Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1864 15 février 1864
Description : 1864/02/15 (A9,N184). 1864/02/15 (A9,N184).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033153
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'tJNIO|T DES DEUX MERS. 119
peut-être la Grande-Bretagne n'en éprouvât un préju-
dice. Un plan plus modéré fut dès lors adopté..
» LaPorte fut induite à prohiber le travail forcé dans
l'intérêt général de l'humanité, les souffrances qui en
résultaient étant, à part de toute considération philan-
thropique, ruineuses pour l'Egypte, et, de plus, à sup-
primer la concession des terrains, comme portant at-
teinte aux droits du suzerain. Il est admis par tous, y
compris les jurisconsultes français consultés par le duc
de Morny, qu'en agissant ainsi la Porte se tient dans
les limites de son pouvoir légal, et il n'est pas aisé de
prouver que sir Henry Bulwer ait eu tort en persuadant
au sultan d'exercer son droit.
» Déjà, en dehors de cette les résidents fran-
çais sont devenus l'aristocratie virtuelle de l'Égypte. Il
n'y a pas longtemps qu'ils ont obligé le pacha à ordonner
et à sanctionner de sa présence la dégradation publique
d'un officier égyptien accusé d'avoir coudoyé un zouave,
et, dans le courant de ce mois, un chef de gare du
Caire avouait à un gentleman anglais qu'il n'osait
point réprimer les outrages d'un postillon frappant du
pied auprès de la station, demandant 15 shillings par
heure pour ses chevaux, et menaçant tout le monde
d'un gros bâton, parce que le délinquant était Fran-
çais ; s'il avait été Anglais, il aurait été immédiatement
envoyé devant le consul; mais comme il était Fran-
çais, ce procédé eût amené la tracasserie « d'une af-
faire diplomatique.
» La répétition journalière d'incidents de cette espèce,
la vue d'essaims de contre-maîtres français, l'usage de
la monnaie française, et, pour n'être pas injustes, le
spectacle, d'un grand et avantageux ouvrage fait par les
Français, le canal d'eau douce maintenant ouvert, crée
parmi les Egyptiens l'idée que l'Egypte, qu'ils n'ont ja-
- mais eu l'air de penser à revendiquer pour eux-mêmes,
doit être un jour française, impression équivalente à la
conquête partielle. La lutte diplomatique des influences
n'est peut-être dans presque tous les pays qu'une erreur
séduisante; mais en Egypte nous devons pour notre
sécurité être considérés au moins comme les égaux de
tous les autres étrangers, et la souveraineté française
sur la ligne du transit finirait par détruire cette éga-
lité. La résistance au canal peut être, comme l'a dit le
- prince Napoléon, simplement une autre preuve de la
vieillesse des hommes d'Etat britanniques; mais la
résistance à une possession française de l'Egypte serait
continuée par des hommes d'Etat plus jeunes que le
comte Russell et moins imbus que lord Palmerston des
notions de 1815, M. Gladstone lui-même murmurerait si
la route du transit devenait française et avouerait avec
inquiétude que la Grande-Bretagne est pour le moins
.directement menacée. En poussant donc M. de Les.
seps à ne point s'occuper de l'Angleterre, parce que
l'Angleterre ne fera jamais la guerre pour empêcher
le canal de Suez, le prince Napoléon professe devant ses
concitoyens tout simplement un truisme ou iL les
- presse de maintenir des prétentions qui sont ouverte-
ment fatales à l'indépendance de l'Egypte, et consé-
quemment à l'une du petit nombre d'idées arrêtées
de la politique anglaise, personne ne veut empêcher
le canal, ou si quelque diplomate regarde encore une
obstruction à cet ouvrage comme étant dans la sphère
de ses devoirs, il agit, ainsi que le prince le déclare,
sans le consentement et contre la volonté du peuple
anglais qui, à coup sûr, ne se battra pas pour une telle
fin. Si le canal peut être exécuté aux frais des Français
tant mieux pour l'Angleterre qui, par là, épargnera la
dépense du transbordement pour toutes les marchan-
dises légères ; si, en l'exécutant, les Français acquièrent
de la richesse ou de l'influence parmi les Egyptiens
ou de nouvelles carrières pour leurs entreprises, ou un
surcroît de considération dans le monde, tant mieux
pour eux aussi. Il est bon que d'énormes entreprises
puissent être largement récompensées, et rien ne peut
être plus profitable à l'Europe que la preuve visible que
des travaux d'une grandeur impériale ne sont pas au-
dessous de la sphère d'une spéculation commerciale à
longue vue.
D Mais la souveraineté de la France sur une section
quelconque de l'Égypte, sur la route ou rapprochée de
la route du transit, est une chose tout à fait différente,
une éventualité qu'aucun ministère n'envisagera jamais
avec patience, et à laquelle, en dernier ressort, nous
résisterons en dépit de toutes les explosions de la pé-
tulance ; la responsabilité en ce cas ne pèsera pas sur
nous, mais sur la puissance aggressive.
» Nous sommes heureux de croire que l'Empereur des
Français, plus sage que son ardent cousin, et que les
diplomates qui, à Constantinople, reçoivent le mot de
lui et non de son cousin, sont enfin arrivés à un ar-
rangement. Le canal doit se continuer au moyen,
quant au travail, d'un compromis que l'on n'a pas en-
core rendu clair, mais dont la base est la contrainte
compensée par de gros salaires et on laissera M. de
Lesseps acquérir toute l'influence qu'il pourra. Si les
consuls français mésusent longtemps de cette influence
comme ils le font à présent, ils la verront déchoir sans
que l'Angleterre érige chaque tracasserie en affaire di-
plomatique. D'un autre côté, la prétention aux terrains
de chaque côté du canal doit être formellement aban-
donnée en considération de certains fonds à payer par
le trésor Égyptien.
» Ceci paraît à première vue un arrangement raisonna-
ble, et nous espérons qu'il ne sera pas de nouveau néces-
saire pour un prince français de parler de guerre avec
la Grande-Bretagne afin de soutenir le droit de'creuser
un fossé profond à travers l'Egypte, ou pour la Grande-
Bretagne de résister à la transformation des bords de
de ce canal en une colonie française. L'Angleterre n'est
pas aussi égoïste que le prince voudrait la voir; mais
elle l'est assez pour être résolue à ce que la meilleure
route vers les Indes n'appartienne point à un mo-
narque qui, du moment qu'il la posséderait, pourrait à
sa volonté arrêter notre communication, nous forcer,
sans envoyer un soldat, à entretenir une flotte dans la
mer Rouge, et nous ferait de l'Inde un fardeau, par la
vigilance armée que là comme chez nous nous serions
obligés de maintenir. C'est à cela et non au canal que
le gouvernement anglais résiste maintenant, et quoique
dans les cas ordimîreg la répression* comme disait sir
peut-être la Grande-Bretagne n'en éprouvât un préju-
dice. Un plan plus modéré fut dès lors adopté..
» LaPorte fut induite à prohiber le travail forcé dans
l'intérêt général de l'humanité, les souffrances qui en
résultaient étant, à part de toute considération philan-
thropique, ruineuses pour l'Egypte, et, de plus, à sup-
primer la concession des terrains, comme portant at-
teinte aux droits du suzerain. Il est admis par tous, y
compris les jurisconsultes français consultés par le duc
de Morny, qu'en agissant ainsi la Porte se tient dans
les limites de son pouvoir légal, et il n'est pas aisé de
prouver que sir Henry Bulwer ait eu tort en persuadant
au sultan d'exercer son droit.
» Déjà, en dehors de cette les résidents fran-
çais sont devenus l'aristocratie virtuelle de l'Égypte. Il
n'y a pas longtemps qu'ils ont obligé le pacha à ordonner
et à sanctionner de sa présence la dégradation publique
d'un officier égyptien accusé d'avoir coudoyé un zouave,
et, dans le courant de ce mois, un chef de gare du
Caire avouait à un gentleman anglais qu'il n'osait
point réprimer les outrages d'un postillon frappant du
pied auprès de la station, demandant 15 shillings par
heure pour ses chevaux, et menaçant tout le monde
d'un gros bâton, parce que le délinquant était Fran-
çais ; s'il avait été Anglais, il aurait été immédiatement
envoyé devant le consul; mais comme il était Fran-
çais, ce procédé eût amené la tracasserie « d'une af-
faire diplomatique.
» La répétition journalière d'incidents de cette espèce,
la vue d'essaims de contre-maîtres français, l'usage de
la monnaie française, et, pour n'être pas injustes, le
spectacle, d'un grand et avantageux ouvrage fait par les
Français, le canal d'eau douce maintenant ouvert, crée
parmi les Egyptiens l'idée que l'Egypte, qu'ils n'ont ja-
- mais eu l'air de penser à revendiquer pour eux-mêmes,
doit être un jour française, impression équivalente à la
conquête partielle. La lutte diplomatique des influences
n'est peut-être dans presque tous les pays qu'une erreur
séduisante; mais en Egypte nous devons pour notre
sécurité être considérés au moins comme les égaux de
tous les autres étrangers, et la souveraineté française
sur la ligne du transit finirait par détruire cette éga-
lité. La résistance au canal peut être, comme l'a dit le
- prince Napoléon, simplement une autre preuve de la
vieillesse des hommes d'Etat britanniques; mais la
résistance à une possession française de l'Egypte serait
continuée par des hommes d'Etat plus jeunes que le
comte Russell et moins imbus que lord Palmerston des
notions de 1815, M. Gladstone lui-même murmurerait si
la route du transit devenait française et avouerait avec
inquiétude que la Grande-Bretagne est pour le moins
.directement menacée. En poussant donc M. de Les.
seps à ne point s'occuper de l'Angleterre, parce que
l'Angleterre ne fera jamais la guerre pour empêcher
le canal de Suez, le prince Napoléon professe devant ses
concitoyens tout simplement un truisme ou iL les
- presse de maintenir des prétentions qui sont ouverte-
ment fatales à l'indépendance de l'Egypte, et consé-
quemment à l'une du petit nombre d'idées arrêtées
de la politique anglaise, personne ne veut empêcher
le canal, ou si quelque diplomate regarde encore une
obstruction à cet ouvrage comme étant dans la sphère
de ses devoirs, il agit, ainsi que le prince le déclare,
sans le consentement et contre la volonté du peuple
anglais qui, à coup sûr, ne se battra pas pour une telle
fin. Si le canal peut être exécuté aux frais des Français
tant mieux pour l'Angleterre qui, par là, épargnera la
dépense du transbordement pour toutes les marchan-
dises légères ; si, en l'exécutant, les Français acquièrent
de la richesse ou de l'influence parmi les Egyptiens
ou de nouvelles carrières pour leurs entreprises, ou un
surcroît de considération dans le monde, tant mieux
pour eux aussi. Il est bon que d'énormes entreprises
puissent être largement récompensées, et rien ne peut
être plus profitable à l'Europe que la preuve visible que
des travaux d'une grandeur impériale ne sont pas au-
dessous de la sphère d'une spéculation commerciale à
longue vue.
D Mais la souveraineté de la France sur une section
quelconque de l'Égypte, sur la route ou rapprochée de
la route du transit, est une chose tout à fait différente,
une éventualité qu'aucun ministère n'envisagera jamais
avec patience, et à laquelle, en dernier ressort, nous
résisterons en dépit de toutes les explosions de la pé-
tulance ; la responsabilité en ce cas ne pèsera pas sur
nous, mais sur la puissance aggressive.
» Nous sommes heureux de croire que l'Empereur des
Français, plus sage que son ardent cousin, et que les
diplomates qui, à Constantinople, reçoivent le mot de
lui et non de son cousin, sont enfin arrivés à un ar-
rangement. Le canal doit se continuer au moyen,
quant au travail, d'un compromis que l'on n'a pas en-
core rendu clair, mais dont la base est la contrainte
compensée par de gros salaires et on laissera M. de
Lesseps acquérir toute l'influence qu'il pourra. Si les
consuls français mésusent longtemps de cette influence
comme ils le font à présent, ils la verront déchoir sans
que l'Angleterre érige chaque tracasserie en affaire di-
plomatique. D'un autre côté, la prétention aux terrains
de chaque côté du canal doit être formellement aban-
donnée en considération de certains fonds à payer par
le trésor Égyptien.
» Ceci paraît à première vue un arrangement raisonna-
ble, et nous espérons qu'il ne sera pas de nouveau néces-
saire pour un prince français de parler de guerre avec
la Grande-Bretagne afin de soutenir le droit de'creuser
un fossé profond à travers l'Egypte, ou pour la Grande-
Bretagne de résister à la transformation des bords de
de ce canal en une colonie française. L'Angleterre n'est
pas aussi égoïste que le prince voudrait la voir; mais
elle l'est assez pour être résolue à ce que la meilleure
route vers les Indes n'appartienne point à un mo-
narque qui, du moment qu'il la posséderait, pourrait à
sa volonté arrêter notre communication, nous forcer,
sans envoyer un soldat, à entretenir une flotte dans la
mer Rouge, et nous ferait de l'Inde un fardeau, par la
vigilance armée que là comme chez nous nous serions
obligés de maintenir. C'est à cela et non au canal que
le gouvernement anglais résiste maintenant, et quoique
dans les cas ordimîreg la répression* comme disait sir
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