Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 novembre 1864 01 novembre 1864
Description : 1864/11/01 (A9,N201). 1864/11/01 (A9,N201).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203332m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
442 L'ISTHME DE SUEZ,
cipale des moyens d'exécution du canal maritime.
En amenant l'eau douce, il chassait, à son tour, le
désert devant lui. Il consolidait les vastes établisse-
ments d'Ismaïlia et de Port-Saïd qui sont des villes de
plusieurs milliers d'habitants; il rendait la marche
de ses travaux facile et régulière.
» Si la main-d'œuvre est en réalité le pivot de la
grande roue du travail, il est aussi vrai qu'elle ne
s'obtient, dans ses meilleures conditions, que lorsque
l'ouvrier peut trouver, à côté de l'atelier, les moyens
et les habitudes qui permettent la vie de famille.
Or, cela est obtenu désormais et cela est à l'éternel
honneur de l'auteur de l'entreprise, car ce résultat
est, à lui seul, une victoire dans la lutte contre une
nature redoutable et contre des adversaires acharnés.
» Vous entrevoyez déjà les conséquences. De ce que
les conditions de colonisation ont changé, le carac-
tère et la nature de la main-d'œuvre peuvent chan-
ger aussi. A la place du fellah, l'Européen peut ve-
nir et, avec lui, le Grec de l'Asie, le Maltais, l'Italien;
et ils viennent déjà ; le niveau intellectuel de la main-
d'œuvre peut se relever, une nouvelle ère se prépare;
il ne faut plus à l'œuvre qu'un peu de temps pour
cette transformation.
» Mais, devant ce résultat, les ennemis de l'isthme
s'agitent. Nous sommes en 1863. A ce moment en-
core, il restait des adversaires à combattre et des
indifférents à convaincre; la politique anglaise af-
fectait de continuer de croire à l'impossibilité maté-
rielle de l'œuvre. M. de Lesseps comprit l'utilité de
lui répondre par la bouche très-autorisée de l'ingé-
nieur président de la Société des ingénieurs civils de
Londres, sœur aînée de celle-ci. Sur sa proposition,
M. Hawkshawfut consulté parle vice-roi (1). Il y a
toujours profit, autant que loyauté, à aller au-devant
des objections, quelque intéressées qu'elles soient.
» Il résulte, en effet, du rapport de cet ingénieur,
que le canal est possible, qu'il est bien tracé, qu'au-
cune difficulté d'art ne peut être aperçue à son exé-
cution, que les ports sont bien projetés, que l'ins-
tallation des travaux ne laisse pas de place aux
objections, qu'enfin le canal d'eau douce a atteint
le but que l'on se proposait, celui de transformer le
désert.
» Cela, nous le savions, et le rapport n'a rien
appris à ceux d'entre nous qui ont suivi cette en-
treprise avec le degré d'intérêt qu'elle mérite; mais
il importait qu'autour des tapis diplomatiques de
(1) M. de Lesseps est resté complètement étranger à toutes les
démarches faites auprès de M. Hawkshaw. Ce choix est. dû exclu-
sivement à la pensée et à l'initiative du vice-roi, désireux de s'é-
clairer de l'enquête d'un ingénieur anglais, digne de sa confiance
à la fois par sa capacité et son impartialité.
E. D.
Londres et de Constantinople, ces vérités ne pussent
être contestées plus longtemps.
» L'entreprise semblait donc devoir désormais mar-
cher à pleines voiles vers le succès. Quelques chif-
fres sont utiles pour indiquer ce qui restait à faire.
» Le creusement du canal estimé d'abord, pour
une largeur de 100 mètres au plan d'eau, à 96 mil-
lions de mètres cubes, a été réduit à 71 millions de
mètres, la largeur au plan d'eau étant ramenée à
80 mètres entre la mer Rouge et les lacs Amers, et
à 58 mètres entre les lacs Amers et Port-Saïd. Sur
ces 71 millions de mètres, il en reste à exécuter
55,200,000, ce qui donne environ 15,800,000 mètres
exécutés jusqu'à ce jour. Les ingénieurs de la Com-
pagnie comptaient exécuter les 55,200,000 restant à
faire, en trois années, si les contingents des fellahs
avaient pu être conservés, en moyenne, à trente mille
hommes. Réglant la durée des travaux sur le cube
des déblais à sec, la Compagnie estimait (mars 1863)
que ce cube serait au maximum de 40 millions de
mètres, et que, à raison de lm,33 par homme et par
jour, des contingents de vingt mille hommes les
exécuteraient en quatre ans environ, mais qu'en
portant les contingents à trente mille hommes, le
travail serait aisément terminé en trois ans.
» Ces chiffres suffisent pour mesurer l'importance
de la lutte engagée sur la suppression de la corvée.
SECONDE PÉRIODE.
DIFFICULTÉS POLITIQUES.
» La politique anglaise avait toujours cru ou sera-
blé croire à l'impossibilité de l'œuvre. Le rapport de
l'ingénieur anglais lui ouvrit les yeux. Elle avait
entravé l'entreprise bien plutôt parce qu'elle voyait
dans le vaste ensemble de la concession faite à
M. de Lesseps, l'origine d'un grand établissement
français en Egypte, que l'établissement d'un moyen
de communication mort-né, suivant elle.
» Mais le jour où elle est forcée de reconnaître son
erreur, elle change ses batteries et s'attaque aux
moyens d'exécution. La main-d'œuvre est tout en-
tière basée sur l'emploi du fellah ; l'enlever à la Com-
pagnie, ce sera entraîner sa ruine.
o Il est remarquable que l'Angleterre ait toujours
su mettre au service de sa politique un grand prin-
cipe de moralité. Elle a poursuivi l'abolition de la
traite des noirs, mais sur la mer seulement, parce
que les marines étrangères se recrutaient de mate-
lots par ce trafic. Elle a fermé les yeux sur le trafic
des esclaves à l'intériaur de l'Afrique, sur les massa-
cres qui en sont la conséquence, sur l'effrayante
mortalité des caravanes d'esclaves dans le désert,
sur l'établissement de marchés d'esclaves sur le lit-
cipale des moyens d'exécution du canal maritime.
En amenant l'eau douce, il chassait, à son tour, le
désert devant lui. Il consolidait les vastes établisse-
ments d'Ismaïlia et de Port-Saïd qui sont des villes de
plusieurs milliers d'habitants; il rendait la marche
de ses travaux facile et régulière.
» Si la main-d'œuvre est en réalité le pivot de la
grande roue du travail, il est aussi vrai qu'elle ne
s'obtient, dans ses meilleures conditions, que lorsque
l'ouvrier peut trouver, à côté de l'atelier, les moyens
et les habitudes qui permettent la vie de famille.
Or, cela est obtenu désormais et cela est à l'éternel
honneur de l'auteur de l'entreprise, car ce résultat
est, à lui seul, une victoire dans la lutte contre une
nature redoutable et contre des adversaires acharnés.
» Vous entrevoyez déjà les conséquences. De ce que
les conditions de colonisation ont changé, le carac-
tère et la nature de la main-d'œuvre peuvent chan-
ger aussi. A la place du fellah, l'Européen peut ve-
nir et, avec lui, le Grec de l'Asie, le Maltais, l'Italien;
et ils viennent déjà ; le niveau intellectuel de la main-
d'œuvre peut se relever, une nouvelle ère se prépare;
il ne faut plus à l'œuvre qu'un peu de temps pour
cette transformation.
» Mais, devant ce résultat, les ennemis de l'isthme
s'agitent. Nous sommes en 1863. A ce moment en-
core, il restait des adversaires à combattre et des
indifférents à convaincre; la politique anglaise af-
fectait de continuer de croire à l'impossibilité maté-
rielle de l'œuvre. M. de Lesseps comprit l'utilité de
lui répondre par la bouche très-autorisée de l'ingé-
nieur président de la Société des ingénieurs civils de
Londres, sœur aînée de celle-ci. Sur sa proposition,
M. Hawkshawfut consulté parle vice-roi (1). Il y a
toujours profit, autant que loyauté, à aller au-devant
des objections, quelque intéressées qu'elles soient.
» Il résulte, en effet, du rapport de cet ingénieur,
que le canal est possible, qu'il est bien tracé, qu'au-
cune difficulté d'art ne peut être aperçue à son exé-
cution, que les ports sont bien projetés, que l'ins-
tallation des travaux ne laisse pas de place aux
objections, qu'enfin le canal d'eau douce a atteint
le but que l'on se proposait, celui de transformer le
désert.
» Cela, nous le savions, et le rapport n'a rien
appris à ceux d'entre nous qui ont suivi cette en-
treprise avec le degré d'intérêt qu'elle mérite; mais
il importait qu'autour des tapis diplomatiques de
(1) M. de Lesseps est resté complètement étranger à toutes les
démarches faites auprès de M. Hawkshaw. Ce choix est. dû exclu-
sivement à la pensée et à l'initiative du vice-roi, désireux de s'é-
clairer de l'enquête d'un ingénieur anglais, digne de sa confiance
à la fois par sa capacité et son impartialité.
E. D.
Londres et de Constantinople, ces vérités ne pussent
être contestées plus longtemps.
» L'entreprise semblait donc devoir désormais mar-
cher à pleines voiles vers le succès. Quelques chif-
fres sont utiles pour indiquer ce qui restait à faire.
» Le creusement du canal estimé d'abord, pour
une largeur de 100 mètres au plan d'eau, à 96 mil-
lions de mètres cubes, a été réduit à 71 millions de
mètres, la largeur au plan d'eau étant ramenée à
80 mètres entre la mer Rouge et les lacs Amers, et
à 58 mètres entre les lacs Amers et Port-Saïd. Sur
ces 71 millions de mètres, il en reste à exécuter
55,200,000, ce qui donne environ 15,800,000 mètres
exécutés jusqu'à ce jour. Les ingénieurs de la Com-
pagnie comptaient exécuter les 55,200,000 restant à
faire, en trois années, si les contingents des fellahs
avaient pu être conservés, en moyenne, à trente mille
hommes. Réglant la durée des travaux sur le cube
des déblais à sec, la Compagnie estimait (mars 1863)
que ce cube serait au maximum de 40 millions de
mètres, et que, à raison de lm,33 par homme et par
jour, des contingents de vingt mille hommes les
exécuteraient en quatre ans environ, mais qu'en
portant les contingents à trente mille hommes, le
travail serait aisément terminé en trois ans.
» Ces chiffres suffisent pour mesurer l'importance
de la lutte engagée sur la suppression de la corvée.
SECONDE PÉRIODE.
DIFFICULTÉS POLITIQUES.
» La politique anglaise avait toujours cru ou sera-
blé croire à l'impossibilité de l'œuvre. Le rapport de
l'ingénieur anglais lui ouvrit les yeux. Elle avait
entravé l'entreprise bien plutôt parce qu'elle voyait
dans le vaste ensemble de la concession faite à
M. de Lesseps, l'origine d'un grand établissement
français en Egypte, que l'établissement d'un moyen
de communication mort-né, suivant elle.
» Mais le jour où elle est forcée de reconnaître son
erreur, elle change ses batteries et s'attaque aux
moyens d'exécution. La main-d'œuvre est tout en-
tière basée sur l'emploi du fellah ; l'enlever à la Com-
pagnie, ce sera entraîner sa ruine.
o Il est remarquable que l'Angleterre ait toujours
su mettre au service de sa politique un grand prin-
cipe de moralité. Elle a poursuivi l'abolition de la
traite des noirs, mais sur la mer seulement, parce
que les marines étrangères se recrutaient de mate-
lots par ce trafic. Elle a fermé les yeux sur le trafic
des esclaves à l'intériaur de l'Afrique, sur les massa-
cres qui en sont la conséquence, sur l'effrayante
mortalité des caravanes d'esclaves dans le désert,
sur l'établissement de marchés d'esclaves sur le lit-
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