Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1859 15 février 1859
Description : 1859/02/15 (A4,N64). 1859/02/15 (A4,N64).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65294998
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
64 L'ISTHME DE SUEZ. MARDI 15 FÉVRIER.
soumettaient, et qui n'éprouvait aucune contestation il y a
quelques années, était établi à la façon parlementaire : c'était
une monarchie constituée au profit de quelques privilégiés.
Le moment est venu d'en élargir les bases et d'appeler tout le
monde à construire les édifices qu'on veut élever d'une ma-
nière durable.
Ajoutons que ce régime de grand air et de grand soleil ne
convient pas à toutes les entreprises. Il y en a de fort recom-
mandables qui n'ont pas le tempérament assez robuste pour
résister ainsi à tous les vents du ciel; celles-là ont besoin de
tutelle, et il n'en manque pas, certes, et de très-puissantes.
L'œuvre du canal maritime de Suez était une de celles, au
contraire, que l'ouragan même ne pouvait que consolider et
mieux enraciner dans l'esprit public. C'est ainsi qu'elle a puisé
une de ses plus grandes forces dans les attaques mêmes dont
elle a été l'objet en Angleterre. On a vu que les intrigues in-
testines n'avaient pas mieux réussi que les manœuvres étran-
gères.
Et maintenant qu'elle est sortie d'une double et difficile
épreuve, elle est mieux approvisionnée et mieux armée que
jamais pour continuer sa marche.
Aussi apprenons-nous , de source certaine, que les travaux
préparatoires, qui n'ont jamais été interrompus, vont se pour-
suivre avec une nouvelle et décisive activité.
(lIloniteur de la Flotte.) SCHILLER aîné.
DE LA CULTURE DU PAVOT EN EGYPTE.
Nous venons de recevoir de Bombay une lettre dont
le sujet nous paraît digne de l'attention spéciale de nos
lecteurs et de la Compagnie universelle :
Monsieur,
Je viens de traverser l'isthme, et comme je ne doute pas
que vous surmonterez les difficultés de la noble entreprise à
laquelle la majorité de mon pays applaudit comme moi et
comme sa puissante classe marchande, je vous apporte libre-
ment ma légère offrande.
Les terrains considérables qui vous ont été concédés pour
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, et qui,
comme vous le publiez dans votre journal, que j'ai sous les
yeux, sont destinés à la culture, portent dans leurs propriétés
constitutives tous les éléments propres à la plantation du pa-
vot; cette jolie fleur, que Virgile appelle « cereale papaver »,
les Chinois, qui la cultivent, ying-suh, et les Hindous, post.
Le pavot, qui est dans nos contrées d'Europe l'ornement
de nos jardins et qui n'a d'autre usage que la fabrication de
l'huile qu'on retire de ses graines, est particulièrement ap-
pliqué dans l'Orient à la productionde l'opium. Je ne vous
entretiens pas ici de la plante sylvestre qui ne porte que quatre
pétales, ni de cette variété double, à pétales nombreux, variés
en couleur, que, chez nous-mêmes, on sème en automne, et
dont la récolte peut se faire en août, mais de celle de l'Inde,
qui porte de belles et riches capsules.
On cultive le pavot dans l'empire turc; il est en plus
gran de partie utilisé en Europe, et l'autre quantité est ex-
pédiée pour l'Asie. Pourquoi ne serait-il pas appliqué à vos
territoires d'Egypte analogues à ceux de l'Inde, lorsqu'il peut
vous donner dix à quinze millions de revenu annuel
par la multiplicité de ses récoltes ? N'est-ce donc pas un beau
revenu à ajouter aux immenses recettes que produira votre
canal over Suez?
La culture du pavot est facile, et la manufacture de son jus
blanc, laiteux, est peu coûteuse. En attendant qu'un gentle-
man de mes amis, très-capable dans la matière, vous en éta-
blisse clairement les avantages solides par des chiffres, je
vous dirai comment on sème le pavot, sa culture, et comment
on obtient l'opium (drug) dont nous faisons de si fructueuses
récoltes dans l'Est : à Malwa, Benares et Behar (Patna), prin-
cipales localités qui donnent leur nom à la marchandise, comme
à Bombay.
On peut semer la graine en couches ou plates-bandes larges
de trois pieds et demi, dans une terre bien préparée et bien
labourée pour qu'elle soit légère. On éclaircit les plantes
lorsqu'elles ont deux pouces de haut, pour les laisser en bon
ordre à deux pieds de leurs voisines. On peut aussi jeter la
semence à la volée; mais je préfère la première culture, qui
est la plus avantageuse; car, pour la seconde, il faut égale-
ment éclaircir et transplanter.
On nettoie les herbes étrangères, et quand les poppies, qui,
ordinairement, produisent de quatre jusqu'à dix têtes pour
planter, sont propres à la récolte, les fleurs tombent. Les
gens se rendent alors à la plantation vers le soir, et, avec des
couteaux recourbés (hooked knives), à pointe aiguë, ils font
quatre ou cinq incisions perpendiculaires peu profondes d'un
côté des capsules vertes. Il en sort une matière blanche, gluti-
neuse, très-abondante, qui découle jusqu'au bas de l'incision,
et quelquefois sur les feuilles : c'est ce jus que les Turcs ap-
pellent measlac. Le jour suivant, à la chaleur du soleil, il se
concentre en une masse grisâtre et brun-foncé. Le lende-
main et les jours suivants, à la même heure, les hommes s'y
rendent et enlèvent cette exsudation et ce qui est sur les feuilles,
et continuent la récolte tant que la capsule donne. C'es q
cette masse épaisse qui est l'opium pur, mais que l'on allèrQ.
souvent : on fait bouillir le pavot avec d'autres plantes narco-
tiques, et, quand le jus est épaissi, on l'enveloppe dans dei
feuilles de pavot et on envoie les gâteaux de cette masse su4
le marché.
Je n'ai pas le temps, cher monsieur, de vous donner dca
plus grands détails; mais croyez bien que cette culture, qui
remplacé le riz dans beaucoup d'endroits (le riz qui est le pain
de l'Indien), parce qu'elle donne dix fois plus de bénéfice
que cette céréale, qui déjà en produit de très-considérablesq
puisqu'un grain en fait naître quelquefois quatre-vingts, of-
frira pour la Compagnie des avantages très-incalculables.
Notre commerce d'opium, qui a commencé en 1773 enviro
par une vente qui n'est pas digne d'être mentionnée, était d
40,000 caisses à 700 piastres chacune en 1844; il est aujou
d'hui de 70,000 caisses. Vous n'ignorez pas que cet article l
été depuis bien longtemps l'un des revenus les plus important
de la Compagnie des Indes. Il augmentera sans doute, eau
nous avons pacifié l'Inde et reconquis les principaux terrain
où se cultive le pavot. Ce serait une énormité que le march l
que la France vient d'ouvrir avec nous ne pût vous servir il
quelque avantage. Il est juste que cette source de bénéucet
vienne en aide à accomplir l'œuvre gigantesque dont vo
dotez le monde et surtout l'Angleterre. Suum cuique.
Je suis, monsieur, etc.
W. HOBART.
Le Gérant ERNEST DESPLACES.
mil. TïmRAïHIS DX UNftl PWN, IMPRMSUR DK l'iMFMIBa, aux GAAANCliHI, 8.
soumettaient, et qui n'éprouvait aucune contestation il y a
quelques années, était établi à la façon parlementaire : c'était
une monarchie constituée au profit de quelques privilégiés.
Le moment est venu d'en élargir les bases et d'appeler tout le
monde à construire les édifices qu'on veut élever d'une ma-
nière durable.
Ajoutons que ce régime de grand air et de grand soleil ne
convient pas à toutes les entreprises. Il y en a de fort recom-
mandables qui n'ont pas le tempérament assez robuste pour
résister ainsi à tous les vents du ciel; celles-là ont besoin de
tutelle, et il n'en manque pas, certes, et de très-puissantes.
L'œuvre du canal maritime de Suez était une de celles, au
contraire, que l'ouragan même ne pouvait que consolider et
mieux enraciner dans l'esprit public. C'est ainsi qu'elle a puisé
une de ses plus grandes forces dans les attaques mêmes dont
elle a été l'objet en Angleterre. On a vu que les intrigues in-
testines n'avaient pas mieux réussi que les manœuvres étran-
gères.
Et maintenant qu'elle est sortie d'une double et difficile
épreuve, elle est mieux approvisionnée et mieux armée que
jamais pour continuer sa marche.
Aussi apprenons-nous , de source certaine, que les travaux
préparatoires, qui n'ont jamais été interrompus, vont se pour-
suivre avec une nouvelle et décisive activité.
(lIloniteur de la Flotte.) SCHILLER aîné.
DE LA CULTURE DU PAVOT EN EGYPTE.
Nous venons de recevoir de Bombay une lettre dont
le sujet nous paraît digne de l'attention spéciale de nos
lecteurs et de la Compagnie universelle :
Monsieur,
Je viens de traverser l'isthme, et comme je ne doute pas
que vous surmonterez les difficultés de la noble entreprise à
laquelle la majorité de mon pays applaudit comme moi et
comme sa puissante classe marchande, je vous apporte libre-
ment ma légère offrande.
Les terrains considérables qui vous ont été concédés pour
la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, et qui,
comme vous le publiez dans votre journal, que j'ai sous les
yeux, sont destinés à la culture, portent dans leurs propriétés
constitutives tous les éléments propres à la plantation du pa-
vot; cette jolie fleur, que Virgile appelle « cereale papaver »,
les Chinois, qui la cultivent, ying-suh, et les Hindous, post.
Le pavot, qui est dans nos contrées d'Europe l'ornement
de nos jardins et qui n'a d'autre usage que la fabrication de
l'huile qu'on retire de ses graines, est particulièrement ap-
pliqué dans l'Orient à la productionde l'opium. Je ne vous
entretiens pas ici de la plante sylvestre qui ne porte que quatre
pétales, ni de cette variété double, à pétales nombreux, variés
en couleur, que, chez nous-mêmes, on sème en automne, et
dont la récolte peut se faire en août, mais de celle de l'Inde,
qui porte de belles et riches capsules.
On cultive le pavot dans l'empire turc; il est en plus
gran de partie utilisé en Europe, et l'autre quantité est ex-
pédiée pour l'Asie. Pourquoi ne serait-il pas appliqué à vos
territoires d'Egypte analogues à ceux de l'Inde, lorsqu'il peut
vous donner dix à quinze millions de revenu annuel
par la multiplicité de ses récoltes ? N'est-ce donc pas un beau
revenu à ajouter aux immenses recettes que produira votre
canal over Suez?
La culture du pavot est facile, et la manufacture de son jus
blanc, laiteux, est peu coûteuse. En attendant qu'un gentle-
man de mes amis, très-capable dans la matière, vous en éta-
blisse clairement les avantages solides par des chiffres, je
vous dirai comment on sème le pavot, sa culture, et comment
on obtient l'opium (drug) dont nous faisons de si fructueuses
récoltes dans l'Est : à Malwa, Benares et Behar (Patna), prin-
cipales localités qui donnent leur nom à la marchandise, comme
à Bombay.
On peut semer la graine en couches ou plates-bandes larges
de trois pieds et demi, dans une terre bien préparée et bien
labourée pour qu'elle soit légère. On éclaircit les plantes
lorsqu'elles ont deux pouces de haut, pour les laisser en bon
ordre à deux pieds de leurs voisines. On peut aussi jeter la
semence à la volée; mais je préfère la première culture, qui
est la plus avantageuse; car, pour la seconde, il faut égale-
ment éclaircir et transplanter.
On nettoie les herbes étrangères, et quand les poppies, qui,
ordinairement, produisent de quatre jusqu'à dix têtes pour
planter, sont propres à la récolte, les fleurs tombent. Les
gens se rendent alors à la plantation vers le soir, et, avec des
couteaux recourbés (hooked knives), à pointe aiguë, ils font
quatre ou cinq incisions perpendiculaires peu profondes d'un
côté des capsules vertes. Il en sort une matière blanche, gluti-
neuse, très-abondante, qui découle jusqu'au bas de l'incision,
et quelquefois sur les feuilles : c'est ce jus que les Turcs ap-
pellent measlac. Le jour suivant, à la chaleur du soleil, il se
concentre en une masse grisâtre et brun-foncé. Le lende-
main et les jours suivants, à la même heure, les hommes s'y
rendent et enlèvent cette exsudation et ce qui est sur les feuilles,
et continuent la récolte tant que la capsule donne. C'es q
cette masse épaisse qui est l'opium pur, mais que l'on allèrQ.
souvent : on fait bouillir le pavot avec d'autres plantes narco-
tiques, et, quand le jus est épaissi, on l'enveloppe dans dei
feuilles de pavot et on envoie les gâteaux de cette masse su4
le marché.
Je n'ai pas le temps, cher monsieur, de vous donner dca
plus grands détails; mais croyez bien que cette culture, qui
remplacé le riz dans beaucoup d'endroits (le riz qui est le pain
de l'Indien), parce qu'elle donne dix fois plus de bénéfice
que cette céréale, qui déjà en produit de très-considérablesq
puisqu'un grain en fait naître quelquefois quatre-vingts, of-
frira pour la Compagnie des avantages très-incalculables.
Notre commerce d'opium, qui a commencé en 1773 enviro
par une vente qui n'est pas digne d'être mentionnée, était d
40,000 caisses à 700 piastres chacune en 1844; il est aujou
d'hui de 70,000 caisses. Vous n'ignorez pas que cet article l
été depuis bien longtemps l'un des revenus les plus important
de la Compagnie des Indes. Il augmentera sans doute, eau
nous avons pacifié l'Inde et reconquis les principaux terrain
où se cultive le pavot. Ce serait une énormité que le march l
que la France vient d'ouvrir avec nous ne pût vous servir il
quelque avantage. Il est juste que cette source de bénéucet
vienne en aide à accomplir l'œuvre gigantesque dont vo
dotez le monde et surtout l'Angleterre. Suum cuique.
Je suis, monsieur, etc.
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