Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1864 15 juillet 1864
Description : 1864/07/15 (A9,N194)-1864/07/20. 1864/07/15 (A9,N194)-1864/07/20.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203325g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
308 L'ISTHME DE SUEZ,
Il ne s'agit plus maintenant que de décider la forme
de cet appel. C'est ce dont on s'occupe aujourd'hui.
» Je laisse naturellement agir le représentant de
l'Empereur, et je n'ai fait jusqu'à présent aucune
démarche personnelle. M. Bulwer a si bien compris
que l'appel aux puissances ( dont l'opinion est una-
nimement favorable, à l'exception d'une seule) en-
traînerait inévitablement la chute de toutes les ré-
sistances, qu'il a fait l'impossible et s'est même
personnellement avancé au-delà de toute mesure
pour empêcher un résultat que nous devons consi-
dérer comme un succès. »
a Constantinople, le 14 décembre 1859.
» Lettre à M. le duc d'Albuféra.
» Une fois le principe de l'appel aux puissances
adopté par la Porte, sir Henry Bulwer a mis tout en
œuvre pour que la rédaction de cet appel contînt,
si ce n'est une opinion défavorable au sujet de l'en-
treprise, ce qui était impossible après tout ce qui
s'est passe depuis cinq ans, au moins des doutes et
des réticences. Il a fallu défaire son travail, oppo-
ser des contre-mines à ses mines, etc. M. Thouvenel
s'en est tiré avec son habileté ordinaire ; il a exigé
que le conseil discutât sérieusement l'utilité de l'en-
treprise du canal de Suez sous le point de vue de
l'intérêt de l'empire ottoman, et il a demandé que
l'appel aux puissances ne fût que la conséquence de
l'adoption du principe de l'utilité de l'entreprise.
Ceci, vous le comprenez, a donné lieu à une série de
délibérations. Les angoisses du Divan étaient ex-
trêmes.
» L'agent britannique disait et faisait répéter sur
tous les tons, à ces messieurs de la Sublime Porte :
« Si vous faites l'appel aux puissances, après avoir
reconnu l'utilité de l'entreprise, vous ferez à l'Angle-
terre la chose qui lui sera la plus désagréable. Elle
ne peut justifier son opposition au canal, aux yeux
du monde, qu'en la fondant sur la défense des inté-
rêts de l'empire ottoman, et elle a trop de fierté pour
avouer, dans une conférence diplomatique, que cette
entreprise nuira à ses propres intérêts. Vous le sa-
viez cependant, vous étiez nos amis, et il ne dépen-
dait que de vous de nous épargner une défaite. Or,
comme il est évident que le jour où toutes les puis-
sances seront appelées à donner un avis, cet avis
sera favorable au canal, et que nous serons obligés
d'y adhérer diplomatiquement, ce sera vous, en dé-
finitive, que nous rendrons responsables du tort moral
et matériel que vous nous aurez causé, et nous agi-
rons en conséquence, etc., etc., » Tout cela, assai-
sonné de menaces de guerre, insinuées par des tiers
obligeants et dévoués, et par l'exhibition, à chaque
courrier, de correspondances particulières de lord
Cowley (son beau-frère).
Peut-être est-il fastidieux d'entendre la lecture de
ces correspondances, mais puisque je retrace l'his-
toire de l'entreprise, il semble nécessaire de ne pas
omettre les circonstances qui démontrent comment
l'opposition anglaise n'a jamais cessé d'être le seul
obstacle à notre marche.
A la suite de ces dix-sept séances, j'allai dans
une visite particulière et accompagné du second
drogman de l'ambassade de France, remercier le
grand vizir Méhémet-Ruchdy-Pacha. Le premier
ministre ottoman me fit une déclaration que je con-
signai dans la lettre suivante adressée à l'ambassa-
deur de France :
« Constantinople, 27 décembre 1859.
» A M. Thouvenel, ambassadeur de France.
» Le nouveau grand vizir Méhémet-Ruchdy-Pacha
a été parfait dans tout ce qu'il m'a dit. Voici ses
propres paroles, que vous répétera M. Delaporte :
« Nous avons bien examiné la question du canal
» sous le point de vue de nos intérêts, et nous avons
» été heureux de reconnaître que c'était une entre-
» prise dont la réussite nous sera profitable, comme
» nous avons aussi reconnu qu'elle produira un
» grand bien pour tout le monde. Nous aurions agi
» ainsi que nous l'avons fait, quand bien même nous
» aurions craint qu'elle ne nous causât quelque
D dommage, afin que l'on ne pût pas nous accuser
» de vouloir nuire aux autres.
» Le principe de notre approbation sous le point
» de vue de nos intérêts étant donc admis, per-
» sonne, je l'espère, ne pourra trouver mauvais que
» nous demandions à des puissances amies de s'en-
» tendre sur les questions politiques qui pourraient
» être la conséquence de l'exécution du canal tant
» vis-à-vis de l'Egypte que vis-à-vis de l'Europe. »
« Il a fallu la haute confiance que vous avez ins-
pirée à tous les ministres turcs pour arriver en si
peu de temps, au milieu de tant de difficultés et de
positions délicates, à un résultat que je regarde,
dans les circonstances données, comme la solution
la plus heureuse. Il ne faut plus maintenant que de
la prudence, de la patience et un peu de temps. »
La situation étant éclaircie à Çonstantinople, le
président de la Compagnie se rendit à Alexandrie.
Le vice-roi, qui était dans la haute Egypte, à Siout
(janvier 1860), voulut bien m'envoyer un bateau à
vapeur pour aller le rejoindre. Après l'avoir informé
de ce qui s'était fait à Constantinople, je réglai avec
lui le compte courant qui établissait la situation
financière de la Compagnie, vis-à-vis de son Trésor,
auquel il appliqua, suivant ses recommandations an-
térieures, les actions régulièrement souscrites par
les banquiers étrangers, mais non réalisées.
Il ne s'agit plus maintenant que de décider la forme
de cet appel. C'est ce dont on s'occupe aujourd'hui.
» Je laisse naturellement agir le représentant de
l'Empereur, et je n'ai fait jusqu'à présent aucune
démarche personnelle. M. Bulwer a si bien compris
que l'appel aux puissances ( dont l'opinion est una-
nimement favorable, à l'exception d'une seule) en-
traînerait inévitablement la chute de toutes les ré-
sistances, qu'il a fait l'impossible et s'est même
personnellement avancé au-delà de toute mesure
pour empêcher un résultat que nous devons consi-
dérer comme un succès. »
a Constantinople, le 14 décembre 1859.
» Lettre à M. le duc d'Albuféra.
» Une fois le principe de l'appel aux puissances
adopté par la Porte, sir Henry Bulwer a mis tout en
œuvre pour que la rédaction de cet appel contînt,
si ce n'est une opinion défavorable au sujet de l'en-
treprise, ce qui était impossible après tout ce qui
s'est passe depuis cinq ans, au moins des doutes et
des réticences. Il a fallu défaire son travail, oppo-
ser des contre-mines à ses mines, etc. M. Thouvenel
s'en est tiré avec son habileté ordinaire ; il a exigé
que le conseil discutât sérieusement l'utilité de l'en-
treprise du canal de Suez sous le point de vue de
l'intérêt de l'empire ottoman, et il a demandé que
l'appel aux puissances ne fût que la conséquence de
l'adoption du principe de l'utilité de l'entreprise.
Ceci, vous le comprenez, a donné lieu à une série de
délibérations. Les angoisses du Divan étaient ex-
trêmes.
» L'agent britannique disait et faisait répéter sur
tous les tons, à ces messieurs de la Sublime Porte :
« Si vous faites l'appel aux puissances, après avoir
reconnu l'utilité de l'entreprise, vous ferez à l'Angle-
terre la chose qui lui sera la plus désagréable. Elle
ne peut justifier son opposition au canal, aux yeux
du monde, qu'en la fondant sur la défense des inté-
rêts de l'empire ottoman, et elle a trop de fierté pour
avouer, dans une conférence diplomatique, que cette
entreprise nuira à ses propres intérêts. Vous le sa-
viez cependant, vous étiez nos amis, et il ne dépen-
dait que de vous de nous épargner une défaite. Or,
comme il est évident que le jour où toutes les puis-
sances seront appelées à donner un avis, cet avis
sera favorable au canal, et que nous serons obligés
d'y adhérer diplomatiquement, ce sera vous, en dé-
finitive, que nous rendrons responsables du tort moral
et matériel que vous nous aurez causé, et nous agi-
rons en conséquence, etc., etc., » Tout cela, assai-
sonné de menaces de guerre, insinuées par des tiers
obligeants et dévoués, et par l'exhibition, à chaque
courrier, de correspondances particulières de lord
Cowley (son beau-frère).
Peut-être est-il fastidieux d'entendre la lecture de
ces correspondances, mais puisque je retrace l'his-
toire de l'entreprise, il semble nécessaire de ne pas
omettre les circonstances qui démontrent comment
l'opposition anglaise n'a jamais cessé d'être le seul
obstacle à notre marche.
A la suite de ces dix-sept séances, j'allai dans
une visite particulière et accompagné du second
drogman de l'ambassade de France, remercier le
grand vizir Méhémet-Ruchdy-Pacha. Le premier
ministre ottoman me fit une déclaration que je con-
signai dans la lettre suivante adressée à l'ambassa-
deur de France :
« Constantinople, 27 décembre 1859.
» A M. Thouvenel, ambassadeur de France.
» Le nouveau grand vizir Méhémet-Ruchdy-Pacha
a été parfait dans tout ce qu'il m'a dit. Voici ses
propres paroles, que vous répétera M. Delaporte :
« Nous avons bien examiné la question du canal
» sous le point de vue de nos intérêts, et nous avons
» été heureux de reconnaître que c'était une entre-
» prise dont la réussite nous sera profitable, comme
» nous avons aussi reconnu qu'elle produira un
» grand bien pour tout le monde. Nous aurions agi
» ainsi que nous l'avons fait, quand bien même nous
» aurions craint qu'elle ne nous causât quelque
D dommage, afin que l'on ne pût pas nous accuser
» de vouloir nuire aux autres.
» Le principe de notre approbation sous le point
» de vue de nos intérêts étant donc admis, per-
» sonne, je l'espère, ne pourra trouver mauvais que
» nous demandions à des puissances amies de s'en-
» tendre sur les questions politiques qui pourraient
» être la conséquence de l'exécution du canal tant
» vis-à-vis de l'Egypte que vis-à-vis de l'Europe. »
« Il a fallu la haute confiance que vous avez ins-
pirée à tous les ministres turcs pour arriver en si
peu de temps, au milieu de tant de difficultés et de
positions délicates, à un résultat que je regarde,
dans les circonstances données, comme la solution
la plus heureuse. Il ne faut plus maintenant que de
la prudence, de la patience et un peu de temps. »
La situation étant éclaircie à Çonstantinople, le
président de la Compagnie se rendit à Alexandrie.
Le vice-roi, qui était dans la haute Egypte, à Siout
(janvier 1860), voulut bien m'envoyer un bateau à
vapeur pour aller le rejoindre. Après l'avoir informé
de ce qui s'était fait à Constantinople, je réglai avec
lui le compte courant qui établissait la situation
financière de la Compagnie, vis-à-vis de son Trésor,
auquel il appliqua, suivant ses recommandations an-
térieures, les actions régulièrement souscrites par
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