Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1864 15 décembre 1864
Description : 1864/12/15 (A9,N204). 1864/12/15 (A9,N204).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203335v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/11/2012
JOURNAL DÈ L'UNION DES DEUX MERS. 491
fluence du climat, et c'est par l'hygiène surtout qu'on
peut le faire. Le paquebot l'Orne a dû partir le 1er no-
vembre, ramenant en France un certain nombre de ma-
lades. On annonce aussi la prochaine arrivée de plu-
sieurs jeunes mousses annamites, auxquels leur bonne
conduite a mérité la faveur de faire le voyage sur le
Japon, faveur qui sera successivement accordée à d'au-
tres mousses indigènes de l'école formée sur le Duperré.
(Patrie.)
» OCTAVE FÉRÉ. »
VARIÉTÉS.
La Cochinchine.
UNE EXCURSION DANS LE PAYS DRS STIENGS.
(Suite et fin. — Voir le numéro du ltr décembre.)
Les journées passent vite en voyage, et, la nuit,
nous ne volions pas une minute au sommeil. Notre
garde annamite ou celle que nous fournissent les vil-
lages veille pour nous autour des voitures et des bêtes
rangées en cercle et soigneusement entourées de
grands feux, pour éloigner le tigre, qui bien souvent
vient rôder dans notre voisinage et fait entendre ses
petits cris aigus et sonores.
Ces haltés en pleine forêt ou dans le lit d'dn torrent
sur le sable, ont pour moi un charme que je né puis
rendre. L'esprit et le cœur s'y trouvent si à l'aise 1 on
y respire un si bon air de liberté 1 Oh ! les belles
nuits que nous avons passées ainsi sous les étoiles!
Que de joyeuses causeries après les festins de Co-
lombier.
Il faisait bon entendre les histoires de bivouac de
notre suite, toujours gaie malgré les dures fatigues de
la journée.
Un jour nous avions confié un fusil à Babylas qui
désirait rapporter un paon. Il le rapporta ed effei et
voici de ce haut fait l'histoire comme il nous la conia.
- Quoique Gascon, il était de bonne foi.
N'ayant pas l'habitude du fusil Lefaucheux, il avait
pris sans le savoir des cartouches chargées seulement
à poudre, et s'était mis en route. Au bout de quelques
minutes, il avait aperçu sur un arbre un vieux solitaire
magnifiquement emplumé, s'en était approché avec
toutes les précautions voulues, et, sûr de son coup, il
avait pressé la détente. Mais voici que le paon effrayé
de la détonation promène tout autour de lui ses re-
gards, sans bouger de son perchoir. Diable! pensa
Babylas, c'est étonnant f et il tire le second coup. —
Même manœuvre du paon, cherchant toujours dans les
arbres voisins la cause de ce tapage inusité : — im-
précations de notre! chasseur maudissant les armes de
luxe et jurant la mort de tous les padns de Cochin-
chine. — Il brûle vainement de nouvelles cartouches,
rien ne tombe. Faut croire qu'il est empaillé, se dit-il
à la fin, car je ne tire pas dans sa queue 1 Empaillét
mais par qui? Les Chinois n'empaillent pas, et le capi-
taine n'a jamais passé par ici : diable ! diable ! — Et il
allume sa pipe. Alors le paon, qui cherche toujours
des yeux la cause du vacarme, laisse tomber un re-
gard au pied même dé son perchoir, et apercevant
Babylas qui, le fusil à ses pieds, est en train d'exami-
ner une cartouche, il ne sait plus à cette vue où don-
ner de la tète, et, perdant l'équilibre, se laisse choir
de frayeur aux pieds de son ennemi ! 0 bonheur 1 en
descendant trop vite, le paon s'était cassé une aile !
Les spahiâ déclarèrent qu'ils n'avaient jamais vu plus
fort que çà. en Afrique, et l'on but à la santé de Ba-
bylas, r
Le soir, les Cambodgiens qui paraissent de grands
virtuoses, quand on les compare aux Annamites, nous
donnèrent un concert vocal et instrumental de leur
composition. Us ont la voix très-juste et leurs instru-
ments ne manquent pas d'un certain charme. Signa-
lons aux orphéonistes la flûte, le flageolet de bambou
et un harmonica gigantesque dont les laines sont en
bois dur au lieu de verre. Mais le plus original de tous
ces instruments est un grand violon, ou plutôt une
grande lyre à trois cordes, dont on joue avec les pieds !
Tout cet orchestre est un peu sauvage, un peu gro-
tesque, je l'avoue ; mais j'affirme qu'il exécute parfois
des motifs ravissants qui, notés et arrangés par nos
maîtres, seraient les bienvenus partout.
Le lendemain de ce jour de fête à Pros, nous passions
la frontière cambodgienne pour entrer dans le pays
stieng, au milieu de nombreuses compagnies d'axis et
de bœufs sauvages.
On distingue ici quatre espèces de ces ruminants cor-
nus, dont je ne donne pas les noms, parce que je n'en
suis pas assez sûr. Le plus commun est une petite bête
de 300 ou 400 livres, aux extrémités très-fines, à la
démarche fière et gracieuse. L'espèce vit en bandes
de vingt ou trente dans les grandes prairies, au milieu
des forêts. Elle a le poil lisse, fin et brillant comme
celui d'un cheval de sang; et sa chair est très-succu-
lente. La seconde espèce ne diffère de celle-ci que par
sa taille plus élevée et sa sauvagerie encore plus
grande.
J'ai vu plusieurs fois aux environs de Tay-Ninh, des
troupeaux de petits bœufs que les Cambodgiens appel-
lent Tigne. Ces petits bœufs sont tous noirs, trapus,
vigoureux, avec de petites cornes grises bien arquées
et pointues. Leurs jambes sont blanches comme la
queue, qui est très-fournie de longues soies. C'est avec
ces soies que les Chinois font les houppes de leurs cha-
peaux de cérémonie. On m'assure que ce bœuf est
très-abondant au Laos et même au Thibet. Je n'ai ja-
mais èu la chance d'en tirer un seul à portée.
Mais, de toutes ces espèces, la dernière est sans con-
tredit la plus belle. C'est un bœuf gris souris, aux cor-
nes longues, effilées et très-dangereuses, le bœuf
comme l'a créé le Créateur, et non pas comme l'ont
perfectionné nos voisins d'outre-Manche. 11 est de très-
liaute taille, et ses longues jambes nerveuses lui don-
nent une vitesse incroyable. Son teil faille d'une fierté
sauvage, et dit assez son amour de la liberté. J'en ai
vu un domestique dans un troupeau depuis l'enfance,
que l'on était encore obligé d'attacher en forêt. Il était
fluence du climat, et c'est par l'hygiène surtout qu'on
peut le faire. Le paquebot l'Orne a dû partir le 1er no-
vembre, ramenant en France un certain nombre de ma-
lades. On annonce aussi la prochaine arrivée de plu-
sieurs jeunes mousses annamites, auxquels leur bonne
conduite a mérité la faveur de faire le voyage sur le
Japon, faveur qui sera successivement accordée à d'au-
tres mousses indigènes de l'école formée sur le Duperré.
(Patrie.)
» OCTAVE FÉRÉ. »
VARIÉTÉS.
La Cochinchine.
UNE EXCURSION DANS LE PAYS DRS STIENGS.
(Suite et fin. — Voir le numéro du ltr décembre.)
Les journées passent vite en voyage, et, la nuit,
nous ne volions pas une minute au sommeil. Notre
garde annamite ou celle que nous fournissent les vil-
lages veille pour nous autour des voitures et des bêtes
rangées en cercle et soigneusement entourées de
grands feux, pour éloigner le tigre, qui bien souvent
vient rôder dans notre voisinage et fait entendre ses
petits cris aigus et sonores.
Ces haltés en pleine forêt ou dans le lit d'dn torrent
sur le sable, ont pour moi un charme que je né puis
rendre. L'esprit et le cœur s'y trouvent si à l'aise 1 on
y respire un si bon air de liberté 1 Oh ! les belles
nuits que nous avons passées ainsi sous les étoiles!
Que de joyeuses causeries après les festins de Co-
lombier.
Il faisait bon entendre les histoires de bivouac de
notre suite, toujours gaie malgré les dures fatigues de
la journée.
Un jour nous avions confié un fusil à Babylas qui
désirait rapporter un paon. Il le rapporta ed effei et
voici de ce haut fait l'histoire comme il nous la conia.
- Quoique Gascon, il était de bonne foi.
N'ayant pas l'habitude du fusil Lefaucheux, il avait
pris sans le savoir des cartouches chargées seulement
à poudre, et s'était mis en route. Au bout de quelques
minutes, il avait aperçu sur un arbre un vieux solitaire
magnifiquement emplumé, s'en était approché avec
toutes les précautions voulues, et, sûr de son coup, il
avait pressé la détente. Mais voici que le paon effrayé
de la détonation promène tout autour de lui ses re-
gards, sans bouger de son perchoir. Diable! pensa
Babylas, c'est étonnant f et il tire le second coup. —
Même manœuvre du paon, cherchant toujours dans les
arbres voisins la cause de ce tapage inusité : — im-
précations de notre! chasseur maudissant les armes de
luxe et jurant la mort de tous les padns de Cochin-
chine. — Il brûle vainement de nouvelles cartouches,
rien ne tombe. Faut croire qu'il est empaillé, se dit-il
à la fin, car je ne tire pas dans sa queue 1 Empaillét
mais par qui? Les Chinois n'empaillent pas, et le capi-
taine n'a jamais passé par ici : diable ! diable ! — Et il
allume sa pipe. Alors le paon, qui cherche toujours
des yeux la cause du vacarme, laisse tomber un re-
gard au pied même dé son perchoir, et apercevant
Babylas qui, le fusil à ses pieds, est en train d'exami-
ner une cartouche, il ne sait plus à cette vue où don-
ner de la tète, et, perdant l'équilibre, se laisse choir
de frayeur aux pieds de son ennemi ! 0 bonheur 1 en
descendant trop vite, le paon s'était cassé une aile !
Les spahiâ déclarèrent qu'ils n'avaient jamais vu plus
fort que çà. en Afrique, et l'on but à la santé de Ba-
bylas, r
Le soir, les Cambodgiens qui paraissent de grands
virtuoses, quand on les compare aux Annamites, nous
donnèrent un concert vocal et instrumental de leur
composition. Us ont la voix très-juste et leurs instru-
ments ne manquent pas d'un certain charme. Signa-
lons aux orphéonistes la flûte, le flageolet de bambou
et un harmonica gigantesque dont les laines sont en
bois dur au lieu de verre. Mais le plus original de tous
ces instruments est un grand violon, ou plutôt une
grande lyre à trois cordes, dont on joue avec les pieds !
Tout cet orchestre est un peu sauvage, un peu gro-
tesque, je l'avoue ; mais j'affirme qu'il exécute parfois
des motifs ravissants qui, notés et arrangés par nos
maîtres, seraient les bienvenus partout.
Le lendemain de ce jour de fête à Pros, nous passions
la frontière cambodgienne pour entrer dans le pays
stieng, au milieu de nombreuses compagnies d'axis et
de bœufs sauvages.
On distingue ici quatre espèces de ces ruminants cor-
nus, dont je ne donne pas les noms, parce que je n'en
suis pas assez sûr. Le plus commun est une petite bête
de 300 ou 400 livres, aux extrémités très-fines, à la
démarche fière et gracieuse. L'espèce vit en bandes
de vingt ou trente dans les grandes prairies, au milieu
des forêts. Elle a le poil lisse, fin et brillant comme
celui d'un cheval de sang; et sa chair est très-succu-
lente. La seconde espèce ne diffère de celle-ci que par
sa taille plus élevée et sa sauvagerie encore plus
grande.
J'ai vu plusieurs fois aux environs de Tay-Ninh, des
troupeaux de petits bœufs que les Cambodgiens appel-
lent Tigne. Ces petits bœufs sont tous noirs, trapus,
vigoureux, avec de petites cornes grises bien arquées
et pointues. Leurs jambes sont blanches comme la
queue, qui est très-fournie de longues soies. C'est avec
ces soies que les Chinois font les houppes de leurs cha-
peaux de cérémonie. On m'assure que ce bœuf est
très-abondant au Laos et même au Thibet. Je n'ai ja-
mais èu la chance d'en tirer un seul à portée.
Mais, de toutes ces espèces, la dernière est sans con-
tredit la plus belle. C'est un bœuf gris souris, aux cor-
nes longues, effilées et très-dangereuses, le bœuf
comme l'a créé le Créateur, et non pas comme l'ont
perfectionné nos voisins d'outre-Manche. 11 est de très-
liaute taille, et ses longues jambes nerveuses lui don-
nent une vitesse incroyable. Son teil faille d'une fierté
sauvage, et dit assez son amour de la liberté. J'en ai
vu un domestique dans un troupeau depuis l'enfance,
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