Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1864 01 février 1864
Description : 1864/02/01 (A9,N183). 1864/02/01 (A9,N183).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203314p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 91
et leur servir un salaire en rapport avec le prix ordi-
naire du travail en Egypte. Dans le principe ce prix
était fixé à 1 franc par jour, taux fort supérieur à ce
que gagnent habituellement les fellahs, quand ils
gagnent quelque chose. Aujourd'hui la Compagnie
leur paye 1 fr. 50 c.
» Et les travaux marchent toujours 1
» Arrive 1862. A cette époque un compte financier
est à régler entre la Compagnie et le vice-roi, tant à
raison des 111,642 actions dont il est souscripteur que
de la garantie promise par Mohammed-Saïd pour un
certain nombre d'actionnaires dont les versements sont
en retard ; le compte s'apure : il se règle bona fide entre
les deux parties, et (chose remarquable I) il porte le
contre-seing de ce même Nubar-Pacha qu'on nous dé-
pute aujourd'hui avec mission de briser les engage-
ments réciproques qui existent entre l'Egypte et la
Compagnie universelle du canal de Suez.
» Néanmoins, les travaux n'ont pas cessé de marcher,
ils marchent encore en ce moment même, et nousa vons
dit plus haut à quel heureux degré d'avancement ils
sont parvenus.
» Dans tout cela, pas la moindre trace d'un dissen-
timent sérieux entre les deux parties contractantes.
La Compagnie poursuit son œuvre en accord parfait
avec l'Egypte, que le vice-roi se nomme Saïd ou Ismaïl;
et, de son côté, l'Egypte remplit ses obligations scru-
puleusement sans articuler aucun grief, aucun motif
de mécontentement.
» C'est qu'en effet il n'en existe point. Des deux parts,
loyauté complète, désir mutuel d'arriver au terme
d'une glorieuse entreprise, confiance inaltérable dans les
bienfaits dont elle sera la source pour le pays et pour
le monde entier.
» Quelle est donc la cause réelle des contestations
qui sont faites maintenant à la Compagnie et qui por-
tent tous les caractères d'une guerre acharnée ? Il n'y
en a qu'une. C'est celle que nous avons signalée déjà
plusieurs fois dans cet article, c'est l'hostilité du cabi-
net anglais dont Nubar-Pacha est le secret agent, bien
qu'il se présente en apparence comme l'organe du vice-
roi. C'est l'influence anglaise qui continue à ameuter
les passions hostiles en Egypte et à Constantinople.
Elle tente un suprême effort. Mais, grâce à l'appui du
gouvernement français, cette dernière lutte se termi-
nera, nous n'en doutons pas, par le triomphe définif de
la Compagnie.
» L'influence du cabinet de Londres à Constantinople
est grande assurément. Mais il s'en faut que le gouver-
nement turc ait oublié les services que lui a rendus
l'alliance française à diverses époques. On se souvient
parfaitement à Péra qu'en 1839, après la bataille de
Nézib, la France seule a pu arrêter la marche victo-
rieuse d'Ibrahim-Pacha et sauver le sultan d'une ruine
certaine ou d'une capitulation honteuse. On s'y rap-
pelle, non moins bien, les différentes phases de la
guerre de Crimée, et l'on sait à qui sont dus le triomphe
définitif de la campagne et la glorieuse paix qui en a
été la suite.
» Tiraillée, dans l'affaire de Suez, entre le bon droit
soutenu par la France et la haine vouée par le gou-
vernement britannique à une entreprise dont l'Angle-
terre n'a point la direction et n'aura pas l'honneur, la
Porte a témoigné plusieurs fois de son bon vouloir et
de son approbation pour le canal de Suez, sans oser
accorder la sanction nominale que le vice-roi a cru
devoir lui demander. Elle a craint de désobliger lord
Palmerston. Ceci la regarde. Mais la Compagnie du
canal n'en doit pas être victime.
» Or, elle le serait évidemment par l'inconcevable
transaction qui lui est proposée comme condition de
l'approbation de la Sublime-Porte. Cela saute aux yeux
et n'a pas besoin d'être démontré.
» Céder le canal d'eau douce au gouvernement égyp-
tien contre une indemnité dérisoire et lui rendre gra-
tuitement les terrains qu'arrose ce canal, lesquels ne
vont pas à moins de 100,000 hectares, ce serait dépouil-
ler les actionnaires d'une partie considérable de leurs
bénéfices, la plus claire peut-être et la plus sûre.
» Réduire à 6,0001e nombre de 20,000 ouvriers reconnu
nécessaire à l'accomplissement du travail, ce serait
l'éterniser, désorganiser l'entreprise et ruiner tous
ceux qui y ont pris part. Et vainement cherche-t-on à
couvrir d'un prétexte d'humanité cette odieuse mesure.
Les fellahs ne se sont jamais plaints de la Compagnie;
ils la bénissent au contraire et lui sont de jour en jour
plus attachés. — Quant à la prétendue loi qui abolit la
corvée en Orient, personne n'en a connaissance. Si elle
existait, l'Angleterre si vigilante à cet égard en ce qui
concerne le canal, n'aurait sans doute pas permis que
le chemin de fer d'Alexandrie au Caire, œuvre d'une
compagnie anglaise, fût fait et entretenu par l'emploi
de ce même moyen qu'on réprouve aujourd'hui. —
Ajoutons que, sous le rapport de l'humanité, il n'y a
aucune différence entre l'application de la corvée im-
posée à 20,000 fellahs, et son application restreinte à
6,000 seulement. Si elle était immorale comme on l'a
dit, elle devrait être répudiée dans les deux cas, ce qui
impliquerait l'abandon du chemin de fer aussi bien que
du canal.
» Enfin, offrir à la Compagnie de lui reprendre, à
dire d'experts, les travaux effectués par elle, lorsque
par ses efforts l'entreprise touche au moment de deve-
nir productive, c'ebt tout simplement proposer une
spoliation et la proposer au profit d'un tiers, qu'on ne
nomme pas, mais qu'il n'est pas difficile de deviner.
Le trésor égyptien n'est pas plus en mesure de faire
offre réelle des 100 millions qu'il aurait à compter à la
Compagnie, dans cette hypothèse, que de constituer
le reste des fonds nécessaires à l'accomplissement final
de l'entreprise. Mais ces 100 millions, il les puiserait
aisément dans une autre bourse, et nous ne doutons
pas que les capitaux anglais, qui se sont éloignés de
la souscription quand lord Palmerston faisait déclarer,
du haut de la tribune, que l'exécution du canal mari-
time était impossible ou ruineuse, nous ne doutons
pas que ces mêmes capitaux se retrouveraient promp-
tement aujourd'hui que l'expérience a prouvé non-seu-
lement la possibilité du percement, mais son utilité
commerciale et ses avantages financiers.
et leur servir un salaire en rapport avec le prix ordi-
naire du travail en Egypte. Dans le principe ce prix
était fixé à 1 franc par jour, taux fort supérieur à ce
que gagnent habituellement les fellahs, quand ils
gagnent quelque chose. Aujourd'hui la Compagnie
leur paye 1 fr. 50 c.
» Et les travaux marchent toujours 1
» Arrive 1862. A cette époque un compte financier
est à régler entre la Compagnie et le vice-roi, tant à
raison des 111,642 actions dont il est souscripteur que
de la garantie promise par Mohammed-Saïd pour un
certain nombre d'actionnaires dont les versements sont
en retard ; le compte s'apure : il se règle bona fide entre
les deux parties, et (chose remarquable I) il porte le
contre-seing de ce même Nubar-Pacha qu'on nous dé-
pute aujourd'hui avec mission de briser les engage-
ments réciproques qui existent entre l'Egypte et la
Compagnie universelle du canal de Suez.
» Néanmoins, les travaux n'ont pas cessé de marcher,
ils marchent encore en ce moment même, et nousa vons
dit plus haut à quel heureux degré d'avancement ils
sont parvenus.
» Dans tout cela, pas la moindre trace d'un dissen-
timent sérieux entre les deux parties contractantes.
La Compagnie poursuit son œuvre en accord parfait
avec l'Egypte, que le vice-roi se nomme Saïd ou Ismaïl;
et, de son côté, l'Egypte remplit ses obligations scru-
puleusement sans articuler aucun grief, aucun motif
de mécontentement.
» C'est qu'en effet il n'en existe point. Des deux parts,
loyauté complète, désir mutuel d'arriver au terme
d'une glorieuse entreprise, confiance inaltérable dans les
bienfaits dont elle sera la source pour le pays et pour
le monde entier.
» Quelle est donc la cause réelle des contestations
qui sont faites maintenant à la Compagnie et qui por-
tent tous les caractères d'une guerre acharnée ? Il n'y
en a qu'une. C'est celle que nous avons signalée déjà
plusieurs fois dans cet article, c'est l'hostilité du cabi-
net anglais dont Nubar-Pacha est le secret agent, bien
qu'il se présente en apparence comme l'organe du vice-
roi. C'est l'influence anglaise qui continue à ameuter
les passions hostiles en Egypte et à Constantinople.
Elle tente un suprême effort. Mais, grâce à l'appui du
gouvernement français, cette dernière lutte se termi-
nera, nous n'en doutons pas, par le triomphe définif de
la Compagnie.
» L'influence du cabinet de Londres à Constantinople
est grande assurément. Mais il s'en faut que le gouver-
nement turc ait oublié les services que lui a rendus
l'alliance française à diverses époques. On se souvient
parfaitement à Péra qu'en 1839, après la bataille de
Nézib, la France seule a pu arrêter la marche victo-
rieuse d'Ibrahim-Pacha et sauver le sultan d'une ruine
certaine ou d'une capitulation honteuse. On s'y rap-
pelle, non moins bien, les différentes phases de la
guerre de Crimée, et l'on sait à qui sont dus le triomphe
définitif de la campagne et la glorieuse paix qui en a
été la suite.
» Tiraillée, dans l'affaire de Suez, entre le bon droit
soutenu par la France et la haine vouée par le gou-
vernement britannique à une entreprise dont l'Angle-
terre n'a point la direction et n'aura pas l'honneur, la
Porte a témoigné plusieurs fois de son bon vouloir et
de son approbation pour le canal de Suez, sans oser
accorder la sanction nominale que le vice-roi a cru
devoir lui demander. Elle a craint de désobliger lord
Palmerston. Ceci la regarde. Mais la Compagnie du
canal n'en doit pas être victime.
» Or, elle le serait évidemment par l'inconcevable
transaction qui lui est proposée comme condition de
l'approbation de la Sublime-Porte. Cela saute aux yeux
et n'a pas besoin d'être démontré.
» Céder le canal d'eau douce au gouvernement égyp-
tien contre une indemnité dérisoire et lui rendre gra-
tuitement les terrains qu'arrose ce canal, lesquels ne
vont pas à moins de 100,000 hectares, ce serait dépouil-
ler les actionnaires d'une partie considérable de leurs
bénéfices, la plus claire peut-être et la plus sûre.
» Réduire à 6,0001e nombre de 20,000 ouvriers reconnu
nécessaire à l'accomplissement du travail, ce serait
l'éterniser, désorganiser l'entreprise et ruiner tous
ceux qui y ont pris part. Et vainement cherche-t-on à
couvrir d'un prétexte d'humanité cette odieuse mesure.
Les fellahs ne se sont jamais plaints de la Compagnie;
ils la bénissent au contraire et lui sont de jour en jour
plus attachés. — Quant à la prétendue loi qui abolit la
corvée en Orient, personne n'en a connaissance. Si elle
existait, l'Angleterre si vigilante à cet égard en ce qui
concerne le canal, n'aurait sans doute pas permis que
le chemin de fer d'Alexandrie au Caire, œuvre d'une
compagnie anglaise, fût fait et entretenu par l'emploi
de ce même moyen qu'on réprouve aujourd'hui. —
Ajoutons que, sous le rapport de l'humanité, il n'y a
aucune différence entre l'application de la corvée im-
posée à 20,000 fellahs, et son application restreinte à
6,000 seulement. Si elle était immorale comme on l'a
dit, elle devrait être répudiée dans les deux cas, ce qui
impliquerait l'abandon du chemin de fer aussi bien que
du canal.
» Enfin, offrir à la Compagnie de lui reprendre, à
dire d'experts, les travaux effectués par elle, lorsque
par ses efforts l'entreprise touche au moment de deve-
nir productive, c'ebt tout simplement proposer une
spoliation et la proposer au profit d'un tiers, qu'on ne
nomme pas, mais qu'il n'est pas difficile de deviner.
Le trésor égyptien n'est pas plus en mesure de faire
offre réelle des 100 millions qu'il aurait à compter à la
Compagnie, dans cette hypothèse, que de constituer
le reste des fonds nécessaires à l'accomplissement final
de l'entreprise. Mais ces 100 millions, il les puiserait
aisément dans une autre bourse, et nous ne doutons
pas que les capitaux anglais, qui se sont éloignés de
la souscription quand lord Palmerston faisait déclarer,
du haut de la tribune, que l'exécution du canal mari-
time était impossible ou ruineuse, nous ne doutons
pas que ces mêmes capitaux se retrouveraient promp-
tement aujourd'hui que l'expérience a prouvé non-seu-
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