Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
22 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 15 JANVIER.
même temps les plus raisonnables promesses. La France
spécialement a de nombreuses gerbes à cueillir dans
cette moisson dont la semence est accomplie, et M. Lan-
çon lui montre l'un des champs sur lesquels son activité
peut le plus immédiatement et le plus efficacement
s'exercer.
L'honorable écrivain nous annonce d'autres considé-
rations sur le percement de l'isthme de Suez; nous les
attendons avec intérêt.
G. WAGENER.
Monsieur le rédacteur eu chef du Nouvelliste,
Peut-être allez-vous me trouver sans titres pour traiter,
à mon tour, dans le Nouvelliste, cette grande question de
l'isthme de Suez? Je ne représente, en effet, votre départe-
ment ni comme conseiller général, ni comme député, et il
semble, au premier abord, dans un débat de cette nature,
que je sois un étranger pour un journal de Marseille.
Cela pourrait être vrai, si la prospérité, l'avenir de Mar-
seille n'intéressaient que Marseille elle-même, si tout ce qui
fait sa force; sa vie ne faisait que sa propre vie et sa propre
force; mais Marseille, ce n'est pas seulement elle-même, ce
n'est pas seulement les Bouches-du-Rhône, c'est le Var, c'est
Vaucluse, c'est les Basses-Alpes., c'est toute la Provence,
plus que la Provence; c'est toute cette région méridionale
dont l'existence est-si étroitement liée à celle de Marseille
qu'elle en ressent toutes les émotions, tous les succès comme
toutes les crises; c'est toutes ces villes, toutes ces contrées
qui, ses voisines ou un peu éloignées, lui envoient leurs
richesses, leurs produits qu'elle fabrique, qu'elle exporte ou
qu'elle consomme; c'est toute cette France méditerranéenne
qui, les yeux toujours fixés sur cette capitale de la Méditer-
ranée, ne peut pas et ne sait pas bien vivre sans elle, floris-
saute, stationnaire ou malheureuse comme elle, quan d elle
est florissante, stationnaire ou malheureuse elle-même.
Voilà Marseille.
Ainsi, plaider sa cause et celle de sa grandeur, c'est plai-
der aussi celle de tous ces départements, de tous ces pays
dont les destinées sont attachées à la sienne, dont les inté-
rêts sont solidaires des siens; c'est tout cela.
Ainsi, qu'on ne s'étonne pas que les intérêts marseillais,
les questions marseillaises puissent être un sujet d'examen,
un objet de préoccupation ailleurs qu'à Marseille même et
pour d'autres que des Marseillais eux-mêmes; qu'on ne
s'étonne pas que cela soit vrai surtout du percement de l'isthme
de Suez qui doit ouvrir au commerce de Marseille de si vastes
horizons.
Il importe de bien montrer, de bien constater que tout ce
midi de la France, dont Marseille est comme suzeraine, pro-
fitera, s'enrichira de toutes les sources de richesses ouvertes
à Marseille par l'ouverture du canal de Suez.
Je ne veux parler aujourd'hui que de l'industrie de la soie.
On sait l'augmentation excessive du prix de la soie, due
au manque de la récolte en 1855, et à l'insuffisance des
récoltes depuis lors, non-seulement en France, mais en
Italie et en Espagne. C'est un événement qui cause de vives
inquiétudes dans tous les pays séricicoles et dans toutes les
villes de fabrique; une hausse de 55 1/2 p. 100 dans le prix
de toutes les espèces de soies est sans précédents, et menace:
si elle continue, de produire des effets sérieux sur la pro-
spérité de cette industrie.
On comprend encore mieux l'étendue du mal et la néces-
sité du remède, si on songe que les départements rroduc-
teurs de la soie sont plus nombreux qu'ils ne l'ont jamais été'
on en comptait huit il y a vingt-cinq ans; on en compte
soixante aujourd'hui : aussi, depuis cette époque jusqu'aux
dernières années qui ont précédé la crise actuelle, la pro-
duction s'était élevée de 7 millions à 27 millions de soie en
cocons fournissant 3 millions de kilogrammes de soie ou-
vrable. Le progrès de la fabrication en France avait été plus
rapide encore que celui de l'élève des vers à soie. On avait
travaillé annuellement en France jusqu'en 1855, quatre millions
cinq cent mille kilogrammes de soie représentant, en pro-
duits ouvrés, une valeur de 550 millions de francs, dont
350 millions sont livrés à l'exportation. L'exportation fran-
çaise s'élevait à 475 millions en 1856, en y comprenant les
rubans de soie.
Il y a loin de ces chiffres au déficit d'aujourd'hui : il a
fallu importer en France quinze cent mille kilogrammes de
soie étrangère en 1855, et deux millions quatre cent mille kilo-
grammes en 1856 pour alimenter les deux cent vingt mille
métiers qu'y compte M. Arlès Dufour, dont soixante-dix mille
à Lyon.
Malheureusement, rien n'annonce que cette crise touche à
son terme, la maladie qui en est la cause et qui frappe les
vers à soie et les mûriers n'est pas arrivée, on le craint, à
son maximum d'intensité, et on ne prévoit, pour l'année
prochaine, ni une récolte abondante ni même une moyenne.
Que faire? attendre de meilleures années et se croiser les
bras en attendant? attendre la guérison de la maladie? Mais
si les années viennent et non la guérison? si la maladie con-
tinue toujours? Qui peut dire quand elle disparaîtra? Il fau-
drait donc vivre dans l'incertitude et dans tous les périls de
l'incertitude? Dans certaines maladies, pour les -industries
comme pour les individus, attendre, ne rien faire, ce peut
être la mort; la maladie peut emporter le malade : les fila-
tures, les fabriques peuvent rester sans travail; les ateliers
peuvent se fermer; des milliers d'ouvriers et de familles
d'ouvriers peuvent se trouver sans pain et dans la rue.
C'est une situation grave.
C'est dire suffisamment qu'il faut se préoccuper de la néces-
sité de combler par des sources étrangères le déficit de la pro-
duction de la soie en France et en Europe. La création à Mar-
seille d'un marché direct pour les cocons et les soies d'Asie;
la communication directe avec la Chine; l'établissement à
Shanghaï de comptoirs français et franco-américains; la for-
mation à Marseille d'un grand dépôt de soies chinoises; s'as-
surer ainsi un approvisionnement constant et direct de cocons
et de soies de Chine, sans l'intermédiaire ou l'agence des mar-
chands anglais établis en Chine : voilà quelques-uns des
moyens de salut que l'industrie de la soie peut trouver dans le
percement de l'isthme de Suez.
Il est facile, en effet, de se rendre un compte exact et sérieux
des services que peut rendre à cette industrie le canal maritime
de Suez; on peut consulter sur ce sujet un travail remarquable
publié par M. Duhamel, conseiller général du Rhône, et ayant
pour titre : De l'Isthme de Suez et de Lyon. — Je lui em-
prunte les chiffres et les faits suivants, dont j'ai pu d'ailleurs
vérifier l'exactitude.
En 1855, la Chine a importé en Europe 56,000 balles de
soie de 45 à 50 kilog. chacune; 5,000 ont été envoyées en
France; 51,000 à Londres.
En 1856, l'insuffisance de la récolte de soie ayant été pres-
que générale en Europe, l'importation des soies chinoises en
Europe a été de 80,000 balles environ, représentant une va-
leur de 250 millions de francs. -
Les Indes aussi envoient de la soie en Europe, mais en
même temps les plus raisonnables promesses. La France
spécialement a de nombreuses gerbes à cueillir dans
cette moisson dont la semence est accomplie, et M. Lan-
çon lui montre l'un des champs sur lesquels son activité
peut le plus immédiatement et le plus efficacement
s'exercer.
L'honorable écrivain nous annonce d'autres considé-
rations sur le percement de l'isthme de Suez; nous les
attendons avec intérêt.
G. WAGENER.
Monsieur le rédacteur eu chef du Nouvelliste,
Peut-être allez-vous me trouver sans titres pour traiter,
à mon tour, dans le Nouvelliste, cette grande question de
l'isthme de Suez? Je ne représente, en effet, votre départe-
ment ni comme conseiller général, ni comme député, et il
semble, au premier abord, dans un débat de cette nature,
que je sois un étranger pour un journal de Marseille.
Cela pourrait être vrai, si la prospérité, l'avenir de Mar-
seille n'intéressaient que Marseille elle-même, si tout ce qui
fait sa force; sa vie ne faisait que sa propre vie et sa propre
force; mais Marseille, ce n'est pas seulement elle-même, ce
n'est pas seulement les Bouches-du-Rhône, c'est le Var, c'est
Vaucluse, c'est les Basses-Alpes., c'est toute la Provence,
plus que la Provence; c'est toute cette région méridionale
dont l'existence est-si étroitement liée à celle de Marseille
qu'elle en ressent toutes les émotions, tous les succès comme
toutes les crises; c'est toutes ces villes, toutes ces contrées
qui, ses voisines ou un peu éloignées, lui envoient leurs
richesses, leurs produits qu'elle fabrique, qu'elle exporte ou
qu'elle consomme; c'est toute cette France méditerranéenne
qui, les yeux toujours fixés sur cette capitale de la Méditer-
ranée, ne peut pas et ne sait pas bien vivre sans elle, floris-
saute, stationnaire ou malheureuse comme elle, quan d elle
est florissante, stationnaire ou malheureuse elle-même.
Voilà Marseille.
Ainsi, plaider sa cause et celle de sa grandeur, c'est plai-
der aussi celle de tous ces départements, de tous ces pays
dont les destinées sont attachées à la sienne, dont les inté-
rêts sont solidaires des siens; c'est tout cela.
Ainsi, qu'on ne s'étonne pas que les intérêts marseillais,
les questions marseillaises puissent être un sujet d'examen,
un objet de préoccupation ailleurs qu'à Marseille même et
pour d'autres que des Marseillais eux-mêmes; qu'on ne
s'étonne pas que cela soit vrai surtout du percement de l'isthme
de Suez qui doit ouvrir au commerce de Marseille de si vastes
horizons.
Il importe de bien montrer, de bien constater que tout ce
midi de la France, dont Marseille est comme suzeraine, pro-
fitera, s'enrichira de toutes les sources de richesses ouvertes
à Marseille par l'ouverture du canal de Suez.
Je ne veux parler aujourd'hui que de l'industrie de la soie.
On sait l'augmentation excessive du prix de la soie, due
au manque de la récolte en 1855, et à l'insuffisance des
récoltes depuis lors, non-seulement en France, mais en
Italie et en Espagne. C'est un événement qui cause de vives
inquiétudes dans tous les pays séricicoles et dans toutes les
villes de fabrique; une hausse de 55 1/2 p. 100 dans le prix
de toutes les espèces de soies est sans précédents, et menace:
si elle continue, de produire des effets sérieux sur la pro-
spérité de cette industrie.
On comprend encore mieux l'étendue du mal et la néces-
sité du remède, si on songe que les départements rroduc-
teurs de la soie sont plus nombreux qu'ils ne l'ont jamais été'
on en comptait huit il y a vingt-cinq ans; on en compte
soixante aujourd'hui : aussi, depuis cette époque jusqu'aux
dernières années qui ont précédé la crise actuelle, la pro-
duction s'était élevée de 7 millions à 27 millions de soie en
cocons fournissant 3 millions de kilogrammes de soie ou-
vrable. Le progrès de la fabrication en France avait été plus
rapide encore que celui de l'élève des vers à soie. On avait
travaillé annuellement en France jusqu'en 1855, quatre millions
cinq cent mille kilogrammes de soie représentant, en pro-
duits ouvrés, une valeur de 550 millions de francs, dont
350 millions sont livrés à l'exportation. L'exportation fran-
çaise s'élevait à 475 millions en 1856, en y comprenant les
rubans de soie.
Il y a loin de ces chiffres au déficit d'aujourd'hui : il a
fallu importer en France quinze cent mille kilogrammes de
soie étrangère en 1855, et deux millions quatre cent mille kilo-
grammes en 1856 pour alimenter les deux cent vingt mille
métiers qu'y compte M. Arlès Dufour, dont soixante-dix mille
à Lyon.
Malheureusement, rien n'annonce que cette crise touche à
son terme, la maladie qui en est la cause et qui frappe les
vers à soie et les mûriers n'est pas arrivée, on le craint, à
son maximum d'intensité, et on ne prévoit, pour l'année
prochaine, ni une récolte abondante ni même une moyenne.
Que faire? attendre de meilleures années et se croiser les
bras en attendant? attendre la guérison de la maladie? Mais
si les années viennent et non la guérison? si la maladie con-
tinue toujours? Qui peut dire quand elle disparaîtra? Il fau-
drait donc vivre dans l'incertitude et dans tous les périls de
l'incertitude? Dans certaines maladies, pour les -industries
comme pour les individus, attendre, ne rien faire, ce peut
être la mort; la maladie peut emporter le malade : les fila-
tures, les fabriques peuvent rester sans travail; les ateliers
peuvent se fermer; des milliers d'ouvriers et de familles
d'ouvriers peuvent se trouver sans pain et dans la rue.
C'est une situation grave.
C'est dire suffisamment qu'il faut se préoccuper de la néces-
sité de combler par des sources étrangères le déficit de la pro-
duction de la soie en France et en Europe. La création à Mar-
seille d'un marché direct pour les cocons et les soies d'Asie;
la communication directe avec la Chine; l'établissement à
Shanghaï de comptoirs français et franco-américains; la for-
mation à Marseille d'un grand dépôt de soies chinoises; s'as-
surer ainsi un approvisionnement constant et direct de cocons
et de soies de Chine, sans l'intermédiaire ou l'agence des mar-
chands anglais établis en Chine : voilà quelques-uns des
moyens de salut que l'industrie de la soie peut trouver dans le
percement de l'isthme de Suez.
Il est facile, en effet, de se rendre un compte exact et sérieux
des services que peut rendre à cette industrie le canal maritime
de Suez; on peut consulter sur ce sujet un travail remarquable
publié par M. Duhamel, conseiller général du Rhône, et ayant
pour titre : De l'Isthme de Suez et de Lyon. — Je lui em-
prunte les chiffres et les faits suivants, dont j'ai pu d'ailleurs
vérifier l'exactitude.
En 1855, la Chine a importé en Europe 56,000 balles de
soie de 45 à 50 kilog. chacune; 5,000 ont été envoyées en
France; 51,000 à Londres.
En 1856, l'insuffisance de la récolte de soie ayant été pres-
que générale en Europe, l'importation des soies chinoises en
Europe a été de 80,000 balles environ, représentant une va-
leur de 250 millions de francs. -
Les Indes aussi envoient de la soie en Europe, mais en
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529497f/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529497f/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529497f/f6.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529497f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529497f
Facebook
Twitter