Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1864 15 mai 1864
Description : 1864/05/15 (A9,N190). 1864/05/15 (A9,N190).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203321t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
236 L'ISTHME DE SUEZ,
d'avoir la confiance qu'il s'agissait réellement d'une
transaction et non d'une dépossession.
Est-ce là ce que le correspondant de l'Europe ap-
pelle « une fausse voie » ? Nous ne sommes pas de
son avis, pas plus que les actionnaires de la Com-
pagnie, qui ont manifesté leurs sentiments dans
l'assemblée générale extraordinaire du l'r mars
dernier. s ,
IS - ttn iiri.
Quant aux appréciations sur le rôle de la com-
mission spéciale, le journal l'Indépendance belge y
répond d'une manière catégorique, et nous ne pou-
vons mieux faire que de lui laisser la parole :
ERNEST DESPLACES,
Voici l'article du journal l'Europe :
« Une lettre d'Egypte doit nécessairement parler du
canal de Suez. Vous avez bien tenu vos lecteurs au
courant des diverses phases de la question de l'isthme,
mais je suis fort porté à croire que l'abondance de
détails aura produit sur beaucoup d'entre eux l'effet
qu'une des parties a dû désirer, c'est-à-dire l'embrouil-
lement.
» Pour qui veut dégager la question de tout le su-
perflu oratoire et ne considérer que les faits, il résul-
tera :
» Que le vice-roi, agissant avec une extrême délica-
tesse, avait fait la partie belle à la Compagnie de M. de
Lesseps ;
» Que M. de Lesseps, après être entré dans une
fausse voie, a cru devoir y persister quand même.
» Sans vouloir rabaisser le mérite du créateur de la
grande œuvre, il me sera permis de dire, et je le prou-
verai, qu'il s'est laissé entraîner à des démarches que
l'amour-propre blessé seul explique. Si le vice-roi avait
été animé des sentiments hostiles que M. de Lesseps
lui suppose, il n'aurait eu qu'à laisser faire la Sublime
Porte. Au lieu de cela, Ismaïl-Pacha n'épargne ni dé-
marches ni peines pour se faire charger d'obtenir les
modifications moyennant lesquelles l'œuvre peut enfin
s'exécuter en toute légalité et sécurité. Et voilà M. de
Lesseps à soutenir qu'il connaît mieux que le vice-roi
lui-même ses droits vis-à-vis du suzerain 1
» La question aujourd'hui est toute décidée en fa-
veur du vice-roi. Ce que la commission présidée par
M. Thouvenel doit décider n'est qu'une question de
chiffres ; aussi il pourra y avoir des désillusions, car
l'impérial arbitre n'écoutera pas seulement ceux qui
croient trouver dans l'indemnité les moyens de remon-
ter la caisse ainsi ébréchée. »
L'Indépendance belge répond en ces termes :
« La commission nommée par l'Empereur pour ex-
primer son avis sur les questions en litige entre le
vice-roi d'EgypLe et la Compagnie de Suez poursuit le
cours de ses travaux. Elle a entendu plusieurs fois
l'envoyé de Son Altesse et M. Ferdinand de Lesseps.
» La Compagnie, après avoir fait avec des entrepre-
neurs des contrats qui lui assurent l'exécution de son
œuvre, a tranché elle-même la question des ouvriers,
en accordant plus qu'on ne lui demandait.
» Par un acte tout spontané, elle a fait savoir en
Egypte que le gouvernement de ce pays pouvait, dès
à présent, renoncer à l'envoi des contingents de tra-
vailleurs. Elle a prouvé ainsi que, pour sa. part, elle
voulait prendre au sérieux le régime d'émancipation
du travail annoncé à l'Egypte par le gouvernement de
Son Altesse.
» Le principe de cette émancipation ne pouvait se
concilier avec une simple réduction des contingents.
Ce principe eût été violé par le maintien dans les
chantiers du canal de six mille hommes offerts par
Ismaïl-Pacha. Il n'y a pas à transiger dans les ques-
tions de cette nature. Ou la civilisation est intéressée
à l'emploi provisoire en Egypte du travail obligatoire
compensé par de bons traitements et un salaire con-
venable ; ou ses progrès se lient au régime tout con-
traire, et il importe de livrer immédiatement les fellahs
aux tentations de leur indolence naturelle. Dans ce der-
nier cas, la règle de la liberté du travail ne peut pas
subir d'exceptions, car celles-ci seraient monstrueuses
pour ceux qui en souffriraient. C'est ce que la Compa-
gnie a compris, et ce n'est pas elle qui reçoit dans
cette circonstance une leçon d'humanité.
» La question des ouvriers est donc réglée en prin-
cipe, et il ne reste plus à déterminer que le montant
de l'indemnité.
» Celle des terrains n'est pas aussi avancée.
» L'étendue et la valeur des terrains sont contestées
par l'envoyé du vice-roi, et pourtant si cette valeur
est nulle, si cette étendue est très-restreinte, on ne
comprend guère le motif pour lequel l'Egypte insiste
avec tant d'ardeur pour les enlever à la Compagnie.
Toutefois celle-ci, par esprit de conciliation, est prête à
rétrocéder une partie de ces terres.
» Reste la question du canal d'eau douce, dont la
Compagnie déclare ne pouvoir se dessaisir et dont l'en-
voyé égyptien demande, au contraire, la rétrocession.
» On le voit, le journal l'Europe était mal informé
quand il disait hier, dans une correspondance, que la
tâche de la commission, présidée par M. Thouvenel, se
réduit à une simple question de chiffres : c'est abaisser
gratuitement l'importance de cette commission. Elle
est chargée non-seulement de donner son avis sur le
chiffre des indemnités, mais encore de se prononcer sur
les questions de fond, et il semble que l'Europe soit
bien hardie de prétendre que ces questions sont tran-
chées contre la Compagnie.
» Je résume les faits.
o Le gouvernement égyptien voulait cesser de four-
nir les ouvriers sans payer aucune indemnité à la
Compagnie, et la preuve en est qu'il a fait contester
par ses avocats que le décret par lequel il a promis ces
ouvriers soit obligatoire.
» Or la Compagnie réclame une indemnité.
» Le gouvernement égyptien voulait annuler la cou-
d'avoir la confiance qu'il s'agissait réellement d'une
transaction et non d'une dépossession.
Est-ce là ce que le correspondant de l'Europe ap-
pelle « une fausse voie » ? Nous ne sommes pas de
son avis, pas plus que les actionnaires de la Com-
pagnie, qui ont manifesté leurs sentiments dans
l'assemblée générale extraordinaire du l'r mars
dernier. s ,
IS - ttn iiri.
Quant aux appréciations sur le rôle de la com-
mission spéciale, le journal l'Indépendance belge y
répond d'une manière catégorique, et nous ne pou-
vons mieux faire que de lui laisser la parole :
ERNEST DESPLACES,
Voici l'article du journal l'Europe :
« Une lettre d'Egypte doit nécessairement parler du
canal de Suez. Vous avez bien tenu vos lecteurs au
courant des diverses phases de la question de l'isthme,
mais je suis fort porté à croire que l'abondance de
détails aura produit sur beaucoup d'entre eux l'effet
qu'une des parties a dû désirer, c'est-à-dire l'embrouil-
lement.
» Pour qui veut dégager la question de tout le su-
perflu oratoire et ne considérer que les faits, il résul-
tera :
» Que le vice-roi, agissant avec une extrême délica-
tesse, avait fait la partie belle à la Compagnie de M. de
Lesseps ;
» Que M. de Lesseps, après être entré dans une
fausse voie, a cru devoir y persister quand même.
» Sans vouloir rabaisser le mérite du créateur de la
grande œuvre, il me sera permis de dire, et je le prou-
verai, qu'il s'est laissé entraîner à des démarches que
l'amour-propre blessé seul explique. Si le vice-roi avait
été animé des sentiments hostiles que M. de Lesseps
lui suppose, il n'aurait eu qu'à laisser faire la Sublime
Porte. Au lieu de cela, Ismaïl-Pacha n'épargne ni dé-
marches ni peines pour se faire charger d'obtenir les
modifications moyennant lesquelles l'œuvre peut enfin
s'exécuter en toute légalité et sécurité. Et voilà M. de
Lesseps à soutenir qu'il connaît mieux que le vice-roi
lui-même ses droits vis-à-vis du suzerain 1
» La question aujourd'hui est toute décidée en fa-
veur du vice-roi. Ce que la commission présidée par
M. Thouvenel doit décider n'est qu'une question de
chiffres ; aussi il pourra y avoir des désillusions, car
l'impérial arbitre n'écoutera pas seulement ceux qui
croient trouver dans l'indemnité les moyens de remon-
ter la caisse ainsi ébréchée. »
L'Indépendance belge répond en ces termes :
« La commission nommée par l'Empereur pour ex-
primer son avis sur les questions en litige entre le
vice-roi d'EgypLe et la Compagnie de Suez poursuit le
cours de ses travaux. Elle a entendu plusieurs fois
l'envoyé de Son Altesse et M. Ferdinand de Lesseps.
» La Compagnie, après avoir fait avec des entrepre-
neurs des contrats qui lui assurent l'exécution de son
œuvre, a tranché elle-même la question des ouvriers,
en accordant plus qu'on ne lui demandait.
» Par un acte tout spontané, elle a fait savoir en
Egypte que le gouvernement de ce pays pouvait, dès
à présent, renoncer à l'envoi des contingents de tra-
vailleurs. Elle a prouvé ainsi que, pour sa. part, elle
voulait prendre au sérieux le régime d'émancipation
du travail annoncé à l'Egypte par le gouvernement de
Son Altesse.
» Le principe de cette émancipation ne pouvait se
concilier avec une simple réduction des contingents.
Ce principe eût été violé par le maintien dans les
chantiers du canal de six mille hommes offerts par
Ismaïl-Pacha. Il n'y a pas à transiger dans les ques-
tions de cette nature. Ou la civilisation est intéressée
à l'emploi provisoire en Egypte du travail obligatoire
compensé par de bons traitements et un salaire con-
venable ; ou ses progrès se lient au régime tout con-
traire, et il importe de livrer immédiatement les fellahs
aux tentations de leur indolence naturelle. Dans ce der-
nier cas, la règle de la liberté du travail ne peut pas
subir d'exceptions, car celles-ci seraient monstrueuses
pour ceux qui en souffriraient. C'est ce que la Compa-
gnie a compris, et ce n'est pas elle qui reçoit dans
cette circonstance une leçon d'humanité.
» La question des ouvriers est donc réglée en prin-
cipe, et il ne reste plus à déterminer que le montant
de l'indemnité.
» Celle des terrains n'est pas aussi avancée.
» L'étendue et la valeur des terrains sont contestées
par l'envoyé du vice-roi, et pourtant si cette valeur
est nulle, si cette étendue est très-restreinte, on ne
comprend guère le motif pour lequel l'Egypte insiste
avec tant d'ardeur pour les enlever à la Compagnie.
Toutefois celle-ci, par esprit de conciliation, est prête à
rétrocéder une partie de ces terres.
» Reste la question du canal d'eau douce, dont la
Compagnie déclare ne pouvoir se dessaisir et dont l'en-
voyé égyptien demande, au contraire, la rétrocession.
» On le voit, le journal l'Europe était mal informé
quand il disait hier, dans une correspondance, que la
tâche de la commission, présidée par M. Thouvenel, se
réduit à une simple question de chiffres : c'est abaisser
gratuitement l'importance de cette commission. Elle
est chargée non-seulement de donner son avis sur le
chiffre des indemnités, mais encore de se prononcer sur
les questions de fond, et il semble que l'Europe soit
bien hardie de prétendre que ces questions sont tran-
chées contre la Compagnie.
» Je résume les faits.
o Le gouvernement égyptien voulait cesser de four-
nir les ouvriers sans payer aucune indemnité à la
Compagnie, et la preuve en est qu'il a fait contester
par ses avocats que le décret par lequel il a promis ces
ouvriers soit obligatoire.
» Or la Compagnie réclame une indemnité.
» Le gouvernement égyptien voulait annuler la cou-
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