Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1864 01 novembre 1864
Description : 1864/11/01 (A9,N201). 1864/11/01 (A9,N201).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203332m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 441
PREMIÈRE PÉRIODE.
INSTALLATION DES TRAVAUX.
» La part de la main-d'œuvre dans le creusement
d'un canal, dans la construction de jetées en mer,
de digues et de quais est toujours considérable,
quelle que soit celle des machines dans la fouille,
l'enlèvement et le transport des terres et des maté-
riaux. Il fallait donc compter, dès l'origine, sur
l'emploi d'hommes par milliers. Mais le désert était
un obstacle à la naturalisation de la main-d'œuvre
des ouvriers de l'Occident. Il fallait ou transformer
le désert, ou employer aux travaux la population
locale habituée au climat.
» La transformation du désert exigeait du temps,
et l'œuvre ne pouvait pas attendre. Elle eût suc-
combé avant de naître, au premier indice d'hésitation.
» Il n'existait pas, en Egypte, de travail libre. Le
travail appartient au pacha; il le vendit à la Compa-
gnie (1). Mais ce n'était encore là qu'une expérience:
il fallait la convertir en un moyen pratique. Autre
chose est, en effet, d'employer les fellahs aux tra-
vaux agricoles isolément et dans les localités culti-
vées et peuplées, et de les employer par groupes de
plusieurs milliers dans le désert.
» L'histoire raconte que l'érection de certains édi-
fices, d'une utilité douteuse d'ailleurs, entreprise dans
de pareilles circonstances, a causé une mortalité
telle qu'elle a pris le rang d'une peste, d'une épidé-
mie ou d'une famine effroyable, dans les fléaux qui
ont affligé l'humanité.
» Tout récemment encore, la construction du che-
min de fer de Panama, celle des chemins indiens et
celle du chemin de fer du Caire à Suez, avaient
montré que les deux nations qui nous précèdent par
l'importance et la variété de leurs travaux publics,
(1) Il y a dans ces mots une erreur involontaire qu'il est essen-
tiel de rectifier. Le vice-roi n'a jamais « vendu ? à la Compagnie
le travail des fellahs, en d'autres termes, il n'en a jamais tiré un
bénéfice personnel, un profit quelconque, ni pour lui ni pour le
trésor public. Voici le fait :
Dans le but d'assurer l'exécution des travaux du canal, le vice -
roi, par un contrat en date du 20 juillet 185H, bien souvent cité,
s'engagea à fournir à la Compagnie, par la voie du travail obliga-
toire, d'usage immémorial en Égypte, les ouvriers nécessaires à la
marche de l'entreprise. Cet acte réglait en même temps le prix de
la journée de travail, et les garanties imposées à la Compagnie
pour le bien-être des ouvriers indigènes, pour leur nourriture, leur
abri, leur bon traitement et les soins médicaux qu'elle leur devait
gratuitement en cas de maladie. Les salaires stipulés ont toujours
été payés directement par les agents de la Compagnie aux fellahs
eux-mêmes, et c'est à l'observation fidèle des dispositions prises par
l'acte du 20 juillet 1856, qu'est dû le peu de mortalité que M. Fla-
chat signale plus bas avec une si juste satisfaction dans les chan-
tiers de l'isthme. E. D.
exposaient les travailleurs indigènes à une cruelle
mortalité.
» Les adversaires de l'isthme de Suez s'attendaient
aux mêmes résultats ; l'Angleterre en avait fait l'ex-
périence sur) les mêmes lieux. Ils étaient prêts à
protester au nom de l'humanité. Mais cette occasion
ne s'est pas produite. Grâces en soient rendues à
l'illustre fondateur et à ceux qui l'ont assisté.
» Rappelons-nous, Messieurs, que nos inquiétudes,
à nous-mêmes, étaient vives à cet égard et qu'elles
ont été exprimées ici.
» Quelle que soit la cause qui a créé le désert, elle
n'est pas faible, car elle a chassé l'homme devant
elle. Une fois le désert créé, il devient redoutable.
Le manque d'eau, de sol cultivable, la chaleur so-
laire sans ombre, et la fraîcheur des nuits sans abri;
les tempêtes de sable que le vent roule avec lui, sont
autant d'obstacles à la colonisation des ouvriers.
Force était donc de tout apporter au désert ; eau,
vivres, abri, tout enfin.
» Si les agglomérations d'ouvriers, dans les condi-
tions ordinaires et dans nos propres climats, amènent
fréquemment des affections typhoïdes, des fièvres, etc.,
à quoi devait-on s'attendre dans le désert si les con-
ditions hygiéniques étaient négligées? La difficulté
était grande, mais elle a été abordée de front et
sans hésitation.
» La Compagnie a réalisé toutes les conditions
d'une colonisation artificielle d'ouvriers en apportant,
sur les ateliers, tout ce qui était nécessaire à l'exis-
tence, à l'abri, aux soins hygiéniques; elle y a
ajouté un système de migrations mensuelles des
contingents, et elle a si bien réussi que la mortalité
a été, sur ses chantiers, moindre que dans les autres
parties de l'Egypte, moindre que dans nos établisse-
ments militaires. Le succès a été si complet qu'il vint
à la pensée de plusieurs membres du jury de l'Ex-
position universelle de 1862 de proposer qu'une
grande médaille fùt donnée à la Compagnie de
l'isthme de Suez pour signaler la grandeur et l'im-
portance du résultat obtenu. Le président du jury
adopta cette pensée avec empressement. Mais nous
étions en Angleterre : les souvenirs des travaux dans
l'Inde et du Caire à Suez étaient trop récents; le
contraste trop palpable. On prétexta que la Compa-
gnie de l'isthme de Suez n'était pas exposante.
» Cependant cette colonisation artificielle était trop
onéreuse pour être considérée autrement que comme
un moyen provisoire. Il fallait rendre la colonisation
naturelle pour qu'elle devînt définitive et que la
main-d'œuvre fût enfin placée dans les seules condi-
tions où elle peut s'exercer avec économie. Ce fut,
dès l'origine, la préoccupation du fondateur. Le ca-
nal d'eau douce était possible ; il en fit la base prin-
PREMIÈRE PÉRIODE.
INSTALLATION DES TRAVAUX.
» La part de la main-d'œuvre dans le creusement
d'un canal, dans la construction de jetées en mer,
de digues et de quais est toujours considérable,
quelle que soit celle des machines dans la fouille,
l'enlèvement et le transport des terres et des maté-
riaux. Il fallait donc compter, dès l'origine, sur
l'emploi d'hommes par milliers. Mais le désert était
un obstacle à la naturalisation de la main-d'œuvre
des ouvriers de l'Occident. Il fallait ou transformer
le désert, ou employer aux travaux la population
locale habituée au climat.
» La transformation du désert exigeait du temps,
et l'œuvre ne pouvait pas attendre. Elle eût suc-
combé avant de naître, au premier indice d'hésitation.
» Il n'existait pas, en Egypte, de travail libre. Le
travail appartient au pacha; il le vendit à la Compa-
gnie (1). Mais ce n'était encore là qu'une expérience:
il fallait la convertir en un moyen pratique. Autre
chose est, en effet, d'employer les fellahs aux tra-
vaux agricoles isolément et dans les localités culti-
vées et peuplées, et de les employer par groupes de
plusieurs milliers dans le désert.
» L'histoire raconte que l'érection de certains édi-
fices, d'une utilité douteuse d'ailleurs, entreprise dans
de pareilles circonstances, a causé une mortalité
telle qu'elle a pris le rang d'une peste, d'une épidé-
mie ou d'une famine effroyable, dans les fléaux qui
ont affligé l'humanité.
» Tout récemment encore, la construction du che-
min de fer de Panama, celle des chemins indiens et
celle du chemin de fer du Caire à Suez, avaient
montré que les deux nations qui nous précèdent par
l'importance et la variété de leurs travaux publics,
(1) Il y a dans ces mots une erreur involontaire qu'il est essen-
tiel de rectifier. Le vice-roi n'a jamais « vendu ? à la Compagnie
le travail des fellahs, en d'autres termes, il n'en a jamais tiré un
bénéfice personnel, un profit quelconque, ni pour lui ni pour le
trésor public. Voici le fait :
Dans le but d'assurer l'exécution des travaux du canal, le vice -
roi, par un contrat en date du 20 juillet 185H, bien souvent cité,
s'engagea à fournir à la Compagnie, par la voie du travail obliga-
toire, d'usage immémorial en Égypte, les ouvriers nécessaires à la
marche de l'entreprise. Cet acte réglait en même temps le prix de
la journée de travail, et les garanties imposées à la Compagnie
pour le bien-être des ouvriers indigènes, pour leur nourriture, leur
abri, leur bon traitement et les soins médicaux qu'elle leur devait
gratuitement en cas de maladie. Les salaires stipulés ont toujours
été payés directement par les agents de la Compagnie aux fellahs
eux-mêmes, et c'est à l'observation fidèle des dispositions prises par
l'acte du 20 juillet 1856, qu'est dû le peu de mortalité que M. Fla-
chat signale plus bas avec une si juste satisfaction dans les chan-
tiers de l'isthme. E. D.
exposaient les travailleurs indigènes à une cruelle
mortalité.
» Les adversaires de l'isthme de Suez s'attendaient
aux mêmes résultats ; l'Angleterre en avait fait l'ex-
périence sur) les mêmes lieux. Ils étaient prêts à
protester au nom de l'humanité. Mais cette occasion
ne s'est pas produite. Grâces en soient rendues à
l'illustre fondateur et à ceux qui l'ont assisté.
» Rappelons-nous, Messieurs, que nos inquiétudes,
à nous-mêmes, étaient vives à cet égard et qu'elles
ont été exprimées ici.
» Quelle que soit la cause qui a créé le désert, elle
n'est pas faible, car elle a chassé l'homme devant
elle. Une fois le désert créé, il devient redoutable.
Le manque d'eau, de sol cultivable, la chaleur so-
laire sans ombre, et la fraîcheur des nuits sans abri;
les tempêtes de sable que le vent roule avec lui, sont
autant d'obstacles à la colonisation des ouvriers.
Force était donc de tout apporter au désert ; eau,
vivres, abri, tout enfin.
» Si les agglomérations d'ouvriers, dans les condi-
tions ordinaires et dans nos propres climats, amènent
fréquemment des affections typhoïdes, des fièvres, etc.,
à quoi devait-on s'attendre dans le désert si les con-
ditions hygiéniques étaient négligées? La difficulté
était grande, mais elle a été abordée de front et
sans hésitation.
» La Compagnie a réalisé toutes les conditions
d'une colonisation artificielle d'ouvriers en apportant,
sur les ateliers, tout ce qui était nécessaire à l'exis-
tence, à l'abri, aux soins hygiéniques; elle y a
ajouté un système de migrations mensuelles des
contingents, et elle a si bien réussi que la mortalité
a été, sur ses chantiers, moindre que dans les autres
parties de l'Egypte, moindre que dans nos établisse-
ments militaires. Le succès a été si complet qu'il vint
à la pensée de plusieurs membres du jury de l'Ex-
position universelle de 1862 de proposer qu'une
grande médaille fùt donnée à la Compagnie de
l'isthme de Suez pour signaler la grandeur et l'im-
portance du résultat obtenu. Le président du jury
adopta cette pensée avec empressement. Mais nous
étions en Angleterre : les souvenirs des travaux dans
l'Inde et du Caire à Suez étaient trop récents; le
contraste trop palpable. On prétexta que la Compa-
gnie de l'isthme de Suez n'était pas exposante.
» Cependant cette colonisation artificielle était trop
onéreuse pour être considérée autrement que comme
un moyen provisoire. Il fallait rendre la colonisation
naturelle pour qu'elle devînt définitive et que la
main-d'œuvre fût enfin placée dans les seules condi-
tions où elle peut s'exercer avec économie. Ce fut,
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