Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 103
tains voiles, il est des choses que je ne veux pas croire
quand il s'agit de mon pays.
Soit ! il n'a pas réussi, ou du moins je veux le croire, il
n'a pas réussi par de mauvais moyens. Mais, venant ici
pour s'éclairer auprès des maîtres du savoir, et des maî-
tres en l'art de faire (sourires), il les consulte et puis il
se dit : Les mauvais moyens ne suffisent pas pour porter
le désordre dans l'opinion française, pour combattre la Com-
pagnie ; usons des moyens qu'on m'a conseillés.
Pour agir sur ce pays-ci, il faut le séduire, lui faire illu-
sion. Pour cela, que faut-il? Faire appel aux idées géné-
reuses, aux nobles sentiments ; et alors il a mis en avant
le droit, qui a toujours une si grande et si légitime ill-
fluence sur les idées et les cœurs français; et puis, pour
exciter les sentiments généreux et libéraux, il a parlé de
l'émancipation des fellahs, de l'abolition de la corvée.
(Très-bien ! très-bien !)
Discutons ces deux points : le droit d'abord, l'abolition
de la corvée ensuite, et ainsi que je l'ai dit en commen-
çant, déchirons les voiles pour être à notre aise. (Bravo!
bravo !)
Ceux qui soutiennent nos ennemis, et par nos ennemis
je veux désigner les ennemis de la grande œuvre que
vous faites, les ennemis d'une idée française, que disent-
ils? Ils n'attaquent pas le canal. Oh! non! non! le canal,
ils le veulent comme nous, plus que nous!
Seulement, ils commencent par ruiner la Compagnie;
c'est pour le bien du canal. (Rires approbatifs.) Ils com-
mencent par ruiner la Compagnie, ils crient contre la cor-
vée, cette abominable corvée, comme si nous l'aimions plus
qu'eux; ils calomnient nos honorables ingénieurs, ils ré-
pandent les allégations les plus fausses, en disant que
les ouvriers sont conduits au travail à coups de bâton et
avec des menottes. Ah ! ceux-là ne connaissent pas les
agents français! Ils les calomnient, er ils méconnaissent le
bon sens autant que la bonne foi quand ils imputent de
pareils faits à nos ingénieurs, à l'élite de cette grande
Ecole polytechnique qui est l'orgueil de la France. (Bravo !
bravo!) Quand ils viennent les salir ainsi, en leur jetant
la boue à la figure, leur audace doit être confondue, nous
devons leur répondre avec chaleur et conviction. (Bravo !
bravo!)
Poursuivons, messieurs. Les adversaires de l'entreprise
disent : Ce n'est pas l'entreprise que nous combattons ! mais
c'est pour le bien de l'entreprise que nous commençons
par la ruiner, par calomnier tous ses agents; si nous vou-
lons la rendre impossible, c'est pour qu'elle triomphe mieux.
(Rires.) Ah! ils n'ont pas même le bénéfice de l'invention.
Ces messieurs, ils ont pris pour modèle une célèbre et
exécrable institution dont ils suivent les traditions : ce
modèle, vous le savez tous, il se nommait l'Inquisition !
Quand elle torturait, quand elle brûlait le patient, c'était
pour le bien de son âme, l'Inquisition sauvait le pécheur
malgré lui, voilà ce que vos calomniateurs veulent faire.
(Bravo ! bravo !)
Je continue.
Nubar, qui s'y connaît, a voulu faire germer et dévelop-
per, dans l'esprit français, les deux sentiments sur lesquels
il s'appuie, et qui ont certainement une grande valeur : le
droit et l'abolition de la corvée.
Permettez-moi d'approfondir un peu ces deux questions
avec vous.
Le droit de la Compagnie vis-à-vis de la Porte, je ne
m'en occupe pas, cela ne vous regarde pas. Vous avez des
traités conclus avec qui? avec le vice-roi. Or, de deux
choses l'une : je ne suis pas un légiste, et ma tâche de-
vient en ce moment épineuse, surtout à côté de mon illus-
tre et honorable collègue (le prince se tourne vers M. le
procureur général Dupin); mais enfin j'ai mon bon sens;
je juge avec mon bon sens. Eh bien! je me dis : S'il est
quelqu'un au monde qui ne puisse invoquer le droit de
la Porte contre la Compagnie, c'est le gouvernement égyp-
tien. Qu'a-t-il fait le gouvernement égyptien? Il a fait des
traités avec vous; ces traités ont été exécutés par lui com-
plètement jusqu'ici. C'est à son honneur, mais à une con-
dition, c'est qu'il continue. (Très-bien! très-bien!)
Depuis huit ans, c'est lui qui fournit les travailleurs, qui
les transporte, qui les surveille, qui vous donne les moyens
d'sxécution, qui vous aide de toutes les façons imagina-
bles. Eh bien! aujourd'hui, après avoir tout fait avec vcus,
tout, absolument tout, il vient vous dire : Je me suis
trompé; ce que j'ai fait, j'ai eu tort de le faire. Vous avez
dépensé quarante millions de l'argent de la France, que
voulez-vous? c'est de l'argent mal dépensé; je m'arrête, (t
je m'arrange avec mon suzerain de manière à vous le faire
perdre.
Cette conduite, messieurs, je ne veux pas la qualifier,
car si je la qualifiais, je le ferais très-sévèrement. J'aime
mieux croire qu'il y a malentendu entre les instructions
que le vice-roi a données et la Compagnie. Tenir une
semblable conduite serait inouï; car enfin, je le constate:
s'il y a quelqu'un au monde qui ne puisse pas faire va-
loir le droit de la Porte, qu'il a dénié jusqu'ici, c'est le
gouvernement égyptien; ou il savait qu'il avait besoin
de l'autorisation de la Porte, avant de commencer les tra-
vaux, et qu'il ne l'obtiendrait pas; alors pourquoi a-t-il
laissé faire les travaux ? pourquoi vous a-t il fait engager
votre argent d'abord, l'honneur de la France ensuite, qui
est plus que de l'argent (Bravo! bravo !), car notre don-
neur est engagé aujourd'hui, ce serait un échec moral
que je ne veux pas prévoir pour mon pays, si cette grande
entreprise était abandonnée. Ou bien le gouvernement
égyptien savait que ce qu'il faisait n'était pas illégal, qu'il
pouvait le faire, et il a bien fait; qu'il continue. Pour
bien juger, examinons le fait et les théories : l'Egypte con-
naît Constantinople, les vice-rois connaissent la politique
ottomane, ils savaient que ce qu'ils faisaient, ils avaient
le droit de le faire; et, dans ces pays, rien n'est plus
élastique que le droit : le droit est toujours dominé par le
fait. Le vice-roi, l'ancien comme le nouveau, savaient à
tains voiles, il est des choses que je ne veux pas croire
quand il s'agit de mon pays.
Soit ! il n'a pas réussi, ou du moins je veux le croire, il
n'a pas réussi par de mauvais moyens. Mais, venant ici
pour s'éclairer auprès des maîtres du savoir, et des maî-
tres en l'art de faire (sourires), il les consulte et puis il
se dit : Les mauvais moyens ne suffisent pas pour porter
le désordre dans l'opinion française, pour combattre la Com-
pagnie ; usons des moyens qu'on m'a conseillés.
Pour agir sur ce pays-ci, il faut le séduire, lui faire illu-
sion. Pour cela, que faut-il? Faire appel aux idées géné-
reuses, aux nobles sentiments ; et alors il a mis en avant
le droit, qui a toujours une si grande et si légitime ill-
fluence sur les idées et les cœurs français; et puis, pour
exciter les sentiments généreux et libéraux, il a parlé de
l'émancipation des fellahs, de l'abolition de la corvée.
(Très-bien ! très-bien !)
Discutons ces deux points : le droit d'abord, l'abolition
de la corvée ensuite, et ainsi que je l'ai dit en commen-
çant, déchirons les voiles pour être à notre aise. (Bravo!
bravo !)
Ceux qui soutiennent nos ennemis, et par nos ennemis
je veux désigner les ennemis de la grande œuvre que
vous faites, les ennemis d'une idée française, que disent-
ils? Ils n'attaquent pas le canal. Oh! non! non! le canal,
ils le veulent comme nous, plus que nous!
Seulement, ils commencent par ruiner la Compagnie;
c'est pour le bien du canal. (Rires approbatifs.) Ils com-
mencent par ruiner la Compagnie, ils crient contre la cor-
vée, cette abominable corvée, comme si nous l'aimions plus
qu'eux; ils calomnient nos honorables ingénieurs, ils ré-
pandent les allégations les plus fausses, en disant que
les ouvriers sont conduits au travail à coups de bâton et
avec des menottes. Ah ! ceux-là ne connaissent pas les
agents français! Ils les calomnient, er ils méconnaissent le
bon sens autant que la bonne foi quand ils imputent de
pareils faits à nos ingénieurs, à l'élite de cette grande
Ecole polytechnique qui est l'orgueil de la France. (Bravo !
bravo!) Quand ils viennent les salir ainsi, en leur jetant
la boue à la figure, leur audace doit être confondue, nous
devons leur répondre avec chaleur et conviction. (Bravo !
bravo!)
Poursuivons, messieurs. Les adversaires de l'entreprise
disent : Ce n'est pas l'entreprise que nous combattons ! mais
c'est pour le bien de l'entreprise que nous commençons
par la ruiner, par calomnier tous ses agents; si nous vou-
lons la rendre impossible, c'est pour qu'elle triomphe mieux.
(Rires.) Ah! ils n'ont pas même le bénéfice de l'invention.
Ces messieurs, ils ont pris pour modèle une célèbre et
exécrable institution dont ils suivent les traditions : ce
modèle, vous le savez tous, il se nommait l'Inquisition !
Quand elle torturait, quand elle brûlait le patient, c'était
pour le bien de son âme, l'Inquisition sauvait le pécheur
malgré lui, voilà ce que vos calomniateurs veulent faire.
(Bravo ! bravo !)
Je continue.
Nubar, qui s'y connaît, a voulu faire germer et dévelop-
per, dans l'esprit français, les deux sentiments sur lesquels
il s'appuie, et qui ont certainement une grande valeur : le
droit et l'abolition de la corvée.
Permettez-moi d'approfondir un peu ces deux questions
avec vous.
Le droit de la Compagnie vis-à-vis de la Porte, je ne
m'en occupe pas, cela ne vous regarde pas. Vous avez des
traités conclus avec qui? avec le vice-roi. Or, de deux
choses l'une : je ne suis pas un légiste, et ma tâche de-
vient en ce moment épineuse, surtout à côté de mon illus-
tre et honorable collègue (le prince se tourne vers M. le
procureur général Dupin); mais enfin j'ai mon bon sens;
je juge avec mon bon sens. Eh bien! je me dis : S'il est
quelqu'un au monde qui ne puisse invoquer le droit de
la Porte contre la Compagnie, c'est le gouvernement égyp-
tien. Qu'a-t-il fait le gouvernement égyptien? Il a fait des
traités avec vous; ces traités ont été exécutés par lui com-
plètement jusqu'ici. C'est à son honneur, mais à une con-
dition, c'est qu'il continue. (Très-bien! très-bien!)
Depuis huit ans, c'est lui qui fournit les travailleurs, qui
les transporte, qui les surveille, qui vous donne les moyens
d'sxécution, qui vous aide de toutes les façons imagina-
bles. Eh bien! aujourd'hui, après avoir tout fait avec vcus,
tout, absolument tout, il vient vous dire : Je me suis
trompé; ce que j'ai fait, j'ai eu tort de le faire. Vous avez
dépensé quarante millions de l'argent de la France, que
voulez-vous? c'est de l'argent mal dépensé; je m'arrête, (t
je m'arrange avec mon suzerain de manière à vous le faire
perdre.
Cette conduite, messieurs, je ne veux pas la qualifier,
car si je la qualifiais, je le ferais très-sévèrement. J'aime
mieux croire qu'il y a malentendu entre les instructions
que le vice-roi a données et la Compagnie. Tenir une
semblable conduite serait inouï; car enfin, je le constate:
s'il y a quelqu'un au monde qui ne puisse pas faire va-
loir le droit de la Porte, qu'il a dénié jusqu'ici, c'est le
gouvernement égyptien; ou il savait qu'il avait besoin
de l'autorisation de la Porte, avant de commencer les tra-
vaux, et qu'il ne l'obtiendrait pas; alors pourquoi a-t-il
laissé faire les travaux ? pourquoi vous a-t il fait engager
votre argent d'abord, l'honneur de la France ensuite, qui
est plus que de l'argent (Bravo! bravo !), car notre don-
neur est engagé aujourd'hui, ce serait un échec moral
que je ne veux pas prévoir pour mon pays, si cette grande
entreprise était abandonnée. Ou bien le gouvernement
égyptien savait que ce qu'il faisait n'était pas illégal, qu'il
pouvait le faire, et il a bien fait; qu'il continue. Pour
bien juger, examinons le fait et les théories : l'Egypte con-
naît Constantinople, les vice-rois connaissent la politique
ottomane, ils savaient que ce qu'ils faisaient, ils avaient
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