Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1864 15 mai 1864
Description : 1864/05/15 (A9,N190). 1864/05/15 (A9,N190).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203321t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
244 L'ISTHME DE SUEZ,
que l'état du pays garantit la facilité et la prompti-
tude des communications, l'Angleterre n'ira pas se
créer les plus graves difficultés pour s'approprier
un territoire qui, à ses yeux, n'a de valeur que
comme voie de transit. Il est également évident que
la France, dont la politique consiste, depuis cin-
quante ans, à contribuer à la prospérité de l'Egypte
tant par ses conseils que par le concours d'un grand
nombre de Français distingués dans les sciences, dans
l'administration, dans tous les arts de la paix ou de
la guerre, ne cherchera pas à réaliser, de ce côté,
les projets d'une autre époque, aussi longtemps que
l'Angleterre n'y mettra pas le pied.
» Mais qu'il arrive une de ces crises qui ont si
souvent ébranlé l'Orient, qu'une circonstance se pro-
duise où l'Angleterre se trouve dans la rigoureuse
obligation de prendre possession de l'Egypte pour
empêcher qu'une autre puissance ne l'y précède, et
qu'on nous dise s'il est possible que l'alliance résiste
aux complications qu'un pareil événement ferait
naître. Et pourquoi l'Angleterre se croirait-elle for-
cée de se rendre maîtresse de l'Egypte, au risque
même de rompre son alliance avec la France? par
cette seule raison que l'Egypte est la route la plus
courte, là plus directe de l'Angleterre à ses posses-
sions orientales ; que cette route doit lui être cons-
tamment ouverte, et qu'en ce qui touche ce puissant
intérêt, elle ne saurait jamais transiger. Ainsi, par
la position que la nature lui a faite, l'Egypte peut
être encore le sujet d'un conflit entre la France et
la Grande-Bretagne, de telle sorte que cette chance
de rupture disparaîtrait si, par un événement provi-
dentiel, les conditions géographiques de l'ancien
monde étaient changées, et si la route des Indes, au
lieu de traverser le cœur de l'Egypte, se trouvait
reportée à ses limites et, étant ouverte à tout le
monde, ne pouvait jamais être exposée à rester le
privilége de personne.
» Eh bien ! cet événement qui doit être dans les
vues de la Providence, est aujourd'hui à la portée
des hommes. Il peut être accompli par l'industrie hu-
maine. Il est réalisable par le percement de l'isthme
de Suez, entreprise à laquelle la nature n'oppose au-
cun obstacle, et où viendront certainement s'enga-
ger les capitaux libres de l'Angleterre aussi bien
que d'autres pays.
» Que l'isthme soit coupé ; que les flots de la Mé-
diterranée se mêlent à ceux de l'Océan indien; que
le chemin de fer soit continué et terminé, et l'Egypte,
en acquérant une plus grande valeur comme pays
de production, de commerce intérieur, d'entrepôt et
de transit général, perd sa périlleuse importance
comme voie de communication incertaine ou contes-
tée. La possession de son territoire, n'ayant plus
d'intérêt pour l'Angleterre, cesse d'être l'objet d'une
lutte possible entre cette puissance et la France ; l'u-
nion des deux peuples est désormais inaltérable, et
le monde est préservé des calam tés qu'entraînerait
leur rupture. Ce résultat offre de telles garanties
pour l'avenir qu'il suffit de l'indiquer pour appeler
sur l'entreprise destinée à l'assurer la sympathie et
les encouragements des hommes d'État dont les ef-
forts ont pour but d'asseoir l'alliance anglo-française
sur des bases inébranlables.
» Vous êtes un de ces hommes, Milord, et vous
avez une trop grande part dans les débats de la
haute politique, auxquels je suis étranger, pour que
je n'aie pas le désir de vous faire entendre mes
vœux.
» Signé FERD. DE LESSEPS. »
Ces paroles, Messieurs, étaient des paroles de
conciliation ; j'ai toujours cherché à éviter d'enga-
ger des difficultés entre la France et l'Angleterre,
et si je ne les ai pas toujours prévenues, c'est à une
politique égoïste et exclusive qu'il y a lieu d'en at- *
tribuer la faute.
Il se trouve encore en Angleterre des hommes de
la vieille politique, conservant leurs rancunes et
leurs jalousies, qui sont obsédés par la crainte per-
pétuelle de voir prévaloir dans le monde l'influence
française, et qui n'ont cessé de nous susciter partout
des embarras
Que l'opposition anglaise disparaisse; toute cette
opposition contre le canal manquant de base et de
force ne peut plus exister.
Quoi qu'il en soit, la Porte Ottomane se montra
favorable à l'entreprise du vice-roi, et lui en donna
l'assurance par une lettre officielle que je rappor-
tai à Mohammed-Saïd.
Lorsque je fus de retour en Egypte de mon pre-
mier voyage à Constantinople, il fut convenu avec
le vice-roi que j'irais en Angleterre pour y voir les
hommes d'Etat et m'entendre avec les ingénieurs
anglais qui devaient former la commission scientifi-
que internationale appelée à examiner l'avant-pro-
jet et à étudier un projet définitif.
Je me rendis donc, en 1855, en Angleterre, j'y
trouvai un accueil très-cordial; je ne rencontrai
d'objections nulle part dans la société, dans les cer-
cles et même parmi les hommes politiques. Lord -
Palmerston lui seul m'entretint des difficultés
techniques de l'entreprise ; il parlait des sables, des
vents du désert, de l'impossibilité d'établir un port
sur la plage de Péluse, de la navigation de la mer
Rouge, etc. Je lui répondis que toutes ces questions
regardaient les ingénieurs qui allaient être chargés
de les examiner et de les résoudre.
Je publiai en anglais un volume de documents. ;
que l'état du pays garantit la facilité et la prompti-
tude des communications, l'Angleterre n'ira pas se
créer les plus graves difficultés pour s'approprier
un territoire qui, à ses yeux, n'a de valeur que
comme voie de transit. Il est également évident que
la France, dont la politique consiste, depuis cin-
quante ans, à contribuer à la prospérité de l'Egypte
tant par ses conseils que par le concours d'un grand
nombre de Français distingués dans les sciences, dans
l'administration, dans tous les arts de la paix ou de
la guerre, ne cherchera pas à réaliser, de ce côté,
les projets d'une autre époque, aussi longtemps que
l'Angleterre n'y mettra pas le pied.
» Mais qu'il arrive une de ces crises qui ont si
souvent ébranlé l'Orient, qu'une circonstance se pro-
duise où l'Angleterre se trouve dans la rigoureuse
obligation de prendre possession de l'Egypte pour
empêcher qu'une autre puissance ne l'y précède, et
qu'on nous dise s'il est possible que l'alliance résiste
aux complications qu'un pareil événement ferait
naître. Et pourquoi l'Angleterre se croirait-elle for-
cée de se rendre maîtresse de l'Egypte, au risque
même de rompre son alliance avec la France? par
cette seule raison que l'Egypte est la route la plus
courte, là plus directe de l'Angleterre à ses posses-
sions orientales ; que cette route doit lui être cons-
tamment ouverte, et qu'en ce qui touche ce puissant
intérêt, elle ne saurait jamais transiger. Ainsi, par
la position que la nature lui a faite, l'Egypte peut
être encore le sujet d'un conflit entre la France et
la Grande-Bretagne, de telle sorte que cette chance
de rupture disparaîtrait si, par un événement provi-
dentiel, les conditions géographiques de l'ancien
monde étaient changées, et si la route des Indes, au
lieu de traverser le cœur de l'Egypte, se trouvait
reportée à ses limites et, étant ouverte à tout le
monde, ne pouvait jamais être exposée à rester le
privilége de personne.
» Eh bien ! cet événement qui doit être dans les
vues de la Providence, est aujourd'hui à la portée
des hommes. Il peut être accompli par l'industrie hu-
maine. Il est réalisable par le percement de l'isthme
de Suez, entreprise à laquelle la nature n'oppose au-
cun obstacle, et où viendront certainement s'enga-
ger les capitaux libres de l'Angleterre aussi bien
que d'autres pays.
» Que l'isthme soit coupé ; que les flots de la Mé-
diterranée se mêlent à ceux de l'Océan indien; que
le chemin de fer soit continué et terminé, et l'Egypte,
en acquérant une plus grande valeur comme pays
de production, de commerce intérieur, d'entrepôt et
de transit général, perd sa périlleuse importance
comme voie de communication incertaine ou contes-
tée. La possession de son territoire, n'ayant plus
d'intérêt pour l'Angleterre, cesse d'être l'objet d'une
lutte possible entre cette puissance et la France ; l'u-
nion des deux peuples est désormais inaltérable, et
le monde est préservé des calam tés qu'entraînerait
leur rupture. Ce résultat offre de telles garanties
pour l'avenir qu'il suffit de l'indiquer pour appeler
sur l'entreprise destinée à l'assurer la sympathie et
les encouragements des hommes d'État dont les ef-
forts ont pour but d'asseoir l'alliance anglo-française
sur des bases inébranlables.
» Vous êtes un de ces hommes, Milord, et vous
avez une trop grande part dans les débats de la
haute politique, auxquels je suis étranger, pour que
je n'aie pas le désir de vous faire entendre mes
vœux.
» Signé FERD. DE LESSEPS. »
Ces paroles, Messieurs, étaient des paroles de
conciliation ; j'ai toujours cherché à éviter d'enga-
ger des difficultés entre la France et l'Angleterre,
et si je ne les ai pas toujours prévenues, c'est à une
politique égoïste et exclusive qu'il y a lieu d'en at- *
tribuer la faute.
Il se trouve encore en Angleterre des hommes de
la vieille politique, conservant leurs rancunes et
leurs jalousies, qui sont obsédés par la crainte per-
pétuelle de voir prévaloir dans le monde l'influence
française, et qui n'ont cessé de nous susciter partout
des embarras
Que l'opposition anglaise disparaisse; toute cette
opposition contre le canal manquant de base et de
force ne peut plus exister.
Quoi qu'il en soit, la Porte Ottomane se montra
favorable à l'entreprise du vice-roi, et lui en donna
l'assurance par une lettre officielle que je rappor-
tai à Mohammed-Saïd.
Lorsque je fus de retour en Egypte de mon pre-
mier voyage à Constantinople, il fut convenu avec
le vice-roi que j'irais en Angleterre pour y voir les
hommes d'Etat et m'entendre avec les ingénieurs
anglais qui devaient former la commission scientifi-
que internationale appelée à examiner l'avant-pro-
jet et à étudier un projet définitif.
Je me rendis donc, en 1855, en Angleterre, j'y
trouvai un accueil très-cordial; je ne rencontrai
d'objections nulle part dans la société, dans les cer-
cles et même parmi les hommes politiques. Lord -
Palmerston lui seul m'entretint des difficultés
techniques de l'entreprise ; il parlait des sables, des
vents du désert, de l'impossibilité d'établir un port
sur la plage de Péluse, de la navigation de la mer
Rouge, etc. Je lui répondis que toutes ces questions
regardaient les ingénieurs qui allaient être chargés
de les examiner et de les résoudre.
Je publiai en anglais un volume de documents. ;
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