Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1864 01 septembre 1864
Description : 1864/09/01 (A9,N197). 1864/09/01 (A9,N197).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203328q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
378 L'ISTHME DE SUEZ,
du moins sujette à des difficultés et à des dépenses
qui la rendront improductive au point de vue finan-
cier. Toutefois, le correspondant suppose que ces
considérations ne sont pas capables de retenir ou de
détourner l'Allemagne, et alors il provoque l'An-
gleterre et l'Europe à une sorte de croisade politi-
que contre ce malencontreux projet dont il expose
les dangers comme suit :
« Le Schleswig-Holstein a été conquis par et pour
l'Allemagne ; mais il reste à savoir si cette conquête
doit être un anneau d'union ou une nouvelle source
de querelle pour les éléments discordants de ce pays.
Avant que la grande question de la possession finale
de ce nouveau territoire arrive à sa solution, les
Allemands ont cherché un objet qui pût pour un
instant unir tous leurs efforts communs, et ils l'ont
trouvé dans l'excavation du canal du Schleswig-
Holstein. La Prusse, en dépit des signes menaçants
du moment, en dépit de la jalousie des autres Etats
allemands grands ou petits, en dépit de l'attitude
mécontente des puissances européennes, n'a pas re-
noncé à l'espoir de s'assurer les duchés, sinon ma-
tériellement, du moins en les dominant par sa haute
influence ainsi que par leurs forteresses et leurs
ports. Elle prend donc maintenant pour mot d'or-
dre l'exécution du canal. Elle le revendique comme
une propriété nationale. Eile fait des plans et des
études pour un ouvrage qu'après tout elle a seule
le pouvoir d'accomplir et dont seule elle a la chance
de recueillir tout le bénéfice. L'objet que la France
a atteint ou a essayé d'atteindre par le projet spé-
cieux du canal de Suez, la Prusse travaille à l'obte-
nir par le canal de Schleswig-Holstein.
» Les difficultés politiques et sociales s'élevant con-
tre toute possibilité du projet, quand même il serait
exécuté, sont peut-être plus sérieuses que les simples
obstacles matériels prévus par les ingénieurs danois.
Il peut être utile cependant pour les puissances eu-
ropéennes en général de s'enquérir avec diligence
sur ce sujet ; de s'assurer d'abord si le canal est
exécutable et, dans ce cas, de calculer toutes les
conséquences possibles d'un tel événement sur le
monde commercial et maritime ; car il y a peu de
doute que si l'entreprise est praticable et si les Etats
germaniques doivent l'avoir sous leur contrôle, ce
que l'on appelle la mer de l'Est, c'est-à-dire la Bal-
tique, ne devienne, à tous les points de vue, un lac
allemand.
» La perspective d'une grosse dépense qui, peut-
être, détourna le Danemark trop aisément d'une en-
treprise peu propre à lui procurer des avantages
permanents, n'aurait que peu d'influence sur l'Alle-
magne, pays disposant de vastes ressources et poussé
au-delà de tous les conseils de la prudence par sa
vague mais ardente ambition maritime. Non-seule-
ment l'Allemagne pourrait suffire au fardeau de la
dépense sans se préoccuper des bénéfices que lui
produirait le péage, mais encore elle pourrait n'en
pas établir, ou bien elle pourrait imposer des droits
prohibitifs Mir tous les navires étrangers en conser-
vant la liberté du passage pour son propre pavillon,
se réservant ainsi le monopole de ce commerce. Les
gouvernements continentaux ne sont que trop ac-
coutumés à exécuter par eux-mêmes des travaux
d'utilité publique et à engager l'argent du peuple
pour un but qui semble aux gouvernements le plus
propre à favoriser le bien-être du pays. Le canal du
Schleswig-Holstein peut être ou entrepris ou subven-
tionné par les gouvernants allemands avec la même
libéralité que l'Autriche a montrée en organisant
d'abord et en soutenant maintenant la compagnie de
navigation du Llyod à Trieste.
» Tel est le côté simplement pacifique. En temps de
guerrele canal de Schleswig-Holstein, navigable pour
les plus grands vaisseaux, donnerait à l'Allemagne un
pouvoir aussi illimité sur la Baltique que les Darda-
nelles et le Bosphore l'assurent à la Turquie dans la
mer Noire. Le canal serait un lieu de refuge pour ses
possesseurs dans le cas d'une défaite et les mettrait
à même de porter leurs forces d'une mer à l'autre,
de façon à les concentrer sur tous les points où ils
croiraient avoir des chances en leur favur. » *
» Voilà, reprend après ces citations le Moniteur
industriel, des appréhensions bien graves et des ob-
jections bien nombreuses. Qu'orit-elles cependant de
sérieux ou de fondé ? Est-il possible que le Times
craigne sincèrement que les flottes de la Prusse ne
viennent dominer une mer quelconque contre les flottes
britanniques? Est-ce que ce n'est point là une supposi-
tion presque ridicule, et la Russie elle-même permet-
trait-elle plus que l'Angleterre que la Baltique de-
vînt un lac allemand? N'y a-t-il pas à sourire aussi
de ces déclamations contre l'ambition maritime de
l'Allemagne? Nous l'avons dit plus d'une fois, avec
l'invention des chemins de fer et du télégraphe élec-
trique, toutes les nations ont une tendance nécessaire
à se porter vers la mer pour l'expansion de leur com-
merce et de leur industrie.
» L'Allemagne subit cette nécessité comme tous les
autres Etats. Elle y obéit par la force des choses, et
ce n'est pas nous qui avons intérêt à empêcher la
formation d'une marine secondaire de plus. Mais toutes
les fois qu'un pays quelconquepense à prendre sa part,
grande ou petite, du domaine commun des mers, le
Times s'inquiète et s'indigne. Hier il criait contre
l'ambition maritime de la France. Aujourd'hui il dé-
nonce l'ambition maritime de la Prusse. Hier il di-
sait : C'est pour s'emparer de la route entre l'Occi-
dent et l'Orient que la France a encouragé le projet
du canal de Suez. Aujourd'hui il dit que c'est pour
s'emparer de la Baltique que l'Allemagne penserait
à former dans le Schleswig-Holstein un canalmaritimc
dont pourtant les avantages commerciaux sont évi-
dents pour tous.
» Nous ne supposons point que, dans ces temps
d'expansion commerciale, l'Allemagne puisse vou-
du moins sujette à des difficultés et à des dépenses
qui la rendront improductive au point de vue finan-
cier. Toutefois, le correspondant suppose que ces
considérations ne sont pas capables de retenir ou de
détourner l'Allemagne, et alors il provoque l'An-
gleterre et l'Europe à une sorte de croisade politi-
que contre ce malencontreux projet dont il expose
les dangers comme suit :
« Le Schleswig-Holstein a été conquis par et pour
l'Allemagne ; mais il reste à savoir si cette conquête
doit être un anneau d'union ou une nouvelle source
de querelle pour les éléments discordants de ce pays.
Avant que la grande question de la possession finale
de ce nouveau territoire arrive à sa solution, les
Allemands ont cherché un objet qui pût pour un
instant unir tous leurs efforts communs, et ils l'ont
trouvé dans l'excavation du canal du Schleswig-
Holstein. La Prusse, en dépit des signes menaçants
du moment, en dépit de la jalousie des autres Etats
allemands grands ou petits, en dépit de l'attitude
mécontente des puissances européennes, n'a pas re-
noncé à l'espoir de s'assurer les duchés, sinon ma-
tériellement, du moins en les dominant par sa haute
influence ainsi que par leurs forteresses et leurs
ports. Elle prend donc maintenant pour mot d'or-
dre l'exécution du canal. Elle le revendique comme
une propriété nationale. Eile fait des plans et des
études pour un ouvrage qu'après tout elle a seule
le pouvoir d'accomplir et dont seule elle a la chance
de recueillir tout le bénéfice. L'objet que la France
a atteint ou a essayé d'atteindre par le projet spé-
cieux du canal de Suez, la Prusse travaille à l'obte-
nir par le canal de Schleswig-Holstein.
» Les difficultés politiques et sociales s'élevant con-
tre toute possibilité du projet, quand même il serait
exécuté, sont peut-être plus sérieuses que les simples
obstacles matériels prévus par les ingénieurs danois.
Il peut être utile cependant pour les puissances eu-
ropéennes en général de s'enquérir avec diligence
sur ce sujet ; de s'assurer d'abord si le canal est
exécutable et, dans ce cas, de calculer toutes les
conséquences possibles d'un tel événement sur le
monde commercial et maritime ; car il y a peu de
doute que si l'entreprise est praticable et si les Etats
germaniques doivent l'avoir sous leur contrôle, ce
que l'on appelle la mer de l'Est, c'est-à-dire la Bal-
tique, ne devienne, à tous les points de vue, un lac
allemand.
» La perspective d'une grosse dépense qui, peut-
être, détourna le Danemark trop aisément d'une en-
treprise peu propre à lui procurer des avantages
permanents, n'aurait que peu d'influence sur l'Alle-
magne, pays disposant de vastes ressources et poussé
au-delà de tous les conseils de la prudence par sa
vague mais ardente ambition maritime. Non-seule-
ment l'Allemagne pourrait suffire au fardeau de la
dépense sans se préoccuper des bénéfices que lui
produirait le péage, mais encore elle pourrait n'en
pas établir, ou bien elle pourrait imposer des droits
prohibitifs Mir tous les navires étrangers en conser-
vant la liberté du passage pour son propre pavillon,
se réservant ainsi le monopole de ce commerce. Les
gouvernements continentaux ne sont que trop ac-
coutumés à exécuter par eux-mêmes des travaux
d'utilité publique et à engager l'argent du peuple
pour un but qui semble aux gouvernements le plus
propre à favoriser le bien-être du pays. Le canal du
Schleswig-Holstein peut être ou entrepris ou subven-
tionné par les gouvernants allemands avec la même
libéralité que l'Autriche a montrée en organisant
d'abord et en soutenant maintenant la compagnie de
navigation du Llyod à Trieste.
» Tel est le côté simplement pacifique. En temps de
guerrele canal de Schleswig-Holstein, navigable pour
les plus grands vaisseaux, donnerait à l'Allemagne un
pouvoir aussi illimité sur la Baltique que les Darda-
nelles et le Bosphore l'assurent à la Turquie dans la
mer Noire. Le canal serait un lieu de refuge pour ses
possesseurs dans le cas d'une défaite et les mettrait
à même de porter leurs forces d'une mer à l'autre,
de façon à les concentrer sur tous les points où ils
croiraient avoir des chances en leur favur. » *
» Voilà, reprend après ces citations le Moniteur
industriel, des appréhensions bien graves et des ob-
jections bien nombreuses. Qu'orit-elles cependant de
sérieux ou de fondé ? Est-il possible que le Times
craigne sincèrement que les flottes de la Prusse ne
viennent dominer une mer quelconque contre les flottes
britanniques? Est-ce que ce n'est point là une supposi-
tion presque ridicule, et la Russie elle-même permet-
trait-elle plus que l'Angleterre que la Baltique de-
vînt un lac allemand? N'y a-t-il pas à sourire aussi
de ces déclamations contre l'ambition maritime de
l'Allemagne? Nous l'avons dit plus d'une fois, avec
l'invention des chemins de fer et du télégraphe élec-
trique, toutes les nations ont une tendance nécessaire
à se porter vers la mer pour l'expansion de leur com-
merce et de leur industrie.
» L'Allemagne subit cette nécessité comme tous les
autres Etats. Elle y obéit par la force des choses, et
ce n'est pas nous qui avons intérêt à empêcher la
formation d'une marine secondaire de plus. Mais toutes
les fois qu'un pays quelconquepense à prendre sa part,
grande ou petite, du domaine commun des mers, le
Times s'inquiète et s'indigne. Hier il criait contre
l'ambition maritime de la France. Aujourd'hui il dé-
nonce l'ambition maritime de la Prusse. Hier il di-
sait : C'est pour s'emparer de la route entre l'Occi-
dent et l'Orient que la France a encouragé le projet
du canal de Suez. Aujourd'hui il dit que c'est pour
s'emparer de la Baltique que l'Allemagne penserait
à former dans le Schleswig-Holstein un canalmaritimc
dont pourtant les avantages commerciaux sont évi-
dents pour tous.
» Nous ne supposons point que, dans ces temps
d'expansion commerciale, l'Allemagne puisse vou-
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