Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1864 15 septembre 1864
Description : 1864/09/15 (A9,N198). 1864/09/15 (A9,N198).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033294
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
390 L'ISTHME DE SUEZ.
PROMENADE DANS L'ISTHME DE SUEZ.
Sous ce titre, il vient de paraître à la librairie
centrale de Napoléon Chaix et Ce un livre aussi at-
tachant que sérieux. Il est l'œuvre de M. Casimir
Leconte, ancien administrateur des Messageries im-
périales, ancien directeur général du chemin de fer
d'Orléans, dont le talent et le caractère sont égale-
ment honorés et connus dans notre monde industriel
et financier. Nous aurons certainement plus d'une
occasion de revenir sur cette étude du canal des
deux mers et des questions accessoires qui s'y rat-
tachent , faite par un esprit aussi impartial et
aussi compétent. Pour aujourd'hui nous devons nous
borner à emprunter au travail de M. Casimir Le-
conte des extraits qui plus que tout ce que nous
pourrions dire indiqueront au lecteur et le but que
s'est proposé l'auteur et les convictions qu'il a reti-
rées de ses observations consciencieuses sur les
hommes et sur les choses, après avoir parcouru les
travaux, visité les lieux avec ses connaissances pra-
tiques et toute la distinction de son esprit.
Voici d'abord en quels termes M. Casimir Leconte
expose les sentiments qui ont inspiré son projet de
voyage. Dans nos extraits comme dans le reste de
'ouvrage, on trouvera toutes les qualités d'un style
limpide, exempt de toute prétention, et qui n'a
d'autre but que d'éclairer le public sur la vérité des
faits.
Mollfto du voyage ; son bat.
« Je n'avais pas attendu que M. Ferdinand de Les-
seps mît en avant le projet de percement de l'isthme
de Suez et l'établissement d'un canal maritime des-
tiné à rendre à son cours naturel l'immense trafic
qui a existé de tous temps entre l'Europe et l'Asie
(trafic qui tend chaque jour à s'augmenter), pour
m'occuper de cette importante question. En ce qui
me touche, je n'ai jamais compris que le génie du
commerce, constamment en éveil sur ses intérêts,
ait pu s'accommoder si longtemps de cet énorme
détour par le cap de Bonne-Espérance, et que la
découverte de Vasco de Gama ait pu jouir d'un suc-
cès si démesurément prolongé? Comment des peu-
ples aussi intelligents que les Vénitiens et les Génois
ont-ils pu, froidement, assister à l'adoption de cette
voie nouvelle qui les ruinait, sans faire une tenta-
tive pour maintenir la communication naturelle et
directe entre le bassin de la Méditerranée et l'ex-
trême Orient? Ils devaient savoir, cependant, que
l'isthme de Suez avait été, à trois reprises différentes,
traversé par une voie navigable, sous les Ptolémées,
sous les Romains, et même sous les Califes ; peut-
être ont-ils voulu lutter, peut-être ont-ils vu leur
énergie se briser contre l'indolence ou la jalousie des
musulmans, je ne sais, et n'ai pas à rechercher ici
les causes de ce fait; je me borne à constater qu'il
m'a toujours paru anormal et qu'il a dû, en consé-
quence, se présenter souvent à ma pensée comme à
celle de bien d'autres.
» En 1844, 1845 et 1846, je parcourais l'Orient,
pour mon plaisir et mon instruction, chargé toute-
fois d'une mission officieuse, je pourrais dire ami-
cale, par deux hommes dont le souvenir me sera
toujours précieux et les bontés présentes (1). Cette
mission, qui convenait d'autant plus à mes goûts
qu'elle me laissait entièrement libre, je l'ai remplie
de mon mieux en étudiant avec assiduité les ques-
tions qui pouvaient intéresser notre commerce, notre
industrie et notre marine, et j'en ai publié les résul-
tats (2). Je fis, en 1845, un assez long séjour en
Egypte, où j'eus souvent l'honneur de conférer avec
Méhémet-Ali des intérêts communs aux deux pays,
et un jour la conversation s'engagea sur le canal de
Suez. Le ministre du commerce m'avait posé cette
question : « Comment est envisagée sur les lieux la
» libre ouverture aux nations européennes du pas-
» page de Suez ? » Je répondis en rendant compte
d une conversation de plusieurs heures que j'avais
eue avec le vice-roi, et dans laquelle nous avions
tour à tour discuté les questions d'opportunité et de
priorité se rattachant aux trois grandes entreprises
alors projetées : le canal maritime entre la Méditer-
ranée et la mer Rouge, le chemin de fer du Caire à
Suez et le barrage du Nil. J'avais hautement donné
la préférence au canal maritime, tant sous le rap-
port de l'importance que sous celui de la priorité, et
j'ajoutai dans mon rapport : « Le vice-roi m'ayant
» demandé ma pensée, je la lui ai dite sans détour.
» Je crois qu'il ferait une chose vraiment grande en
» entreprenant le canal, d'accord avec les grandes
» puissances ou avec celles d'entre elles qui y ont
» intérêt. Or, toutes sont dans ce cas, excepté l'An-
» gleterre, peut-être, qui craint la concurrence, dans
» les mers de l'Inde, des industries française et
» allemande, mais qui ne peut vouloir s'opposer ou-
» vertement à une œuvre d'une utilité aussi incon-
» testée.
» Le vice-roi, reconnu gardien du passage et dé-
» positaire de l'intérêt commun, verrait, ce me
» semble, sa position et celle de sa famille très-bien
» garanties, et, après avoir rendu au commerce de
» l'Inde sa direction naturelle, il doterait l'Egypte j
(1) M. Cunin-Gridaine, alors ministre du com Tierce, et M. Lacave-
Laplagne, ministre des finances.
(2) Étude économique de la Grèce, suivie de documents sur le
commerce de l'Orient, l'Egypte, etc., par Casimir Leconte; chez
Firmin Didot, Paris, 1847.
PROMENADE DANS L'ISTHME DE SUEZ.
Sous ce titre, il vient de paraître à la librairie
centrale de Napoléon Chaix et Ce un livre aussi at-
tachant que sérieux. Il est l'œuvre de M. Casimir
Leconte, ancien administrateur des Messageries im-
périales, ancien directeur général du chemin de fer
d'Orléans, dont le talent et le caractère sont égale-
ment honorés et connus dans notre monde industriel
et financier. Nous aurons certainement plus d'une
occasion de revenir sur cette étude du canal des
deux mers et des questions accessoires qui s'y rat-
tachent , faite par un esprit aussi impartial et
aussi compétent. Pour aujourd'hui nous devons nous
borner à emprunter au travail de M. Casimir Le-
conte des extraits qui plus que tout ce que nous
pourrions dire indiqueront au lecteur et le but que
s'est proposé l'auteur et les convictions qu'il a reti-
rées de ses observations consciencieuses sur les
hommes et sur les choses, après avoir parcouru les
travaux, visité les lieux avec ses connaissances pra-
tiques et toute la distinction de son esprit.
Voici d'abord en quels termes M. Casimir Leconte
expose les sentiments qui ont inspiré son projet de
voyage. Dans nos extraits comme dans le reste de
'ouvrage, on trouvera toutes les qualités d'un style
limpide, exempt de toute prétention, et qui n'a
d'autre but que d'éclairer le public sur la vérité des
faits.
Mollfto du voyage ; son bat.
« Je n'avais pas attendu que M. Ferdinand de Les-
seps mît en avant le projet de percement de l'isthme
de Suez et l'établissement d'un canal maritime des-
tiné à rendre à son cours naturel l'immense trafic
qui a existé de tous temps entre l'Europe et l'Asie
(trafic qui tend chaque jour à s'augmenter), pour
m'occuper de cette importante question. En ce qui
me touche, je n'ai jamais compris que le génie du
commerce, constamment en éveil sur ses intérêts,
ait pu s'accommoder si longtemps de cet énorme
détour par le cap de Bonne-Espérance, et que la
découverte de Vasco de Gama ait pu jouir d'un suc-
cès si démesurément prolongé? Comment des peu-
ples aussi intelligents que les Vénitiens et les Génois
ont-ils pu, froidement, assister à l'adoption de cette
voie nouvelle qui les ruinait, sans faire une tenta-
tive pour maintenir la communication naturelle et
directe entre le bassin de la Méditerranée et l'ex-
trême Orient? Ils devaient savoir, cependant, que
l'isthme de Suez avait été, à trois reprises différentes,
traversé par une voie navigable, sous les Ptolémées,
sous les Romains, et même sous les Califes ; peut-
être ont-ils voulu lutter, peut-être ont-ils vu leur
énergie se briser contre l'indolence ou la jalousie des
musulmans, je ne sais, et n'ai pas à rechercher ici
les causes de ce fait; je me borne à constater qu'il
m'a toujours paru anormal et qu'il a dû, en consé-
quence, se présenter souvent à ma pensée comme à
celle de bien d'autres.
» En 1844, 1845 et 1846, je parcourais l'Orient,
pour mon plaisir et mon instruction, chargé toute-
fois d'une mission officieuse, je pourrais dire ami-
cale, par deux hommes dont le souvenir me sera
toujours précieux et les bontés présentes (1). Cette
mission, qui convenait d'autant plus à mes goûts
qu'elle me laissait entièrement libre, je l'ai remplie
de mon mieux en étudiant avec assiduité les ques-
tions qui pouvaient intéresser notre commerce, notre
industrie et notre marine, et j'en ai publié les résul-
tats (2). Je fis, en 1845, un assez long séjour en
Egypte, où j'eus souvent l'honneur de conférer avec
Méhémet-Ali des intérêts communs aux deux pays,
et un jour la conversation s'engagea sur le canal de
Suez. Le ministre du commerce m'avait posé cette
question : « Comment est envisagée sur les lieux la
» libre ouverture aux nations européennes du pas-
» page de Suez ? » Je répondis en rendant compte
d une conversation de plusieurs heures que j'avais
eue avec le vice-roi, et dans laquelle nous avions
tour à tour discuté les questions d'opportunité et de
priorité se rattachant aux trois grandes entreprises
alors projetées : le canal maritime entre la Méditer-
ranée et la mer Rouge, le chemin de fer du Caire à
Suez et le barrage du Nil. J'avais hautement donné
la préférence au canal maritime, tant sous le rap-
port de l'importance que sous celui de la priorité, et
j'ajoutai dans mon rapport : « Le vice-roi m'ayant
» demandé ma pensée, je la lui ai dite sans détour.
» Je crois qu'il ferait une chose vraiment grande en
» entreprenant le canal, d'accord avec les grandes
» puissances ou avec celles d'entre elles qui y ont
» intérêt. Or, toutes sont dans ce cas, excepté l'An-
» gleterre, peut-être, qui craint la concurrence, dans
» les mers de l'Inde, des industries française et
» allemande, mais qui ne peut vouloir s'opposer ou-
» vertement à une œuvre d'une utilité aussi incon-
» testée.
» Le vice-roi, reconnu gardien du passage et dé-
» positaire de l'intérêt commun, verrait, ce me
» semble, sa position et celle de sa famille très-bien
» garanties, et, après avoir rendu au commerce de
» l'Inde sa direction naturelle, il doterait l'Egypte j
(1) M. Cunin-Gridaine, alors ministre du com Tierce, et M. Lacave-
Laplagne, ministre des finances.
(2) Étude économique de la Grèce, suivie de documents sur le
commerce de l'Orient, l'Egypte, etc., par Casimir Leconte; chez
Firmin Didot, Paris, 1847.
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