Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
218 L'ISTHME DE SUEZ,
qui ont éclaté dans presque tous les cantonnements
de l'armée de l'ancienne Compagnie. Il paraît certain
que partout l'autorité a été méconnue, la voix des
officiers dédaignée ; l'armée régulière de la reine au-
rait même sympathisé avec les mutins, et dans un
moment où il suffit à peine de l'union et de la disci-
pline des corps européens pour contenir la fermen-
tation des indigènes, ces corps au contraire ont jus-
qu'ici refusé leurs services et inspirent au gouver-
neur général et au général en chef les plus vives
anxiétés.
On suppose qu'en cédant aux exigences des mécon-
tens, l'harmonie et la concorde se rétabliront entre le
gouvernement indien et son armée européenne ; mais
nu coup formidable n'en aura pas moins été porté et
à la discipline et à l'autorité. Les soldats ont essayé
leur pouvoir ; les concessions du gouvernement vont
leur apprendre qu'ils sont les maîtres, et Dieu sait
ce qui peut sortir de cet état de choses.
D'un autre côté, les Indous savent que la discorde
règne ou peut régner parmi leurs dominateurs, etla
connaissance de ce fait doit être loin de décourager
leurs espérances ou leurs complots
L'Angleterre garde et paie également à son ser-
vice une armée de sicks , que les journaux anglais
font monter à près de cent mille hommes. Les sicks
on le sait, ont été soumis à la conquête britannique
par l'ancienne armée des cipayes, et l'Angleterre fort
habilement a su exploiter ce souvenir et les rancunes
de cette population belliqueuse pour écraser à son
tour la révolte des cipayes par les sicks. Mais on ra-
conte d'autre part que les sicks relèvent la tête ;
qu'ils se regardent comme les véritables vainqueurs
de l'Inde, et le Penjaub n'a jamais été tellement tran-
quille, qu'on puisse faire foi sur sa fidélité,
Dans ces perplexités , quelle ressource reste-t-il à
l'Angleterre? Elle s'est épuisée à envoyer aux Indes
une armée qui, pour le moment au moins, est pres-
que paralysée dans ses mains. Elle craint les Indous
et les musulmans, elle n'ose compter sur les sicks.
Plus que jamais, il lui faut donc des moyens rapides,
économiques, de communiquer avec les Indes. Le long
et coûteux passage par le cap altère la santé de ses
soldats, fatigue l'état de ses finances. Comment donc
n'apercevrait-elle point que le canal de Suez lui offri-
rait, par sa prompte exécution, un instrument presque
providentiel pour parer à tant d'éventualités mena-
çantes? Mais le canal de Suez pour elle a encore une
autre utilité. Les provinces indiennes sont ravagées
et ruinées, le commerce y languit. Le passage par
l'isthme amènerait incontestablement sur toute la côte
indienne un immense mouvement commercial, capa-
ble, peut-être, de faire diversion aux passions insur-
rectionnelles. L'Inde n'a-t-elle point à se plaindre du
gouvernement métropolitain? N'a-t-elle point à l'ac-
cuser d'égoïsme et de mépris lorsqu'elle voit ce gou-
vernement combattre et lui refuser une route maritime
qui la rapprocherait de 3,000 lieues des centres com-
merciaux et industriels de notre continent ? La ter-
reur n'a qu'un temps; il faut lion que la justice et la
réparation aient leur jour. Et comment les populations
indiennes peuvent-elles l'esp2rer, si l'on veut continuer
à les tenir dans leur isolement et dans leur misère?
Voici, au surplus, les correspondances récentes que
nous donnent les journaux sur l'état des esprits et
des choses dans la pésinsule indoustanique.
MONGIN.
Correspondance particulière de la PATRIE.
« Calcutta, 3 juin.
» La mutinerie des troupes européennes, autrefois au
service de la Compagnie des Indes, mais actuellement
à celui du gouvernement de la reine, n'a pas encore
cessé, bien que les officiers et même le général com-
mandant en chef, lord Clyde, n'aient épargné ni me-
naces ni promesses pour faire rentrer les soldats dans
le devoir.
» Le nombre des troupes européennes de l'ex-Compa-
gnie ne s'élève pas à moins de 20 à 30,000 hommes,
repartis sur toutes les provinces. Si ces troupes ve-
naient à prendre les armes contre le gouvernement, les
conséquences seraient incalculables. En attendant que
le gouvernement ait statué sur leurs griefs, beaucoup
d'hommes de différents régiments refusent de servir en
disant: cc Nous ne sommes plus soldats ; » d'autres font
leur service avec une répugnance marquée.
» Le gouvernement fait contredire ce que je vous ai
dit dans ma dernière lettre, savoir : que les régiments
de la reine, proprement dits, c'est-à-dire de l'armée an-
glaise régulière, sympathisent ouvertement avec les
mutins. Mais le gouvernement se trompe; il est par-
faitement vrai que plusieurs régiments, notamment le
15e, ont déclaré que les mutins ont raison, et qu'ils ne
veulent pas les contraindre de rentrer dans le devoir.
« Nous sommes Anglais comme eux, disent-ils, et nous
ne fusillerons jamais nos compatriotes. Il
» L'opinion publique se prononce de plus en plus
pour les mutins. Tout le monde dit que, d'après les lois
anglaises et d'après les simples règles de la bonne foi,
le gouvernement n'aurait pas dû transférer en bloc
l'armée de la Compagnie au service de la reine sans
consulter les soldats. Ces hommes se sont engagés de
servir la Compagnie; la Compagnie est morte : donc
leur engagement est terminé. Il suit de là que les
hommes qui veulent se retirer doivent en avoir la fa-
culté, et que ceux qui veulent rester doivent être en-
gagés à nouveau, et par conséquent recevoir la prime
du réengagement.
» Les rebelles continuent à occuper et à ravager
plusieurs provinces, et les troupes anglaises s'épuisent
à les poursuivre. On est très-mécontent de Yon Baha-
door, le fameux allié des Anglais, parce qu'il n'a pas
pu ou ne veut pas chasser de ses Etats les rebelles qui
s'y sont réfugiés.
» Le commerce va mal, et le trésor est presque à sec.
qui ont éclaté dans presque tous les cantonnements
de l'armée de l'ancienne Compagnie. Il paraît certain
que partout l'autorité a été méconnue, la voix des
officiers dédaignée ; l'armée régulière de la reine au-
rait même sympathisé avec les mutins, et dans un
moment où il suffit à peine de l'union et de la disci-
pline des corps européens pour contenir la fermen-
tation des indigènes, ces corps au contraire ont jus-
qu'ici refusé leurs services et inspirent au gouver-
neur général et au général en chef les plus vives
anxiétés.
On suppose qu'en cédant aux exigences des mécon-
tens, l'harmonie et la concorde se rétabliront entre le
gouvernement indien et son armée européenne ; mais
nu coup formidable n'en aura pas moins été porté et
à la discipline et à l'autorité. Les soldats ont essayé
leur pouvoir ; les concessions du gouvernement vont
leur apprendre qu'ils sont les maîtres, et Dieu sait
ce qui peut sortir de cet état de choses.
D'un autre côté, les Indous savent que la discorde
règne ou peut régner parmi leurs dominateurs, etla
connaissance de ce fait doit être loin de décourager
leurs espérances ou leurs complots
L'Angleterre garde et paie également à son ser-
vice une armée de sicks , que les journaux anglais
font monter à près de cent mille hommes. Les sicks
on le sait, ont été soumis à la conquête britannique
par l'ancienne armée des cipayes, et l'Angleterre fort
habilement a su exploiter ce souvenir et les rancunes
de cette population belliqueuse pour écraser à son
tour la révolte des cipayes par les sicks. Mais on ra-
conte d'autre part que les sicks relèvent la tête ;
qu'ils se regardent comme les véritables vainqueurs
de l'Inde, et le Penjaub n'a jamais été tellement tran-
quille, qu'on puisse faire foi sur sa fidélité,
Dans ces perplexités , quelle ressource reste-t-il à
l'Angleterre? Elle s'est épuisée à envoyer aux Indes
une armée qui, pour le moment au moins, est pres-
que paralysée dans ses mains. Elle craint les Indous
et les musulmans, elle n'ose compter sur les sicks.
Plus que jamais, il lui faut donc des moyens rapides,
économiques, de communiquer avec les Indes. Le long
et coûteux passage par le cap altère la santé de ses
soldats, fatigue l'état de ses finances. Comment donc
n'apercevrait-elle point que le canal de Suez lui offri-
rait, par sa prompte exécution, un instrument presque
providentiel pour parer à tant d'éventualités mena-
çantes? Mais le canal de Suez pour elle a encore une
autre utilité. Les provinces indiennes sont ravagées
et ruinées, le commerce y languit. Le passage par
l'isthme amènerait incontestablement sur toute la côte
indienne un immense mouvement commercial, capa-
ble, peut-être, de faire diversion aux passions insur-
rectionnelles. L'Inde n'a-t-elle point à se plaindre du
gouvernement métropolitain? N'a-t-elle point à l'ac-
cuser d'égoïsme et de mépris lorsqu'elle voit ce gou-
vernement combattre et lui refuser une route maritime
qui la rapprocherait de 3,000 lieues des centres com-
merciaux et industriels de notre continent ? La ter-
reur n'a qu'un temps; il faut lion que la justice et la
réparation aient leur jour. Et comment les populations
indiennes peuvent-elles l'esp2rer, si l'on veut continuer
à les tenir dans leur isolement et dans leur misère?
Voici, au surplus, les correspondances récentes que
nous donnent les journaux sur l'état des esprits et
des choses dans la pésinsule indoustanique.
MONGIN.
Correspondance particulière de la PATRIE.
« Calcutta, 3 juin.
» La mutinerie des troupes européennes, autrefois au
service de la Compagnie des Indes, mais actuellement
à celui du gouvernement de la reine, n'a pas encore
cessé, bien que les officiers et même le général com-
mandant en chef, lord Clyde, n'aient épargné ni me-
naces ni promesses pour faire rentrer les soldats dans
le devoir.
» Le nombre des troupes européennes de l'ex-Compa-
gnie ne s'élève pas à moins de 20 à 30,000 hommes,
repartis sur toutes les provinces. Si ces troupes ve-
naient à prendre les armes contre le gouvernement, les
conséquences seraient incalculables. En attendant que
le gouvernement ait statué sur leurs griefs, beaucoup
d'hommes de différents régiments refusent de servir en
disant: cc Nous ne sommes plus soldats ; » d'autres font
leur service avec une répugnance marquée.
» Le gouvernement fait contredire ce que je vous ai
dit dans ma dernière lettre, savoir : que les régiments
de la reine, proprement dits, c'est-à-dire de l'armée an-
glaise régulière, sympathisent ouvertement avec les
mutins. Mais le gouvernement se trompe; il est par-
faitement vrai que plusieurs régiments, notamment le
15e, ont déclaré que les mutins ont raison, et qu'ils ne
veulent pas les contraindre de rentrer dans le devoir.
« Nous sommes Anglais comme eux, disent-ils, et nous
ne fusillerons jamais nos compatriotes. Il
» L'opinion publique se prononce de plus en plus
pour les mutins. Tout le monde dit que, d'après les lois
anglaises et d'après les simples règles de la bonne foi,
le gouvernement n'aurait pas dû transférer en bloc
l'armée de la Compagnie au service de la reine sans
consulter les soldats. Ces hommes se sont engagés de
servir la Compagnie; la Compagnie est morte : donc
leur engagement est terminé. Il suit de là que les
hommes qui veulent se retirer doivent en avoir la fa-
culté, et que ceux qui veulent rester doivent être en-
gagés à nouveau, et par conséquent recevoir la prime
du réengagement.
» Les rebelles continuent à occuper et à ravager
plusieurs provinces, et les troupes anglaises s'épuisent
à les poursuivre. On est très-mécontent de Yon Baha-
door, le fameux allié des Anglais, parce qu'il n'a pas
pu ou ne veut pas chasser de ses Etats les rebelles qui
s'y sont réfugiés.
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