Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1859 15 février 1859
Description : 1859/02/15 (A4,N64). 1859/02/15 (A4,N64).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65294998
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
HARDI 15 FÉVRIER. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 53
ce pays, a voulu écarter le commerce universel de la
route égyptienne, et s'est deux fois exposé à des échecs
éclatants pour venir à ce résultat.
C'est déjà instructif; mais pourquoi cette obstination?
Pourquoi persévérer à chercher l'impossible quand on
avait le possible sous la main? L'enquête de 1834 va
nous l'apprendre. Nous allons recueillir les motifs de
cet entêtement de la bouche du général Chesney.
Disons d'abord que plusieurs membres considérables
du commerce anglais, de la Chambre des communes et
du comité lui-même chargé de l'enquête, indiquaient
l'isthme de Suez à Péluse comme la meilleure traversée
pour la transmission des dépêches de la mer Rouge à la
Méditerranée. L'un des membres de ce comité, M. Buc-
kinham, déclarait que « la route à travers l'isthme de
» Suez lui paraissait présenter les plus grands avan-
» tages; que le lac Menzaleh serait d'un secours consi-
» dérable pour le transit, a et d'autres déposants pen-
saient que ce lac à peu de frais pourrait servir de port
et de station aux steamers de la Méditerranée.
Ces diverses dépositions firent assez d'impression sur
le comité pour qu'il crût devoir s'enquérir des meilleurs
moyens d'effectuer le transit à travers l'isthme. Deux
idées lui furent présentées : un chemin de fer et un ca-
nal. Interrogé sur ces conceptions, et nous devons ajou-
ter que l'établissement du canal enlevait tous les suffra-
ges, le général Chesney, attaché au projet dont il était
le père, la communication par l'Euphrate, combattit le
canal devant le comité ; et rien n'est plus curieux comme
plus révélateur que les raisons sur lesquelles il motive
sa préférence pour la route opposée.
Nous devons constater que l'illustre explorateur, dans
cette circonstance, a parlé avec une entière franchise et
une entière bonne foi. Il n'a rien nié de ce qui, selon
lui, n'était point niable, et on va voir que c'est uni-
quement au point de vue de la conservation du monopole
britannique et de l'appréhension d'avoir à partager avec
les marines européennes qu'il insiste auprès du comité
pour le faire renoncer au canal et courir les chances
des frais et des dangers considérables de la navigation
par l'Euphrate.
On a dit devant le parlement que la construction d'un
canal à travers l'isthme était impraticable. Ceux qui ont
avancé cette allégation n'ont pas lu ou n'ont pas voulu
se rappeler la déposition du général Chesney en 1834.
Citons-le d'abord sur ce point.
« D. Vos remarques sur la mer Rouge sont-elles le
« fruit de vos propres observations?
» R. Oui. J'ai traversé la partie égyptienne de la
» route et aussi une partie de la mer Rouge.
» D. Quelle est la nature du terrain entre Suez et la
« Méditerranée?
11 R. Un terrain ferme et caillouteux forme le sous-
« sol, et à la surface s'étend une légère couche de
11 sable.
11 D. Y a-t-il de la verdure?
n R. On en aperçoit un peu où l'eau est au-dessous,
11 et l'on a trouvé de l'eau près de Suez. 11
Ici quelques questions indifférentes au sujet sur la
direction de l'ancien canal et sur le niveau des deux
mers.
« D. Le courant serait-il suffisant pour tenir le canal
libre de l'envahissement des sables?
» R. Oui. Je pense que si on ouvrait le canal suffi-
» samment, la mer le traverserait de façon à nettoyer
» constamment son lit.
» D. Ouvririez-vous le canal aux deux extrémités pour
» que le courant pût le nettoyer?
» R. Oui. Mon idée serait de le construire pour le
» passage des navires et de lefaire très-large. D'autres
« supposent qu'il y faudrait des écluses. »
On voit donc, dès à présent, que sur les points prin-
cipaux le général Chesney indiquait le projet adopté
depuis par la Commission internationale-, et qu'il était
très-convaincu de la possibilité du canal.
On a soutenu que le canal ne serait pas et ne pouvait
pas être rémunérateur. Consultons encore sur ce point
l'opinion du général Chesney :
« D. Pour l'Égypte, dans le cas où de plus grandes
» difficultés surviendraient relativement au canal que
» vous ne l'avez prévu, croyez-vous probable qu'un che-
» min de fer pût être aisément établi et donnerait des
*» bénéfices?
» R. Je pense qu'il serait facilement établi, mais je
» doute de ses bénéfices?
» D. Pourquoi en doutez-vous?
» R. Parce que l'Egypte a très-peu de commerce avec
» l'Inde.
» D. N'est-il pas très-vraisemblable que le chemin de
v fer serait plus profitable, parce que sa dépense serait
« moindre que celle d'un canal de la même étendue?
» R. Je doute qu'un canal donnât des bénéfices en
11 Égypte, à moins qu'il ne fût presque semblable à
a celui des Dardanelles, capable d'être traversé par
» les navires de toute grandeur. Il
Remarquons d'abord quelles erreurs régnaient en An-
gleterre sur les ressources et les avantages de la voie
égyptienne. On y supposait, on y affirmait qu'un che-
min de fer d'une mer à l'autre ne ferait pas ses frais,
et le chemin de fer d'Alexandrie à Suez, même quand
il n'allait que jusqu'au Caire, a donné des bénéfices
annuels de 30 pour 100 de son capital.
C'est déjà sans doute une présomption très-favorable
au canal; mais il est important d'arrêter l'observation
du lecteur sur le correctif du général Chesney. Il pense
que le chemin de fer comme un canal ordinaire ne
feraient pas leurs frais ; mais il est, dès 1834, d'un avis
tout opposé si ce canal est construit de façon à donner
passage aux navires de toutes les dimensions. Or, f:'est
le canal qu'entreprend, dans de tout autres conditions
qu'en 1834, la Compagnie universelle, et, s'il devait
être rémunérateur en 1834, combien plus doit-il l'être
après 1860, après l'établissement de nombreux che-
mins de fer dans l'Inie, après le développement de la
marine à vapeur, après l'invention de l'hélice comme
auxiliaire à la voile, après le peuplement et la prospé-
ce pays, a voulu écarter le commerce universel de la
route égyptienne, et s'est deux fois exposé à des échecs
éclatants pour venir à ce résultat.
C'est déjà instructif; mais pourquoi cette obstination?
Pourquoi persévérer à chercher l'impossible quand on
avait le possible sous la main? L'enquête de 1834 va
nous l'apprendre. Nous allons recueillir les motifs de
cet entêtement de la bouche du général Chesney.
Disons d'abord que plusieurs membres considérables
du commerce anglais, de la Chambre des communes et
du comité lui-même chargé de l'enquête, indiquaient
l'isthme de Suez à Péluse comme la meilleure traversée
pour la transmission des dépêches de la mer Rouge à la
Méditerranée. L'un des membres de ce comité, M. Buc-
kinham, déclarait que « la route à travers l'isthme de
» Suez lui paraissait présenter les plus grands avan-
» tages; que le lac Menzaleh serait d'un secours consi-
» dérable pour le transit, a et d'autres déposants pen-
saient que ce lac à peu de frais pourrait servir de port
et de station aux steamers de la Méditerranée.
Ces diverses dépositions firent assez d'impression sur
le comité pour qu'il crût devoir s'enquérir des meilleurs
moyens d'effectuer le transit à travers l'isthme. Deux
idées lui furent présentées : un chemin de fer et un ca-
nal. Interrogé sur ces conceptions, et nous devons ajou-
ter que l'établissement du canal enlevait tous les suffra-
ges, le général Chesney, attaché au projet dont il était
le père, la communication par l'Euphrate, combattit le
canal devant le comité ; et rien n'est plus curieux comme
plus révélateur que les raisons sur lesquelles il motive
sa préférence pour la route opposée.
Nous devons constater que l'illustre explorateur, dans
cette circonstance, a parlé avec une entière franchise et
une entière bonne foi. Il n'a rien nié de ce qui, selon
lui, n'était point niable, et on va voir que c'est uni-
quement au point de vue de la conservation du monopole
britannique et de l'appréhension d'avoir à partager avec
les marines européennes qu'il insiste auprès du comité
pour le faire renoncer au canal et courir les chances
des frais et des dangers considérables de la navigation
par l'Euphrate.
On a dit devant le parlement que la construction d'un
canal à travers l'isthme était impraticable. Ceux qui ont
avancé cette allégation n'ont pas lu ou n'ont pas voulu
se rappeler la déposition du général Chesney en 1834.
Citons-le d'abord sur ce point.
« D. Vos remarques sur la mer Rouge sont-elles le
« fruit de vos propres observations?
» R. Oui. J'ai traversé la partie égyptienne de la
» route et aussi une partie de la mer Rouge.
» D. Quelle est la nature du terrain entre Suez et la
« Méditerranée?
11 R. Un terrain ferme et caillouteux forme le sous-
« sol, et à la surface s'étend une légère couche de
11 sable.
11 D. Y a-t-il de la verdure?
n R. On en aperçoit un peu où l'eau est au-dessous,
11 et l'on a trouvé de l'eau près de Suez. 11
Ici quelques questions indifférentes au sujet sur la
direction de l'ancien canal et sur le niveau des deux
mers.
« D. Le courant serait-il suffisant pour tenir le canal
libre de l'envahissement des sables?
» R. Oui. Je pense que si on ouvrait le canal suffi-
» samment, la mer le traverserait de façon à nettoyer
» constamment son lit.
» D. Ouvririez-vous le canal aux deux extrémités pour
» que le courant pût le nettoyer?
» R. Oui. Mon idée serait de le construire pour le
» passage des navires et de lefaire très-large. D'autres
« supposent qu'il y faudrait des écluses. »
On voit donc, dès à présent, que sur les points prin-
cipaux le général Chesney indiquait le projet adopté
depuis par la Commission internationale-, et qu'il était
très-convaincu de la possibilité du canal.
On a soutenu que le canal ne serait pas et ne pouvait
pas être rémunérateur. Consultons encore sur ce point
l'opinion du général Chesney :
« D. Pour l'Égypte, dans le cas où de plus grandes
» difficultés surviendraient relativement au canal que
» vous ne l'avez prévu, croyez-vous probable qu'un che-
» min de fer pût être aisément établi et donnerait des
*» bénéfices?
» R. Je pense qu'il serait facilement établi, mais je
» doute de ses bénéfices?
» D. Pourquoi en doutez-vous?
» R. Parce que l'Egypte a très-peu de commerce avec
» l'Inde.
» D. N'est-il pas très-vraisemblable que le chemin de
v fer serait plus profitable, parce que sa dépense serait
« moindre que celle d'un canal de la même étendue?
» R. Je doute qu'un canal donnât des bénéfices en
11 Égypte, à moins qu'il ne fût presque semblable à
a celui des Dardanelles, capable d'être traversé par
» les navires de toute grandeur. Il
Remarquons d'abord quelles erreurs régnaient en An-
gleterre sur les ressources et les avantages de la voie
égyptienne. On y supposait, on y affirmait qu'un che-
min de fer d'une mer à l'autre ne ferait pas ses frais,
et le chemin de fer d'Alexandrie à Suez, même quand
il n'allait que jusqu'au Caire, a donné des bénéfices
annuels de 30 pour 100 de son capital.
C'est déjà sans doute une présomption très-favorable
au canal; mais il est important d'arrêter l'observation
du lecteur sur le correctif du général Chesney. Il pense
que le chemin de fer comme un canal ordinaire ne
feraient pas leurs frais ; mais il est, dès 1834, d'un avis
tout opposé si ce canal est construit de façon à donner
passage aux navires de toutes les dimensions. Or, f:'est
le canal qu'entreprend, dans de tout autres conditions
qu'en 1834, la Compagnie universelle, et, s'il devait
être rémunérateur en 1834, combien plus doit-il l'être
après 1860, après l'établissement de nombreux che-
mins de fer dans l'Inie, après le développement de la
marine à vapeur, après l'invention de l'hélice comme
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