Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
1
24 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 15 JANVIER.
Si ce n'était pas la vérité, s'il n'était pas vrai que le per-
cement de l'isthme de Suez répondît aux besoins de l'indus-
trie de la soie et d'autres grandes industries; s'il n'était pas
vrai que cette création, depuis si longtemps promise au
monde et qu'enfin vont réaliser les efforts d'un patient et
grand esprit, dût être une œuvre de progrès et de civilisation
générale, alors le monde y fût resté indifférent, il ne s'en
fût pas ému, il n'y eût pas applaudi, et, en moins de trente
jours, plus de deux cents millions ne fussent pas venus
tomber aux pieds de M. de Lesseps! Mais les sympathies pu-
bliques, mais les entraînements de l'opinion sont là pour
attester que cette importation, pour ainsi dire, de l'Orient
en Occident, cette communion, cette fusion de deux mondes
jusque-là si étrangers l'un à l'autre, c'est bien réellement
et par excellence la cause de la civilisation et de l'humanité;
c'est plus qu'une grande affaire : une affaire, si grande qu'on
l'imagine, n'a pas le pouvoir de soulever, sans banquier et
sans la Bourse, plus de deux cents millions en moins d'un
mois ! C'est une grande idée, et les grandes idées seules opèrent
de tels miracles : seules, elles sont de puissants leviers;
seules, elles ont des apôtres. Cette glorieuse entreprise, si elle
n'eût été qu'une affaire, si elle n'eût pas été une idée, n'au-
rait pas eu M. de Lesseps pour apôtre, et M. de Lesseps,
malgré son nom et son caractère, n'eût pas trouvé si vite
deux cents millions!
Que la France de la Méditerranée et du Rhône se réjouisse
donc de la fortune nouvelle qui attend Marseille, car cette
fortune, c'cst la sienne aussi. Je dirai prochainement quelles
sont les autres industries que le percement de l'isthme de
Suez pourra faire naître ou rendre plus florissantes.
Veuillez agréer, etc.
R. LANÇON,
Membre du Conseil général de Vaucluse,
avocat à la Cour impériale de Paris.
INFLUENCE DU PERCEMENT DE L'ISTHME DE SUEZ
SUR L'AGRICULTURE FRANÇAISE.
L'excellent travail de M. Lançon vient de nous dé-
montrer les avantages du canal de Suez pour l'une des
plus importantes industries de la France, l'industrie
de la soie. Nous pouvons ajouter que toutes les bran-
ches du commerce national et européen ont apporté
successivement leur témoignage à la grande enquête
d'utilité universelle ouverte par la proposition du projet.
La conscience unanime des peuples, vox Dei, a pro-
noncé sur la question son verdict final et souverain.
Une intrigue puissante a tendu tous ses ressorts pour
faire avorter l'œuvre dans son germe, la cabale an-
glaise, non la nation anglaise, a subi la confusion de
voir échouer ses projets. L'agiotage, a eu beau se
conjurer avec ces passions britanniques pour com-
battre l'entreprise par les défiances semées parmi les
capitaux, le concours financier de la France et de
l'Europe a déjoué ces tristes tentatives. A travers ces
dépits et ces égoïsmes, la formation de la Compagnie
a grandi, a marché, abouti, et chaque jour de nou-
velles adhésions, de nouvelles lumières viennent ac-
croître sa force et son autorité dans l'opinion. Ainsi,
l'agriculture, directement du moins, paraissait la moins
intéressée à ce grand événement commercial, l'abré-
viation de moitié dans la route maritime entre l'Europe
et l'Inde : cependant, la voici à son tour qui élève la
voix ; le percement de l'isthme de Suez l'émeut aussi et
il étend le champ de ses espérances. Voici en effet en
quels termes, et sous le titre que nous avons placé entête
de ces réflexions, un recueil spécial des plus estimés, le
Journal d'agriculture pratique, envisage l'union des
deux mers au point de vue de l'intérêt agricole :
G. WAGENER.
Monsieur le rédacteur,
Vous m'avez demandé quelle pourrait être l'influence du
percement de l'isthme de Suez sur l'agriculture en France; je
viens vous soumettre mon appréciation.
Notre agriculture sera certainement influencée à la longue,
soit en bien, soit en mal, par cette œuvre pour laquelle un
de nos compatriotes a déployé une persévérance inflexible
dont il a été donné peu d'exemples à l'histoire, depuis Chris-
tophe Colomb parcourant l'ancien monde, pour y obtenir
les moyens de trouver le nouveau.
Il est d'abord incontestable qu'elle imprimera du développe-
ment à notre marine commerçante; qu'elle amènera à nos
chemins de fer un transit fort lucratif de voyageurs et de
marchandises se dirigeant vers l'Angleterre ou l'Allemagne.
L'une de ces deux industries exporte au loin notre vin, nos
huiles et parfois nos grains, comme cela a lieu actuellement
vers l'Angleterre et l'Espagne. L'autre transporte à l'intérieur
nos animaux et nos produits; elle nous permet de tirer un
parti plus lucratif du lait, du beurre-, des légumes; parfois
aussi elle peut nous procurer à bas prix la marne, les engrais
et les amendements de toute sorte.
La prospérité de ces deux industries importe donc d'une
manière capitale à la culture ; plus elles seront riches, actives,
et mieux elles pourront la servir.
Arrivons maintenant aux influences plus immédiates. Le
canal de Suez peut agir directement sur notre culture, en
mal, en facilitant l'importation des objets de première con-
sommation. Un tel résultat, d'abord aussi favorable aux con-
sommateurs que ruineux pour les producteurs, aurait pour
effet de faire abandonner lentement la culture pour le travail
industriel; si bien que la production diminuerait, les vivres
reprendraient de la hausse; les rentiers n'y auraient trouvé
qu'une économie passagère; la classe ouvrière des villes se
serait attiré une nombreuse concurrence de bras; et, comme
le peuple romain, nous serions nourris par les étrangers,
c'est-à-dire fort mal, à la merci de la moindre révolte dans
les pays d'importation. Mais un tel résultat n'est point à
craindre. Jusqu'ici les Indes, la Chine et la côte d'Afrique,
qui nous seront plus spécialement ouvertes par le canal, n'ont
importé, même dans les années de disette qui viennent de
s'écouler, que fort peu de grains, de riz, de sucre. Ainsi le
tableau du commerce donne 1rs résultats suivants pour
l'année 1857 :
Pays, Riz. Froment. Sucre brut.
Tonnes. Tonnes. Tonnes.
Indes anglaises. 25,800 1,944 1,152
— hollandaises. 976 > 9,194
Les Indes seules nous ont donc envoyé du grain, du riz,
du sucre, mais en quantité bien minime, malgré la cherté de
ces denrées en Europe. La Chine et la côte orientale d'Afrique
n'ont expédié aucune substance alimentaire. ,
Les Indes et la Chine sont des pays excessivement peuplés
24 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 15 JANVIER.
Si ce n'était pas la vérité, s'il n'était pas vrai que le per-
cement de l'isthme de Suez répondît aux besoins de l'indus-
trie de la soie et d'autres grandes industries; s'il n'était pas
vrai que cette création, depuis si longtemps promise au
monde et qu'enfin vont réaliser les efforts d'un patient et
grand esprit, dût être une œuvre de progrès et de civilisation
générale, alors le monde y fût resté indifférent, il ne s'en
fût pas ému, il n'y eût pas applaudi, et, en moins de trente
jours, plus de deux cents millions ne fussent pas venus
tomber aux pieds de M. de Lesseps! Mais les sympathies pu-
bliques, mais les entraînements de l'opinion sont là pour
attester que cette importation, pour ainsi dire, de l'Orient
en Occident, cette communion, cette fusion de deux mondes
jusque-là si étrangers l'un à l'autre, c'est bien réellement
et par excellence la cause de la civilisation et de l'humanité;
c'est plus qu'une grande affaire : une affaire, si grande qu'on
l'imagine, n'a pas le pouvoir de soulever, sans banquier et
sans la Bourse, plus de deux cents millions en moins d'un
mois ! C'est une grande idée, et les grandes idées seules opèrent
de tels miracles : seules, elles sont de puissants leviers;
seules, elles ont des apôtres. Cette glorieuse entreprise, si elle
n'eût été qu'une affaire, si elle n'eût pas été une idée, n'au-
rait pas eu M. de Lesseps pour apôtre, et M. de Lesseps,
malgré son nom et son caractère, n'eût pas trouvé si vite
deux cents millions!
Que la France de la Méditerranée et du Rhône se réjouisse
donc de la fortune nouvelle qui attend Marseille, car cette
fortune, c'cst la sienne aussi. Je dirai prochainement quelles
sont les autres industries que le percement de l'isthme de
Suez pourra faire naître ou rendre plus florissantes.
Veuillez agréer, etc.
R. LANÇON,
Membre du Conseil général de Vaucluse,
avocat à la Cour impériale de Paris.
INFLUENCE DU PERCEMENT DE L'ISTHME DE SUEZ
SUR L'AGRICULTURE FRANÇAISE.
L'excellent travail de M. Lançon vient de nous dé-
montrer les avantages du canal de Suez pour l'une des
plus importantes industries de la France, l'industrie
de la soie. Nous pouvons ajouter que toutes les bran-
ches du commerce national et européen ont apporté
successivement leur témoignage à la grande enquête
d'utilité universelle ouverte par la proposition du projet.
La conscience unanime des peuples, vox Dei, a pro-
noncé sur la question son verdict final et souverain.
Une intrigue puissante a tendu tous ses ressorts pour
faire avorter l'œuvre dans son germe, la cabale an-
glaise, non la nation anglaise, a subi la confusion de
voir échouer ses projets. L'agiotage, a eu beau se
conjurer avec ces passions britanniques pour com-
battre l'entreprise par les défiances semées parmi les
capitaux, le concours financier de la France et de
l'Europe a déjoué ces tristes tentatives. A travers ces
dépits et ces égoïsmes, la formation de la Compagnie
a grandi, a marché, abouti, et chaque jour de nou-
velles adhésions, de nouvelles lumières viennent ac-
croître sa force et son autorité dans l'opinion. Ainsi,
l'agriculture, directement du moins, paraissait la moins
intéressée à ce grand événement commercial, l'abré-
viation de moitié dans la route maritime entre l'Europe
et l'Inde : cependant, la voici à son tour qui élève la
voix ; le percement de l'isthme de Suez l'émeut aussi et
il étend le champ de ses espérances. Voici en effet en
quels termes, et sous le titre que nous avons placé entête
de ces réflexions, un recueil spécial des plus estimés, le
Journal d'agriculture pratique, envisage l'union des
deux mers au point de vue de l'intérêt agricole :
G. WAGENER.
Monsieur le rédacteur,
Vous m'avez demandé quelle pourrait être l'influence du
percement de l'isthme de Suez sur l'agriculture en France; je
viens vous soumettre mon appréciation.
Notre agriculture sera certainement influencée à la longue,
soit en bien, soit en mal, par cette œuvre pour laquelle un
de nos compatriotes a déployé une persévérance inflexible
dont il a été donné peu d'exemples à l'histoire, depuis Chris-
tophe Colomb parcourant l'ancien monde, pour y obtenir
les moyens de trouver le nouveau.
Il est d'abord incontestable qu'elle imprimera du développe-
ment à notre marine commerçante; qu'elle amènera à nos
chemins de fer un transit fort lucratif de voyageurs et de
marchandises se dirigeant vers l'Angleterre ou l'Allemagne.
L'une de ces deux industries exporte au loin notre vin, nos
huiles et parfois nos grains, comme cela a lieu actuellement
vers l'Angleterre et l'Espagne. L'autre transporte à l'intérieur
nos animaux et nos produits; elle nous permet de tirer un
parti plus lucratif du lait, du beurre-, des légumes; parfois
aussi elle peut nous procurer à bas prix la marne, les engrais
et les amendements de toute sorte.
La prospérité de ces deux industries importe donc d'une
manière capitale à la culture ; plus elles seront riches, actives,
et mieux elles pourront la servir.
Arrivons maintenant aux influences plus immédiates. Le
canal de Suez peut agir directement sur notre culture, en
mal, en facilitant l'importation des objets de première con-
sommation. Un tel résultat, d'abord aussi favorable aux con-
sommateurs que ruineux pour les producteurs, aurait pour
effet de faire abandonner lentement la culture pour le travail
industriel; si bien que la production diminuerait, les vivres
reprendraient de la hausse; les rentiers n'y auraient trouvé
qu'une économie passagère; la classe ouvrière des villes se
serait attiré une nombreuse concurrence de bras; et, comme
le peuple romain, nous serions nourris par les étrangers,
c'est-à-dire fort mal, à la merci de la moindre révolte dans
les pays d'importation. Mais un tel résultat n'est point à
craindre. Jusqu'ici les Indes, la Chine et la côte d'Afrique,
qui nous seront plus spécialement ouvertes par le canal, n'ont
importé, même dans les années de disette qui viennent de
s'écouler, que fort peu de grains, de riz, de sucre. Ainsi le
tableau du commerce donne 1rs résultats suivants pour
l'année 1857 :
Pays, Riz. Froment. Sucre brut.
Tonnes. Tonnes. Tonnes.
Indes anglaises. 25,800 1,944 1,152
— hollandaises. 976 > 9,194
Les Indes seules nous ont donc envoyé du grain, du riz,
du sucre, mais en quantité bien minime, malgré la cherté de
ces denrées en Europe. La Chine et la côte orientale d'Afrique
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