Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1864 01 mars 1864
Description : 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04. 1864/03/01 (A9,N185)-1864/03/04.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203316h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
162 L'ISTHME DE SUEZ,
nous a pénétré la grandeur du spectacle présenté
par cette délibération. C'est aujourd'hui, plus que
jamais, que la Compagnie a démontré aux yeux de
tous l'indissolubilité de son union. Après ce que nous
venons devoir, nous n'avons pas le courage de jeter les
yeux en arrière sur le passé. Il est effacé. Nous n'en-
visageons que l'avenir qui s'offre sous les aspects désor-
mais les plus rassurants. Tout ce que nous pouvons dire,
c'est que l'assemblée s'est montrée en quelque sorte
au-dessus d'elle-même par la générosité, la concorde,
l'élévation de ses sentiments. Elle nous a donné le
droit d'affirmer que sa pensée était bien plus dirigée
vers le but d'intérêt universel qu'elle veut atteindre,
que par la préoccupation de ses intérêts matériels.
Elle a prouvé une fois de plus tout ce que l'on pou-
vait attendre de l'esprit de la France, de son patrio-
tisme, toutes les fois qu'il s'agit de soutenir une
grande idée et de la mener à bonne fin.
Nous craindrions d'être taxés de partialité, si nous
nous hasardions à faire par nous-mêmes l'apprécia-
tion de cette mémorable séance. C'est un soin que
nous pouvons laisser à la presse parisienne en nous
bornant à la citer. Voici quelques-unes des princi-
pales de ces relations que nous empruntons à divers
journaux,
ERNEST DESPLACES.
OPINION NATIONALE.
a L'assemblée générale des actionnaires du canal de
Suez s'est réunie hier, à 3 heures, au Cirque de l'Im-
pératrice. L'intrigue ourdie de longue main par l'An-
gleterre et les démarches récentes de Nubar-Pacha
avaient inspiré de vives inquiétudes au public, dévoué
par le cœur et par l'intelligence à la grande entre-
, prise. On parlait de tentatives faites auprès de beaucoup
d'actionnaires pour les insurger contre M. de Lesseps et
contre le Conseil d'administration de la Compagnie;
nous avons lu même, il y a six semaines environ, une
brochure adressée aux actionnaires, et spécialement
destinée à former au sein de l'assemblée générale, con-
voquée pour le 1er mars, une puissante opposition qui
devait être disciplinée à l'avance dans les réunions pré-
paratoires. Ce n'était donc pas sans une certaine émotion
que nous nous dirigions hier vers les Champs-Elysées
pour assister aux délibérations de l'assemblée.
» Toute la portion de la vaste salle réservée aux ac-
tionnaires était comble. Les intéressés étaient accourus
en masse à l'appel qui leur avait été adressé.
»M. Ferdinand de Lesseps a fait connaître en détail
la situation financière de la Société ; il a passé en revue
les travaux accomplis ; il a exposé dans toutes ses pha-
ses le conflit soulevé par le gouvernement égyptien, en
insistant sur les droits stricts, évidents, incontestables
de la Compagnie. Il a donné lecture de la note vizi-
rielle du 6 avril 1863, des propositions formulées par
Nubar-Pacha, de la réponse à la fois calme et énergique
du Conseil d'administration, et l'assemblée l'a vingt fois
interrompu par des applaudissements enthousiastes.
» Arrivant à la question capitale, il a déclaré à l'as-
semblée que le Conseil d'administration, uniquement
préoccupé des intérêts des actionnaires, ne repoussait
pas l'idée d'une conciliation pour maintenir la Compa,
gnie en bons rapports avec le gouvernement égyptien,
mais qu'il repoussait toute transaction qui n'était pas
de nature à sauvegarder complétement les intérêts en-
gagés dans l'entreprise. Des applaudissements d'une
intensité prolongée ont montré que, sur ce point fonda-
mental, le Conseil était en parfait accord avec les ac-
tionnaires.
» M. de Lesseps a annoncé ensuite que le vice-roi
(homme de paix avant tout, et fatigué apparemment
d'une agitation qu'il n'avait pas prévue), sur la propo-
sition qui lui avait été adressée, avait choisi l'Empereur
pour arbitre, s'engageant à se conformer à la décision
impériale, et un tonnerre d'applaudissements a prouvé
que les actionnaires regardent désormais leur cause
comme gagnée. Qui saurait, en effet, protéger comme
le chef de l'Etat les intérêts français lorsqu'ils se con-
fondent avec le principe même de la justice?
» 11 ne restait plus qu'à procéder au vote. M. de Les-
seps demandait à l'assemblée son approbation pour le
passé et un vote de confiance pour l'avenir.
Ici l'écrivain donne le texte de la proposition et
il reprend ;
« Que tous ceux qui veulent appuyer cette résolution
se lèvent, » dit alors M. de Lesseps ; et toute l'assem-
blée se leva comme un seul homme. Lorsque chacun
se fut rassis : « Que ceux qui sont d'un avis opposé se
lèvent à leur tour 1 » reprit le président de la Compa-
gnie ; et pas un des assistants ne se leva. La résolution
était votée à l'unanimité.
« Tel a été le résultat de la pression qu'on avait cher-
ché à exercer sur les actionnaires par les moyens que
chacun connaît. M. de Lesseps compte déjà beau-
coup de victoires; mais il n'en avait pas remporté encore
d'aussi éclatante, d'aussi honorable, et, nous le croyons,
d'aussi décisive.
» ALEX. BONNEAU. »
MONITEUR INDUSTRIEL.
« Après les attaques réitérées dont la Compagnie uni-
verselle du canal de Suez et son énergique fondateur
ont été l'objet dans ces derniers temps, après les
incidents divers qui ont signalé cette lutte, après
les tentatives faites pour jeter la désorganisation parmi
les actionnaires, on pouvait attendre, avec un intérêt
qui n'était pas sans mélange d'incertitude, les résultats
de l'assemblée générale convoquée pour le 1er mars
courant par le Conseil d'administration. Il est vrai que
les symptômes qui l'avaient précédée étaient des plus
favorables. Nous avons soumis à nos lecteurs le récit de
la grande manifestation qui a eu lieu à l'occasion du
banquet du 11 février.
Tout le monde connaît la profonde impression pro-
duite par le discours qu'a prononcé à cette solennité le
prince Napoléon, toute la France l'a lu avec une vive
nous a pénétré la grandeur du spectacle présenté
par cette délibération. C'est aujourd'hui, plus que
jamais, que la Compagnie a démontré aux yeux de
tous l'indissolubilité de son union. Après ce que nous
venons devoir, nous n'avons pas le courage de jeter les
yeux en arrière sur le passé. Il est effacé. Nous n'en-
visageons que l'avenir qui s'offre sous les aspects désor-
mais les plus rassurants. Tout ce que nous pouvons dire,
c'est que l'assemblée s'est montrée en quelque sorte
au-dessus d'elle-même par la générosité, la concorde,
l'élévation de ses sentiments. Elle nous a donné le
droit d'affirmer que sa pensée était bien plus dirigée
vers le but d'intérêt universel qu'elle veut atteindre,
que par la préoccupation de ses intérêts matériels.
Elle a prouvé une fois de plus tout ce que l'on pou-
vait attendre de l'esprit de la France, de son patrio-
tisme, toutes les fois qu'il s'agit de soutenir une
grande idée et de la mener à bonne fin.
Nous craindrions d'être taxés de partialité, si nous
nous hasardions à faire par nous-mêmes l'apprécia-
tion de cette mémorable séance. C'est un soin que
nous pouvons laisser à la presse parisienne en nous
bornant à la citer. Voici quelques-unes des princi-
pales de ces relations que nous empruntons à divers
journaux,
ERNEST DESPLACES.
OPINION NATIONALE.
a L'assemblée générale des actionnaires du canal de
Suez s'est réunie hier, à 3 heures, au Cirque de l'Im-
pératrice. L'intrigue ourdie de longue main par l'An-
gleterre et les démarches récentes de Nubar-Pacha
avaient inspiré de vives inquiétudes au public, dévoué
par le cœur et par l'intelligence à la grande entre-
, prise. On parlait de tentatives faites auprès de beaucoup
d'actionnaires pour les insurger contre M. de Lesseps et
contre le Conseil d'administration de la Compagnie;
nous avons lu même, il y a six semaines environ, une
brochure adressée aux actionnaires, et spécialement
destinée à former au sein de l'assemblée générale, con-
voquée pour le 1er mars, une puissante opposition qui
devait être disciplinée à l'avance dans les réunions pré-
paratoires. Ce n'était donc pas sans une certaine émotion
que nous nous dirigions hier vers les Champs-Elysées
pour assister aux délibérations de l'assemblée.
» Toute la portion de la vaste salle réservée aux ac-
tionnaires était comble. Les intéressés étaient accourus
en masse à l'appel qui leur avait été adressé.
»M. Ferdinand de Lesseps a fait connaître en détail
la situation financière de la Société ; il a passé en revue
les travaux accomplis ; il a exposé dans toutes ses pha-
ses le conflit soulevé par le gouvernement égyptien, en
insistant sur les droits stricts, évidents, incontestables
de la Compagnie. Il a donné lecture de la note vizi-
rielle du 6 avril 1863, des propositions formulées par
Nubar-Pacha, de la réponse à la fois calme et énergique
du Conseil d'administration, et l'assemblée l'a vingt fois
interrompu par des applaudissements enthousiastes.
» Arrivant à la question capitale, il a déclaré à l'as-
semblée que le Conseil d'administration, uniquement
préoccupé des intérêts des actionnaires, ne repoussait
pas l'idée d'une conciliation pour maintenir la Compa,
gnie en bons rapports avec le gouvernement égyptien,
mais qu'il repoussait toute transaction qui n'était pas
de nature à sauvegarder complétement les intérêts en-
gagés dans l'entreprise. Des applaudissements d'une
intensité prolongée ont montré que, sur ce point fonda-
mental, le Conseil était en parfait accord avec les ac-
tionnaires.
» M. de Lesseps a annoncé ensuite que le vice-roi
(homme de paix avant tout, et fatigué apparemment
d'une agitation qu'il n'avait pas prévue), sur la propo-
sition qui lui avait été adressée, avait choisi l'Empereur
pour arbitre, s'engageant à se conformer à la décision
impériale, et un tonnerre d'applaudissements a prouvé
que les actionnaires regardent désormais leur cause
comme gagnée. Qui saurait, en effet, protéger comme
le chef de l'Etat les intérêts français lorsqu'ils se con-
fondent avec le principe même de la justice?
» 11 ne restait plus qu'à procéder au vote. M. de Les-
seps demandait à l'assemblée son approbation pour le
passé et un vote de confiance pour l'avenir.
Ici l'écrivain donne le texte de la proposition et
il reprend ;
« Que tous ceux qui veulent appuyer cette résolution
se lèvent, » dit alors M. de Lesseps ; et toute l'assem-
blée se leva comme un seul homme. Lorsque chacun
se fut rassis : « Que ceux qui sont d'un avis opposé se
lèvent à leur tour 1 » reprit le président de la Compa-
gnie ; et pas un des assistants ne se leva. La résolution
était votée à l'unanimité.
« Tel a été le résultat de la pression qu'on avait cher-
ché à exercer sur les actionnaires par les moyens que
chacun connaît. M. de Lesseps compte déjà beau-
coup de victoires; mais il n'en avait pas remporté encore
d'aussi éclatante, d'aussi honorable, et, nous le croyons,
d'aussi décisive.
» ALEX. BONNEAU. »
MONITEUR INDUSTRIEL.
« Après les attaques réitérées dont la Compagnie uni-
verselle du canal de Suez et son énergique fondateur
ont été l'objet dans ces derniers temps, après les
incidents divers qui ont signalé cette lutte, après
les tentatives faites pour jeter la désorganisation parmi
les actionnaires, on pouvait attendre, avec un intérêt
qui n'était pas sans mélange d'incertitude, les résultats
de l'assemblée générale convoquée pour le 1er mars
courant par le Conseil d'administration. Il est vrai que
les symptômes qui l'avaient précédée étaient des plus
favorables. Nous avons soumis à nos lecteurs le récit de
la grande manifestation qui a eu lieu à l'occasion du
banquet du 11 février.
Tout le monde connaît la profonde impression pro-
duite par le discours qu'a prononcé à cette solennité le
prince Napoléon, toute la France l'a lu avec une vive
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