Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1864 01 mars 1864
Description : 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04. 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203316h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
166 - L'ISTHME DE SUEZ,
» A cette démonstration se rattache un trait qu'il
est important de noter ; c'est l'appui général que ce
grand et utile ouvrage rencontre partout en France, et
l'extrême sensibilité de l'opinion publique dans ce pays
sur tous les sujets qui s'y rapportent; ce qui nous con-
duit directement à considérer le danger d'irriter les
sentiments du peuple français par aucun acte prove-
nant de notre gouvernement et qui ne serait pas
fondé sur les principes de la justice. Le gouver-
nement anglais, sous la direction de lord Palmers-
ton, a refusé de marcher d'accord avec la France
dans cette bienfaisante entreprise. Avant que le pro-
jet n'eût pris dans ce dernier pays toutes les ra-
cines qu'il y a poussées maintenant, des efforts dont
nous gardons un profond souvenir, furent faits en An-
gleterre en 1857 par notre concitoyen M. Lange afin de
soumettre le projet au public britannique. Des mee-
tings furent tenus dans toutes les principales cités du
royaume, et, en consultant les résolutions qu'ils adoptè-
rent, nous trouvons que notre pays se prononça una-
nimement en faveur du canal de Suez et considéra sa
formation comme un grand avantage pour les intérêts
généraux de la nation. A cette époque, M. Lesseps
offrit franchement à l'Angleterre une part dans le pro-
jet égale à celle réservée à la France. Si l'offre avait
été acceptée, nous aurions eu dans l'affaire autant d'in-
térêt que la France en a actuellement. Il n'est pas
douteux que les dispositions des Anglais étaient favo-
rables à cette combinaison ; mais tout à coup lord Pal-
merston se leva dans la Chambre des communes, prononça
que le projet était une chimère, en dénia la possibilité
physique, et détourna les capitalistes anglais d'y mettre
leur argent. Par ce moyen, il empêcha effectivement
l'Angleterre de participer à un des ouvrages les plus
grandioses dont le monde ait entendu parler, en même
temps qu'il était certain que ses avantages pour notre
pays seraient immenses. Le noble lord contraignit donc
le projet à devenir une entreprise française. Il fit
échouer l'offre de la rendre anglo-française. Il nous
empêcha d'y avoir le doigt. Il nous isola de cette œu-
vre. Nous mentionnons toutes ces circonstances afin
qu'on se rappelle bien que si nous ne participons pas à
cette entreprise, la faute en est à lord Palmerston.
» 11 n'est pas douteux que le gouvernement an-
glais ne regrette maintenant d'avoir été égaré par son
chef, et de ne s'être pas uni aux Français pour exécu-
ter ce passage maritime à travers l'isthme de Suez ;
malheureusement, ce regret est trop tardif. Bientôt
après, une Compagnie fut formée en France pour réali-
ser le projet ; les travaux furent commencés et poussés
avec vigueur. Quoiqu'ils fussent déjà avancés, il restait
encore des doutes dans l'esprit de plusieurs de nos in-
génieurs sur la praticabilité de l'exécution. Le feu
vice-roi d'Egypte Saïd-Pacha, influencé, peut-être, par
la persistance de l'opinion prévalant parmi quelques-
uns de nos ingénieurs accrédités et d'après laquelle il
se serait embarqué dans une entreprise dont la possibi-
lité était fortement contestée, prit des mesures pour
vérifier et mettre hors de doute ce qu'il y avait de
vrai dans cette opinion : en conséquence, il s'adeessa
à un ingénieur qu'il considérait avec toute justice
comme pleinement compétent pour résoudre le pro-
blème. Il recourut au président de l'institut des ingé.
nieurs civils de Londres et, en confiant ce travail à
M. Hawkshaw, il prit la marche qu'il jugea la plus
impartiale pour avoir un rapport sur la possibilité ou
l'impossibilité du travail.
» M. Hawkshaw se rendit en Egypte, où M. Lange
le joignit, et après une minutieuse investigation person-
nelle de tous les détails relatifs aux travaux, il rentra
en Angleterre et publia son rapport. Ce rapport est
maintenant soumis au monde et il démontre, sans pos-
sibilité de controverse, que le projet est réellement et
véritablement praticable ; qu'en outre il peut être
achevé pour une somme qui ira rien de fabuleux, ainsi
que certains ingénieurs le soutenaient primitivement,
puisqu'il en estime la dépense à peu près dans les li-
mites indiquées par la commission internationale. Il est
donc clair que notre pays a été induit en erreur.
» On nous dit maintenant, comme nous l'avons déjà
rapporté, que le gouvernement anglais en est à re-
gretter que nous n'ayons pas dans l'entreprise une part
égale à la France. C'est là un aveu net de l'erreur com-
mise par le gouvernement, erreur de laquelle on a
rendu le pays participant involontaire, par les craintes
que lui inspirait le premier ministre, et qui l'ont déter.
miné à rester étranger à l'entreprise sur des motifs
que l'événement prouve être sans fondement. Le g ou
vernement, en commençant à voir, par le rapport de
M. Hawkshaw et par le progrès des travaux, l'erreur
dans laquelle l'avait conduit son chef, chargea sir Henri
Bulwer, notre ambassadeur à Constantinople, d'aller
vérifier lui-même l'état de ces travaux. Sir Henri fut
accompagné par M. Lange, et quoique nous ne sa-
chions pas quelles ont été ses impressions, nous savons
que de grands efforts sont faits pour réparer les consé-
quences de la désastreuse erreur commise par le gou-
vernement.
D Le vice-roi actuel d'Egypte, Ismaïl-Pacha, immédia-
tement après la mort de son prédécesseur, accepta la
dette entière que celui-ci avait contractée envers la
Compagnie, c'est-à-dire une dette d'environ 80 millions
de francs. Il donna l'assurance de son entière- coopéra-
tion à la poursuite des travaux. Cependant, bientôt
après que sir Henri Bulwer fut revenu d'Egypte à Cons-
tantinople, nous vîmes un changement complet dans la
politique de Son Altesse. Elle chargea Nubar-Pacha
d'une mission pour Constantinople. Quelles furent ses
secrètes instructions? nous n'avons pas la prétention de
les connaître. Toutefois, d'étranges rumeurs nous sont
arrivées de l'autre côté de la Manche. Dans son dis-
cours au banquet du palais de l'Industrie, le prince
Napoléon a indiqué que le vice-roi d'Egypte désirait ob-
cy
tenir quelque chose, et que pour obtenir la réalisation
de ce désir il se serait montré disposé à mettre obs-
tacle à l'exécution du canal de Suez. Sans doute, la
Porte considéra qu'elle n'était pas assez forte pour at-
teindre seule ce but, et que l'appui de notre gouver-
nement anglais, quoique considérable, ne lui suffirait
pas encore. Avec toute la ruse orientale, on conçut la
» A cette démonstration se rattache un trait qu'il
est important de noter ; c'est l'appui général que ce
grand et utile ouvrage rencontre partout en France, et
l'extrême sensibilité de l'opinion publique dans ce pays
sur tous les sujets qui s'y rapportent; ce qui nous con-
duit directement à considérer le danger d'irriter les
sentiments du peuple français par aucun acte prove-
nant de notre gouvernement et qui ne serait pas
fondé sur les principes de la justice. Le gouver-
nement anglais, sous la direction de lord Palmers-
ton, a refusé de marcher d'accord avec la France
dans cette bienfaisante entreprise. Avant que le pro-
jet n'eût pris dans ce dernier pays toutes les ra-
cines qu'il y a poussées maintenant, des efforts dont
nous gardons un profond souvenir, furent faits en An-
gleterre en 1857 par notre concitoyen M. Lange afin de
soumettre le projet au public britannique. Des mee-
tings furent tenus dans toutes les principales cités du
royaume, et, en consultant les résolutions qu'ils adoptè-
rent, nous trouvons que notre pays se prononça una-
nimement en faveur du canal de Suez et considéra sa
formation comme un grand avantage pour les intérêts
généraux de la nation. A cette époque, M. Lesseps
offrit franchement à l'Angleterre une part dans le pro-
jet égale à celle réservée à la France. Si l'offre avait
été acceptée, nous aurions eu dans l'affaire autant d'in-
térêt que la France en a actuellement. Il n'est pas
douteux que les dispositions des Anglais étaient favo-
rables à cette combinaison ; mais tout à coup lord Pal-
merston se leva dans la Chambre des communes, prononça
que le projet était une chimère, en dénia la possibilité
physique, et détourna les capitalistes anglais d'y mettre
leur argent. Par ce moyen, il empêcha effectivement
l'Angleterre de participer à un des ouvrages les plus
grandioses dont le monde ait entendu parler, en même
temps qu'il était certain que ses avantages pour notre
pays seraient immenses. Le noble lord contraignit donc
le projet à devenir une entreprise française. Il fit
échouer l'offre de la rendre anglo-française. Il nous
empêcha d'y avoir le doigt. Il nous isola de cette œu-
vre. Nous mentionnons toutes ces circonstances afin
qu'on se rappelle bien que si nous ne participons pas à
cette entreprise, la faute en est à lord Palmerston.
» 11 n'est pas douteux que le gouvernement an-
glais ne regrette maintenant d'avoir été égaré par son
chef, et de ne s'être pas uni aux Français pour exécu-
ter ce passage maritime à travers l'isthme de Suez ;
malheureusement, ce regret est trop tardif. Bientôt
après, une Compagnie fut formée en France pour réali-
ser le projet ; les travaux furent commencés et poussés
avec vigueur. Quoiqu'ils fussent déjà avancés, il restait
encore des doutes dans l'esprit de plusieurs de nos in-
génieurs sur la praticabilité de l'exécution. Le feu
vice-roi d'Egypte Saïd-Pacha, influencé, peut-être, par
la persistance de l'opinion prévalant parmi quelques-
uns de nos ingénieurs accrédités et d'après laquelle il
se serait embarqué dans une entreprise dont la possibi-
lité était fortement contestée, prit des mesures pour
vérifier et mettre hors de doute ce qu'il y avait de
vrai dans cette opinion : en conséquence, il s'adeessa
à un ingénieur qu'il considérait avec toute justice
comme pleinement compétent pour résoudre le pro-
blème. Il recourut au président de l'institut des ingé.
nieurs civils de Londres et, en confiant ce travail à
M. Hawkshaw, il prit la marche qu'il jugea la plus
impartiale pour avoir un rapport sur la possibilité ou
l'impossibilité du travail.
» M. Hawkshaw se rendit en Egypte, où M. Lange
le joignit, et après une minutieuse investigation person-
nelle de tous les détails relatifs aux travaux, il rentra
en Angleterre et publia son rapport. Ce rapport est
maintenant soumis au monde et il démontre, sans pos-
sibilité de controverse, que le projet est réellement et
véritablement praticable ; qu'en outre il peut être
achevé pour une somme qui ira rien de fabuleux, ainsi
que certains ingénieurs le soutenaient primitivement,
puisqu'il en estime la dépense à peu près dans les li-
mites indiquées par la commission internationale. Il est
donc clair que notre pays a été induit en erreur.
» On nous dit maintenant, comme nous l'avons déjà
rapporté, que le gouvernement anglais en est à re-
gretter que nous n'ayons pas dans l'entreprise une part
égale à la France. C'est là un aveu net de l'erreur com-
mise par le gouvernement, erreur de laquelle on a
rendu le pays participant involontaire, par les craintes
que lui inspirait le premier ministre, et qui l'ont déter.
miné à rester étranger à l'entreprise sur des motifs
que l'événement prouve être sans fondement. Le g ou
vernement, en commençant à voir, par le rapport de
M. Hawkshaw et par le progrès des travaux, l'erreur
dans laquelle l'avait conduit son chef, chargea sir Henri
Bulwer, notre ambassadeur à Constantinople, d'aller
vérifier lui-même l'état de ces travaux. Sir Henri fut
accompagné par M. Lange, et quoique nous ne sa-
chions pas quelles ont été ses impressions, nous savons
que de grands efforts sont faits pour réparer les consé-
quences de la désastreuse erreur commise par le gou-
vernement.
D Le vice-roi actuel d'Egypte, Ismaïl-Pacha, immédia-
tement après la mort de son prédécesseur, accepta la
dette entière que celui-ci avait contractée envers la
Compagnie, c'est-à-dire une dette d'environ 80 millions
de francs. Il donna l'assurance de son entière- coopéra-
tion à la poursuite des travaux. Cependant, bientôt
après que sir Henri Bulwer fut revenu d'Egypte à Cons-
tantinople, nous vîmes un changement complet dans la
politique de Son Altesse. Elle chargea Nubar-Pacha
d'une mission pour Constantinople. Quelles furent ses
secrètes instructions? nous n'avons pas la prétention de
les connaître. Toutefois, d'étranges rumeurs nous sont
arrivées de l'autre côté de la Manche. Dans son dis-
cours au banquet du palais de l'Industrie, le prince
Napoléon a indiqué que le vice-roi d'Egypte désirait ob-
cy
tenir quelque chose, et que pour obtenir la réalisation
de ce désir il se serait montré disposé à mettre obs-
tacle à l'exécution du canal de Suez. Sans doute, la
Porte considéra qu'elle n'était pas assez forte pour at-
teindre seule ce but, et que l'appui de notre gouver-
nement anglais, quoique considérable, ne lui suffirait
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