Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1864 01 avril 1864
Description : 1864/04/01 (A9,N187). 1864/04/01 (A9,N187).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203318b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
194 L'ISTHME DE SUEZ,
avait élevé Alexandre, et, après avoir été son pré-
cepteur^ était resté son ami.
Nous arrivons à Alexandrie et nous y débarquons.
De la fameuse bibliothèque qui contenait 700,000 vo-
lumes ou rouleaux, il ne reste aucune trace. On voit
seulement, sur une colline en face du port, une
colonne monolithe de 100 pieds de haut, placée là
probablement pour servir de point de repère, afin de
faciliter l'entrée des passes de la rade.
Ayant traversé bien souvent le port d'Alexandrie,
j'ai remarqué que les passes correspondaient en ligne
directe avec cette colonne, qu'on appelle la colonne
de Pompée, mais qui a été élevée par Vespasien.
Nous prenons le chemin de fer et nous nous rendons
en six heures au Caire. Comme nous avons hâte
d'arriver promptement dans l'isthme, nous nous con-
tentons de voir, du haut de la citadelle, les plus an-
ciens monuments du monde, les pyramides, les ves-
tiges des: ruines de Memphis, ainsi que les rubans de
canaux qui vont dans l'intérieur des terres porter les
eaux du Nil,- c'estrà-dire la fécondité et la vie. Nous
nous demandons comment le peuple égyptien a
exécuté ces grands travaux, utiles ou inutiles.
Il les a exécutés par le travail forcé. Cette situation
du peuple date de loin, comme vous voyez, puisqu'elle
est au moins contemporaine des pyramides, si elle ne
leur est antérieure ; les découvertes d'un de nos
compatriotes, M. Mariette, font remonter la con-
struction de ces monuments à plus de six mille ans.
Eh bien, depuis cette époque jusqu'à nos jours, tous
les monuments de J'Ëgypte ont été le résultat du
travail forcé sans rémunération autre que celle des
coups de bâton. Les fellahs étaient amenés de leurs
villages, la chaîne ou la corde au cou, obligés d'ap-
porter, non-seulement leur nourriture et leurs instru-
ments de travail, mais souvent les matériaux de con-
struction. Telle est la situation dans laquelle nous
avons trouvé le peuple égyptien, lorsque nous avons
commencé le percement de l'isthme de Suez.
On nous a accusés, de l'autre côté du détroit, et
ce qui a été plus douloureux pour nous, en France,
d'avoir voulu exploiter le travail humain. Nous
avons, au contraire, organisé le travail, et le travail
salarié qui amènera forcément la liberté du travail.
Nous l'avons organisé en améliorant la situation des
travailleurs. Nous avons commencé par payer l'ou-
vrier que nous avons employé; nous l'avons entouré
de soins ; nous l'avons abrité ; nous avons établi un
service médical, et nous avons obtenu des résultats
bien contraires à ceux dont on nous menaçait au
sujet des dangers que devait, disait-on, faire courir
à la santé publique la réunion d'un grand nombre
de travailleurs.
Autrefois les travaux en Égypte étaient accom-
pagnés de grandes mortalités.
Hérodote raconte que sous Nécos, lorqu'un essai
du percement de l'isthme fut tenté, il périt 80,000
hommes.
Dans la construction du canal de Mahmoudieh, qui
réunit le Nil à Alexandrie, et qui a été creusé en six
mois par 100,000 hommes, il a péri 30,000 hommes,
et, tout récemment, lorsqu'on a fait le chemin du
Caire à Suez, nous savons que, dans une seule jour-
née, par suite du manque d'eau, un grand nombre
d'ouvriers ont péri. Nous n'avons pas eu de malheurs
semblables dans les travaux que nous avons exécutés
jusqu'à présent, parce que nous avons toujours veillé
au bien-être de nos travailleurs.
Ce but que nous poursuivons, l'œuvre que nous
achevons ont essentiellement le caractère du progrès
et de l'émancipation.
Notre Compagnie s'honore de n'avoir pas hésité à
accepter la charge annuelle de dépenses considé-
rables pour maintenir la santé de ses travailleurs.
Il suffit d'avoir quelques notions de l'Egypte pour
reconnaître que nous avons introduit dans ce pays
un changement complet dans la situation des ouvriers,
et qu'en commençant par les payer, nous avons pré-
paré l'abolition du travail obligatoire.
Dans les propositions qui nous avaient été adres-
sées il y a quelques mois, et dont on a fait tant de
bruit, on ne nous proposait pas l'abolition du travail
oblig'atoire ; mais au lieu de nous fournir, comme on
s'y était engagé, 20,000 hommes pendant quatre ans,
on offrait de nous en donner 6,000, pour la même
somme de travaux à exécuter, c'est-à dire pendant
dix ans.
Nous avons répondu que la population égyptienne
ne gagnerait rien à cette modification de nos. con-
trats; tandis qu'un long délai infligé aux opérations
de la Compagnie serait désastreux pour ses intérêts.
On organisa alors contre nous une croisade au nom
de l'humanité. Des consultations d'avocats nous accu-
saient de vouloir défendre, dans un intérêt égoïste,
l'institution de la corvée. Eh bien, savez-vous ce que
nous avons fait? Nous avons déclaré que, sous la
condition d'une juste compensation à accorder- aux
actionnaires qui avaient apporté leurs capitaux avec
la garantie d'un travail dont le salaire avait été fixé
à l'avance, nous étions prêts à renoncer à la totalité
des 20,000 ouvriers recrutés par le gouvernement,
que nous occupions depuis trois ans, et à n'avoir
plus recours qu'au travail complètement libre.
Nous repartons du Caire toujours en chemin de fer,
et nous arrivons à Zagazig. Zagazig est l'ancienne
Bubaste, ville où se trouvait un temple dédié à Dia-
ne, et dans laquelle on célébrait autrefois des bac-
chanales ; car, dans tous les pays, les hommes ont
aimé, au moins une fois par an, à se livrer à ces
avait élevé Alexandre, et, après avoir été son pré-
cepteur^ était resté son ami.
Nous arrivons à Alexandrie et nous y débarquons.
De la fameuse bibliothèque qui contenait 700,000 vo-
lumes ou rouleaux, il ne reste aucune trace. On voit
seulement, sur une colline en face du port, une
colonne monolithe de 100 pieds de haut, placée là
probablement pour servir de point de repère, afin de
faciliter l'entrée des passes de la rade.
Ayant traversé bien souvent le port d'Alexandrie,
j'ai remarqué que les passes correspondaient en ligne
directe avec cette colonne, qu'on appelle la colonne
de Pompée, mais qui a été élevée par Vespasien.
Nous prenons le chemin de fer et nous nous rendons
en six heures au Caire. Comme nous avons hâte
d'arriver promptement dans l'isthme, nous nous con-
tentons de voir, du haut de la citadelle, les plus an-
ciens monuments du monde, les pyramides, les ves-
tiges des: ruines de Memphis, ainsi que les rubans de
canaux qui vont dans l'intérieur des terres porter les
eaux du Nil,- c'estrà-dire la fécondité et la vie. Nous
nous demandons comment le peuple égyptien a
exécuté ces grands travaux, utiles ou inutiles.
Il les a exécutés par le travail forcé. Cette situation
du peuple date de loin, comme vous voyez, puisqu'elle
est au moins contemporaine des pyramides, si elle ne
leur est antérieure ; les découvertes d'un de nos
compatriotes, M. Mariette, font remonter la con-
struction de ces monuments à plus de six mille ans.
Eh bien, depuis cette époque jusqu'à nos jours, tous
les monuments de J'Ëgypte ont été le résultat du
travail forcé sans rémunération autre que celle des
coups de bâton. Les fellahs étaient amenés de leurs
villages, la chaîne ou la corde au cou, obligés d'ap-
porter, non-seulement leur nourriture et leurs instru-
ments de travail, mais souvent les matériaux de con-
struction. Telle est la situation dans laquelle nous
avons trouvé le peuple égyptien, lorsque nous avons
commencé le percement de l'isthme de Suez.
On nous a accusés, de l'autre côté du détroit, et
ce qui a été plus douloureux pour nous, en France,
d'avoir voulu exploiter le travail humain. Nous
avons, au contraire, organisé le travail, et le travail
salarié qui amènera forcément la liberté du travail.
Nous l'avons organisé en améliorant la situation des
travailleurs. Nous avons commencé par payer l'ou-
vrier que nous avons employé; nous l'avons entouré
de soins ; nous l'avons abrité ; nous avons établi un
service médical, et nous avons obtenu des résultats
bien contraires à ceux dont on nous menaçait au
sujet des dangers que devait, disait-on, faire courir
à la santé publique la réunion d'un grand nombre
de travailleurs.
Autrefois les travaux en Égypte étaient accom-
pagnés de grandes mortalités.
Hérodote raconte que sous Nécos, lorqu'un essai
du percement de l'isthme fut tenté, il périt 80,000
hommes.
Dans la construction du canal de Mahmoudieh, qui
réunit le Nil à Alexandrie, et qui a été creusé en six
mois par 100,000 hommes, il a péri 30,000 hommes,
et, tout récemment, lorsqu'on a fait le chemin du
Caire à Suez, nous savons que, dans une seule jour-
née, par suite du manque d'eau, un grand nombre
d'ouvriers ont péri. Nous n'avons pas eu de malheurs
semblables dans les travaux que nous avons exécutés
jusqu'à présent, parce que nous avons toujours veillé
au bien-être de nos travailleurs.
Ce but que nous poursuivons, l'œuvre que nous
achevons ont essentiellement le caractère du progrès
et de l'émancipation.
Notre Compagnie s'honore de n'avoir pas hésité à
accepter la charge annuelle de dépenses considé-
rables pour maintenir la santé de ses travailleurs.
Il suffit d'avoir quelques notions de l'Egypte pour
reconnaître que nous avons introduit dans ce pays
un changement complet dans la situation des ouvriers,
et qu'en commençant par les payer, nous avons pré-
paré l'abolition du travail obligatoire.
Dans les propositions qui nous avaient été adres-
sées il y a quelques mois, et dont on a fait tant de
bruit, on ne nous proposait pas l'abolition du travail
oblig'atoire ; mais au lieu de nous fournir, comme on
s'y était engagé, 20,000 hommes pendant quatre ans,
on offrait de nous en donner 6,000, pour la même
somme de travaux à exécuter, c'est-à dire pendant
dix ans.
Nous avons répondu que la population égyptienne
ne gagnerait rien à cette modification de nos. con-
trats; tandis qu'un long délai infligé aux opérations
de la Compagnie serait désastreux pour ses intérêts.
On organisa alors contre nous une croisade au nom
de l'humanité. Des consultations d'avocats nous accu-
saient de vouloir défendre, dans un intérêt égoïste,
l'institution de la corvée. Eh bien, savez-vous ce que
nous avons fait? Nous avons déclaré que, sous la
condition d'une juste compensation à accorder- aux
actionnaires qui avaient apporté leurs capitaux avec
la garantie d'un travail dont le salaire avait été fixé
à l'avance, nous étions prêts à renoncer à la totalité
des 20,000 ouvriers recrutés par le gouvernement,
que nous occupions depuis trois ans, et à n'avoir
plus recours qu'au travail complètement libre.
Nous repartons du Caire toujours en chemin de fer,
et nous arrivons à Zagazig. Zagazig est l'ancienne
Bubaste, ville où se trouvait un temple dédié à Dia-
ne, et dans laquelle on célébrait autrefois des bac-
chanales ; car, dans tous les pays, les hommes ont
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