Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1864 01 octobre 1864
Description : 1864/10/01 (A9,N199). 1864/10/01 (A9,N199).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203330s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
410 L'ISTHME DE SUEZ,
en effet, des barques mettre trois et quatre jours à
parcourir une faible distance, pour s'être laissé ten-
ter par une économie maladroite.
» Lorsqu'on a choisi son moyen de transport,
l'agent spécial de la Compagnie vous délivre un
bulletin et fait prévenir le long de la route, afin que
vous trouviez vos relais prêts si la distance est trop
grande pour être parcourue d'une seule traite. Votre
barque a un reïs, patron, qui tient la barre du gou-
vernail, et un matelot qui manœuvre la voile, quand
on peut en user. On peut souvent se faire prêter un
ou deux matelas ; et l'on se procure de légères pro-
visions pour le cas où, par suite de quelque cir-
constance imprévue, l'on serait obligé de s'arrêter
trop loin d'une station. On peut ainsi parcourir les
travaux de la Compagnie sur ses trois lignes, sans
fatigues réelles et certain de trouver partout un ac-
cueil gracieux, une hospitalité cordiale et un con-
cours loyal pour les études les plus sérieuses, comme
pour la visite la plus superficielle. Au reste, la
Compagnie n'a rien à cacher et elle ne cache rien ;
elle ne peut vouloir que la lumière, car il est tou-
jours plus avantageux de profiter des critiques
désintéressées que de se complaire dans les louanges.
» Nous avons donc franchi la distance de 80 ki-
lomètres, environ, que comporte le canal d'eau
douce de Zagazig à Ismaïiia; nous avons visité le
domaine de l'Ouady, ses beaux villages, ses inté-
ressantes cultures, tant anciennes que nouvelles ;
nous avons assisté aux premiers essais de la trans-
formation des tribus nomades en paisibles et labo-
rieux colons, nous allons maintenant gagner les
rives du canal maritime et entrer dans le vif de la
question.
Ismaïlia.
» Lorsqu'on a parcouru le désert qui sépare
l'Egypte de la Syrie, il y a seulement six ans ;
lorsqu'on s'est trouvé égaré au milieu de ces vastes
solitudes et qu'on a franchi des distances comme
celle de Salahïeh à El Arish, où pendant six jours
de marche on ne trouvait pas une goutte d'eau
pour étancher sa soif, pas un arbre pour abriter sa
tête, que doit-on éprouver en y rencontrant, comme
aujourd'hui, la vie, l'activité, le bien-être et tous les
germes de la prospérité future ? A coup sûr il y a là
un grand sujet d'étonnement et de joie, car il y a
là un de ces grands faits qui réconcilieraient avec
l'humanité l'être le plus porté à la misanthropie.
C'est toujours un beau spectacle que celui de voir
l'énergie unie à la science triompher des obstacles
qui s'opposent au progrès ; mais il y a mieux ici, il
y a toute une création. La table était rase, aucune
donnée n'existait antérieurement, il y avait au con-
traire fi graves discussions, de graves divergences
d'appréciations sur tous les éléments de ce redou-
table problème. On n'a pas pu procéder comne dans
d'autres travaux d'utilité publique, où de nombreux
essais avaient été faits, où des précédents pouvaient
servir de guide, où des ressources de toute nature
étaient ce qu'on appelle à pied d'œuvre. Il a fallu,
d'un seul élan, aborder toutes les difficultés du tra-
vail scientifique ou manuel, de l'alimentation, de
l'abri, de l'hygiène, de la médication à grande
distance, sous un climat inconnu, dans un pays
dénué de tout, et où les traditions antiques étaient
complétement effacées. Je le répète donc en toute
conviction : dût l'entreprise échouer, ce qu'à Dieu
ne plaise, ce sera toujours un grand honneur d'y
avoir cru et de l'avoir amenée au point où elle en
est.
» A Ismaïlia, on est au cœur même des travaux ;
c'est le point d'où rayonnent les ordres, où arrivent
les rapports, où aboutissent les fils conducteurs;
aussi, d'assez vastes constructions s'élèvent-elles sur
divers points. Les rues s'alignent, deux belles places
servant de promenades sont entourées de maisons
fort simples, mais commodes et bien entendues pour
le climat; elles sont encadrées de trottoirs surmon-
tés par des vérandas de construction légère, mais
suffisants pour abriter les habitants et les prome-
neurs contre l'ardeur du soleil; bientôt elles seront
ombragées de palmiers et d'autres arbres. L'une de
ces places porte le nom d'un savant illustre et po-
pulaire, de Champollion, auquel on doit la première
interprétation rationnelle des caractères hiérogly-
phiques. L'autre, en attendant un nom officiel, est
dotée de l'appellation assez bizarre de place des Cé-
libataires, qui s'explique par la mesure prise par
l'administration d'attribuer les maisons qui l'entou-
rent au logement des employés non mariés. Sur la
façade sud de la ville, qui regarde le canal d'eau
douce et le lac Timsah, sont les habitations des di-
recteurs, ingénieurs et principaux fonctionnaires, y
compris un joli mais simple chalet réservé aux admi-
nistrateurs en tournée quand ils visitent les travaux.
A la suite, vers l'ouest, est un vaste et curieux éta-
blissement, celui des transports, qui m'a paru aussi
utile que bien entendu : c'est un enclos qui, indé-
pendamment des logements et magasins nécessaires,
contient un parc immense, réservé aux chameaux
affectés aux transports et à la traction des barques.
Ce parque contient de longues files de mangeoires
construites en bétoni devant lesquelles s'agenouillent
les utiles animaux §i bien nommés par Chateau-
briand les vaisseaux du désert. La Compagnie en a
possédé un moment jusqu'à sept cents, sans compter
une grande quantité qu'elle louait pour son service;
mais le nombre en est aujourd'hui fort réduit par
suite de l'ouverture à la navigation des canaux d'eau
douce et d'une section du canal maritime, qui per-
en effet, des barques mettre trois et quatre jours à
parcourir une faible distance, pour s'être laissé ten-
ter par une économie maladroite.
» Lorsqu'on a choisi son moyen de transport,
l'agent spécial de la Compagnie vous délivre un
bulletin et fait prévenir le long de la route, afin que
vous trouviez vos relais prêts si la distance est trop
grande pour être parcourue d'une seule traite. Votre
barque a un reïs, patron, qui tient la barre du gou-
vernail, et un matelot qui manœuvre la voile, quand
on peut en user. On peut souvent se faire prêter un
ou deux matelas ; et l'on se procure de légères pro-
visions pour le cas où, par suite de quelque cir-
constance imprévue, l'on serait obligé de s'arrêter
trop loin d'une station. On peut ainsi parcourir les
travaux de la Compagnie sur ses trois lignes, sans
fatigues réelles et certain de trouver partout un ac-
cueil gracieux, une hospitalité cordiale et un con-
cours loyal pour les études les plus sérieuses, comme
pour la visite la plus superficielle. Au reste, la
Compagnie n'a rien à cacher et elle ne cache rien ;
elle ne peut vouloir que la lumière, car il est tou-
jours plus avantageux de profiter des critiques
désintéressées que de se complaire dans les louanges.
» Nous avons donc franchi la distance de 80 ki-
lomètres, environ, que comporte le canal d'eau
douce de Zagazig à Ismaïiia; nous avons visité le
domaine de l'Ouady, ses beaux villages, ses inté-
ressantes cultures, tant anciennes que nouvelles ;
nous avons assisté aux premiers essais de la trans-
formation des tribus nomades en paisibles et labo-
rieux colons, nous allons maintenant gagner les
rives du canal maritime et entrer dans le vif de la
question.
Ismaïlia.
» Lorsqu'on a parcouru le désert qui sépare
l'Egypte de la Syrie, il y a seulement six ans ;
lorsqu'on s'est trouvé égaré au milieu de ces vastes
solitudes et qu'on a franchi des distances comme
celle de Salahïeh à El Arish, où pendant six jours
de marche on ne trouvait pas une goutte d'eau
pour étancher sa soif, pas un arbre pour abriter sa
tête, que doit-on éprouver en y rencontrant, comme
aujourd'hui, la vie, l'activité, le bien-être et tous les
germes de la prospérité future ? A coup sûr il y a là
un grand sujet d'étonnement et de joie, car il y a
là un de ces grands faits qui réconcilieraient avec
l'humanité l'être le plus porté à la misanthropie.
C'est toujours un beau spectacle que celui de voir
l'énergie unie à la science triompher des obstacles
qui s'opposent au progrès ; mais il y a mieux ici, il
y a toute une création. La table était rase, aucune
donnée n'existait antérieurement, il y avait au con-
traire fi graves discussions, de graves divergences
d'appréciations sur tous les éléments de ce redou-
table problème. On n'a pas pu procéder comne dans
d'autres travaux d'utilité publique, où de nombreux
essais avaient été faits, où des précédents pouvaient
servir de guide, où des ressources de toute nature
étaient ce qu'on appelle à pied d'œuvre. Il a fallu,
d'un seul élan, aborder toutes les difficultés du tra-
vail scientifique ou manuel, de l'alimentation, de
l'abri, de l'hygiène, de la médication à grande
distance, sous un climat inconnu, dans un pays
dénué de tout, et où les traditions antiques étaient
complétement effacées. Je le répète donc en toute
conviction : dût l'entreprise échouer, ce qu'à Dieu
ne plaise, ce sera toujours un grand honneur d'y
avoir cru et de l'avoir amenée au point où elle en
est.
» A Ismaïlia, on est au cœur même des travaux ;
c'est le point d'où rayonnent les ordres, où arrivent
les rapports, où aboutissent les fils conducteurs;
aussi, d'assez vastes constructions s'élèvent-elles sur
divers points. Les rues s'alignent, deux belles places
servant de promenades sont entourées de maisons
fort simples, mais commodes et bien entendues pour
le climat; elles sont encadrées de trottoirs surmon-
tés par des vérandas de construction légère, mais
suffisants pour abriter les habitants et les prome-
neurs contre l'ardeur du soleil; bientôt elles seront
ombragées de palmiers et d'autres arbres. L'une de
ces places porte le nom d'un savant illustre et po-
pulaire, de Champollion, auquel on doit la première
interprétation rationnelle des caractères hiérogly-
phiques. L'autre, en attendant un nom officiel, est
dotée de l'appellation assez bizarre de place des Cé-
libataires, qui s'explique par la mesure prise par
l'administration d'attribuer les maisons qui l'entou-
rent au logement des employés non mariés. Sur la
façade sud de la ville, qui regarde le canal d'eau
douce et le lac Timsah, sont les habitations des di-
recteurs, ingénieurs et principaux fonctionnaires, y
compris un joli mais simple chalet réservé aux admi-
nistrateurs en tournée quand ils visitent les travaux.
A la suite, vers l'ouest, est un vaste et curieux éta-
blissement, celui des transports, qui m'a paru aussi
utile que bien entendu : c'est un enclos qui, indé-
pendamment des logements et magasins nécessaires,
contient un parc immense, réservé aux chameaux
affectés aux transports et à la traction des barques.
Ce parque contient de longues files de mangeoires
construites en bétoni devant lesquelles s'agenouillent
les utiles animaux §i bien nommés par Chateau-
briand les vaisseaux du désert. La Compagnie en a
possédé un moment jusqu'à sept cents, sans compter
une grande quantité qu'elle louait pour son service;
mais le nombre en est aujourd'hui fort réduit par
suite de l'ouverture à la navigation des canaux d'eau
douce et d'une section du canal maritime, qui per-
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