Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
30 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 15 JANVIER.
des lacs Mad'hie et Mareotis, lacs salés situés près
d'Alexandrie. Au fur et à mesure que l'eau diminue,
il se forme, par suite de la rapidité de l'évaporation,
une couche de sel marin; bien que le terrain soit vaseux
et presque mouvant, sa surface cristallisée paraît so-
lide, les substances, soit végétales, soit animales, qui se
trouvent sur ce sol sont entourées d'une couche de sel
cristallisé et mises ainsi à l'abri de toute fermentation.
Si donc il existait dans les terres extraites par la
drague des substances végétales ou animales qui pour-
raient se décomposer au contact de l'atmosphère,
comme ces terrains et ces matières seront imprégnées
de sel marin, la chaleur et le vent amenant une évapo-
ration rapide, ces matières seront de suite entourées
d'une couche de sel et la fermentation deviendra im-
possible.
La science et une expérience séculaire expliquent
parfaitement ce fait. Il est démontré que si l'eau de
, mer ne rencontre pas d'eau douce qui décompose les
sulfates, diminue la force des chlorures que contient
l'eau salée, et change sa composition, les matières
qu'elle tient en suspension ne peuvent entrer en dé-
composition et donner naissance à des miasmes nuisibles
à la santé.
Pour que la fermentation des matières animales ou
végétales, si elles existent dans les terrains à draguer,
et qui seront imprégnées d'eau salée, ait lieu, il faut
donc un élément nouveau, de l'eau douce, qui vienne
diminuer la force des chlorures et modifier la compo-
sition de l'eau de mer. Or cet élément manque com-
plètement dans tout le parcours du canal maritime,
qui ne contiendra que de l'eau de mer : ainsi nulle
crainte de voir une fermentation quelconque s'établir.
Mais il y a plus : les matières fermentescibles existent-
elles dans les terrains de l'isthme? ces terrains sont
évidemment des alluvions marines, amenées là insen-
siblement par les courants et les marées, déposées peu
à peu, exposées à l'air, au soleil et aux intempéries
de l'atmosphère, lavées et relavées au fur et à mesure
de leur dépôt, roulées par les vagues, ayant déjà subi
tous les genres de fermentation et de décomposition
possible : on pouv ait donc en tirer la conséquence que,
si des matières fermentescibles existent encore, elles
doivent s'y 'rencontrer en quantité tellement minime
que leurs effets seront presque nuls.
Enfin, que ces matières existent ou n'existent pas,
pour calmer les inquiétudes relativement à la question
d'insalubrité par suite du mouvement des terres, nous
leur dirons que lors même que ces terres remuées se-
raient insalubres, qu'elles laisseraient échapper des
torrents de miasmes délétères, il n'y aurait rien à craindre
pour la santé publique, attendu que le vent, pendant les
mois les plus favorables à la décomposition des matières
fermentescibles, chassera ces miasmes vers l'Asie. Pen-
dant le jour, les effluves miasmatiques n'offrent aucun
danger : le soleil, en échauffant l'air, les raréfie, et le
moindre vent les disperse ; elles ne sont dangereuses que
vers le soir ou pendant la nuit, lorsque l'atmosphère se
refroidissant les condense. Alors ces effluves retombent
avec l'humidité, et viennent empoisonner les imprudents
qui n'ont pas su choisir une localité afin de se mettre à
l'abri du danger. Or donc, pour plus de garantie, les
campements d'ouvriers et les habitations, pendant les
travaux, devront toujours être placés à l'ouest du canal,
sur le vent.
L'expérience et la science se trouvent donc d'accord
pour répondre affirmativement à la seconde question
posée : les travaux ne changeront rien à la salubrité de
l'isthme de Suez.
Nous avons passé sous silence la salubrité des travaux
du canal d'eau douce : la question se trouve résolue par
les travaux du même genre qui ont été exécutés en
Egypte ; il n'y a aucun danger pour la santé des travail-
leurs. Quant à la localité que le canal d'eau douce tra-
versera, c'est l'antique contrée de Gesliem donnée par
Joseph, qui s'y connaissait, à ses frères, comme étant
la contrée la plus riche, la plus fertile et la plus salubre
de l'Egypte.
En résumé, bien que d'après les faits, l'expérience,
la science et nos études sur les lieux mêmes, nous puis-
sions certifier la salubrité de l'isthme de Suez, cela ne
veut pas dire que l'on y sera exempt de toute espèce de
maladie. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que les
travailleurs, dans l'isthme, ne seront pas plus exposés
aux maladies qu'en France, dans des travaux semblables
situés au milieu des localités les plus salubres. Aussi
voulant rassurer les esprits sur tout ce qui concerne la
santé et la maladie dans l'isthme, nous dirons que la
Compagnie est décidée à prendre toutes les mesures
possibles pour garantir la santé de ses travailleurs et de
ses employés. Le président, M. de Lesseps, et le Conseil
d'administration portent sur ce point une sollicitude
des plus vives. A tout événement, un service médical
sera fortement organisé non-seulement contre des ma-
ladies qui viendraient à se manifester, mais de plus il
existera un service de santé afin de prévenir la ma-
ladie. La plus haute surveillance sera exercée sur les
hôpitaux, les ambulances, l'emplacement des habi-
tations, la qualité des aliments et des boissons, et sur
tout ce qui concerne la salubrité et la santé.
Les moyens de prévenir la maladie et de la guérir
ont été étudiés, et les mesures seront prises comme si
l'isthme de Suez était insalubre; le service médical des
hôpitaux et des ambulances sera organisé comme si la
maladie devait sévir sur les travailleurs. Nul ne pourra
donc accuser la Compagnie et ses agents d'avoir manqué
de prévoyance et d'humanité.
Nous croyons que, par un service et une surveillance
actifs , la plupart des maladies seront prévenues ou du
moins bien atténuées, et qu'un jour nous pourrons dire:
Nous avons avancé que l'isthme était.et resterait salu-
bre. Voici le chiffre des travailleurs et des employés
pendant le temps des travaux ; comparez , et vous verrez
que, grâce aux précautions prises, la santé a été aussi
bonne dans les chantiers de l'isthme que dans ceux
d'Europe placés dans les conditions les plus favorables
pour la salubrité. DR L. AUBERT-ROCHE.
des lacs Mad'hie et Mareotis, lacs salés situés près
d'Alexandrie. Au fur et à mesure que l'eau diminue,
il se forme, par suite de la rapidité de l'évaporation,
une couche de sel marin; bien que le terrain soit vaseux
et presque mouvant, sa surface cristallisée paraît so-
lide, les substances, soit végétales, soit animales, qui se
trouvent sur ce sol sont entourées d'une couche de sel
cristallisé et mises ainsi à l'abri de toute fermentation.
Si donc il existait dans les terres extraites par la
drague des substances végétales ou animales qui pour-
raient se décomposer au contact de l'atmosphère,
comme ces terrains et ces matières seront imprégnées
de sel marin, la chaleur et le vent amenant une évapo-
ration rapide, ces matières seront de suite entourées
d'une couche de sel et la fermentation deviendra im-
possible.
La science et une expérience séculaire expliquent
parfaitement ce fait. Il est démontré que si l'eau de
, mer ne rencontre pas d'eau douce qui décompose les
sulfates, diminue la force des chlorures que contient
l'eau salée, et change sa composition, les matières
qu'elle tient en suspension ne peuvent entrer en dé-
composition et donner naissance à des miasmes nuisibles
à la santé.
Pour que la fermentation des matières animales ou
végétales, si elles existent dans les terrains à draguer,
et qui seront imprégnées d'eau salée, ait lieu, il faut
donc un élément nouveau, de l'eau douce, qui vienne
diminuer la force des chlorures et modifier la compo-
sition de l'eau de mer. Or cet élément manque com-
plètement dans tout le parcours du canal maritime,
qui ne contiendra que de l'eau de mer : ainsi nulle
crainte de voir une fermentation quelconque s'établir.
Mais il y a plus : les matières fermentescibles existent-
elles dans les terrains de l'isthme? ces terrains sont
évidemment des alluvions marines, amenées là insen-
siblement par les courants et les marées, déposées peu
à peu, exposées à l'air, au soleil et aux intempéries
de l'atmosphère, lavées et relavées au fur et à mesure
de leur dépôt, roulées par les vagues, ayant déjà subi
tous les genres de fermentation et de décomposition
possible : on pouv ait donc en tirer la conséquence que,
si des matières fermentescibles existent encore, elles
doivent s'y 'rencontrer en quantité tellement minime
que leurs effets seront presque nuls.
Enfin, que ces matières existent ou n'existent pas,
pour calmer les inquiétudes relativement à la question
d'insalubrité par suite du mouvement des terres, nous
leur dirons que lors même que ces terres remuées se-
raient insalubres, qu'elles laisseraient échapper des
torrents de miasmes délétères, il n'y aurait rien à craindre
pour la santé publique, attendu que le vent, pendant les
mois les plus favorables à la décomposition des matières
fermentescibles, chassera ces miasmes vers l'Asie. Pen-
dant le jour, les effluves miasmatiques n'offrent aucun
danger : le soleil, en échauffant l'air, les raréfie, et le
moindre vent les disperse ; elles ne sont dangereuses que
vers le soir ou pendant la nuit, lorsque l'atmosphère se
refroidissant les condense. Alors ces effluves retombent
avec l'humidité, et viennent empoisonner les imprudents
qui n'ont pas su choisir une localité afin de se mettre à
l'abri du danger. Or donc, pour plus de garantie, les
campements d'ouvriers et les habitations, pendant les
travaux, devront toujours être placés à l'ouest du canal,
sur le vent.
L'expérience et la science se trouvent donc d'accord
pour répondre affirmativement à la seconde question
posée : les travaux ne changeront rien à la salubrité de
l'isthme de Suez.
Nous avons passé sous silence la salubrité des travaux
du canal d'eau douce : la question se trouve résolue par
les travaux du même genre qui ont été exécutés en
Egypte ; il n'y a aucun danger pour la santé des travail-
leurs. Quant à la localité que le canal d'eau douce tra-
versera, c'est l'antique contrée de Gesliem donnée par
Joseph, qui s'y connaissait, à ses frères, comme étant
la contrée la plus riche, la plus fertile et la plus salubre
de l'Egypte.
En résumé, bien que d'après les faits, l'expérience,
la science et nos études sur les lieux mêmes, nous puis-
sions certifier la salubrité de l'isthme de Suez, cela ne
veut pas dire que l'on y sera exempt de toute espèce de
maladie. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que les
travailleurs, dans l'isthme, ne seront pas plus exposés
aux maladies qu'en France, dans des travaux semblables
situés au milieu des localités les plus salubres. Aussi
voulant rassurer les esprits sur tout ce qui concerne la
santé et la maladie dans l'isthme, nous dirons que la
Compagnie est décidée à prendre toutes les mesures
possibles pour garantir la santé de ses travailleurs et de
ses employés. Le président, M. de Lesseps, et le Conseil
d'administration portent sur ce point une sollicitude
des plus vives. A tout événement, un service médical
sera fortement organisé non-seulement contre des ma-
ladies qui viendraient à se manifester, mais de plus il
existera un service de santé afin de prévenir la ma-
ladie. La plus haute surveillance sera exercée sur les
hôpitaux, les ambulances, l'emplacement des habi-
tations, la qualité des aliments et des boissons, et sur
tout ce qui concerne la salubrité et la santé.
Les moyens de prévenir la maladie et de la guérir
ont été étudiés, et les mesures seront prises comme si
l'isthme de Suez était insalubre; le service médical des
hôpitaux et des ambulances sera organisé comme si la
maladie devait sévir sur les travailleurs. Nul ne pourra
donc accuser la Compagnie et ses agents d'avoir manqué
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Nous croyons que, par un service et une surveillance
actifs , la plupart des maladies seront prévenues ou du
moins bien atténuées, et qu'un jour nous pourrons dire:
Nous avons avancé que l'isthme était.et resterait salu-
bre. Voici le chiffre des travailleurs et des employés
pendant le temps des travaux ; comparez , et vous verrez
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bonne dans les chantiers de l'isthme que dans ceux
d'Europe placés dans les conditions les plus favorables
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