Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1864 01 août 1864
Description : 1864/08/01 (A9,N195)-1864/08/03. 1864/08/01 (A9,N195)-1864/08/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203326w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
334 L'ISTHME DE SUEZ,
Dans mes différents rapports j'ai signalé l'abais-
sement sensible de température pendant les mois de
janvier et de février; l'année dernière je citais
comme un fait inouï que l'eau avait été légèrement
glacée sur le plateau du Gebel-Mariam. Cette année
le fait s'est renouvelé plusieurs fois, le thermomètre
est descendu à 2 et 3 degrés au-dessous de zéro; à
Chalouf, l'eau a gelé dans les gargoulettes; à Kan-
tara, il a neigé.
Généralement il tombe chaque année, de janvier
en mars, quelques ondées; on n'appelle pas cela de
la pluie. Vers Suez le fait a eu lieu trois ou quatre
fois; au centre de l'isthme sept ou huit fois; à Kan-
tara les ondées sont plus fréquentes. Cette année ce
ne sont pas des ondées seulement qui sont tombées,
mais de la pluie presque continue pendant un, deux
et trois jours. Nous avons eu de magnifiques
orages.
Le froid et la pluie ont commencé dès le mois de
novembre et n'ont cessé qu'en mai. Une autre re-
marque a été faite, c'est la persistance des vents du
sud, sud-ouest et Est; vents violents au désert;
ceux du sud, surtout, froids en hiver, chauds en été
(appelés kamsim), soulèvent des tourbillons de pous-
sière. Ces vents ont persisté même en juin.
Ces phénomènes météorologiques ont eu lieu dans
toute l'Égypte; de mémoire d'homme on n'avait vu
un hiver aussi froid et aussi pluvieux; le climat de
l'isthme semblait avoir changé.
En Egypte, le froid a de graves conséquences.
L'Européen *en est quitte pour une bronchite, mais
chez le fellah, il engendre des pneumonies, des
pleurésies, et de plus, lorsqu'il est fatigué, la dys-
senterie. Nous avons plus eurs fois constaté ce fait.
A Chalouf, la mortalité a été causée non-seulement
par le typhus, mais encore par la dyssenterie.
Au point de vue de la santé dans l'isthme, l'état
météorologique de cette année doit être pris en
grande considération, surtout pour les Arabes.
Les observations météorologiques ci-jointes donne-
ront un aperçu de l'état de l'atmosphère à Port-Saïd
et à Ismaïlia.
Êpizootie. - Depuis plus d'un an règne en Égypte,
sur la race bovine, une épizootie qui a enlevé au
moins 600,000 têtes de bétail. Cette épizootie était
dans toute son intensité lors de la crue du Nil; les
cadavres d'animaux morts, au lieu d'être enterrés,
furent jetés dans le fleuve. On pensait qu'ils seraient
entraînés vers la mer, ce qui a eu lieu pour la plus
grande partie ; seulement beaucoup s'arrêtaient en
route, les uns sur les bords du fleuve, là où il existe des
remous; les autres entraient dans les canaux, où ils
subissaient une espèce de macération. J'ai vu les
bords du Nil couverts de ces cadavres ; j'ai vu flotter
sur les canaux ces masses en putréfaction, et leur
fond tapissés d'ossements à la baisse des eaux. Sur
le canal du Ouady, M. Guichard, chef du service
agricole, a fait enterrer des centaines de cadavres
d'animaux qui arrivaient par le Cherkaouié ; le mé-
decin de la Compagnie exerçait la surveillance la
plus active, car c'est par ce canal que s'alimentent
les canaux du Ouady, d'Ismaïlia et de Suez.
La surveillance n'a pas eu seulement à s'exercer
sur le canal d'eau douce, afin d'empêcher la disso-
lution des cadavres dans l'eau qui devait abreuver
nos chantiers ; nous avons eu encore à nous ga-
rantir d'une véritable infection à Port-Saïd. Le Nil
chariant des milliers de cadavres les avait portés à
la mer ; là ils avaient été repris par le courant de
la Méditerranée qui va de l'ouest à l'est, et les flots
rejetaient chaque jour sur le rivage de Port-Saïd
des masses en putréfaction qu'il fallait repousser à
la mer. Pendant plusieurs mois, à Port-Saïd, le vent
du large apportait de temps à autre des odeurs ca-
davéreuses; il n'y a donc pas lieu de s'étonner, en
présence de cette cause d'insalubrité, que des cas de
typhus et de fièvres typhoïdes se soient manifestés
sur les chantiers de l'isthme; ce qu'il y a eu de sur-
prenant, c'est qu'une atteinte aussi profonde portée
à la salubrité n'ait pas eu des résultats plus fâcheux.
Alimentation. — La conséquence de cette épizootie
a d'abord été le renchérissement de la viande, et par
suite de toutes les denrées alimentaires ; plus d'un
fellah n'a pas craint de manger des viandes prove-
nant de bêtes mortes d'une maladie encore inconnue ;
d'un autre côté, l'extension donnée à la culture du
coton avait fait négliger la culture du maïs, prin-
cipale nourriture du fellah; de plus, l'inondation, par
suite de la rupture des digues du fleuve, ayant dé-
truit une quantité de champs de maïs , il en est
résulté que la récolte a été peu abondante et que la
disette s'est fait sentir ; le prix du blé a doublé, il a
fallu en faire venir de l'étranger.
Le manque de viande par suite de l'épizootie, de
denrées alimentaires par suite de la cultuie du
coton et de l'inondation, n'a pas seulement atteint
les fellahs, mais tout le monde, riches et pauvres ;
le prix des denrées a triplé, quintuplé, souvent
même elles ont manqué. Dans le désert, sur toute la
ligne des travaux, la viande a quelquefois fait dé-
faut, on a dû se nourrir de conserves. Malgré tous
les efforts de la Compagnie, malgré la liberté du
commerce, malgré les encouragements de toute
nature, l'alimentation a été difficile. On ne pouvait
se plaindre, on se trouvait dans les mêmes conditions
qu'à Alexandrie, souvent même meilleures, car à
Port-Saïd le poisson était en abondance, il arrivait
de la viande de Jaffa ; à Kantara et à Ismaïlia on
pouvait se procurer des bestiaux venant de Syrie ;
Dans mes différents rapports j'ai signalé l'abais-
sement sensible de température pendant les mois de
janvier et de février; l'année dernière je citais
comme un fait inouï que l'eau avait été légèrement
glacée sur le plateau du Gebel-Mariam. Cette année
le fait s'est renouvelé plusieurs fois, le thermomètre
est descendu à 2 et 3 degrés au-dessous de zéro; à
Chalouf, l'eau a gelé dans les gargoulettes; à Kan-
tara, il a neigé.
Généralement il tombe chaque année, de janvier
en mars, quelques ondées; on n'appelle pas cela de
la pluie. Vers Suez le fait a eu lieu trois ou quatre
fois; au centre de l'isthme sept ou huit fois; à Kan-
tara les ondées sont plus fréquentes. Cette année ce
ne sont pas des ondées seulement qui sont tombées,
mais de la pluie presque continue pendant un, deux
et trois jours. Nous avons eu de magnifiques
orages.
Le froid et la pluie ont commencé dès le mois de
novembre et n'ont cessé qu'en mai. Une autre re-
marque a été faite, c'est la persistance des vents du
sud, sud-ouest et Est; vents violents au désert;
ceux du sud, surtout, froids en hiver, chauds en été
(appelés kamsim), soulèvent des tourbillons de pous-
sière. Ces vents ont persisté même en juin.
Ces phénomènes météorologiques ont eu lieu dans
toute l'Égypte; de mémoire d'homme on n'avait vu
un hiver aussi froid et aussi pluvieux; le climat de
l'isthme semblait avoir changé.
En Egypte, le froid a de graves conséquences.
L'Européen *en est quitte pour une bronchite, mais
chez le fellah, il engendre des pneumonies, des
pleurésies, et de plus, lorsqu'il est fatigué, la dys-
senterie. Nous avons plus eurs fois constaté ce fait.
A Chalouf, la mortalité a été causée non-seulement
par le typhus, mais encore par la dyssenterie.
Au point de vue de la santé dans l'isthme, l'état
météorologique de cette année doit être pris en
grande considération, surtout pour les Arabes.
Les observations météorologiques ci-jointes donne-
ront un aperçu de l'état de l'atmosphère à Port-Saïd
et à Ismaïlia.
Êpizootie. - Depuis plus d'un an règne en Égypte,
sur la race bovine, une épizootie qui a enlevé au
moins 600,000 têtes de bétail. Cette épizootie était
dans toute son intensité lors de la crue du Nil; les
cadavres d'animaux morts, au lieu d'être enterrés,
furent jetés dans le fleuve. On pensait qu'ils seraient
entraînés vers la mer, ce qui a eu lieu pour la plus
grande partie ; seulement beaucoup s'arrêtaient en
route, les uns sur les bords du fleuve, là où il existe des
remous; les autres entraient dans les canaux, où ils
subissaient une espèce de macération. J'ai vu les
bords du Nil couverts de ces cadavres ; j'ai vu flotter
sur les canaux ces masses en putréfaction, et leur
fond tapissés d'ossements à la baisse des eaux. Sur
le canal du Ouady, M. Guichard, chef du service
agricole, a fait enterrer des centaines de cadavres
d'animaux qui arrivaient par le Cherkaouié ; le mé-
decin de la Compagnie exerçait la surveillance la
plus active, car c'est par ce canal que s'alimentent
les canaux du Ouady, d'Ismaïlia et de Suez.
La surveillance n'a pas eu seulement à s'exercer
sur le canal d'eau douce, afin d'empêcher la disso-
lution des cadavres dans l'eau qui devait abreuver
nos chantiers ; nous avons eu encore à nous ga-
rantir d'une véritable infection à Port-Saïd. Le Nil
chariant des milliers de cadavres les avait portés à
la mer ; là ils avaient été repris par le courant de
la Méditerranée qui va de l'ouest à l'est, et les flots
rejetaient chaque jour sur le rivage de Port-Saïd
des masses en putréfaction qu'il fallait repousser à
la mer. Pendant plusieurs mois, à Port-Saïd, le vent
du large apportait de temps à autre des odeurs ca-
davéreuses; il n'y a donc pas lieu de s'étonner, en
présence de cette cause d'insalubrité, que des cas de
typhus et de fièvres typhoïdes se soient manifestés
sur les chantiers de l'isthme; ce qu'il y a eu de sur-
prenant, c'est qu'une atteinte aussi profonde portée
à la salubrité n'ait pas eu des résultats plus fâcheux.
Alimentation. — La conséquence de cette épizootie
a d'abord été le renchérissement de la viande, et par
suite de toutes les denrées alimentaires ; plus d'un
fellah n'a pas craint de manger des viandes prove-
nant de bêtes mortes d'une maladie encore inconnue ;
d'un autre côté, l'extension donnée à la culture du
coton avait fait négliger la culture du maïs, prin-
cipale nourriture du fellah; de plus, l'inondation, par
suite de la rupture des digues du fleuve, ayant dé-
truit une quantité de champs de maïs , il en est
résulté que la récolte a été peu abondante et que la
disette s'est fait sentir ; le prix du blé a doublé, il a
fallu en faire venir de l'étranger.
Le manque de viande par suite de l'épizootie, de
denrées alimentaires par suite de la cultuie du
coton et de l'inondation, n'a pas seulement atteint
les fellahs, mais tout le monde, riches et pauvres ;
le prix des denrées a triplé, quintuplé, souvent
même elles ont manqué. Dans le désert, sur toute la
ligne des travaux, la viande a quelquefois fait dé-
faut, on a dû se nourrir de conserves. Malgré tous
les efforts de la Compagnie, malgré la liberté du
commerce, malgré les encouragements de toute
nature, l'alimentation a été difficile. On ne pouvait
se plaindre, on se trouvait dans les mêmes conditions
qu'à Alexandrie, souvent même meilleures, car à
Port-Saïd le poisson était en abondance, il arrivait
de la viande de Jaffa ; à Kantara et à Ismaïlia on
pouvait se procurer des bestiaux venant de Syrie ;
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