Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
120 L'ISTHME DE SUE2,
Corhewall Lewis, soit moins chère que la prévention,
cette maxime ne peut s'appliquer lorsque la catastrophe
à prévenir est l'amputation. »
DAILY NEWS.
« Le prince Napoléon a fait au sujet de l'isthme de
Suez un discours habile et non discourtois, en tant
qu'il touche à l'Angleterre. Cette entreprise du ca-
nal est hautement populaire en France, mais elle a
été déplorablement dirigée et conduite au bord de sa
ruine. Cependant son succès ou sa chute dépendent
encore de M. Lesseps. Car ni l'Angleterre ni son
gouvernement, ni ses lords chargés d'années, n'ont
rien à démêler avec l'événement. Le premier usage que
fit sir Henry Bulwer de ses pouvoirs d'ambassadeur fut
de déclarer que l'Angleterre ne pouvait ni ne voulait
s'opposer à une entreprise telle que le canal de Suez.
Comme affaire commerciale, il eût été déloyal et im -
politique de l'empêcher. Tout ce qu'on pouvait deman-
der c'était que le souverain ou le pays qui l'entre-
prendrait ne pût convertir cet ouvrage en un instru-
ment de conquête, de domination ou d'oppression.
» M. Lesseps a fait ces trois choses. Désespérant sans
doute de faire réussir l'entreprise comme spéculation
commerciale, il y ajouta ce qu'il savait devoir être un
attrait pour son gouvernement, un projet ayant pour
but de s'approprier, coloniser et fortifier une grande
partie de l'Egypte. C'est ainsi qu'il sollicita et qu'il
obtint du faible Saïd la possession de toutes les terres
à travers lesquelles l'eau douce devait être conduite à
son canal. Sous ce prétexte M. Lesseps pouvait s'em-
parer de tout le pays depuis l'isthme jusqu'au Nil.
C'est ce qu'on fit connaître au sultan. Le sultan con-
sulta sir Henry Bulwer, qui lui conseilla d'aller sur
les lieux et de vcir les choses par lui-même. Le sultan
suivit ce conseil, et ce souverain instruit par ses obser-
vations et sa propre expérience, déclara que M. de
Lesseps ne devait pas devenir seigneur du tiers de
l'Egypte. L'humanité, en même temps, ne pouvait
souffrir qu'il lui fût permis de décimer la population
égyptienne en transportant les fellahs par milliers loin
de leurs demeures et en les faisant travailler par ban-
des.
» M. Lesseps fut sommé de se conformer à ces
deux demandes, et il fut averti que s'il n'obéissait pas,
les travaux seraient arrêtés le 1er février. - Ils ne l'ont
pas été, M. Lesseps ayant donné des signes de ca-
pitulation, en d'autres termes ayant fait des proposi-
tions.
» Un télégramme reçu il y a un ou deux jours a dit
que ces propositions étaient satisfaisantes. Mais, d'après
le discours du prince Napoléon, nous craignons qu'elles
ne soient loin de l'être. M. Lesseps persiste dans ses
prétentions sur les terres, et demande au sultan ou au
- pacha de les lui racheter. Quant au travail, il demande
que le pacha paie la différence entre le travail libre et
le travail forcé. Nous n'avons pas besoin de perdre
notre temps pour montrer que ces deux demandes sont
inadmissibles. En laissant marcher M. Lesseps, le
gouvernement a à lui payer près de la moitié des ac-
tions prises par Saïd-Pacha dans un moment d'abandon.
Si, à cela, il faut ajouter la demande du paiement des
terres et la différence de la valeur pour les deux sortes
de travail, l'assentiment du gouvernement égyptien
paraît impossible, et, en vérité, la demande qu'on lui
présente est monstrueusement absurde.
» Le prince Napoléon semble conclure que parce que
l'Angleterre ne fera pas la guerre pour le pacha d'É-
gypte, ce dernier doit céder. Cela est charmant pour
un auditoire parisien ; mais traiter l'Egypte comme le
Danemark a été traité par la Prusse, c'est pour la
France une mesure trop grossière pour qu'on y croie,
et nous sommes convaincus que l'Empereur n'y pense
pas. Le gouvernement français n'a pas de motifs de
plainte envers la Porte, pour avoir été ferme dans son
insistance sur les conditions offertes par l'Égypte. Ad-
mettons, comme M. Lesseps le représente, que lui et sa
Compagnie aient été entraînés à de grands travaux et
à une forte dépense par la croyance que le gouvernement
égyptien était tout-puissant sur son propre sol ; la
Porte oppose à cet argument l'offre de rembourser la
Compagnie et de garder l'entreprise pour son compte.
» Cette offre laisse M. Lesseps et son gouvernement
sans aucune raison loyale de plainte, et dans le dernier
mois, il semble que M. Lesseps pensait à l'accepter.
L'Empereur chargea le duc de Morny d'examiner àla fois
la justice et la nature de l'anaire ; la teneur de son rap-
port n'a pas transpiré ; mais sa conclusion est évidem-
ment que M. Lesseps doit être soutenu par le gouver-
nement égyptien ou. par le gouvernement français.
Or l'Égypte est trop pauvre pour rien faire de sem.
blable. Il est très-possible que le gouvernement français
ait promis son assistance à M. Lesseps et veuille pro-
fiter, sous une forme ou sous une autre, des avantages
qu'il espérait retirer de ses prétentions sur les terres et
sur le travail de l'Egypte.
» C'est là toutefois une question qui regarde M. Fould
et les chambres françaises. Un canal sans doute peut
être ouvert entre la Méditerranée et la mer Rouge, si
on en fait une spéculation, non de bénéfice commer-
cial, mais d'amour-propre national. Si le gouvernement
français l'envisage de cette façon, il ne peut exister
d'objection à le laisser s'immortaliser par le succès de
cette opération gigantesque. C'est là un fait affectant
si nécessairement le commerce et les relations entre
l'Orient et l'Occident, que toutes les nations y doivent
gagner, et l'Angleterre plus que toute autre. Nous som-
mes heureux de savoir que notre gouvernement s'est
depuis longtemps désisté de toute opposition à ce sujet.
» L'opinion de notre ambassadeur à Constantinople
était, comme nous l'avons déjà dit, que s'opposer au
projet comme grand ouvrage de civilisation, ce serait
placer l'Angleterre dans un antagonisme odieux en-
vers toute l'Europe. Toutes les contrées méditerra.
néennes ont conçu les espérances les plus exagérées
de l'ouverture de ce canal, et par conséquent considè-
rent nos tentatives pour sauvegarder l'Egypte comme
Corhewall Lewis, soit moins chère que la prévention,
cette maxime ne peut s'appliquer lorsque la catastrophe
à prévenir est l'amputation. »
DAILY NEWS.
« Le prince Napoléon a fait au sujet de l'isthme de
Suez un discours habile et non discourtois, en tant
qu'il touche à l'Angleterre. Cette entreprise du ca-
nal est hautement populaire en France, mais elle a
été déplorablement dirigée et conduite au bord de sa
ruine. Cependant son succès ou sa chute dépendent
encore de M. Lesseps. Car ni l'Angleterre ni son
gouvernement, ni ses lords chargés d'années, n'ont
rien à démêler avec l'événement. Le premier usage que
fit sir Henry Bulwer de ses pouvoirs d'ambassadeur fut
de déclarer que l'Angleterre ne pouvait ni ne voulait
s'opposer à une entreprise telle que le canal de Suez.
Comme affaire commerciale, il eût été déloyal et im -
politique de l'empêcher. Tout ce qu'on pouvait deman-
der c'était que le souverain ou le pays qui l'entre-
prendrait ne pût convertir cet ouvrage en un instru-
ment de conquête, de domination ou d'oppression.
» M. Lesseps a fait ces trois choses. Désespérant sans
doute de faire réussir l'entreprise comme spéculation
commerciale, il y ajouta ce qu'il savait devoir être un
attrait pour son gouvernement, un projet ayant pour
but de s'approprier, coloniser et fortifier une grande
partie de l'Egypte. C'est ainsi qu'il sollicita et qu'il
obtint du faible Saïd la possession de toutes les terres
à travers lesquelles l'eau douce devait être conduite à
son canal. Sous ce prétexte M. Lesseps pouvait s'em-
parer de tout le pays depuis l'isthme jusqu'au Nil.
C'est ce qu'on fit connaître au sultan. Le sultan con-
sulta sir Henry Bulwer, qui lui conseilla d'aller sur
les lieux et de vcir les choses par lui-même. Le sultan
suivit ce conseil, et ce souverain instruit par ses obser-
vations et sa propre expérience, déclara que M. de
Lesseps ne devait pas devenir seigneur du tiers de
l'Egypte. L'humanité, en même temps, ne pouvait
souffrir qu'il lui fût permis de décimer la population
égyptienne en transportant les fellahs par milliers loin
de leurs demeures et en les faisant travailler par ban-
des.
» M. Lesseps fut sommé de se conformer à ces
deux demandes, et il fut averti que s'il n'obéissait pas,
les travaux seraient arrêtés le 1er février. - Ils ne l'ont
pas été, M. Lesseps ayant donné des signes de ca-
pitulation, en d'autres termes ayant fait des proposi-
tions.
» Un télégramme reçu il y a un ou deux jours a dit
que ces propositions étaient satisfaisantes. Mais, d'après
le discours du prince Napoléon, nous craignons qu'elles
ne soient loin de l'être. M. Lesseps persiste dans ses
prétentions sur les terres, et demande au sultan ou au
- pacha de les lui racheter. Quant au travail, il demande
que le pacha paie la différence entre le travail libre et
le travail forcé. Nous n'avons pas besoin de perdre
notre temps pour montrer que ces deux demandes sont
inadmissibles. En laissant marcher M. Lesseps, le
gouvernement a à lui payer près de la moitié des ac-
tions prises par Saïd-Pacha dans un moment d'abandon.
Si, à cela, il faut ajouter la demande du paiement des
terres et la différence de la valeur pour les deux sortes
de travail, l'assentiment du gouvernement égyptien
paraît impossible, et, en vérité, la demande qu'on lui
présente est monstrueusement absurde.
» Le prince Napoléon semble conclure que parce que
l'Angleterre ne fera pas la guerre pour le pacha d'É-
gypte, ce dernier doit céder. Cela est charmant pour
un auditoire parisien ; mais traiter l'Egypte comme le
Danemark a été traité par la Prusse, c'est pour la
France une mesure trop grossière pour qu'on y croie,
et nous sommes convaincus que l'Empereur n'y pense
pas. Le gouvernement français n'a pas de motifs de
plainte envers la Porte, pour avoir été ferme dans son
insistance sur les conditions offertes par l'Égypte. Ad-
mettons, comme M. Lesseps le représente, que lui et sa
Compagnie aient été entraînés à de grands travaux et
à une forte dépense par la croyance que le gouvernement
égyptien était tout-puissant sur son propre sol ; la
Porte oppose à cet argument l'offre de rembourser la
Compagnie et de garder l'entreprise pour son compte.
» Cette offre laisse M. Lesseps et son gouvernement
sans aucune raison loyale de plainte, et dans le dernier
mois, il semble que M. Lesseps pensait à l'accepter.
L'Empereur chargea le duc de Morny d'examiner àla fois
la justice et la nature de l'anaire ; la teneur de son rap-
port n'a pas transpiré ; mais sa conclusion est évidem-
ment que M. Lesseps doit être soutenu par le gouver-
nement égyptien ou. par le gouvernement français.
Or l'Égypte est trop pauvre pour rien faire de sem.
blable. Il est très-possible que le gouvernement français
ait promis son assistance à M. Lesseps et veuille pro-
fiter, sous une forme ou sous une autre, des avantages
qu'il espérait retirer de ses prétentions sur les terres et
sur le travail de l'Egypte.
» C'est là toutefois une question qui regarde M. Fould
et les chambres françaises. Un canal sans doute peut
être ouvert entre la Méditerranée et la mer Rouge, si
on en fait une spéculation, non de bénéfice commer-
cial, mais d'amour-propre national. Si le gouvernement
français l'envisage de cette façon, il ne peut exister
d'objection à le laisser s'immortaliser par le succès de
cette opération gigantesque. C'est là un fait affectant
si nécessairement le commerce et les relations entre
l'Orient et l'Occident, que toutes les nations y doivent
gagner, et l'Angleterre plus que toute autre. Nous som-
mes heureux de savoir que notre gouvernement s'est
depuis longtemps désisté de toute opposition à ce sujet.
» L'opinion de notre ambassadeur à Constantinople
était, comme nous l'avons déjà dit, que s'opposer au
projet comme grand ouvrage de civilisation, ce serait
placer l'Angleterre dans un antagonisme odieux en-
vers toute l'Europe. Toutes les contrées méditerra.
néennes ont conçu les espérances les plus exagérées
de l'ouverture de ce canal, et par conséquent considè-
rent nos tentatives pour sauvegarder l'Egypte comme
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