Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1864 15 juin 1864
Description : 1864/06/15 (A9,N192). 1864/06/15 (A9,N192).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203323n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
268 L'ISTHME DE SUEZ,
dans les circonstances actuelles, sont d'une haute
signification. Après tout ce qui a été dit dans ces
derniers temps, dans la presse et ailleurs, contre le
travail rétribué des fellahs à l'isthme, il n'est pas
sans intérêt de voir ce qui se passe à Constantino-
ple et dans les provinces turques. Notre correspon-
dant habite Constantinople depuis plus de douze
années, et il a parcouru presque toutes les provinces
de l'empire. Il nous dit ce qu'il a vu, ce qu'il voit
chaque jour. Ce ne sont pas des appréciations ou
des raisonnements qu'il nous soumet, ce sont des
faits positifs qu'il nous signale.
Nous ne blâmerons pas certainement le sultan de
vouloir introduire des réformes dans ses États. Nous
lui donnerons acte de son désir sincère de ramener
ses peuples à la civilisation par la liberté indivi-
duelle, dont ils sont privés depuis un temps immé-
morial. Nous applaudirons des deux mains à toute
loi qui sera rendue par Sa Hautesse, dans le but
d'abolir à jamais la corvée ou le travail obligatoire,
qu'il soit ou non rétribué; ou si cette fameuse loi,
sur laquelle on a tant parlé, qu'un ministre anglais
a déclaré du haut de la tribune avoir été donnée
pour le bonheur des sujets, mais que personne
n'a pu découvrir, et qui est restée jusqu'à présent
introuvable; si, disons-nous, cette loi existe, ce
que nous avons toujours nié et nierons jusqu'à
nouvel ordre, nous encouragerons le gouvernement
ottoman dans tous les efforts qu'il fera pour la faire
exécuter et respecter ; et ce ne sera pas peut-être
sans un certain sentiment de satisfaction et de fierté
que nous nous souviendrons que la Compagnie de Suez,
en améliorant d'abord le sort des fellahs en Égypte,
et en acceptant ensuite des modifications à ses con-
trats, aura provoqué ces grandes et généreuses ré-
formes.
Mais si la corvée dans toute sa rigueur est main-
tenue à Constantinople, en Turquie, en Égypte; si
après toutes les protestations dont l'Europe a été té-
moin, après toutes les promesses qui ont été publi-
quement faites, l'ancien ordre de choses subsiste; si
le travail obligatoire a été aboli sur ce seul point de
l'Égypte où une Compagnie universelle travaille à
une œuvre qui doit être profitable et utile à tous,
nous serons en droit de dire que les principes de ré-
forme, de liberté, de philanthropie proclamés par le
gouvernement de la Porte, n'ont pas eu d'autre
objet que de venir en aide à une intrigue aux abois,
d'apporter des entraves à une entreprise où se trou-
vent engagés de nombreux capitaux français ; et de
déchirer des contrats sanctionnés par le temps, pour
la plus grande satisfaction de quelques intérêts hos-
tiles.
Voici çe qu'on nous écrit de Constantinople :
« Constantinople, 20 mai 1864.
» On a beaucoup parlé à Constantinople et à Lon-
dres, et les adversaires du canal de Suez ont répété
sur tous les tons que le gouvernement de la Sublime
Porte, mû. par un sentiment d'humanité, bien tardif,
on le reconnaîtra du moins, avait pris à cœur aujour-
d'hui d'extirper de l'Égypte ce fléau que les philan-
thropes anglo-turcs appellent, dans leur commisération,
le système exécrable de la corvée, et qu'il était déter-
miné à ne plus l'y laisser pratiquer.
» Nous avons été touché, en vérité, pour notre part,
de l'intérêt dont s'est pris tout à coup le gouverne-
ment du sultan poqr les sujets du vice-roi, et nous
avons pris acte de ce bon vouloir inattendu dans l'es-
pérance qu'il en rejaillira quelque chose sur les rayas,
sujets plus directs de la Porte Ottomane, qui ont en-
core tout à attendre de la clémence de leur magnanime
souverain, en ce qui concerne la protection et la jus-
tice des dépositaires de son autorité.
» Nous n'ajouterons rien à tout ce qui a été déjà dit
des rudes obligations auxquelles les fellahs sont tenus
vis-à-vis du gouvernement et des grands propriétaires
égyptiens. Il est de notoriété publique que la Compa-
gnie universelle de Suez et ses agents donnent tous
les jours les preuves les plus éclatantes de leur
humanité envers les ouvriers employés aux tra
vaux du canal. Les Européens, qui habitent et
connaissent la Turquie , s'étonnent seulement que
l'attention des ministres turcs ne se porte que du
côté de l'Égypte, alors qu'à Constantinople, comme
dans toutes les villes et les provinces de l'empire, les
populations ouvrières réclament contre l'arbitraire dont
elles sont sans cesse les victimes de la part des dépo-
sitaires de l'autorité civile et militaire, et contre le
travail forcé auquel elles sont assujetties. Nous aurions
mille faits à rapporter à l'appui de ce que nous avan-
çons, et nous pourrions, sans crainte de rencontrer de
sérieux contradicteurs, prouver qu'on ne procède que
par la violence pour tous les travaux publics, partout,
de Constantinople à Belgrade, de Scutari à Bagdad.
Nous n'en rapporterons que quelques-uns et ils suffi-
ront, par leur authenticité, pour convaincre les plus
incrédules, mettant au défi, d'ailleurs, qui que ce soit
de les démentir.
» De temps immémorial le travail forcé a existé
dans l'empire ottoman. Il était tellement passé dans
les mœurs et les habitudes, depuis la conquête des
Turcs, qu'on n'aurait jamais songé à s'en plaindre, si
les sultans n'avaient pas rendu des hatt-y-chérifs,
des hatt-y-humayoum à l'abri desquels les populations
chrétiennes poussées à bout ont pu faire parvenir leurs
doléances. On sait cependant ce qu'elles leur ont coûté
et comment leurs gémissements ont été étouffés !
» Les troubles qui désolent périodiquement l'Herzé-
govine et la Bosnie, et pour lesquels l'Europe demanda,
si l'on s'en souvient, l'envoi d'une commission inter-
nationale, ont-ils une autre origine que les corvées
que les beys imposent aux paysans depuis deux siècles
dans les circonstances actuelles, sont d'une haute
signification. Après tout ce qui a été dit dans ces
derniers temps, dans la presse et ailleurs, contre le
travail rétribué des fellahs à l'isthme, il n'est pas
sans intérêt de voir ce qui se passe à Constantino-
ple et dans les provinces turques. Notre correspon-
dant habite Constantinople depuis plus de douze
années, et il a parcouru presque toutes les provinces
de l'empire. Il nous dit ce qu'il a vu, ce qu'il voit
chaque jour. Ce ne sont pas des appréciations ou
des raisonnements qu'il nous soumet, ce sont des
faits positifs qu'il nous signale.
Nous ne blâmerons pas certainement le sultan de
vouloir introduire des réformes dans ses États. Nous
lui donnerons acte de son désir sincère de ramener
ses peuples à la civilisation par la liberté indivi-
duelle, dont ils sont privés depuis un temps immé-
morial. Nous applaudirons des deux mains à toute
loi qui sera rendue par Sa Hautesse, dans le but
d'abolir à jamais la corvée ou le travail obligatoire,
qu'il soit ou non rétribué; ou si cette fameuse loi,
sur laquelle on a tant parlé, qu'un ministre anglais
a déclaré du haut de la tribune avoir été donnée
pour le bonheur des sujets, mais que personne
n'a pu découvrir, et qui est restée jusqu'à présent
introuvable; si, disons-nous, cette loi existe, ce
que nous avons toujours nié et nierons jusqu'à
nouvel ordre, nous encouragerons le gouvernement
ottoman dans tous les efforts qu'il fera pour la faire
exécuter et respecter ; et ce ne sera pas peut-être
sans un certain sentiment de satisfaction et de fierté
que nous nous souviendrons que la Compagnie de Suez,
en améliorant d'abord le sort des fellahs en Égypte,
et en acceptant ensuite des modifications à ses con-
trats, aura provoqué ces grandes et généreuses ré-
formes.
Mais si la corvée dans toute sa rigueur est main-
tenue à Constantinople, en Turquie, en Égypte; si
après toutes les protestations dont l'Europe a été té-
moin, après toutes les promesses qui ont été publi-
quement faites, l'ancien ordre de choses subsiste; si
le travail obligatoire a été aboli sur ce seul point de
l'Égypte où une Compagnie universelle travaille à
une œuvre qui doit être profitable et utile à tous,
nous serons en droit de dire que les principes de ré-
forme, de liberté, de philanthropie proclamés par le
gouvernement de la Porte, n'ont pas eu d'autre
objet que de venir en aide à une intrigue aux abois,
d'apporter des entraves à une entreprise où se trou-
vent engagés de nombreux capitaux français ; et de
déchirer des contrats sanctionnés par le temps, pour
la plus grande satisfaction de quelques intérêts hos-
tiles.
Voici çe qu'on nous écrit de Constantinople :
« Constantinople, 20 mai 1864.
» On a beaucoup parlé à Constantinople et à Lon-
dres, et les adversaires du canal de Suez ont répété
sur tous les tons que le gouvernement de la Sublime
Porte, mû. par un sentiment d'humanité, bien tardif,
on le reconnaîtra du moins, avait pris à cœur aujour-
d'hui d'extirper de l'Égypte ce fléau que les philan-
thropes anglo-turcs appellent, dans leur commisération,
le système exécrable de la corvée, et qu'il était déter-
miné à ne plus l'y laisser pratiquer.
» Nous avons été touché, en vérité, pour notre part,
de l'intérêt dont s'est pris tout à coup le gouverne-
ment du sultan poqr les sujets du vice-roi, et nous
avons pris acte de ce bon vouloir inattendu dans l'es-
pérance qu'il en rejaillira quelque chose sur les rayas,
sujets plus directs de la Porte Ottomane, qui ont en-
core tout à attendre de la clémence de leur magnanime
souverain, en ce qui concerne la protection et la jus-
tice des dépositaires de son autorité.
» Nous n'ajouterons rien à tout ce qui a été déjà dit
des rudes obligations auxquelles les fellahs sont tenus
vis-à-vis du gouvernement et des grands propriétaires
égyptiens. Il est de notoriété publique que la Compa-
gnie universelle de Suez et ses agents donnent tous
les jours les preuves les plus éclatantes de leur
humanité envers les ouvriers employés aux tra
vaux du canal. Les Européens, qui habitent et
connaissent la Turquie , s'étonnent seulement que
l'attention des ministres turcs ne se porte que du
côté de l'Égypte, alors qu'à Constantinople, comme
dans toutes les villes et les provinces de l'empire, les
populations ouvrières réclament contre l'arbitraire dont
elles sont sans cesse les victimes de la part des dépo-
sitaires de l'autorité civile et militaire, et contre le
travail forcé auquel elles sont assujetties. Nous aurions
mille faits à rapporter à l'appui de ce que nous avan-
çons, et nous pourrions, sans crainte de rencontrer de
sérieux contradicteurs, prouver qu'on ne procède que
par la violence pour tous les travaux publics, partout,
de Constantinople à Belgrade, de Scutari à Bagdad.
Nous n'en rapporterons que quelques-uns et ils suffi-
ront, par leur authenticité, pour convaincre les plus
incrédules, mettant au défi, d'ailleurs, qui que ce soit
de les démentir.
» De temps immémorial le travail forcé a existé
dans l'empire ottoman. Il était tellement passé dans
les mœurs et les habitudes, depuis la conquête des
Turcs, qu'on n'aurait jamais songé à s'en plaindre, si
les sultans n'avaient pas rendu des hatt-y-chérifs,
des hatt-y-humayoum à l'abri desquels les populations
chrétiennes poussées à bout ont pu faire parvenir leurs
doléances. On sait cependant ce qu'elles leur ont coûté
et comment leurs gémissements ont été étouffés !
» Les troubles qui désolent périodiquement l'Herzé-
govine et la Bosnie, et pour lesquels l'Europe demanda,
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