Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1864 01 octobre 1864
Description : 1864/10/01 (A9,N199). 1864/10/01 (A9,N199).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203330s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION j:Ï)ESj!DEUX MERS. 409
-
dont sept mille Arabes fellahs, trois mille trois cents
Bédouins et le reste en colons d'origines diverses et -
Européens. Tell-el-Kebir est comme le chef-lieu de
ce petit district ; Abbas-Pacha y avait fait construire
une assez belle maison, aujourd'hui la demeure du
chef de l'exploitation agricole de la Compagnie. Au-
tour de l'ancienne demeure d'Abbas-Pacha, s'éten-
dent de beaux jardins et de vastes pépinières desti-
nés à fournir des éléments de plantations dans tout
l'isthme, au fur et à mesure des besoins de la coloni-
sation. Rien de plus frais et de plus gracieux que
Tell-el-Kebir, rien qui donne mieux l'idée de ce que
sera un jour l'isthme tout entier, partout du moins
où l'eau douce pourra pénétrer. Le domaine de
l'Ouady est donc destiné à rendre les plus grands
services; il en rend déjà chaque jour par l'abondance
et la variété croissantes de ses produits en fruits et
légumes de toute sorte, et l'on ne peut que féliciter
la Compagnie de l'heureuse idée qu'elle a eue d'en
faire l'acquisition.
» N'oublions pas de mentionner l'établissement de
plusieurs pont-levis qui, construits de distance en
distance, permettent aux transports de toute nature
de passer facilement d'une rive à l'autre sans gêner
la navigation, et de barques et bacs qui suffisent
aux piétons et aux fardeaux de moindre poids. La
Compagnie a aussi créé à Tell-el-Kebir une auberge
très-passable pour les voyageurs.
» C'est à l'extrémité Est du domaine, à Ras-el-
Ouady, que finissent le canal d'Abbas-Pacha et les
cultures , et que commencent conséquemment les
travaux de la Co mpagnie de Suez sur les terrains,
vierges ou délaissés depuis tant de siècles, qui lui
ont été concédés.
» Là nous trouvons le prolongement du canal
d'eau douce qui s'étend par beaux alignements sur
une longueur de 30 kilomètres et aboutit à la nou-
velle ville d'Ismaïlia, fondée sur les bords du lac
Timsah. Les travaux en sont naturellement exécu-
tés d'une manière très-supérieure à ceux de la por-
tion due au gouvernement égyptien, dont plusieurs
parties seront à rectifier. Après avoir visité la station
de Rhamsès, où l'on trouve les ruines de l'ancienne
ville égyptienne de ce nom, ville qui parait avoir été
fort importante, et une tentative de culture faite
par un Allemand très-intelligent, la seule jusqu'ici
depuis l'Ouady, on arrive enfin au lac Timsah et sur
les rives mêmes du canal maritime. Nous n'avons
pas abordé cette partie des travaux sans une vive
émotion bien naturelle, puisque c'était le but de
notre voyage et que nous allions enfin toucher à
l'examen du grand problème dont la solution préoc-
cupe tant d'esprits dans le monde entier.
» Nous voici donc au centre de ce que nous pour-
rions appeler notre champ de manœuvres, au point
d'intersection des canaux d'eau douce auxquels nous
consacrerons un chapitre spécial. Devant nous est
Ismaïlia (1), la ville nouvelle, qui sera la capitale du
désert, et, à quelques pas au delà, le canal maritime.
A notre droite, s'étendent le lac de Timsah et le ca-
nal d'eau douce qui va à Suez. Nous allons visiter
toutes ces merveilles, et, grâce à la prévoyance de
la Compagnie, cette excursion nous sera facile; il
ne nous reste, avant de nous engager plus avant,
qu'à dire comment nous y sommes venu et comment
nous pourrons poursuivre notre route.
» On a déjà vu que, d'Alexandrie, nous avons suivi
la ligne du Caire jusqu'à la station de Benah, où nous
avons pris l'embranchement qui conduit à Zagazig.'
A ce dernier point, nous avons rencontré les premiers
agents de la Compagnie qui nous ont accueillis
comme des compatriotes, et se sont immédiatement
occupés de nos moyens de transport, après nous
avoir installés dans une fort modeste auberge, oh !
bien modeste ! mais mes compagnons et moi nous
sommes de vieux routiers et nous ne nous arrêtons
pas à ces bagatelles. La raison péremptoire qui nous
a fait élire domicile dans ce taudis, qui porte or
gueilleusement le nom d' Hôtel de France, c'est qu'il
n'y en a pas d'autre. Zagazig est une ville pros-
père , mais dont la prospérité date d'hier et est due
au développement aussi imprévu qu'inouï de la cul-
ture du coton. On s'y occupe 'donc beaucoup d'af-
faires, on y amène des masses énormes du précieux
duvet, mais on n'a encore rien fait pour le conforta-
ble. Cela viendra [avec le temps, et puis une mau-
vaise nuit est sitôt passée !
» Debout à la pointe du jour, notre premier soin
fut de parcourir la ville et ses environs immédiats,
qui n'offrent rien de bien curieux, puis de procéder
aux préparatifs de notre voyage sur le canal.
» La Compagnie de Suez a organisé ses moyens
de transport avec une intelligente simplicité; tout
est prévu, tout est tarifé, c'est au voyageur à
choisir.
» On peut donc faire usage, soit d'un canot, soit
d'une dahabieh ( barque couverte), si l'on veut voya-
ger par eau, ou bien louer un dromadaire ou même
un modeste baudet, si l'on préfère la voie de terre,
c'est-à-dire les berges des canaux. Chaque barque
peut être accompagnée d'un dromadaire, dont le
concours est précieux en cas de vent contraire, car
il vous remorque avec une vitesse fort raisonnable
de 6 à 7 kilomètres à l'heure , et c'est un mauvais
calcul que de se priver de cette ressource ; on a vu,
(1) Elle s'appelait autrefois Timsah, du nom du lac ; la compa-
gnie a fait acte d'une déférence courtoise en donnant à sa capitale
le nom du nouveau vice-roi, successeur de Said. 1
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dont sept mille Arabes fellahs, trois mille trois cents
Bédouins et le reste en colons d'origines diverses et -
Européens. Tell-el-Kebir est comme le chef-lieu de
ce petit district ; Abbas-Pacha y avait fait construire
une assez belle maison, aujourd'hui la demeure du
chef de l'exploitation agricole de la Compagnie. Au-
tour de l'ancienne demeure d'Abbas-Pacha, s'éten-
dent de beaux jardins et de vastes pépinières desti-
nés à fournir des éléments de plantations dans tout
l'isthme, au fur et à mesure des besoins de la coloni-
sation. Rien de plus frais et de plus gracieux que
Tell-el-Kebir, rien qui donne mieux l'idée de ce que
sera un jour l'isthme tout entier, partout du moins
où l'eau douce pourra pénétrer. Le domaine de
l'Ouady est donc destiné à rendre les plus grands
services; il en rend déjà chaque jour par l'abondance
et la variété croissantes de ses produits en fruits et
légumes de toute sorte, et l'on ne peut que féliciter
la Compagnie de l'heureuse idée qu'elle a eue d'en
faire l'acquisition.
» N'oublions pas de mentionner l'établissement de
plusieurs pont-levis qui, construits de distance en
distance, permettent aux transports de toute nature
de passer facilement d'une rive à l'autre sans gêner
la navigation, et de barques et bacs qui suffisent
aux piétons et aux fardeaux de moindre poids. La
Compagnie a aussi créé à Tell-el-Kebir une auberge
très-passable pour les voyageurs.
» C'est à l'extrémité Est du domaine, à Ras-el-
Ouady, que finissent le canal d'Abbas-Pacha et les
cultures , et que commencent conséquemment les
travaux de la Co mpagnie de Suez sur les terrains,
vierges ou délaissés depuis tant de siècles, qui lui
ont été concédés.
» Là nous trouvons le prolongement du canal
d'eau douce qui s'étend par beaux alignements sur
une longueur de 30 kilomètres et aboutit à la nou-
velle ville d'Ismaïlia, fondée sur les bords du lac
Timsah. Les travaux en sont naturellement exécu-
tés d'une manière très-supérieure à ceux de la por-
tion due au gouvernement égyptien, dont plusieurs
parties seront à rectifier. Après avoir visité la station
de Rhamsès, où l'on trouve les ruines de l'ancienne
ville égyptienne de ce nom, ville qui parait avoir été
fort importante, et une tentative de culture faite
par un Allemand très-intelligent, la seule jusqu'ici
depuis l'Ouady, on arrive enfin au lac Timsah et sur
les rives mêmes du canal maritime. Nous n'avons
pas abordé cette partie des travaux sans une vive
émotion bien naturelle, puisque c'était le but de
notre voyage et que nous allions enfin toucher à
l'examen du grand problème dont la solution préoc-
cupe tant d'esprits dans le monde entier.
» Nous voici donc au centre de ce que nous pour-
rions appeler notre champ de manœuvres, au point
d'intersection des canaux d'eau douce auxquels nous
consacrerons un chapitre spécial. Devant nous est
Ismaïlia (1), la ville nouvelle, qui sera la capitale du
désert, et, à quelques pas au delà, le canal maritime.
A notre droite, s'étendent le lac de Timsah et le ca-
nal d'eau douce qui va à Suez. Nous allons visiter
toutes ces merveilles, et, grâce à la prévoyance de
la Compagnie, cette excursion nous sera facile; il
ne nous reste, avant de nous engager plus avant,
qu'à dire comment nous y sommes venu et comment
nous pourrons poursuivre notre route.
» On a déjà vu que, d'Alexandrie, nous avons suivi
la ligne du Caire jusqu'à la station de Benah, où nous
avons pris l'embranchement qui conduit à Zagazig.'
A ce dernier point, nous avons rencontré les premiers
agents de la Compagnie qui nous ont accueillis
comme des compatriotes, et se sont immédiatement
occupés de nos moyens de transport, après nous
avoir installés dans une fort modeste auberge, oh !
bien modeste ! mais mes compagnons et moi nous
sommes de vieux routiers et nous ne nous arrêtons
pas à ces bagatelles. La raison péremptoire qui nous
a fait élire domicile dans ce taudis, qui porte or
gueilleusement le nom d' Hôtel de France, c'est qu'il
n'y en a pas d'autre. Zagazig est une ville pros-
père , mais dont la prospérité date d'hier et est due
au développement aussi imprévu qu'inouï de la cul-
ture du coton. On s'y occupe 'donc beaucoup d'af-
faires, on y amène des masses énormes du précieux
duvet, mais on n'a encore rien fait pour le conforta-
ble. Cela viendra [avec le temps, et puis une mau-
vaise nuit est sitôt passée !
» Debout à la pointe du jour, notre premier soin
fut de parcourir la ville et ses environs immédiats,
qui n'offrent rien de bien curieux, puis de procéder
aux préparatifs de notre voyage sur le canal.
» La Compagnie de Suez a organisé ses moyens
de transport avec une intelligente simplicité; tout
est prévu, tout est tarifé, c'est au voyageur à
choisir.
» On peut donc faire usage, soit d'un canot, soit
d'une dahabieh ( barque couverte), si l'on veut voya-
ger par eau, ou bien louer un dromadaire ou même
un modeste baudet, si l'on préfère la voie de terre,
c'est-à-dire les berges des canaux. Chaque barque
peut être accompagnée d'un dromadaire, dont le
concours est précieux en cas de vent contraire, car
il vous remorque avec une vitesse fort raisonnable
de 6 à 7 kilomètres à l'heure , et c'est un mauvais
calcul que de se priver de cette ressource ; on a vu,
(1) Elle s'appelait autrefois Timsah, du nom du lac ; la compa-
gnie a fait acte d'une déférence courtoise en donnant à sa capitale
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