Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
18 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 15 JANVIER.
Palmerston avait dit : Le canal n'est pas possible! Et de-
vant les démonstrations de la science, placés sous la
menace de l'exécution prochaine, ses instruments les plus
passionnés sont contraints d'abandonner cette thèse. Il
avait ajouté: Le canal ne sera point rémunérateur, et par
conséquent les capitaux se refuseront à s'engloutir dans
des sables stériles. Les capitaux ont répondu et constaté
leur opinion tout opposée en couvrant la souscription
ouverte pour la constitution désormais accomplie de la
Compagnie universelle.
Battue en fait sur ces deux objections de fait, et se
trouvant par la réunion du fonds social dépourvue de sa
suprême espérance, la cabale en Égypte a voulu passer
de l'argument déconfit à l'action intimidatrice. M. le
consul d'Angleterre a donc revêtu son costume officiel,
et, avec ou sans instructions, il s'est cru le droit de faire
sur S. A. Mohammed-Saïd une charge dont une corres-
pondance d'Alexandrie, publiée déjà par le Constitu-
tionnel, le Journal des Débats et plusieurs journaux
français et étrangers, nous offre la relation suivante :
» Alexandrie, 24 décembre.
te Je vous adresse le récit très-exact d'une entrevue
qui vient d'avoir lieu entre le consul d'Angleterre en
Egypte et le Vice-roi Mohammed-Saïd-Pacha. Il n'est
pas besoin d'en faire ressortir l'importance. Au moment
où l'on cherchait en Europe à accréditer le bruit que le
Vice-roi était mal disposé pour l'entreprise de Suez, il
répondait avec une fermeté remarquable à l'agent an-
glais, que cette entreprise.est son œuvre, qu'il y met sa
gloire, et qu'il est décidé à la poursuivre, comme le
hatti-chérif de 1841 lui en donne certainement le droit.
» Par cette attitude, digne de l'estime de tous les
peuples de l'Europe, le Vice-roi, gouvernant un pays
qui a tant à faire pour atteindre les hauteurs de la civi-
lisation occidentale, s'est constitué le défenseur de la
cause tie la civilisation contre le représentant d'une des
puissances les plus civilisées de l'Occident. L'agent
britannique ne peut manquer d'être désavoué par son
gouvernement, car sa démarche est de celles dont aucun
gouvernement ne peut accepter la responsabilité sans
humiliation. Cette démarche est en désaccord complet
avec les principes d£ propagande civilisatrice, humani-
taire et commerciale, dont les Anglais se regardent
volontiers comme les principaux représentants. Il est
donc impossible qu'ils l'approuvent sans la plus criante
inconséquence et sans abdiquer leurs prétentions au
libéralisme en matière de politique ou de commerce.
» Voici les faits :
» M. Green, consul d'Angleterre à Alexandrie, s'est
rendu au Caire le 19 décembre courant et s'est présenté
: ,", -roi, qui l'a immédiatement reçu. M. Green
lJtesse que, par le fait de la concession
? t ceoi-dée à M. de Lesseps, elle allait se
s e grande perplexité; que M. de Lesseps,
it titre de mandataire du pacha d'Égypte
i du canal, avait constitué une compagnie.
Le consul ajouta qu'il serait bien temps de désavouer
son mandataire.
» Saïd-Pacha répondit de la manière suivante : « C'est
à tort qu'en Europe on a attribué à M. de Lesseps
seul le projet de percement de l'isthme de Suez. C'est
moi qui en suis le promoteur. M. de Lesseps, dans
tout ce qu'il a fait jusqu'à ce jour, n a fait que suivre
mes instructions.
« Vous allez sans doute, a-t-il continué, me deman-
der quel est le mobile qui m'a déterminé à concevoir
cette entreprise? Je vous répondrai franchement que
c'est le désir d'honorer mon gouvernement et d'illustrer
mon nom, en même temps que je servais de la manière
la plus efficace les véritables intérêts de l'empire otto-
man. Je me suis acquis, par ce fait, les sympathies de
tous les peuples de l'Europe, et j'ai poursuivi une
entreprise à laquelle chacun d'eux dut s'intéresser. Or,
il vous est démontré par les faits que la plupart des
grandes puisances s'intéressent au plus haut point au
percement de l'isthme de Suez. v>
cc Que Votre Altesse, répliqua M. Green, me permette
de lui faire observer que si, en effet, la France et
d'autres puissances se sont montrées favorables à ce
projet, il a été hautement désapprouvé par le rabinet
anglais comme étant contraire à ses intérêts. »
« Je suis décidé, reprit le Vice-roi, à persévérer dans
la ligne de conduite que j'ai suivie" jusqu'ici et à faire
tout ce qui dépendra de moi pour accélérer l'exécution
d'un projet dont on désire si généralement la réalisa-
tion. »
55 Là-dessus, M. Green ayant demandé au Vice-roi
s'il pouvait faire part à son gouvernement de la conver-
sation qu'il venait d'avoir avec lui, Son Altesse répon-
dit affirmativement. M. Green sortit, et dès le lende-
main , il retournait à Alexandrie.
» Son Altesse avait d'autant plus de drpit de faire
cette réponse si nette à l'inqualifiable démarche de
M. Green, iqu'elle vient précisément de terminer, prin-
cipalement au profit de l'Angleterre, le chemin de fer
d'Alexandrie à Suez. On lui doit un autre remerciment
des soins qu'elle s'est donnés et de la rapidité avec la-
quelle ont été exécutés les travaux. ir
Nous n'avons pas besoin de faire ressoElir dans ceite
scène l'attitude si différemment remarquable des deux
personnages. D'un côté, un prince interpellé et en quel-
que sorte sommé de désavouer un acte de son autorité,
généreux, légitime, avantageux -à ses peuples et au
monde; de l'autre, un représentant étranger interve-
nant dans une question intérieure de gouvernement et
d'administration publique. D'un côlé, la dignité, la
fermeté, la modération; de l'autre, une déclaration
d'hostilité et d'égoïsme. D'un côté, la noble invocation
des intérêts et de la gloire du pays, des vœux, des be-
soins et des sympathies de l'Europe; de l'autre, le dé-
dain de ces considérations, l'arbitraire avide d'un seul
superposé aux progrès de l'humanité, à l'indépendance
Palmerston avait dit : Le canal n'est pas possible! Et de-
vant les démonstrations de la science, placés sous la
menace de l'exécution prochaine, ses instruments les plus
passionnés sont contraints d'abandonner cette thèse. Il
avait ajouté: Le canal ne sera point rémunérateur, et par
conséquent les capitaux se refuseront à s'engloutir dans
des sables stériles. Les capitaux ont répondu et constaté
leur opinion tout opposée en couvrant la souscription
ouverte pour la constitution désormais accomplie de la
Compagnie universelle.
Battue en fait sur ces deux objections de fait, et se
trouvant par la réunion du fonds social dépourvue de sa
suprême espérance, la cabale en Égypte a voulu passer
de l'argument déconfit à l'action intimidatrice. M. le
consul d'Angleterre a donc revêtu son costume officiel,
et, avec ou sans instructions, il s'est cru le droit de faire
sur S. A. Mohammed-Saïd une charge dont une corres-
pondance d'Alexandrie, publiée déjà par le Constitu-
tionnel, le Journal des Débats et plusieurs journaux
français et étrangers, nous offre la relation suivante :
» Alexandrie, 24 décembre.
te Je vous adresse le récit très-exact d'une entrevue
qui vient d'avoir lieu entre le consul d'Angleterre en
Egypte et le Vice-roi Mohammed-Saïd-Pacha. Il n'est
pas besoin d'en faire ressortir l'importance. Au moment
où l'on cherchait en Europe à accréditer le bruit que le
Vice-roi était mal disposé pour l'entreprise de Suez, il
répondait avec une fermeté remarquable à l'agent an-
glais, que cette entreprise.est son œuvre, qu'il y met sa
gloire, et qu'il est décidé à la poursuivre, comme le
hatti-chérif de 1841 lui en donne certainement le droit.
» Par cette attitude, digne de l'estime de tous les
peuples de l'Europe, le Vice-roi, gouvernant un pays
qui a tant à faire pour atteindre les hauteurs de la civi-
lisation occidentale, s'est constitué le défenseur de la
cause tie la civilisation contre le représentant d'une des
puissances les plus civilisées de l'Occident. L'agent
britannique ne peut manquer d'être désavoué par son
gouvernement, car sa démarche est de celles dont aucun
gouvernement ne peut accepter la responsabilité sans
humiliation. Cette démarche est en désaccord complet
avec les principes d£ propagande civilisatrice, humani-
taire et commerciale, dont les Anglais se regardent
volontiers comme les principaux représentants. Il est
donc impossible qu'ils l'approuvent sans la plus criante
inconséquence et sans abdiquer leurs prétentions au
libéralisme en matière de politique ou de commerce.
» Voici les faits :
» M. Green, consul d'Angleterre à Alexandrie, s'est
rendu au Caire le 19 décembre courant et s'est présenté
: ,", -roi, qui l'a immédiatement reçu. M. Green
lJtesse que, par le fait de la concession
? t ceoi-dée à M. de Lesseps, elle allait se
s e grande perplexité; que M. de Lesseps,
it titre de mandataire du pacha d'Égypte
i du canal, avait constitué une compagnie.
Le consul ajouta qu'il serait bien temps de désavouer
son mandataire.
» Saïd-Pacha répondit de la manière suivante : « C'est
à tort qu'en Europe on a attribué à M. de Lesseps
seul le projet de percement de l'isthme de Suez. C'est
moi qui en suis le promoteur. M. de Lesseps, dans
tout ce qu'il a fait jusqu'à ce jour, n a fait que suivre
mes instructions.
« Vous allez sans doute, a-t-il continué, me deman-
der quel est le mobile qui m'a déterminé à concevoir
cette entreprise? Je vous répondrai franchement que
c'est le désir d'honorer mon gouvernement et d'illustrer
mon nom, en même temps que je servais de la manière
la plus efficace les véritables intérêts de l'empire otto-
man. Je me suis acquis, par ce fait, les sympathies de
tous les peuples de l'Europe, et j'ai poursuivi une
entreprise à laquelle chacun d'eux dut s'intéresser. Or,
il vous est démontré par les faits que la plupart des
grandes puisances s'intéressent au plus haut point au
percement de l'isthme de Suez. v>
cc Que Votre Altesse, répliqua M. Green, me permette
de lui faire observer que si, en effet, la France et
d'autres puissances se sont montrées favorables à ce
projet, il a été hautement désapprouvé par le rabinet
anglais comme étant contraire à ses intérêts. »
« Je suis décidé, reprit le Vice-roi, à persévérer dans
la ligne de conduite que j'ai suivie" jusqu'ici et à faire
tout ce qui dépendra de moi pour accélérer l'exécution
d'un projet dont on désire si généralement la réalisa-
tion. »
55 Là-dessus, M. Green ayant demandé au Vice-roi
s'il pouvait faire part à son gouvernement de la conver-
sation qu'il venait d'avoir avec lui, Son Altesse répon-
dit affirmativement. M. Green sortit, et dès le lende-
main , il retournait à Alexandrie.
» Son Altesse avait d'autant plus de drpit de faire
cette réponse si nette à l'inqualifiable démarche de
M. Green, iqu'elle vient précisément de terminer, prin-
cipalement au profit de l'Angleterre, le chemin de fer
d'Alexandrie à Suez. On lui doit un autre remerciment
des soins qu'elle s'est donnés et de la rapidité avec la-
quelle ont été exécutés les travaux. ir
Nous n'avons pas besoin de faire ressoElir dans ceite
scène l'attitude si différemment remarquable des deux
personnages. D'un côté, un prince interpellé et en quel-
que sorte sommé de désavouer un acte de son autorité,
généreux, légitime, avantageux -à ses peuples et au
monde; de l'autre, un représentant étranger interve-
nant dans une question intérieure de gouvernement et
d'administration publique. D'un côlé, la dignité, la
fermeté, la modération; de l'autre, une déclaration
d'hostilité et d'égoïsme. D'un côté, la noble invocation
des intérêts et de la gloire du pays, des vœux, des be-
soins et des sympathies de l'Europe; de l'autre, le dé-
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