Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
1er AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 103
» aux plus simples principes de la prudence, et on
» peut dire aussi à la loyauté et à la bienveillance
» nécessaires entre des nations amies. Voilà ce que
» produit la tendance à s'isoler sur ces questions du
» monde civilisé, et cet effet certain ne fera qu'être de
» mieux en mieux senti chaque année par le peuple
» anglais, attendu que vous ne serez pas en mesure
» de maintenir toujours cette politique. Si donc vous
» voulez abandonner ce fâcheux système, le plus tôt
» sera le mieux. En tout cas, et pour ma part, je
» n'aurai pas la moindre hésitation à donner mon vote
» à la motion, parce que je trouve que le principe
» qu'elle nous invite à soutenir est à la fois sage et
» indispensable pour la solution de ces difficultés, et
» que dans le cas particulier qui nous est soumis, ce
» principe se trouve intimement lié aux intérêts de
» mon pays et aux intérêts des autres peuples de
» l'Europe. (Applaudissements.) »
Nous avons cru indispensable de donner quelque
étendue à cette analyse pourtant encore très-pâle et
incomplète, afin de bien poser le point de départ du
discours par lequel M. Disraeli, chancelier de l'Echi-
quier chercha à détourner l'effet que cette discussion
et les grandes voix qui l'avaient soutenue avaient
incontestablement produit sur l'Assemblée. Cet effet
se constate de lui-même par les applaudissements
qui couronnèrent le discours de M. Gladstone. Les
questions au débat étaient donc celles -ci : L'honneur
de l'Angleterre est compromis par l'égoïsme inintel-
ligent de son cabinet. Le poids dont il pèse sur l'af-
faire de Suez est un fait coupable, arbitraire, illé-
gitime, illibéral, imprudent et dangereux. Les inté-
rêts anglais n'ont rien à craindre et ont beaucoup à
attendre du percement de l'isthme, et la Chambre
doit défendre au cabinet d'intervenir dans la question
et d'agir sur les gouvernements qui seuls ont droit
de la résoudre.
Discernant parfaitement les dispositions de la Cham-
bre, le chancelier de l'Echiquier ne combattit la mo-
tion en elle-même qu'en argumentant de son inu-
tilité.
Il protesta que l'influence qu'on accusait le gou-
vernement d'exercer n'existait pas, n'avait jamais
existé, et que l'accusation était dénuée de toute
espèce de preuves. Il demandait à l'assemblée, non
d'encourager le gouvernement dans sa résistance,
mais d'éviter tout ce qui pourrait engager dans son
vote, c'est-à-dire par l'adoption de la motion, l'avenir
de ses -résolutions. La question était à l'étude. Le
gouvernement n'avait point encore d'opinion arrêtée ;
il examinait. Le vote de la motion pouvait donner le
change à l'opinion.
« Ce que 'je dis, s'écria-t-il, c'est que nous devons
» abandonner des projets d'une telle importance à la libre
». influence de l'opinion publique (applaudissements);
» alors je n'aurai rien a objecter. Mais vous ne les
» abandonnez pas à la libre influence de l'opinion
n publique, si vous demandez à la Chambre des Com-
» munes d'exprimer son opinion, expression qui an-
» noncera à toute l'Europe que notre opinion est faite,
» que notre opinion est formée, et que nous sommes
» pour toujours empêchés de former un jugement
» mûr et de prendre cette marche sage que le temps
» et l'expérience justifieront. »
Cette marche, quelle était-elle? Le ministre diri-
geant n'a pas voulu laisser d'e doute sur les engage-
ments qu'il prenait, en terminant ainsi devant la
Chambre.
« Je pense que cette résolution a été mise en avant
» sans autorité suffisante. Je pense que l'honorable
» membre pour Sheffield (M. Rcebuck) n'a pas le droit
» de supposer que la puissance et l'influence de l'Angle-
» terre ont été employées pour forcer la Porte à s'opposer
» à ce projet. Je pense également que si la Chambre
» adopte la résolution , elle se liera elle-même les mains
» pour l'avenir et quittera imprudemment le chemin
» qu'elle a suivi jusqu'ici, qu'elle a suivi jusqu'à un
» certain degré sous l'influence de graves considéra-
» tions politiques, mais qui, en même temps, peut être
» quitté plus tarrl si le temps et l'expérience démontrent
» qu'on peut prendre cette marche sans faire tort aux
» intérêts publics (applaudissements). »
Consommé dans la tactique parlementaire, le chan-
celier de l'Echiquier n'ignorait pas qu'une assemblée
délibérante est toujours disposée à temporiser et à
s'abstenir à la voix d'un ministre, lorsqu'on lui parle
de réserver son avenir et sa responsabilité. Avec la fi-
nesse de son tact, M. Disraeli avait aperçu que c'était
le seul moyen d'éviter un échec et d'empêcher une
solution décisive. Mais à quel prix cet avantage né-
gatif était-il obtenu? Incontestablement, en affirmant
que jamais le gouvernement anglais n'avait agi sur
la Porte pour empêcher la ratification de l'acte du
vice-roi, il prenait l'engagement implicite de s'abste-
nir de toute démarche analogue auprès de la Turquie
et de l'Egypte, au moins jusqu'à ce que le cabinet eut
fait connaître publiquement son sentiment et en eût
averti la Chambre. Il demandait que la question fût
abandonnée au libre jugement de l'opinion publique,
et ce n'était point sans doute pour se réserver la fa-
culté d'agir ténébreusement par l'intimidation et l'in -
trigue soit au Caire, soit à Constantinople. L'organe
officiel du cabinet allait plus loin : il donnait à en-
tendre à la Chambre que son parti était loin d'être
pris, qu'au fond il était encore dominé par les craintes
que lui inspirait l'hostilité de lord Palmerston ; mais
il laissait entrevoir qu'à une-époque rapprochée, plus
raffermi et plus- courageux à la fois, il adopterait
une politique conforme aux sentiments des hommes
considérables qui l'appuyaient et le soutenaient alors
justement pour empêcher le retour de lord Palmerston
au pouvoir.
» aux plus simples principes de la prudence, et on
» peut dire aussi à la loyauté et à la bienveillance
» nécessaires entre des nations amies. Voilà ce que
» produit la tendance à s'isoler sur ces questions du
» monde civilisé, et cet effet certain ne fera qu'être de
» mieux en mieux senti chaque année par le peuple
» anglais, attendu que vous ne serez pas en mesure
» de maintenir toujours cette politique. Si donc vous
» voulez abandonner ce fâcheux système, le plus tôt
» sera le mieux. En tout cas, et pour ma part, je
» n'aurai pas la moindre hésitation à donner mon vote
» à la motion, parce que je trouve que le principe
» qu'elle nous invite à soutenir est à la fois sage et
» indispensable pour la solution de ces difficultés, et
» que dans le cas particulier qui nous est soumis, ce
» principe se trouve intimement lié aux intérêts de
» mon pays et aux intérêts des autres peuples de
» l'Europe. (Applaudissements.) »
Nous avons cru indispensable de donner quelque
étendue à cette analyse pourtant encore très-pâle et
incomplète, afin de bien poser le point de départ du
discours par lequel M. Disraeli, chancelier de l'Echi-
quier chercha à détourner l'effet que cette discussion
et les grandes voix qui l'avaient soutenue avaient
incontestablement produit sur l'Assemblée. Cet effet
se constate de lui-même par les applaudissements
qui couronnèrent le discours de M. Gladstone. Les
questions au débat étaient donc celles -ci : L'honneur
de l'Angleterre est compromis par l'égoïsme inintel-
ligent de son cabinet. Le poids dont il pèse sur l'af-
faire de Suez est un fait coupable, arbitraire, illé-
gitime, illibéral, imprudent et dangereux. Les inté-
rêts anglais n'ont rien à craindre et ont beaucoup à
attendre du percement de l'isthme, et la Chambre
doit défendre au cabinet d'intervenir dans la question
et d'agir sur les gouvernements qui seuls ont droit
de la résoudre.
Discernant parfaitement les dispositions de la Cham-
bre, le chancelier de l'Echiquier ne combattit la mo-
tion en elle-même qu'en argumentant de son inu-
tilité.
Il protesta que l'influence qu'on accusait le gou-
vernement d'exercer n'existait pas, n'avait jamais
existé, et que l'accusation était dénuée de toute
espèce de preuves. Il demandait à l'assemblée, non
d'encourager le gouvernement dans sa résistance,
mais d'éviter tout ce qui pourrait engager dans son
vote, c'est-à-dire par l'adoption de la motion, l'avenir
de ses -résolutions. La question était à l'étude. Le
gouvernement n'avait point encore d'opinion arrêtée ;
il examinait. Le vote de la motion pouvait donner le
change à l'opinion.
« Ce que 'je dis, s'écria-t-il, c'est que nous devons
» abandonner des projets d'une telle importance à la libre
». influence de l'opinion publique (applaudissements);
» alors je n'aurai rien a objecter. Mais vous ne les
» abandonnez pas à la libre influence de l'opinion
n publique, si vous demandez à la Chambre des Com-
» munes d'exprimer son opinion, expression qui an-
» noncera à toute l'Europe que notre opinion est faite,
» que notre opinion est formée, et que nous sommes
» pour toujours empêchés de former un jugement
» mûr et de prendre cette marche sage que le temps
» et l'expérience justifieront. »
Cette marche, quelle était-elle? Le ministre diri-
geant n'a pas voulu laisser d'e doute sur les engage-
ments qu'il prenait, en terminant ainsi devant la
Chambre.
« Je pense que cette résolution a été mise en avant
» sans autorité suffisante. Je pense que l'honorable
» membre pour Sheffield (M. Rcebuck) n'a pas le droit
» de supposer que la puissance et l'influence de l'Angle-
» terre ont été employées pour forcer la Porte à s'opposer
» à ce projet. Je pense également que si la Chambre
» adopte la résolution , elle se liera elle-même les mains
» pour l'avenir et quittera imprudemment le chemin
» qu'elle a suivi jusqu'ici, qu'elle a suivi jusqu'à un
» certain degré sous l'influence de graves considéra-
» tions politiques, mais qui, en même temps, peut être
» quitté plus tarrl si le temps et l'expérience démontrent
» qu'on peut prendre cette marche sans faire tort aux
» intérêts publics (applaudissements). »
Consommé dans la tactique parlementaire, le chan-
celier de l'Echiquier n'ignorait pas qu'une assemblée
délibérante est toujours disposée à temporiser et à
s'abstenir à la voix d'un ministre, lorsqu'on lui parle
de réserver son avenir et sa responsabilité. Avec la fi-
nesse de son tact, M. Disraeli avait aperçu que c'était
le seul moyen d'éviter un échec et d'empêcher une
solution décisive. Mais à quel prix cet avantage né-
gatif était-il obtenu? Incontestablement, en affirmant
que jamais le gouvernement anglais n'avait agi sur
la Porte pour empêcher la ratification de l'acte du
vice-roi, il prenait l'engagement implicite de s'abste-
nir de toute démarche analogue auprès de la Turquie
et de l'Egypte, au moins jusqu'à ce que le cabinet eut
fait connaître publiquement son sentiment et en eût
averti la Chambre. Il demandait que la question fût
abandonnée au libre jugement de l'opinion publique,
et ce n'était point sans doute pour se réserver la fa-
culté d'agir ténébreusement par l'intimidation et l'in -
trigue soit au Caire, soit à Constantinople. L'organe
officiel du cabinet allait plus loin : il donnait à en-
tendre à la Chambre que son parti était loin d'être
pris, qu'au fond il était encore dominé par les craintes
que lui inspirait l'hostilité de lord Palmerston ; mais
il laissait entrevoir qu'à une-époque rapprochée, plus
raffermi et plus- courageux à la fois, il adopterait
une politique conforme aux sentiments des hommes
considérables qui l'appuyaient et le soutenaient alors
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au pouvoir.
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