J'ai en ce moment sous les yeux, de
l'autre côté de ce port, le plus nombreux régiment
d'artillerie existant dans le Royaume-Uni, et comptant
près de neuf cents hommes. Ils ont été formés en corps
pour neuf mois ; mais ils n'ont pas encore reçu un seul
paquet de gargousses ni tiré un coup de canon. Cepen-
dant le pays paie à ces hommes une solde extraordi-
naire pour ne rien faire dans l'arme spéciale de leur
service. Les autres régiments d'artillerie sont-ils dans
le même état de négligence? S'il en est ainsi, le dernier
ministre de la guerre aurait fait beaucoup mieux de
s'occuper de leurs besoins que de nous présenter main-
tenant des informations enflées sur leurs forces et leur
efficacité.
» Tournons-nous cependant vers une autre arme du
service très-importante, la cavalerie. Elle consiste en
trois régiments de gardes du corps et en treize régi-
ments de grosse et légère ordonnance, présents actuel-
lement dans nos îles. Le tout représente probablement
6,000 chevaux. Un tiers de cette frce étant en Irlande,
nous pouvons calculer à 4,000 chevaux celle qui reste
en Angleterre. Déduisez les non-effectifs, les ordon-
nances, etc., et vous diminuerez encore ce nombre ;
or, la cavalerie est une branche de service qui, plus
encore que l'artillerie, exige une longue instruction.
J'ai vu le 18e de hussards, levé il y a un an et demi et,
quoiqu'il ait fait des progrès étonnants, personne ne
consentirait à le faire entrer en ligne contre l'ennemi
à l'instant actuel. Ceci est une affaire d'urgence et il
y faut regarder.
® Nous faisons trop de bruit de notre flotte et pla-
çons trop de confiance dans nos « murailles de bois. »
Cette confiance, si elle nous laisse dépourvus d'une
armée respectable, ou au moins du noyau d'une armée
solide et bien exercée, peut, dans un fâcheux momet ,
nous laisser complètement abattus.
» C'est un fait curieux que le nombre des hommes
hors de combat dans la campagne d'Italie, dont la
durée jusqu'ici n'est que de peu de semaines, est plus
considérable que toute la force que nous pourrions
mettre en bataille ; que la cavalerie autrichienne est
plus nombreuse que tout l'ensemble effectif de notre
cavalerie et de notre infanterie en Angleterre, et que
les pertes soutenues par l'armée du petit Etat de Sar-
daigne, dans la bataille de Solferino, s'élèvent à elles
seules à un chiffre plus haut que toute notre force en
cavalerie.
« Je suis, etc.
» UN OFFICIER COMMANDANT UN RÉGIMENT. »
LES RUSSES EN ASIE.
(2e article.)
Si chaque jour le monde physique se modifie aux
yeux des géologues, le monde politique offre des
transformations plus rapides et plus imprévues, parce
que celui-ci se compose d'existences plus éphémères.
Il y a cent cinquante ans à peine qu'un Etat jusque-
là ignoré, ne comptant pour rien dans les relations
de l'Europe , se débattant alors avec peine du milieu
de hordes tartares, souvent étouffé par la Pologne ou
écrasé par la Suède, s'étend aujourd'hui des bords du
Niéhmen au détroit de Béring ! Sans bornes au Nord,
il pèse de son immensité sur la Turquie, la Perse et
rindo-Chme! Renfermant quatre mers sans issue dans
les terres de sa domination, il veut néanmoins deve-
nirune des premières puissances maritimesdu monde;
assiégé par les glaces de tous côtés et paralysé par
les hivers, il songe à échapper à ces difficultés de la
nature comme il a triomphé de ses voisins, à force d'ha-
bileté, de travail, d'opiniâtreté et de courage!
Un homme seul lui a tracé sa politique, et cet homme
n'a pas pensé un seul instant à se faire appeler grand
homme par sa nation, qu'il contrariait dans ses goûts,
qu'il blessait dans ses instincts, comme il se montra
insoucieux de sa propre famille, voulant être plus
patriote que dynastique en faisant massacrer à ses
pieds son fils unique qui se montrait hostile aux vues
et aux réformes qui dans l'opinion du père devaient
assurer la grandeur future de son pays !
Catherine II a cru devoir élever un monument à
Pierre Ier sur la place d'Isaac; c'était un peu pour se
hisser dans la postérité. Pierre n'en avait pas besoin
pour vivre dans la mémoire des Russes. Il se dresse
dans l'histoire comme le plus étonnant génie qu'ait
inspiré le patriotisme. La carte de la Russie qui me-
sure trois mille lieues est le monument de sa gloire.
Et cette gloire n'est pas seulement immense en éten-
due, elle l'est aussi en profondeur. Cet homme qui
restait Moscovite à table et s'y livrait à des excès
avec des compagnons pour sacrifier à l'énergie de sa
nature, s'élevait aux plus grandes hauteurs de la po-
litique dans la solitude de son cabinet. Il allait rom-
pre avec les mœurs, les habitudes et la barbarie de
son temps et se placer en vedette dans les champs de
l'avenir. - Il était seul alors, il marchait vraiment
à la tête de sa nation, qui ne le suit qu'à cent ans de
distance : mais il savait l'empire de l'exemple sur cette
masse inculte, sans initiative et sans réflexion qu'il
avait à diriger. Il n'avait pas d'armée disciplinée,
il se fait soldat et monte sa garde ; il n'avait pas de
vaisseau, il se fait charpentier; il n'avait pas de ma-
rine, il se fait matelot. De même que tant d'autres
chefs d'Etat, pour perdre leurs peuples, inventent,
comme Philippe II et Philippe IV, la gravité espagnole
qui engendra la fainéantise (1), ou, comme Louis XV,
la galanterie qui donna tant de légèreté à notre carac-
tère national, Pierre voulut donner le goût du travail
à un peuple asiatique en lui montrant les mains cal-
(1) Testament du cardinal Alberoni, page 19.
moment de 12 à 13 régiments ; mais ils n'ont pas une
moyenne de 400 hommes, et je doute qu'au total ils
forment plus de 4,000 hommes.
» Comment cependant a-t-on conduit l'instruction de
ces hommes? J'ai en ce moment sous les yeux, de
l'autre côté de ce port, le plus nombreux régiment
d'artillerie existant dans le Royaume-Uni, et comptant
près de neuf cents hommes. Ils ont été formés en corps
pour neuf mois ; mais ils n'ont pas encore reçu un seul
paquet de gargousses ni tiré un coup de canon. Cepen-
dant le pays paie à ces hommes une solde extraordi-
naire pour ne rien faire dans l'arme spéciale de leur
service. Les autres régiments d'artillerie sont-ils dans
le même état de négligence? S'il en est ainsi, le dernier
ministre de la guerre aurait fait beaucoup mieux de
s'occuper de leurs besoins que de nous présenter main-
tenant des informations enflées sur leurs forces et leur
efficacité.
» Tournons-nous cependant vers une autre arme du
service très-importante, la cavalerie. Elle consiste en
trois régiments de gardes du corps et en treize régi-
ments de grosse et légère ordonnance, présents actuel-
lement dans nos îles. Le tout représente probablement
6,000 chevaux. Un tiers de cette frce étant en Irlande,
nous pouvons calculer à 4,000 chevaux celle qui reste
en Angleterre. Déduisez les non-effectifs, les ordon-
nances, etc., et vous diminuerez encore ce nombre ;
or, la cavalerie est une branche de service qui, plus
encore que l'artillerie, exige une longue instruction.
J'ai vu le 18e de hussards, levé il y a un an et demi et,
quoiqu'il ait fait des progrès étonnants, personne ne
consentirait à le faire entrer en ligne contre l'ennemi
à l'instant actuel. Ceci est une affaire d'urgence et il
y faut regarder.
® Nous faisons trop de bruit de notre flotte et pla-
çons trop de confiance dans nos « murailles de bois. »
Cette confiance, si elle nous laisse dépourvus d'une
armée respectable, ou au moins du noyau d'une armée
solide et bien exercée, peut, dans un fâcheux momet ,
nous laisser complètement abattus.
» C'est un fait curieux que le nombre des hommes
hors de combat dans la campagne d'Italie, dont la
durée jusqu'ici n'est que de peu de semaines, est plus
considérable que toute la force que nous pourrions
mettre en bataille ; que la cavalerie autrichienne est
plus nombreuse que tout l'ensemble effectif de notre
cavalerie et de notre infanterie en Angleterre, et que
les pertes soutenues par l'armée du petit Etat de Sar-
daigne, dans la bataille de Solferino, s'élèvent à elles
seules à un chiffre plus haut que toute notre force en
cavalerie.
« Je suis, etc.
» UN OFFICIER COMMANDANT UN RÉGIMENT. »
LES RUSSES EN ASIE.
(2e article.)
Si chaque jour le monde physique se modifie aux
yeux des géologues, le monde politique offre des
transformations plus rapides et plus imprévues, parce
que celui-ci se compose d'existences plus éphémères.
Il y a cent cinquante ans à peine qu'un Etat jusque-
là ignoré, ne comptant pour rien dans les relations
de l'Europe , se débattant alors avec peine du milieu
de hordes tartares, souvent étouffé par la Pologne ou
écrasé par la Suède, s'étend aujourd'hui des bords du
Niéhmen au détroit de Béring ! Sans bornes au Nord,
il pèse de son immensité sur la Turquie, la Perse et
rindo-Chme! Renfermant quatre mers sans issue dans
les terres de sa domination, il veut néanmoins deve-
nirune des premières puissances maritimesdu monde;
assiégé par les glaces de tous côtés et paralysé par
les hivers, il songe à échapper à ces difficultés de la
nature comme il a triomphé de ses voisins, à force d'ha-
bileté, de travail, d'opiniâtreté et de courage!
Un homme seul lui a tracé sa politique, et cet homme
n'a pas pensé un seul instant à se faire appeler grand
homme par sa nation, qu'il contrariait dans ses goûts,
qu'il blessait dans ses instincts, comme il se montra
insoucieux de sa propre famille, voulant être plus
patriote que dynastique en faisant massacrer à ses
pieds son fils unique qui se montrait hostile aux vues
et aux réformes qui dans l'opinion du père devaient
assurer la grandeur future de son pays !
Catherine II a cru devoir élever un monument à
Pierre Ier sur la place d'Isaac; c'était un peu pour se
hisser dans la postérité. Pierre n'en avait pas besoin
pour vivre dans la mémoire des Russes. Il se dresse
dans l'histoire comme le plus étonnant génie qu'ait
inspiré le patriotisme. La carte de la Russie qui me-
sure trois mille lieues est le monument de sa gloire.
Et cette gloire n'est pas seulement immense en éten-
due, elle l'est aussi en profondeur. Cet homme qui
restait Moscovite à table et s'y livrait à des excès
avec des compagnons pour sacrifier à l'énergie de sa
nature, s'élevait aux plus grandes hauteurs de la po-
litique dans la solitude de son cabinet. Il allait rom-
pre avec les mœurs, les habitudes et la barbarie de
son temps et se placer en vedette dans les champs de
l'avenir. - Il était seul alors, il marchait vraiment
à la tête de sa nation, qui ne le suit qu'à cent ans de
distance : mais il savait l'empire de l'exemple sur cette
masse inculte, sans initiative et sans réflexion qu'il
avait à diriger. Il n'avait pas d'armée disciplinée,
il se fait soldat et monte sa garde ; il n'avait pas de
vaisseau, il se fait charpentier; il n'avait pas de ma-
rine, il se fait matelot. De même que tant d'autres
chefs d'Etat, pour perdre leurs peuples, inventent,
comme Philippe II et Philippe IV, la gravité espagnole
qui engendra la fainéantise (1), ou, comme Louis XV,
la galanterie qui donna tant de légèreté à notre carac-
tère national, Pierre voulut donner le goût du travail
à un peuple asiatique en lui montrant les mains cal-
(1) Testament du cardinal Alberoni, page 19.
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