Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1859 15 janvier 1859
Description : 1859/01/15 (A4,N62). 1859/01/15 (A4,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529497f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
SAMEDI 15 JANVIER. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 27
actionnaires. L'Angleterre sera, gardons-nous d'en douter,
la meilleure cliente du canal de Suez. Elle peut bien aujour-
d'hui faire une sourde et tortueuse opposition ; mais elle
n'ira pas de gaieté de cœur, une fois le canal établi, pour le
plaisir de faire deux ou trois mille lieues de plus, sacrifier
son temps et son argent. Elle estime l'un à l'égal de l'aulre :
Time is money.
Les actionnaires peuvent être complétement rassurés. Ils
auront concouru à une noble et grandiose entreprise, et le
jour où vous annoncerez à l'Europe émerveillée et à John
Bull stupéfié qu'un premier navire a franchi la distance qui
sépare Suez de Péluse, ce jour-là on connaîtra la véritable
valeur des actions.
Donc, pas d'incertitude sur l'exécution du canal, sur les
bénéfices de l'affaire, malgré les allégations saugrenues d'un
ancien ministre, doublement déchu, selon la juste expression
de M. Ernest Desplaces, de ce ministre qu'on a surnommé,
des 1810, un brouillon politique, qualification que l'histoire,
si elle daigne s'occuper de lui, ratifiera sans aucun doute.
Il ne faudrait pas toutefois s'imaginer que le peuple anglais
n'est pas sympathique à vos desseins; seulement, quelques
hommes d'État de ce pays, d'abord grands partisans de la
mesure, la voient aujourd'hui avec regret. Ils peuvent être
certains que leurs efforts demeureront stériles, et au.lieu de
s'ingénier à combattre une création qui ne peut que consoli-
der la fortune commerciale de leur patrie, ils feraient mieux
de porter leur attention sur des questions d'une autre nature,
sur des complications d'un autre ordre.
J'ai appris avec satisfaction que M. Stephenson venait
de s'embarquer pour l'Egypte. Il est évident que ce monsieur
n'avait étudié le Nil que sur les bords de la Tamise, et qu'il
n'avait entrevu la mer Rouge et la Méditerranée que des côtes
de la Manche. Je regrette une chose, c'est que lord Palmer-
ston et M. de Coninck ne l'accompagnent pas dans son
expédition. Ils seraient peut-être tous trois convertis.
S'il m'était permis en terminant, Monsieur, de vous donner
quelques conseils, je les résumerais en deux mots qui sont
synonymes dans la circonstance : célérité, économie. Mais
ici le passé répond de l'avenir. La persévérance, le zèle in-
fatigable que vous avez déployés ont surmonté les difficultés,
vaincu les obstacles. Vous avez cru à la possibilité de l'entre-
prise, vous avez eu foi dans le succès, et la foi qui perce les
montagnes creuse aussi les canaux. Vous êtes à la veille
d'atteindre le but, et je puis dire sans exagération comme
sans flatterie que vous aurez immortalisé votre nom. L'éta-
1)1 issement du canal du Midi a suffi pour rendre illustre le
nom de Riquet; peut-on comparer ce canal à celui de Suez,
qui, après avoir séparé deux des grandes parties du monde, va
mettre eu communication directe les peuples, va augmenter
leurs relations au profit de la richesse et de la civilisation
universelles ?
Veuillez agréer, etc.
A. DESCHAMPS.
L'ISTHME ET LA VALLÉE DE GESSEN.
Monsieur le Rédacteur,
J'ai lu dans le dernier numéro de votre journal un article
en réponse à une brochure publiée au Havre, ou il est ques-
tion de la fertilité contestée du terrain concédé à la Compa-
gnie du canal. Permettez-moi de vous adresser quelques notes
prises sur place, dans un pur intérêt de curiosité, pendant
un voyage en Egypte. Je ne suis pas agriculteur, c'est vrai,
et encore moins propriétaire terrien faisant valoir; mais ce
que j'entendais dire au Caire et à Alexandrie sur le limon du
Nil, sur la nature et le rendement prodigieux des cultures
dont je voyais le progrès journalier après l'inondation, me
parut tellement surprenant, que je demandai par la même
occasion des renseignements sur le sol de cette fameuse vallée
de Gessen dont vous vous occupez. Voici ces renseignements;
ils m'ont été donnés par un @ conducteur des ponts et chaus-
sées, un Français établi en Egypte, et qui a fait précisément
une partie des travaux de cadastre et de nivellement des ter-
rains de la Compagnie. M. Cazaux, ce conducteur des ponts
et chaussées, n'était certes pas interrogé par moi pour le be-
soin de la cause, le débat n'était pas né. Voici donc comme il
répondait âmes questions de touriste, observateur et curieux.
Ces réponses, notez-le bien, il les a faites après plusieurs
mois de séjour dans la partie de l'isthme ou du désert qu'il
décrit. Je vous les donne comme elles ont été copiées, sous sa
dictée, avec un petit croquis du terrain où il a habité sous la
tente, vivant bien, se portant bien, travaillant comme en
France, et ne demandant qu'à continuer.
NOTICE SUR LES BORDS DU LAC TlMSAH.
Il Aux abords du lac Timsah, le sol est, dans la vallée,
presque entièrement recouvert d'arbustes. En certains en-
droits, ils sont tellement épais qu'ils gênent la marche et
servent de retraite à une grande quantité de lièvres, de gazelles,
de hérissons et de perdrix.
» Les landes que l'on voit à quelques lieues de Bordeaux,
les champs couverts de genêts qui se rencontrent dans le nord
de la France, ressemblent beaucoup à l'aspect de cette partie
du désert.
» La terre dans laquelle croissent les tamarix, qui sont les
végétaux les plus abondants, je pourrais presque dire les seuls
de ces contrées, est un pur limon du Nil, que les hautes
inondations du Nil ont apporté et accumulé nécessairement
sur le sable depuis une longue suite de siècles. La couche de
cette excellente terre végétale a une épaisseur moyenne de
deux mètres. Il en résulte que, à la moindre pluie, la végé-
tationse montre partout presque immédiatement, et la couleur
de la campagne, vert sombre, devient plus claire comme par
enchantement. L'on voit alors accourir les Bédouins, à la tête
de leurs troupeaux, qui viennent en disputer les pâturages.
Ainsi que je l'indique sur le croquis ci-contre, la largeur de
la vallée, qui n'est autre que l'antique terre de Gessen, et
que les Arabes appellent encore aujourd'hui Terre des pâtu-
rages, varie d'un à quatre kilomètres.
» Au milieu de cette vallée, et à quelque distance du lac,
se trouve la dune fixe de Bahdarich; elle est recouverte de
petits cailloux, et le sol est très-ferme. Les plateaux qui règnent
à droite et à gauche n'ont d'autre végétation que quelques
rares touffes d'une herbe grisâtre, couverte d'aiguillons, très-
dure, et que pourtant les chameaux semblent brouter avec
plaisir.
» Sur le penchant du plateau de Néfich, qui regarde le lac,
on remarque des trous extrêmement profonds ; ce sont les
repaires des hyènes (1), que l'on entend hurler le soir autour
des tentes.
» Une chose extraordinaire et que l'on voit avec plaisir, ce
sont les roseaux qui croissent en abondance dans les eaux peu
profondes et très-salées du lac Timsah. Les Bédouins se ser-
(1) Que ces hyènes ne vous effrayent pas, les enfants les chassent avec
des pierres.
actionnaires. L'Angleterre sera, gardons-nous d'en douter,
la meilleure cliente du canal de Suez. Elle peut bien aujour-
d'hui faire une sourde et tortueuse opposition ; mais elle
n'ira pas de gaieté de cœur, une fois le canal établi, pour le
plaisir de faire deux ou trois mille lieues de plus, sacrifier
son temps et son argent. Elle estime l'un à l'égal de l'aulre :
Time is money.
Les actionnaires peuvent être complétement rassurés. Ils
auront concouru à une noble et grandiose entreprise, et le
jour où vous annoncerez à l'Europe émerveillée et à John
Bull stupéfié qu'un premier navire a franchi la distance qui
sépare Suez de Péluse, ce jour-là on connaîtra la véritable
valeur des actions.
Donc, pas d'incertitude sur l'exécution du canal, sur les
bénéfices de l'affaire, malgré les allégations saugrenues d'un
ancien ministre, doublement déchu, selon la juste expression
de M. Ernest Desplaces, de ce ministre qu'on a surnommé,
des 1810, un brouillon politique, qualification que l'histoire,
si elle daigne s'occuper de lui, ratifiera sans aucun doute.
Il ne faudrait pas toutefois s'imaginer que le peuple anglais
n'est pas sympathique à vos desseins; seulement, quelques
hommes d'État de ce pays, d'abord grands partisans de la
mesure, la voient aujourd'hui avec regret. Ils peuvent être
certains que leurs efforts demeureront stériles, et au.lieu de
s'ingénier à combattre une création qui ne peut que consoli-
der la fortune commerciale de leur patrie, ils feraient mieux
de porter leur attention sur des questions d'une autre nature,
sur des complications d'un autre ordre.
J'ai appris avec satisfaction que M. Stephenson venait
de s'embarquer pour l'Egypte. Il est évident que ce monsieur
n'avait étudié le Nil que sur les bords de la Tamise, et qu'il
n'avait entrevu la mer Rouge et la Méditerranée que des côtes
de la Manche. Je regrette une chose, c'est que lord Palmer-
ston et M. de Coninck ne l'accompagnent pas dans son
expédition. Ils seraient peut-être tous trois convertis.
S'il m'était permis en terminant, Monsieur, de vous donner
quelques conseils, je les résumerais en deux mots qui sont
synonymes dans la circonstance : célérité, économie. Mais
ici le passé répond de l'avenir. La persévérance, le zèle in-
fatigable que vous avez déployés ont surmonté les difficultés,
vaincu les obstacles. Vous avez cru à la possibilité de l'entre-
prise, vous avez eu foi dans le succès, et la foi qui perce les
montagnes creuse aussi les canaux. Vous êtes à la veille
d'atteindre le but, et je puis dire sans exagération comme
sans flatterie que vous aurez immortalisé votre nom. L'éta-
1)1 issement du canal du Midi a suffi pour rendre illustre le
nom de Riquet; peut-on comparer ce canal à celui de Suez,
qui, après avoir séparé deux des grandes parties du monde, va
mettre eu communication directe les peuples, va augmenter
leurs relations au profit de la richesse et de la civilisation
universelles ?
Veuillez agréer, etc.
A. DESCHAMPS.
L'ISTHME ET LA VALLÉE DE GESSEN.
Monsieur le Rédacteur,
J'ai lu dans le dernier numéro de votre journal un article
en réponse à une brochure publiée au Havre, ou il est ques-
tion de la fertilité contestée du terrain concédé à la Compa-
gnie du canal. Permettez-moi de vous adresser quelques notes
prises sur place, dans un pur intérêt de curiosité, pendant
un voyage en Egypte. Je ne suis pas agriculteur, c'est vrai,
et encore moins propriétaire terrien faisant valoir; mais ce
que j'entendais dire au Caire et à Alexandrie sur le limon du
Nil, sur la nature et le rendement prodigieux des cultures
dont je voyais le progrès journalier après l'inondation, me
parut tellement surprenant, que je demandai par la même
occasion des renseignements sur le sol de cette fameuse vallée
de Gessen dont vous vous occupez. Voici ces renseignements;
ils m'ont été donnés par un @ conducteur des ponts et chaus-
sées, un Français établi en Egypte, et qui a fait précisément
une partie des travaux de cadastre et de nivellement des ter-
rains de la Compagnie. M. Cazaux, ce conducteur des ponts
et chaussées, n'était certes pas interrogé par moi pour le be-
soin de la cause, le débat n'était pas né. Voici donc comme il
répondait âmes questions de touriste, observateur et curieux.
Ces réponses, notez-le bien, il les a faites après plusieurs
mois de séjour dans la partie de l'isthme ou du désert qu'il
décrit. Je vous les donne comme elles ont été copiées, sous sa
dictée, avec un petit croquis du terrain où il a habité sous la
tente, vivant bien, se portant bien, travaillant comme en
France, et ne demandant qu'à continuer.
NOTICE SUR LES BORDS DU LAC TlMSAH.
Il Aux abords du lac Timsah, le sol est, dans la vallée,
presque entièrement recouvert d'arbustes. En certains en-
droits, ils sont tellement épais qu'ils gênent la marche et
servent de retraite à une grande quantité de lièvres, de gazelles,
de hérissons et de perdrix.
» Les landes que l'on voit à quelques lieues de Bordeaux,
les champs couverts de genêts qui se rencontrent dans le nord
de la France, ressemblent beaucoup à l'aspect de cette partie
du désert.
» La terre dans laquelle croissent les tamarix, qui sont les
végétaux les plus abondants, je pourrais presque dire les seuls
de ces contrées, est un pur limon du Nil, que les hautes
inondations du Nil ont apporté et accumulé nécessairement
sur le sable depuis une longue suite de siècles. La couche de
cette excellente terre végétale a une épaisseur moyenne de
deux mètres. Il en résulte que, à la moindre pluie, la végé-
tationse montre partout presque immédiatement, et la couleur
de la campagne, vert sombre, devient plus claire comme par
enchantement. L'on voit alors accourir les Bédouins, à la tête
de leurs troupeaux, qui viennent en disputer les pâturages.
Ainsi que je l'indique sur le croquis ci-contre, la largeur de
la vallée, qui n'est autre que l'antique terre de Gessen, et
que les Arabes appellent encore aujourd'hui Terre des pâtu-
rages, varie d'un à quatre kilomètres.
» Au milieu de cette vallée, et à quelque distance du lac,
se trouve la dune fixe de Bahdarich; elle est recouverte de
petits cailloux, et le sol est très-ferme. Les plateaux qui règnent
à droite et à gauche n'ont d'autre végétation que quelques
rares touffes d'une herbe grisâtre, couverte d'aiguillons, très-
dure, et que pourtant les chameaux semblent brouter avec
plaisir.
» Sur le penchant du plateau de Néfich, qui regarde le lac,
on remarque des trous extrêmement profonds ; ce sont les
repaires des hyènes (1), que l'on entend hurler le soir autour
des tentes.
» Une chose extraordinaire et que l'on voit avec plaisir, ce
sont les roseaux qui croissent en abondance dans les eaux peu
profondes et très-salées du lac Timsah. Les Bédouins se ser-
(1) Que ces hyènes ne vous effrayent pas, les enfants les chassent avec
des pierres.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 11/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529497f/f11.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529497f/f11.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529497f/f11.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529497f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529497f
Facebook
Twitter