Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
SAMEDI 15 JANVIER. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 19
des États, aux droitt de sous. D'un côté, l'opprimé
qui se redresse; de l'autre, l'oppresseur qui se pro-
clame.
Est-il donc vrai que l'Egypte ne puisse s'ouvrir une
admirable route à elle-même et au monde sans la per-
mission de M. le consul d'Angleterre ? Est-il possible
que le-Cabinet anglais consente à signifier ainsi à l'Eu-
rope cette confiscation, à son profit, de tous les droits
nationaux et internationaux?
Nous aimons à croire que l'agent britannique n'a
obéi qu'à un excès de zèle personnel, et cette opinion
aurait un appui dans le silence que les journaux anglais
ont gardé sur cette singulière incartade.
Nous pouvons ajouter que le langage à Londres con-
tredit formellement les idées que M. le consul a prêtées
à son gouvernement.
M. Green, en cette circonstance, a été beaucoup plus
téméraire et compromettant pour l'Angleterre absente
que ne l'a été lord Palmerston lui-même.
En effet, le noble lord a déclaré en plein Parlement
que son opposition était motivée, non sur les intérêts
compromis de l'Angleterre , mais sur son affectueuse
sollicitude pour ceux de la Turquie.
Le Cabinet avouera-t-il son consul établissant « hau-
tement » 'qu'avant tout, elle est l'ennemie naturelle et
nécessaire du développement maritime et commercial
du continent?
Mais c'est devant -cette proposition révoltante qu'a re-
culé lord Palmerston, sous le coup de l'éloquence de
M. Gladstone, protestant, aux applaudissements de la
Chambre des communes, qu'un semblable principe se-
rait plus funeste à la Grande-Bretagne que dix révoltes
comme celle des cipayes.
-M. Green traite un peu trop l'Europe en cipaye
dompté.
De plus, que va penser le chancelier de l'Échiq-uier,
le leader officiel de la Chambre des communes, M. Dis-
raeli, de cette démarche étonnante et éclatante ? A la
prochaine session, après le 3 février, comment écar-
tera-t-il une seconde motion Rœhttck? Cette motion avait
pour objet d'interdire au gouvernement tout acte d'in-
tervention au Caire, comme à Constantinople, contre le
canal de Suez. Pour échapper à ce vote , appuyé de la
parole et de l'autorité des hommes les plus considé-
rables et les plus populaires du Parlement, lord John
Ru&sel, MM. Gladstone, Milner Gibson, Bright, Sidney
'Herbert, Jèlmes Graham, etc., le ministre fut obligé de
déclarer que ni le Cabinet présent ni ses prédécesseurs
ne s'étaient jamais immiscés dans une intervention de
cette espèce, et qu'il n'y en avait pas de preuves. Il y en
a maintenant.
En tout cas , ou M. Green a essayé de surprendre la
bonne foi du Vice-roi d'Egypte, ou lord Palmerston et
M. Disraeli n'ont pas dit vrai au Parlement. >
Posons la question cependant. Vingt-deux meetings,
composés de l'élite des classes commerciales, manufac-
turières et maritimes du Royaume-Uni, ont attesté à
l'unanimité que le canal de Suez était « hautement fa-
» vorable au commerce et aux intérêts du Royaume-
» Uni » ; voilà l'opinion de l'Angleterre.
Les notabilités oratoires et politiques les plus in-
fluentes du Parlement se sont élevées avec vigueur
contre toute action directe où indirecte de leur gouver-
nement pour entraver l'exécution du percement de
l'isthme. Afin d'écarter un vole impératif, le ministère
a dû hier, dans le passé et le présent, toute démarche
- de cette nature : voilà l'opinion du Parlement.
La question de Suez ne sera pas plus heureuse au
cabinet Derby, qu'elle n'a été favorable à la durée du
cabinet Palmerston.
Quels que soient ses préjugés ou ses arrière-pensées ,
il est des circonstances où un homme d'État doit faire la
part de l'esprit du temps, et, pour n'être point pris
d'assaut, capituler avec les nécessités. C'est là le sceau
du génie politique. Il sait qu'on épuise promptement
ses forces à vouloir faire remonter le courant du genre
humain.
Or le genre humain a proclamé la libre communica-
tion des mers, le percement de l'isthme de Suez,'une des
nécessités de notre époque ; que peut produire d'efficace,
contre cette puissance de l'unanimité des nations, l'ef-
fort rétrospectif de quelques obstinations surannées?
Le ministère Derby, à son avènement, et pour con-
quérir la faveur de son propre pays, avait fait d'autres
promesses à la France. Il lui avait promis l'impartialité,
la justice , l'amitié, et même, l'honneur sauf, le bien-
veillant sacrifice qui resserre les nœuds de l'amitié. Que
M. Disraeli relise ses discours d'inauguration, et qu'il
relise ensuite les - paroles de M. Green.
Le Siècle nous rapportait un de ces derniers jours
une correspondance de Nicaragua d'après laquelle le
représentant britannique auprès de cet État déclarait la
France et l'Angleterre d'accord pour hâter le percement
de l'isthme de Panama. C'est noble, c'est intelligent
c'est digne des deux peuples qui marchent à la tête
de la civilisation. Mais quoi! tandis que le gouverne-
ment anglais s'associe à la France pour l'ouverture des
mers américaines, il lutterait contre la Fran'ce pour la
clôture des mers asiatiques Pet la même plume lui ser-
virait à la fois pour ouvrir l'isthme de Panama. et fermer
l'isthme de Suez ! Que dirait le monde devant cette con-
tradiction! Que diraient les Américains devant cette
justice distributive?
Non, l'Angleterre, libre et morale, n'a pas la préten-
tion de tenir à son bon plaisir et selon la tyrannie de
ses convenances, une de ces issues libre et l'autre bou-
chée ; comme le ministère Derby ne doit pas être tenté
de l'ambition de donner le spectacle de ces évolutions
sans scrupule à l'Europe, à l'Amérique et à l'Asie.
ERNEST DESPLAGES.
UNE DÉCLARATION DU MINISTÈRE ANGLAIS.
Dans une rcuuîon desélecleurs qu'il représente h la Chambre
des Communes, M. SemlOut. Fitz-Gerald, sous-secretaire d'Et¡¡
des États, aux droitt de sous. D'un côté, l'opprimé
qui se redresse; de l'autre, l'oppresseur qui se pro-
clame.
Est-il donc vrai que l'Egypte ne puisse s'ouvrir une
admirable route à elle-même et au monde sans la per-
mission de M. le consul d'Angleterre ? Est-il possible
que le-Cabinet anglais consente à signifier ainsi à l'Eu-
rope cette confiscation, à son profit, de tous les droits
nationaux et internationaux?
Nous aimons à croire que l'agent britannique n'a
obéi qu'à un excès de zèle personnel, et cette opinion
aurait un appui dans le silence que les journaux anglais
ont gardé sur cette singulière incartade.
Nous pouvons ajouter que le langage à Londres con-
tredit formellement les idées que M. le consul a prêtées
à son gouvernement.
M. Green, en cette circonstance, a été beaucoup plus
téméraire et compromettant pour l'Angleterre absente
que ne l'a été lord Palmerston lui-même.
En effet, le noble lord a déclaré en plein Parlement
que son opposition était motivée, non sur les intérêts
compromis de l'Angleterre , mais sur son affectueuse
sollicitude pour ceux de la Turquie.
Le Cabinet avouera-t-il son consul établissant « hau-
tement » 'qu'avant tout, elle est l'ennemie naturelle et
nécessaire du développement maritime et commercial
du continent?
Mais c'est devant -cette proposition révoltante qu'a re-
culé lord Palmerston, sous le coup de l'éloquence de
M. Gladstone, protestant, aux applaudissements de la
Chambre des communes, qu'un semblable principe se-
rait plus funeste à la Grande-Bretagne que dix révoltes
comme celle des cipayes.
-M. Green traite un peu trop l'Europe en cipaye
dompté.
De plus, que va penser le chancelier de l'Échiq-uier,
le leader officiel de la Chambre des communes, M. Dis-
raeli, de cette démarche étonnante et éclatante ? A la
prochaine session, après le 3 février, comment écar-
tera-t-il une seconde motion Rœhttck? Cette motion avait
pour objet d'interdire au gouvernement tout acte d'in-
tervention au Caire, comme à Constantinople, contre le
canal de Suez. Pour échapper à ce vote , appuyé de la
parole et de l'autorité des hommes les plus considé-
rables et les plus populaires du Parlement, lord John
Ru&sel, MM. Gladstone, Milner Gibson, Bright, Sidney
'Herbert, Jèlmes Graham, etc., le ministre fut obligé de
déclarer que ni le Cabinet présent ni ses prédécesseurs
ne s'étaient jamais immiscés dans une intervention de
cette espèce, et qu'il n'y en avait pas de preuves. Il y en
a maintenant.
En tout cas , ou M. Green a essayé de surprendre la
bonne foi du Vice-roi d'Egypte, ou lord Palmerston et
M. Disraeli n'ont pas dit vrai au Parlement. >
Posons la question cependant. Vingt-deux meetings,
composés de l'élite des classes commerciales, manufac-
turières et maritimes du Royaume-Uni, ont attesté à
l'unanimité que le canal de Suez était « hautement fa-
» vorable au commerce et aux intérêts du Royaume-
» Uni » ; voilà l'opinion de l'Angleterre.
Les notabilités oratoires et politiques les plus in-
fluentes du Parlement se sont élevées avec vigueur
contre toute action directe où indirecte de leur gouver-
nement pour entraver l'exécution du percement de
l'isthme. Afin d'écarter un vole impératif, le ministère
a dû hier, dans le passé et le présent, toute démarche
- de cette nature : voilà l'opinion du Parlement.
La question de Suez ne sera pas plus heureuse au
cabinet Derby, qu'elle n'a été favorable à la durée du
cabinet Palmerston.
Quels que soient ses préjugés ou ses arrière-pensées ,
il est des circonstances où un homme d'État doit faire la
part de l'esprit du temps, et, pour n'être point pris
d'assaut, capituler avec les nécessités. C'est là le sceau
du génie politique. Il sait qu'on épuise promptement
ses forces à vouloir faire remonter le courant du genre
humain.
Or le genre humain a proclamé la libre communica-
tion des mers, le percement de l'isthme de Suez,'une des
nécessités de notre époque ; que peut produire d'efficace,
contre cette puissance de l'unanimité des nations, l'ef-
fort rétrospectif de quelques obstinations surannées?
Le ministère Derby, à son avènement, et pour con-
quérir la faveur de son propre pays, avait fait d'autres
promesses à la France. Il lui avait promis l'impartialité,
la justice , l'amitié, et même, l'honneur sauf, le bien-
veillant sacrifice qui resserre les nœuds de l'amitié. Que
M. Disraeli relise ses discours d'inauguration, et qu'il
relise ensuite les - paroles de M. Green.
Le Siècle nous rapportait un de ces derniers jours
une correspondance de Nicaragua d'après laquelle le
représentant britannique auprès de cet État déclarait la
France et l'Angleterre d'accord pour hâter le percement
de l'isthme de Panama. C'est noble, c'est intelligent
c'est digne des deux peuples qui marchent à la tête
de la civilisation. Mais quoi! tandis que le gouverne-
ment anglais s'associe à la France pour l'ouverture des
mers américaines, il lutterait contre la Fran'ce pour la
clôture des mers asiatiques Pet la même plume lui ser-
virait à la fois pour ouvrir l'isthme de Panama. et fermer
l'isthme de Suez ! Que dirait le monde devant cette con-
tradiction! Que diraient les Américains devant cette
justice distributive?
Non, l'Angleterre, libre et morale, n'a pas la préten-
tion de tenir à son bon plaisir et selon la tyrannie de
ses convenances, une de ces issues libre et l'autre bou-
chée ; comme le ministère Derby ne doit pas être tenté
de l'ambition de donner le spectacle de ces évolutions
sans scrupule à l'Europe, à l'Amérique et à l'Asie.
ERNEST DESPLAGES.
UNE DÉCLARATION DU MINISTÈRE ANGLAIS.
Dans une rcuuîon desélecleurs qu'il représente h la Chambre
des Communes, M. SemlOut. Fitz-Gerald, sous-secretaire d'Et¡¡
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529497f/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529497f/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529497f/f3.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529497f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529497f
Facebook
Twitter